LinvitĂ©: Eric Fournier, maĂźtre de confĂ©rences Ă lâUniversitĂ© Paris-I. LâĂ©vĂ©nement et le livre: 150e anniversaire de la Commune / La Commune nâest pas morte! Usages politiques du passĂ© de 1871 Ă nos jours, Libertalia, 2013. La discussion: Une commĂ©moration sous Covid en mode mineur pour 2021 (1:30)
Les communistes dâAubervilliers ont organisĂ© un hommage Ă la Commune de Paris Ă lâoccasion du 150Ăšme anniversaire de son dĂ©clenchement, le 18 mars 1871. Câest au coin de la rue de la Commune de Paris, face Ă la poste du centre-ville, que sâest dĂ©roulĂ© cet hommage. AprĂšs avoir Ă©coutĂ© la chanson de Jean Ferrat "La Commune" quâil avait Ă©crite en 1971 pour les cent ans de la Commune, câest AndrĂ© Narritsens qui a lu lâintervention du Parti communiste, AurĂ©lie Le Meur, secrĂ©taire de section, Anthony Daguet et Soizig NĂ©dĂ©lec, conseillers municipaux, nâayant pas pu participer Ă ce rassemblement pour raisons professionnelles et sanitaires. Puis Albert Prigent, de lâAssociation des Amis de la Commune, a prĂ©sentĂ© celle-ci. Son site est ici Le rassemblement sâest terminĂ© avec "Le Temps des Cerises" Intervention prononcĂ©e le 18 mars 2021 Ă lâoccasion du rassemblement organisĂ© par la section dâAubervilliers du PCF Il y a 150 ans, le 18 mars 1871, le peuple parisien, entendant dĂ©fendre Paris, refuse dâĂȘtre dĂ©sarmĂ© et les femmes de la Butte sâopposent Ă lâenlĂšvement des canons installĂ©s Ă Montmartre. La troupe envoyĂ©e pour les rĂ©cupĂ©rer met crosse en lâair. Les quartiers de lâEst et du Centre se soulĂšvent. Adolphe Thiers chef du gouvernement rĂ©actionnaire installĂ© rĂ©cemment dans la capitale pour, selon son expression, la pacifier » sâenfuit Ă Versailles. Le lendemain le ComitĂ© central de la garde nationale annonce la tenue dâĂ©lections pour crĂ©er le conseil de la Commune. Ainsi sâouvre une pĂ©riode qui va durer 72 jours au cours de laquelle va se dĂ©rouler lâaffrontement entre les tenants de lâordre, vaincus par les Prussiens et qui bĂ©nĂ©ficient dorĂ©navant de leur complicitĂ© contre le peuple de Paris, et ceux qui refusent la capitulation et aspirent Ă une autre sociĂ©tĂ©. Pour eux, lâinstauration dâune Commune, câest-Ă -dire dâune entitĂ© politique jouissant dâune pleine autonomie est indispensable. DĂšs le 6 janvier 1871 la crĂ©ation dâune Commune Ă Paris a Ă©tĂ© revendiquĂ©e. La Commune, dans la grande diversitĂ© de ses composantes, va, en effet poser la question dâune autre organisation de la sociĂ©tĂ©. Fin observateur et analyste de lâĂ©vĂ©nement, Karl Marx Ă©crit dans La guerre civile en France » que la Commune est lâantithĂšse directe de lâEmpire » et que, si lâexpression de RĂ©publique sociale » formulĂ©e lors la rĂ©volution de FĂ©vrier 1848 nâexprimait alors quâune vague aspiration, la Commune entend non seulement abolir la forme monarchique de la domination de classe, mais la domination de classe elle-mĂȘme » La confrontation sera dâĂ©vidence brutale et il est significatif que le premier dĂ©cret de la Commune ait Ă©tĂ© consacrĂ© Ă la suppression de lâarmĂ©e permanente et son remplacement par le peuple en armes. Dâautres dĂ©crets suivirent qui concernaient les modes de fonctionnement politiques responsabilitĂ© et rĂ©vocabilitĂ© des Ă©lus, La Commune ne devait en effet pas ĂȘtre un organisme parlementaire mais un corps agissant, exĂ©cutif et lĂ©gislatif Ă la fois. Parmi les mesures dâorganisation sociales et politiques dont la Commune dĂ©cida du principe et commença leur rĂ©alisation on citera la suppression du travail de nuit des ouvriers boulangers, la crĂ©ation dâune commission chargĂ©e dâorganiser le transfert Ă des coopĂ©ratives des ateliers abandonnĂ©s, une rĂ©organisation complĂšte de lâinstruction publique primaire et professionnelle dĂ©gagĂ©e de lâemprise religieuse et clĂ©ricale, la gratuitĂ© affirmĂ©e de la fourniture de tous les instruments nĂ©cessaires au travail scolaire, la remise totale des loyers des trois derniers mois, lâabolition des officiers judiciaires notaires, huissiers, commissaires-priseurs, greffiers qui deviennent des fonctionnaires, la sĂ©paration de lâEglise et de lâEtat, la suppression du budget des cultes. On notera aussi combien la Commune porte les revendications des femmes, envisage lâĂ©galitĂ© salariale, bannit la prostitution, reconnaĂźt lâunion libre. Dans un contexte de lourdes menaces, de harcĂšlements constants des Versaillais et alors mĂȘme que les conditions de vie demeurent extrĂȘmement difficiles, la Commune rĂ©alise, en trĂšs peu de temps, une Ćuvre considĂ©rable. La bourgeoisie ne pardonnera pas son Ćuvre Ă la Commune. Elle organisera les massacres de la semaine sanglante et les massives rĂ©pressions dont les dĂ©portations en Nouvelle-CalĂ©donie formĂšrent lâĂ©picentre. Elle dĂ©veloppera la calomnie aussi dont on entend aujourdâhui encore quelques refrains. Les empreintes laissĂ©es par la Commune sont immenses. Dans les imaginaires rĂ©volutionnaires les rĂ©fĂ©rences Ă la Commune sont trĂšs frĂ©quentes. Ce fut en effet le premier exemple dâune volontĂ© dâĂ©mancipation radicale. Un espoir mis en chantier » selon la belle formule de Jean Ferrat. Oui, nous sommes les enfants de la Commune, nous portons haut ses valeurs et ses symboles comme le drapeau rouge qui accompagne ce rassemblement. Nous avons dans Aubervilliers un certain nombre de de noms de lieux qui nous parlent de la Commune, citons dans lâordre alphabĂ©tique Gustave Courbet, Jules Guesde, Louise Michel, ElisĂ©e Reclus, Edouard Vaillant, Jules VallĂšs, EugĂšne Varlin, Paul Verlaine. Et nous avons aussi cette rue de la Commune de Paris oĂč nous tenons ce rassemblement et qui fut nommĂ©e ainsi pour le 100e anniversaire de la rĂ©volution parisienne. Et nous dirons, en contrepoint de ce qui fut alors fait, et qui se poursuit dâailleurs Ă Paris aujourdâhui, que lâactuelle municipalitĂ© ne sâhonore pas de son silence. Pour briser ce silence, faisons entendre, en conclusion de ce rassemblement, le cri dâespĂ©rance que portait la Commune VIVE LA COMMUNE !
La Commune de Paris est Ă©crasĂ©e durant la Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871, pendant laquelle prĂšs de 20 000 Communards trouvent la mort. Les survivants sont souvent dĂ©portĂ©s. Une loi dâamnistie est votĂ©e en 1880. La Commune entre dans l'histoire et y laisse sa trace. Dernier Ă©pisode de notre sĂ©rie. Quand Charles Delescluze devient le 11 mai 1871 dĂ©lĂ©guĂ© Ă la Guerre de la Commune, il ne sait pas quâil ne lui reste que quatorze jours Ă vivre. Il tombera sous les balles le 25 mai 1871 au cinquiĂšme jour de ce qui deviendra dans lâhistoire la Semaine sanglante ». Nom donnĂ© Ă ces sept jours de larmes et de sang, du 21 au 28 mai, nĂ©cessaires aux Versaillais pour reconquĂ©rir Paris et mettre Ă bas lâexpĂ©rience communale. DĂšs la fin mars 1871, alors que la Commune balbutie ses premiĂšres mesures politiques et sociales, le chef du pouvoir exĂ©cutif lĂ©gitime, Adolphe Thiers, se prĂ©pare Ă mater la rĂ©volte parisienne depuis Versailles. JusquâĂ la mi-mai, des combats sporadiques se dĂ©roulent dans diverses villes de banlieue Issy-les-Moulineaux, Clamart, Neuilly notamment oĂč les FĂ©dĂ©rĂ©s de la Commune perdent progressivement pied. Il faut dire que le rapport de force militaire penche trĂšs fortement en faveur des Versaillais. Si la convention dâarmistice signĂ©e avec les Allemands nâautorise que 40 000 soldats français en rĂ©gion parisienne, le chancelier allemand Bismarck, soucieux de dĂ©sarmer Paris, libĂšre 60 000 prisonniers qui viennent grossir les rangs de lâarmĂ©e de Thiers installĂ©e au camp de Satory, non loin de Versailles. RĂ©sultat, Ă la veille de la Semaine sanglante, les Versaillais disposent de 130 000 soldats bien armĂ©s, commandĂ©s par⊠le vaincu de Sedan, le marĂ©chal de Mac Mahon. En face, les Communards peuvent thĂ©oriquement aligner les 170 000 membres de la Garde nationale. Mais, en vĂ©ritĂ©, selon un relatif consensus des historiens, seuls entre 20 000 et 30 000 hommes sont rĂ©ellement actifs. Les autres sont trop inexpĂ©rimentĂ©s, voire indisciplinĂ©s ou peu motivĂ©s pour se battre. A quelques notables exceptions prĂšs, tels Dombrowski et Louis Rossel, ils souffrent aussi dâun commandement pas rĂ©ellement Ă la hauteur. LâĂ©tau se resserre progressivement autour de Paris avec la prise par les Versaillais des forts installĂ©s en banlieue. D'ailleurs, devant la menace, un ComitĂ© de salut public a pris le pouvoir le 1er mai au sein du Conseil de la Commune, au grand dam de certains de ses membres. Le 8 mai, lâenceinte fortifiĂ©e de la capitale est fortement bombardĂ©e entre Grenelle et Passy. Ce mĂȘme jour, Thiers adresse une sorte dâultimatum aux Parisiens en leur demandant de sâaffranchir » eux-mĂȘmes des autoritĂ©s de la Commune⊠faute de quoi lâarmĂ©e passera Ă lâaction. Nous avons Ă©coutĂ© toutes les dĂ©lĂ©gations qui nous ont Ă©tĂ© envoyĂ©es, et pas une ne nous a offert une condition qui ne fĂ»t l'abaissement de la souverainetĂ© nationale devant la rĂ©volte. ⊠Le gouvernement qui vous parle aurait dĂ©sirĂ© que vous puissiez vous affranchir vous-mĂȘmes⊠Puisque vous ne le pouvez pas, il faut bien qu'il s'en charge, et c'est pour cela qu'il a rĂ©uni une armĂ©e sous vos murs⊠⊠Si vous n'agissez pas, le gouvernement sera obligĂ© de prendre, pour vous dĂ©livrer, les moyens les plus prompts et les plus sĂ»rs. Il le doit Ă vous, mais il le doit surtout Ă la France. Chef du pouvoir exĂ©cutif La Semaine sanglante » Et, de fait, les Versaillais passent Ă lâaction. Le 21 mai, Ă la suite dâune trahison dans les rangs des Communards, ils entrent dans la capitale via le quartier de Boulogne dĂ©nommĂ© Le point du jour », prĂšs de la Porte de Saint-Cloud. La Semaine sanglante » commence. Alors que les premiĂšres lignes versaillaises tentent dâavancer vers le centre de Paris, derriĂšre, les liquidateurs » massacrent les suspects, hommes, femmes et enfants. Une vingtaine de cours prĂ©vĂŽtales » jugent sommairement les prisonniers et les font fusiller. Ce sera notamment le cas aux Batignolles ou encore devant le PanthĂ©on. En reprĂ©sailles, les Communards prennent en otages les Dominicains dâArcueil qui seront exĂ©cutĂ©s. Les 22 et 23 mai, les Versaillais avancent lentement mais inexorablement, emportant lâune aprĂšs lâautre les quelque 900 barricades montĂ©es par les FĂ©dĂ©rĂ©s qui se battent Ăąprement. La quasi totalitĂ© de la rive gauche est reprise, Ă lâexception de la Butte-aux-Cailles 13e qui rĂ©siste. Les Versaillais atteignent la Concorde et le faubourg Montmartre. Le Palais de lâElysĂ©e est repris dĂšs le 22 au soir. Les grands incendies de monuments de Paris dĂ©butent voir ci-dessous, mais des immeubles dâhabitations brĂ»lent aussi, notamment sur la rive gauche rue de Lille et prĂšs de Saint-Sulpice. Le 24 mai, les Versaillais occupent le Palais-Royal et le Louvre. Le Quartier latin est pris le soir et les quelque 700 FĂ©dĂ©rĂ©s qui le dĂ©fendaient sont exĂ©cutĂ©s rue Saint-Jacques. LâarchevĂȘque de Paris, Monseigneur Georges Darboy, et cinq autres otages sont fusillĂ©s par les Communards Ă la prison de la Roquette dans le 11e arrondissement. Les FĂ©dĂ©rĂ©s sont acculĂ©s dans les quartiers de lâEst parisien, mĂȘme si certains Ăźlots de rĂ©sistance tiennent encore dans le 5e et le 13e. Charles Delescluze, dĂ©lĂ©guĂ© Ă la guerre, est tuĂ© le 25 mai prĂšs de ChĂąteau-dâEau⊠Le 26 mai, câest lâĂ©pisode de la rue dâHaxo 52 personnes, dont 11 prĂȘtres, dĂ©tenues Ă la prison de la Roquette sont fusillĂ©es par les Communards. Au total, durant toute la semaine sanglante, environ une centaine dâotages seront exĂ©cutĂ©s par les FĂ©dĂ©rĂ©s. Le 27 mai, la fin est proche. Les Communards ne tiennent plus que le nord-est parisien. Les combats sont atroces, notamment au cimetiĂšre du PĂšre Lachaise oĂč environ 200 Communards sont rĂ©fugiĂ©s. On se bat Ă lâarme blanche entre les tombes. 147 FĂ©dĂ©rĂ©s seront fusillĂ©s le dos au mur qui porte maintenant leur nom et qui est devenu le lieu emblĂ©matique pour la cĂ©lĂ©bration de la Commune. Enfin, le 28 mai, câest la fin. Les derniĂšres barricades de Belleville tombent. Les Versaillais nettoient » le quartier ! EugĂšne Varlin, cĂ©lĂšbre militant socialiste, membre de la premiĂšre internationale », est exĂ©cutĂ©. Un lourd bilan Humainement, le bilan de la Semaine sanglante est dĂ©sastreux. Il nây a pas de rĂ©el consensus parmi les historiens pour chiffrer le nombre exact des morts mais, globalement, on estime quâentre 3 000 et 5 000 fĂ©dĂ©rĂ©s sont morts au combat et quâenviron 20 000 autres ont Ă©tĂ© massacrĂ©s. Par exemple, en 1897, un charnier de 800 communards est retrouvĂ© dans le quartier de Charonne. Bien souvent, les exĂ©cutions avaient lieu Ă la mitrailleuse⊠En comparaison, du cĂŽtĂ© des Versaillais, il y aurait eu entre 500 et 800 tuĂ©s et 5 000 blessĂ©s. Mais aprĂšs les exĂ©cutions immĂ©diates il y a eu les arrestations et les dĂ©portations de Communards. Au total, environ 43 000 personnes hommes, femmes et enfants sont arrĂȘtĂ©es. Elles ont Ă©tĂ© internĂ©es au camp de Satory dans des conditions sanitaires effroyables. Des Ă©pidĂ©mies se dĂ©veloppent et des dizaines de dĂ©tenus sont abattus pour tentative dâĂ©vasion. Plusieurs milliers de ces prisonniers sont envoyĂ©s dans les ports de lâouest Brest, Cherbourg, etc. oĂč ils sont parfois internĂ©s sur des bateaux⊠Bref, la rĂ©pression est fĂ©roce. DĂ©portations et amnistie Surtout quâĂ tout cela sâajoutent les sanctions judiciaires. Le 22 mars 1872 est votĂ©e une loi autorisant le transport en Nouvelle-CalĂ©donie des Communards condamnĂ©s aux travaux forcĂ©s. Vingt convois se succĂ©deront entre la France et lâĂźle entre 1872 et 1878, avec un total dâenviron 3 800 dĂ©portĂ©s⊠dont Louise Michel. Au total, aprĂšs la Commune, selon un rapport du gĂ©nĂ©ral Appert, on dĂ©nombre 46 835 individus jugĂ©s dont 23 727 non-lieux, 10 137 condamnations, 3 313 condamnations par contumace, 2 445 acquittements et⊠7 213 refus dâinformer ». Sur les 95 condamnations Ă mort, 25 seront effectives, dont Louis Rossel. On estime Ă©galement que prĂšs de 6 000 Communards ont rĂ©ussi Ă fuir Ă lâĂ©tranger, notamment en Suisse, en Belgique et en Grande-Bretagne. MalgrĂ© de nombreuses tentatives, engagĂ©es dĂšs 1872 - dont une Ă©manant de Victor Hugo -, lâamnistie pour les Communards ne sera vraiment votĂ©e quâen 1880. Les exilĂ©s et dĂ©portĂ©s pourront alors revenir en France. Cependant, cette amnistie ne sera pas totale, et environ 10 000 Communards ne pourront pas en bĂ©nĂ©ficier. Les grands incendies de monuments parisiens De cĂ©lĂšbres monuments de Paris mais aussi des immeubles dâhabitations ont Ă©tĂ© dĂ©truits durant la Semaine sanglante. Soit parce que les Communards ont allumĂ© des foyers dâincendie en reprĂ©sailles ou pour retarder lâavancĂ©e des Versaillais, soit du fait des bombardements, notamment sur la rive gauche. Le palais des Tuileries, le palais de Justice gothique, l'HĂŽtel de Ville hĂ©ritĂ© de la Renaissance, le Palais-Royal et le palais d'Orsay oĂč siĂ©geait alors la Cour des Comptes sont au nombre des monuments les plus emblĂ©matiques partis en fumĂ©e. LâHĂŽtel de Ville avait Ă©tĂ© achevĂ© en 1628 sous le rĂšgne de Louis XIII. Des Communards l'ont incendiĂ© le 24 mai. Il contenait les archives et la bibliothĂšque de la ville⊠parties en fumĂ©e. Il en va de mĂȘme des deux collections de lâĂ©tat civil parisien antĂ©rieur Ă 1860. La premiĂšre Ă©tait archivĂ©e au sein de lâHĂŽtel de Ville, la deuxiĂšme au sein du palais de Justice. AprĂšs la Commune, lâHĂŽtel de Ville a Ă©tĂ© entiĂšrement reconstruit entre 1874 et 1882. Ce ne sera pas le cas du palais des Tuileries⊠à jamais disparu. D'autres monuments ont Ă©chappĂ© de peu aux flammes. Il en va ainsi des Archives nationales, sauvĂ©es par le Communard Louis- Guillaume Debock ; du Louvre, de de la Sainte-Chapelle, dĂ©jĂ arrosĂ©e de pĂ©trole, de Notre-Dame oĂč un dĂ©but dâincendie fĂ»t Ă©teint par des internes de lâhĂŽpital de lâHĂŽtel Dieu, installĂ© Ă cĂŽtĂ© de la cathĂ©drale⊠La postĂ©ritĂ© de la Commune Incontestablement, malgrĂ© sa briĂšvetĂ©, la Commune a laissĂ© une trace dans lâhistoire, notamment dans celle du mouvement ouvrier. Le philosophe Karl Marx - qui a rĂ©digĂ© lâouvrage La guerre civile en France », Ă propos de lâĂ©pisode communard - a maintes fois Ă©voluĂ© dans son apprĂ©ciation de la Commune. Avant son dĂ©clenchement, il nây croyait pas, demandant aux ouvriers de mieux se prĂ©parer au prĂ©alable. Puis il sembla se rallier et se montra admiratif devant le courage des insurgĂ©s⊠avant in fine de modĂ©rer lâaspect socialiste » de la rĂ©volte. Outre qu'elle fut simplement la rĂ©bellion d'une ville dans des circonstances exceptionnelles, la majoritĂ© de la Commune n'Ă©tait nullement socialiste et ne pouvait pas l'ĂȘtre. Avec un tout petit peu de bon sens, elle eĂ»t pu cependant obtenir de Versailles un compromis favorable Ă toute la masse du peuple, ce qui Ă©tait la seule chose possible alors. Ă elle seule, la rĂ©quisition de la Banque de France eĂ»t mis un terme dĂ©cisif aux fanfaronnades versaillaises ». Karl Marx MĂȘme si elle nâĂ©tait pas marxiste », la Commune a cependant influencĂ© certains Ă©vĂ©nements du XXe siĂšcle ; la rĂ©volution russe de 1917, la RĂ©publique espagnole, voire la Chine communiste de Mao. En tout Ă©tat de cause, la Commune est inscrite dans la mĂ©moire du mouvement ouvrier. En 1936, peu aprĂšs la victoire du Front populaire, un immense cortĂšge est montĂ© au Mur des FĂ©dĂ©rĂ©s au PĂšre-Lachaise pour rendre hommage aux Communards. Une tradition du recueillement qui perdure encore aujourdâhui. Pour en savoir plus Les 150 ans de la Commune l'origine 1/5 Les 150 ans de la Commune les lieux emblĂ©matiques 2/5 Les 150 ans de la Commune les figures incontournables 3/5 Les 150 ans de la Commune les racines de rĂ©formes audacieuses 4/5
Depuisplusieurs mois, le membre du collectif qui organise ces Ă©vĂ©nements planche sur la programmation du 150e anniversaire de la Commune de Paris en IsĂšre. Elle sâĂ©tend sur trois mois, du 18 mars au 25 mai. Soit la durĂ©e de la pĂ©riode insurrectionnelle qui a secouĂ© Paris en 1871. Un collectif a organisĂ© une sĂ©rie
EvaZesir Cette annĂ©e, nous cĂ©lĂ©brons les 150 ans de la Commune de Paris. Le moment oĂč un gouvernement socialiste rĂ©volutionnaire extrĂȘme gauche a pris le contrĂŽle de Paris. AprĂšs avoir perdu la guerre avec la Prusse en 1871, les Parisiens prirent le gouvernement de leur ville en crĂ©ant leur propre autoritĂ© indĂ©pendante du 18 mars au 28 mai 1871. Pendant ce temps, les tendances fĂ©ministes, socialistes et anarchistes ont jouĂ© un rĂŽle important. Kouka Esper HEC Les communards voulaient instaurer une social-dĂ©mocratie trĂšs progressiste. Leurs principaux objectifs Ă©taient de sĂ©parer lâĂ©glise de lâĂtat, dâabolir lâexploitation des travailleurs, dâannuler le loyer pendant le siĂšge et de laisser les employĂ©s reprendre une entreprise abandonnĂ©e par son propriĂ©taire. Le 21 mai, lâarmĂ©e française est entrĂ©e Ă Paris et Ă ce que nous appelons aujourdâhui La semaine sanglante ». Les rues de la ville coulaient dans le sang des communards. Plus de 20 000 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es. CâĂ©tait la fin de la Commune de Paris⊠mais nĂ©anmoins, jusquâĂ aujourdâhui, son influence politique et sociale est encore dĂ©battue. La semaine derniĂšre, câĂ©tait exactement 150 ans depuis La semaine sanglante⊠et câest pourquoi, le collectif parisien Black Lines » sâest rĂ©uni avec lâassociation le MUR 93, Ă la rue de la Fontaine au Roi, pour rendre hommage Ă leurs hĂ©ros. One Max Lask Notre ami Sigismond Cassidanius dĂ©crit ce groupe comme suit Les Blacks Lines, une peinture promĂ©thĂ©enne de la citĂ© Quand on mentionne le collectif Blacks Lines, il faut convoquer la figure tutĂ©laire de PromĂ©thĂ©e et donc la politique. Car le geste du titan en dĂ©robant le feu Ă Zeus pour le donner aux hommes, est comparable Ă celui des LumiĂšres ; de lâillumination des consciences. Le hĂ©ros confie Ă lâhumanitĂ© transie dans ses prĂ©jugĂ©s, la lumiĂšre et la chaleur qui leur manquait. Il Ă©veille leur mentalitĂ© au fait que leur destin est grĂ©gaire, que lâunion fait la force. Le collectif sâest formĂ© sur ce pacte entre la peinture et la prise de parole politique. Depuis 2016 et leur premier mur rue Ordener, les Blacks Lines ont abordĂ© les thĂšmes de la rĂ©sistance Ă lâoppression, de lâĂ©cologie, de lâhiver jaune, du de La Commune et de La Palestine tout rĂ©cemment. Le collectif sâest dĂ©veloppĂ© atour du noyau fondateur, Itvan K. et Lask du TWE crew. Il sâest naturellement enrichi des membres de cette Ă©quipe Kraco, Kwim, Marmz, Zoyer et puis Fred Team, Macadam, Tay Aguillar, HĂ©cate, Lomo Zano, AurĂ©lien Ramboz, Paddy, Bricedu, etc. Raphe HEC Djalouz ReaOner Caligr_One
Samedi20 mars â 10 heures. En dĂ©pit des incertitudes sur lâautorisation de la manifestation et de leurs libertĂ©s de mouvement, les militants se sont rassemblĂ©s par centaines place Gambetta dans le 20e arrondissement de Paris, pour fĂȘter le premier gouvernement ouvrier de lâhistoire de lâhumanitĂ©. Ils sont descendus vers la porte
Skip to content Podcast Play in new window DownloadS'abonner Google Podcasts Stitcher RSS MoreLâinvitĂ© Eric Fournier, maĂźtre de confĂ©rences Ă lâUniversitĂ© Paris-I LâĂ©vĂ©nement et le livre 150e anniversaire de la Commune / La Commune nâest pas morte! Usages politiques du passĂ© de 1871 Ă nos jours, Libertalia, 2013. La discussion Une commĂ©moration sous Covid en mode mineur pour 2021 130 Les premiĂšres commĂ©morations de 1880-1881 250 La naissance du âmur des fĂ©dĂ©rĂ©sâ 500 CommĂ©morer ailleurs? 720 Les bolcheviks et la Commune 935 Le cinquantenaire de la Commune au temps de la division SFIC-PCF / SFIO 1215 Les lectures rĂ©ductrices de la Commune dans la mĂ©moire communiste 1540 Une mĂ©moire plus unie au temps du Front Populaire 1930 La Commune, hantise de Weygand en 1940 2205 Doriot et la Commune 2435 Mai 68, rĂ©activation de la Commune 2800 Un centenaire politisĂ© et conflictuel en 1971 2915 Pourquoi Pompidou nâĂ©tait pas au Mur des FĂ©dĂ©rĂ©s lors du centenaire 3030 Une mĂ©moire qui tend Ă se banaliser depuis les annĂ©es 1980 3250 La rĂ©activation de discours âVersaillaisâ dans les annĂ©es 2000 3440 Les enjeux politiques de la commĂ©moration en 2021 3610 Les conseils et rĂ©fĂ©rences citĂ©es dans lâĂ©mission par ordre alphabĂ©tique Marc CĂ©sar, Laure Godineau dir., La Commune de 1871 une relecture, Grane, CrĂ©aphis, 2019. Jordi Brahamcha-Marin et Alice De Charentenay, La Commune des Ă©crivains. Paris, 1871 vivre et Ă©crire lâinsurrection, Paris, Gallimard, Folio classique », 2021. Michel Cordillot, La Commune 1871 collection Maitron Quentin Deluermoz, Communes. Une traversĂ©e des mondes au XIXe siĂšcle, Paris, Seuil, 2020. Madeleine RĂ©bĂ©rioux, âLe mur des fĂ©dĂ©rĂ©sâ, in P. Nora dir., Les lieux de mĂ©moire. Jacques Rougerie, ProcĂšs des Communards, Paris, Julliard, coll. Archives », 1964. Edith Thomas, Les pĂ©troleuses, Paris, Gallimard, âFolio histoireâ, 2021 [1964], prĂ©face de ChloĂ© Leprince.
Ce18 mars 2021 marquera le 150e anniversaire de la proclamation de la Commune de Paris, premier gouvernement ouvrier de lâhistoire. Pour lâhistorien (rĂ©actionnaire) Pierre Nora, il nây a pas lieu de commĂ©morer la Commune dans la mesure oĂč la « mĂ©moire ouvriĂšre » est depuis longtemps « morte dans son inspiration
PubliĂ© le 17/03/2021 par PCF Ce 18 mars marque le dĂ©but de la Commune de Paris, quâil nous revient de fĂȘter allĂ©grement pour ce quâelle fut, une expĂ©rience unique oĂč le peuple de Paris a pris en main son destin pour vivre lâexpĂ©rience dâune RĂ©publique dĂ©mocratique, Ă©galitaire et sociale, une RĂ©publique pour le peuple, par le peuple. Et puisquâil sâagit du 150e anniversaire de cette sĂ©quence essentielle, constitutive de lâHistoire de la Capitale pendant les 72 jours quâa durĂ© la Commune, de mars Ă fin mai de cette annĂ©e 2021 la ville de Paris va vivre au rythme de la mĂ©moire de ces Ă©vĂ©nements. Une programmation riche soutenant une multitude dâinitiatives associatives et culturelles invite les Parisiennes et les Parisiens Ă mieux connaitre, ou mĂȘme Ă dĂ©couvrir cette histoire, dans les arrondissements, dans les rues oĂč lâinsurrection fut vĂ©cue intensĂ©ment. Si nous en doutions, au regard des crispations et vocifĂ©rations de la droite parisienne Ă lâannonce de cette commĂ©moration par la Ville, la prise de pouvoir du peuple, pendant ces journĂ©es de 1871, par sa transformation radicale du rapport de classe, reste une brĂšche rĂ©volutionnaire encore dâune puissante actualitĂ©. Forts de lâĂ©nergie de leur dĂ©sespoir Ă la suite dâun siĂšge qui les a affamĂ©s, meurtris, les plus humbles des Parisiennes, les ouvriers, le monde du travail, refusant la reprĂ©sentation nationale monarchiste, ont rĂ©ussi Ă faire naĂźtre et vivre un projet politique organisĂ© et collectif, un espoir au service de lâamĂ©lioration de leurs conditions de vie, avec des dĂ©crets dâune telle modernitĂ© quâils sont en total rĂ©sonance avec beaucoup de nos revendications dâaujourdâhui. Le projet de sociĂ©tĂ© des communardes et communards sâappuyait sur lâaspiration Ă une dĂ©mocratie directe avec des Ă©lus lĂ©gitimes, associant des femmes en responsabilitĂ©s, lâĂ©galitĂ© entre femmes et hommes, Ă©galitĂ© des salaires aussi. Les femmes furent dâailleurs trĂšs impliquĂ©es dans la Commune de Paris. Louise Michel, bien sĂ»r, mais de nombreuses autres que cet anniversaire un peu partout mettra Ă lâhonneur. La Commune de 1871, câest aussi des expĂ©riences dâautogestion, la santĂ© accessible Ă toutes et tous, lâĂ©cole gratuite et laĂŻque, la sĂ©paration de lâĂglise et de lâĂtat, ou encore la rĂ©quisition des logements vacants pour les plus dĂ©munis, la citoyennetĂ© offerte aux Ă©trangers, etc. Alors oui ce fut bien sĂ»r - les conservateurs dâaujourdâhui sâen effraient encore - aussi des Ă©pisodes violents, des Ă©difices brĂ»lĂ©s, des membres du clergĂ© tuĂ©s. Mais violences et exactions sâexprimĂšrent autant et mĂȘme plus dans la rĂ©pression. On le sait, les communardes et communards, les meneuses et meneurs comme les anonymes ont payĂ© cher, au terme des 72 jours, avec les exĂ©cutions de la semaine sanglante », sans compter toutes celles et tous ceux arrĂȘtĂ©s et dĂ©portĂ©s. La Commune, aussi brĂšve fut-elle, laminĂ©e au final par la revanche meurtriĂšre des rĂ©actionnaires tous unis contre le peuple de Paris, a nĂ©anmoins donnĂ© Ă espĂ©rer pour des gĂ©nĂ©rations un possible dâun collectif rĂ©volutionnaire. Elle a nourri, et nourri encore, lâimaginaire du mouvement ouvrier en France et bien au-delĂ . Ă lâĂ©poque dĂ©jĂ les gouvernants espagnols sâinquiĂ©taient que des villes comme Barcelone ou Madrid ne sâen inspirent, et bien sĂ»r la RĂ©publique espagnole sâest nourrie de cette inspiration. On put voir ensuite, dans les Brigades internationales, fiĂšrement engagĂ© un bataillon Louise-Michel, un bataillon de La Commune rassemblant des communistes français avec Rol-Tanguy Ă sa tĂȘte et montrant combien la Commune Ă©tait notre hĂ©ritage. La libĂ©ration de Paris en aoĂ»t 1945, dans son engagement populaire, se souvenait encore du courage des communards⊠Alors, la Commune de Paris, en 2021 plus que jamais, alors que nous vivons lâagonie dâun capitalisme moderne mĂȘme plus capable dâassurer la survie de toutes et tous pour les exploiter, fĂȘtons-la, oui, pour mieux nous en inspirer ! Tout le programme des 150 ans de la Commune de Paris est accessible sur Et, au final, retrouvons-nous pour une grande manif convergeant vers le mur des FĂ©dĂ©rĂ©s le 28 mai prochain. Laurence Patrice, adjointe PCF Ă la Maire de Paris, en charge de la mĂ©moire et du monde combattant Lien de lâĂ©vĂ©nement.
Etle 150e anniversaire de la Commune, commĂ©morĂ© ce printemps 2021, est lâoccasion de cĂ©lĂ©brer les racines de la RĂ©publique et dâhonorer celles et ceux qui ont combattu pour la voir naĂźtre. En effet, il y a 150 ans, entre le 18 mars et le 28 mai 1871, a Ă©clatĂ© une rĂ©volution politique et sociale qui a marquĂ© et inspirĂ© lâhistoire. En quelques semaines, la