TournĂ©esen rĂ©gion. Samedi 4 septembre 2021, 20h. Dimanche 5 septembre 2021, 17h. Vendredi 10 septembre 2021, 20h30. Samedi 11 septembre 2021, 20h. Dimanche 12 septembre 2021, 16h. Direction musicale ChloĂ© Dufresne. Violon Naaman Sluchin. Orchestre de From Wikimedia Commons, the free media repository Jump to navigation Jump to searchNote This category should be empty. Any content should be tag should be used on existing categories that are likely to be used by others, even though the "real" category is elsewhere. Redirected categories should be empty and not categorised themselves. It should not be used on categories that are misspellings and thus unlikely to be used by other people. Such categories should be tagged as {{bad nameCategorycorrect name}}. There are no pages or files in this list may not reflect recent changes learn more. Ellesera jugĂ©e Ă  Rouen, dans la tour qui porte le nom de Pucelle. Le procĂšs a dĂ©butĂ© le 9 fĂ©vrier 1431. Cette tour sera aussi une prison pour elle pendant cinq mois. Elle sortira plusieurs fois de cette tour pour aller au donjon (soit l’actuelle tour Jeanne d’Arc). A cet endroit, en mai 1431, elle est menacĂ©e de torture.

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Texte intĂ©gral 1 Une premiĂšre Ă©bauche de ce travail a Ă©tĂ© publiĂ©e sous le titre La mĂ©moire des bombardements Ă  Ro ... 2 Alain GaspĂ©rini, Rouen 1940-1944 la guerre, l’occupation, la libĂ©ration, Rennes, OuestFrance, 19 ... 1 En 1944, la ville de Rouen et son agglomĂ©ration, dĂ©jĂ  touchĂ©es par un important incendie au moment de l’avance de la Wehrmacht en juin 1940 et par des attaques aĂ©riennes stratĂ©giques depuis 1942, sont la cible de bombardements anglo-amĂ©ricains destinĂ©s Ă  prĂ©parer le dĂ©barquement alliĂ© du 6 juin et Ă  accompagner les opĂ©rations militaires qui lui succĂšdent. Au terme de plusieurs mois d’affrontements qui Ă©prouvent durement une grande partie de la population civile de l’ensemble de la Normandie, Rouen est libĂ©rĂ©e par l’armĂ©e canadienne le 30 aoĂ»t 1944. Depuis une quinzaine d’annĂ©es, plusieurs ouvrages relatant la vie des Normands sous l’occupation, les bombardements et leurs consĂ©quences humaines et matĂ©rielles, ont Ă©tĂ© publiĂ©s ou rĂ©Ă©ditĂ©s. Un certain nombre d’entre eux est consacrĂ© Ă  Rouen et Ă  son agglomĂ©ration2. L’intĂ©rĂȘt des Normands pour les Ă©vĂ©nements et les divers aspects de la seconde guerre mondiale – rĂ©sistance, crimes perpĂ©trĂ©s par l’occupant et le gouvernement de Vichy, mais aussi opĂ©rations militaires et consĂ©quences pour les populations civiles – a Ă©tĂ© suscitĂ© ou ravivĂ© par les commĂ©morations du D-Day en juin 2004 et les nombreuses initiatives pĂ©dagogiques et entreprises mĂ©morielles qui les ont accompagnĂ©es. 3 Cette expression est utilisĂ©e sous forme d’interrogation par Michael Schmiedel, doctorant allemand ... 2Parmi les aspects et Ă©vĂ©nements de la seconde guerre mondiale ayant pourtant marquĂ© durablement les populations des zones sinistrĂ©es, les bombardements alliĂ©s n’ont Ă  premiĂšre vue, jusqu’à une pĂ©riode relativement rĂ©cente, suscitĂ© en France qu’une culture mĂ©morielle secondaire, Ă  laquelle succĂ©derait depuis 1994 et 2004 un certain phĂ©nomĂšne de rattrapage. Peut-on nĂ©anmoins parler d’un tabou ou d’une amnĂ©sie nationale3 » qui aurait fait disparaĂźtre cette mĂ©moire Ă  maints Ă©gards inconfortable derriĂšre des constructions mĂ©morielles plus consensuelles et davantage susceptibles de cimenter l’unitĂ© de la nation ? Ou bien faut-il considĂ©rer que la relative absence de mĂ©moire nationale des bombardements alliĂ©s sur la France est compensĂ©e par des mĂ©moires locales et rĂ©gionales plutĂŽt vivaces, qui n’ont d’ailleurs pas seulement Ă©mergĂ© 50 ou 60 ans aprĂšs la fin de la guerre ? En replaçant cette Ă©tude de cas sur la mĂ©moire rouennaise des bombardements de 1944 Ă  nos jours dans un contexte plus large, cette contribution se propose d’ouvrir quelques pistes de rĂ©flexion sur un sujet peu explorĂ© jusqu’ici. Contexte gĂ©nĂ©ral et mĂ©moires normandes 3La construction d’une mĂ©moire nationale officielle de la seconde guerre mondiale constitue sans doute le premier cadre dans lequel doit ĂȘtre replacĂ©e la mĂ©moire des bombardements alliĂ©s. Les historiennes ont mis en Ă©vidence les mĂ©canismes d’une mĂ©moire dominante construite dĂšs la LibĂ©ration pour dĂ©passer le traumatisme engendrĂ© par l’occupation et les luttes fratricides qui opposĂšrent les Français celle non pas tellement des rĂ©sistants en tant qu’individus, mais de la RĂ©sistance. Cette construction occulta durablement la mĂ©moire de la Shoah, mais de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les pratiques commĂ©moratives ont longtemps accordĂ© peu de place aux victimes civiles autres que rĂ©sistantes. 4 Mechtild Gilzmer, MĂ©moires de pierre – Les monuments commĂ©moratifs en France aprĂšs 1944, Paris, Au ... 4Dans son ouvrage sur les monuments commĂ©moratifs de la seconde guerre mondiale en France4, l’historienne Mechtild Gilzmer montre que le paysage mĂ©moriel constituĂ© par les monuments Ă©rigĂ©s depuis la fin du conflit reflĂšte de maniĂšre gĂ©nĂ©rale cette tendance. Mettant en garde contre une vision qui ne serait pas assez nuancĂ©e, elle met toutefois aussi l’accent sur la grande diversitĂ© des monuments commĂ©moratifs Ă©rigĂ©s dans les annĂ©es d’aprĂšs-guerre par les communes. À la lecture de son ouvrage, on est toutefois frappĂ© par la quasi-absence, dans les nombreux exemples donnĂ©s et analysĂ©s, de monuments Ă  la mĂ©moire des victimes des bombardements – terme que nous utilisons ici de prĂ©fĂ©rence Ă  celui de victimes civiles », qui peut s’appliquer aussi aux rĂ©sistants non militaires, dĂ©portĂ©s, otages fusillĂ©s, etc. Il est Ă  noter que depuis le dĂ©cret du 2 novembre 1945, toutes ces catĂ©gories purent bĂ©nĂ©ficier de l’attribution de la mention Mort pour la France », avec toutefois, dans la mise en Ɠuvre de cette reconnaissance, une hiĂ©rarchisation claire plaçant en haut de l’échelle les rĂ©sistants, et parmi eux les rĂ©sistants militaires. De nombreuses communes optĂšrent, en ajoutant par exemple une plaque Ă  leur monument aux morts existant, pour une inscription des morts pour la France sans distinction. Ceci n’exclut toutefois pas la rĂ©alisation ou du moins la conception de projets cherchant Ă  honorer diffĂ©rentes catĂ©gories, ce qui donna lieu en particulier Ă  l’érection de nombreux monuments en hommage Ă  la RĂ©sistance. Sans nier l’existence d’un paysage mĂ©moriel complexe et multiforme, dont la constitution dĂ©pendait aussi beaucoup des acteurs locaux, il faut remarquer que c’est surtout une France combattante, ayant activement participĂ© Ă  sa LibĂ©ration aux cĂŽtĂ©s des AlliĂ©s, qu’il s’agissait de cĂ©lĂ©brer pour cimenter une solidaritĂ© nationale Ă  reconstruire. 5Dans un article publiĂ© en 2009, l’historien allemand Michael Schmiedel constate qu’à de rares exceptions prĂšs, l’historiographie française ne s’est pas penchĂ©e sur la question des bombardements alliĂ©s sur la France, et met cette absence en relation avec la culture mĂ©morielle nationale dominante depuis 1945. Il Ă©voque trois raisons principales pour expliquer cette lacune 5 M. Schmiedel, dans Luftkrieg...,Îżp. cit., p. 69-70. PremiĂšrement, la confiscation de la guerre aĂ©rienne par le rĂ©gime de Vichy, qui a contaminĂ© le discours sur la guerre aĂ©rienne dans la France de l’aprĂšs-guerre ; deuxiĂšmement, l’amalgame entre coupables et victimes et l’instrumentalisation des victimes Ă  des fins de propagande dĂšs la pĂ©riode de guerre ; troisiĂšmement, enfin, le fait qu’en France, d’autres systĂšmes de rĂ©fĂ©rence de la mĂ©moire prĂ©dominaient pour construire une identitĂ© collective de la sociĂ©tĂ©5. 6 Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Françoise Passera et Jean Quellien dir., Les populations civile ... 7 Ibid., p. 9-20. 8 Letitia Rodriguez, De la place accordĂ©e aux victimes civiles des bombardements et de la bataille ... 6Dans l’avant-propos des actes d’un colloque organisĂ© en 2004 par le MĂ©morial et l’universitĂ© de Caen sur les populations civiles face au dĂ©barquement et Ă  la bataille de Normandie », Claude QuĂ©tel rappelle que les historiennes ont commencĂ© par l’étude du fait militaire avant de s’intĂ©resser aux civils, une espĂšce de parent pauvre » que la logique de guerre totale a pourtant placĂ© au cƓur des conflits6. Dans le mĂȘme ouvrage, Jean Quellien expose la nĂ©cessitĂ© d’un recentrage historiographique, soulignant en particulier que la question du rapport aux libĂ©rateurs alliĂ©s a souvent donnĂ© lieu Ă  un discours politiquement correct et que la mĂ©moire des combattants a longtemps Ă©clipsĂ© la mĂ©moire des civils7. Il faut toutefois noter aussi, comme le fait Letitia Rodriguez dans une contribution Ă  ce mĂȘme colloque sur la place accordĂ©e aux victimes des bombardements dans les commĂ©morations, que face Ă  la complexitĂ© et Ă  la variĂ©tĂ© des Ă©vĂ©nements de la seconde guerre mondiale et de leurs reprĂ©sentations, une hiĂ©rarchisation des mĂ©moires Ă©tait sans doute inĂ©vitable, favorisant la mise en avant des aspects les plus glorieux8. 9 Sur ces facteurs, voir notamment ibid., ainsi que l’introduction de l’ouvrage collectif citĂ© plus ... 7Plusieurs facteurs expliquent la rĂ©Ă©mergence de la mĂ©moire des bombardements depuis les 50e et 60e anniversaires de la fin de la guerre en 1994 et en 20049. Tout d’abord, il semblerait que les controverses sur les choix tactiques des AlliĂ©s soient aujourd’hui moins occultĂ©es – levĂ©e d’un tabou qu’il faut peut-ĂȘtre saluer tout en soulignant la nĂ©cessitĂ© de replacer ces choix dans l’enchaĂźnement des faits et des rĂ©alitĂ©s de la seconde guerre mondiale. Ensuite, il faut prendre en considĂ©ration la disparition progressive des tĂ©moins accompagnĂ©e d’un dĂ©veloppement important de l’histoire orale et l’arrivĂ©e d’une gĂ©nĂ©ration, y compris parmi les institutionnels impliquĂ©s dans les commĂ©morations, qui n’a pas connu la seconde guerre mondiale. Enfin, un nouvel environnement favorise, dans l’évolution des mentalitĂ©s occidentales, la prise en compte des victimes civiles en gĂ©nĂ©ral, Ă  l’heure oĂč s’affaiblit en revanche l’image du hĂ©ros. 10 Voir Henning Meyer, Les musĂ©es de la seconde guerre mondiale et la transmission de la mĂ©moire. L ... 11 AprĂšs avoir publiĂ© en 1994-1995 plusieurs ouvrages sur les victimes civiles dans les trois dĂ©parte ... 12 L. Rodriguez, dans op. cit., p. 299. 13 Ibid. 14 Ce secrĂ©tariat n’a eu qu’une existence Ă©phĂ©mĂšre, de mars 2004 Ă  mai 2005. 15 16 Par exemple sur le site officiel Chemins de mĂ©moire », crĂ©Ă© par le ministĂšre de la DĂ©fense dans ... 8Un bref aperçu de la mĂ©moire des bombardements telle qu'elle est construite en Normandie, principalement depuis quelques annĂ©es, permet de donner quelques Ă©lĂ©ments supplĂ©mentaires de contextualisation, mĂȘme s’il fait apparaĂźtre une certaine distorsion entre la Haute-Normandie et les trois dĂ©partements de Basse-Normandie, qui ont largement bĂ©nĂ©ficiĂ© du rayonnement du MĂ©morial de Caen dans la prise en compte des rĂ©alitĂ©s complexes et multiples de la pĂ©riode d’occupation, avec une approche qui n’exclut pas les victimes civiles de la guerre aĂ©rienne. InaugurĂ© en 1988 sous l’impulsion du maire UDF Jean-Marie Giraud, qui a vĂ©cu les bombardements de 1944 comme Ă©quipier de la Croix-Rouge, le MĂ©morial de Caen est certes dĂ©diĂ© Ă  tous les aspects de la seconde guerre mondiale. Il tire toutefois son origine – exprimĂ©e dans la conception architecturale mĂȘme du bĂątiment qui l’abrite, basĂ©e sur l’idĂ©e de fracture – de l’expĂ©rience traumatisante de la destruction, qui doit justement faire de la ville de Caen l’ambassadrice de la paix et de la dĂ©fense de la libertĂ©10. En 1994, des veillĂ©es-tĂ©moignages organisĂ©es entre autre par le MĂ©morial donnent la parole aux habitants de la rĂ©gion, qui font part notamment de leur vĂ©cu des bombardements. L’expĂ©rience est renouvelĂ©e en 2004. ParallĂšlement, l’historiographie s’intĂ©resse Ă  cette thĂ©matique, comme Ă  l’occasion du colloque Ă©voquĂ© plus haut, organisĂ© Ă  la demande du conseil gĂ©nĂ©ral du Calvados par le centre de recherche d’histoire quantitative de l’universitĂ© de Caen associĂ© au MĂ©morial, auquel on doit dĂ©jĂ  plusieurs publications sur les victimes civiles en Normandie11. Outre le travail historiographique et pĂ©dagogique, c’est Ă©galement la pratique commĂ©morative officielle qui s’étend, Ă  l’initiative du comitĂ© Normandie mĂ©moire » crĂ©Ă© en 2002, rĂ©unissant 582 mairies et 141 associations de Basse-Normandie et entendant bien n’oublier aucune catĂ©gorie de victimes12. Si, comme l’a Ă©tudiĂ© Letitia Rodriguez pour la Basse-Normandie, les commĂ©morations municipales et mĂȘme plusieurs monuments communaux ont accordĂ© depuis la fin de la guerre une place finalement notable – bien que secondaire par rapport au souvenir des opĂ©rations militaires – aux victimes civiles des bombardements13, le 60e anniversaire du dĂ©barquement et de la bataille de Normandie constitue pour la premiĂšre fois l’occasion d’un hommage rĂ©gional, Ă  l’initiative du conseil rĂ©gional de Basse-Normandie et de l’association Normandie mĂ©moire ». La secrĂ©taire d’État aux Droits des victimes14 Nicole Guedj reprĂ©sente mĂȘme, au cours d’une premiĂšre journĂ©e consacrĂ©e au souvenir des victimes civiles organisĂ©e le 7 juin 2004 Ă  Saint-LĂŽ, le gouvernement au nom duquel elle rappelle le caractĂšre indispensable du devoir de mĂ©moire, aussi bien par les institutions que par les citoyens, y compris concernant les victimes civiles15 ». La cĂ©rĂ©monie culmine dans l’enchĂąssement de la liste des victimes de la rĂ©gion dans un rĂ©ceptacle placĂ© au pied du monument Ă  la mĂ©moire des victimes du bombardement de Saint-LĂŽ. DĂ©sormais pĂ©rennisĂ©e, cette commĂ©moration est organisĂ©e chaque annĂ©e dans l’une des communes sinistrĂ©es des trois dĂ©partements de la rĂ©gion. MalgrĂ© la prĂ©sence ministĂ©rielle, il serait toutefois abusif de parler d’une mĂ©moire nationale en cours d’institutionnalisation16. 17 C’est sans doute autour de 1949 qu’est apposĂ©e au pied du Monument aux morts de la premiĂšre guerre ... 18 Voir en particulier Andrew Knapp, The Destruction and Liberation of Le Havre in Modem Memory », ... 9En Haute-Normandie, l’hommage se fait globalement plus discret. Au Havre, oĂč les bombardements de septembre 1944 ont fait prĂšs de 2 000 victimes, le souvenir est vivace dans l’immĂ©diat aprĂšs-guerre et explique sans doute la rĂ©Ă©lection en 1947 de Pierre Courant, qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© maire sous Vichy, mais auquel une partie des Havrais reste attachĂ©e en raison de sa prĂ©sence auprĂšs de la population pendant les opĂ©rations de secours17. Dans les dĂ©cennies qui suivent son dĂ©part et qui scelle l’influence des communistes sur la ville, cette mĂ©moire passe clairement Ă  l’arriĂšre-plan, et la prĂ©sence de monuments aux victimes civiles reste discrĂšte18. Parmi les initiatives rĂ©centes, il faut toutefois noter l’apposition, en 2004, par le maire Antoine Rufenacht, d’une plaque rappelant Ă  l’entrĂ©e du tunnel Jenner l’ensevelissement de 319 Havrais qui s’y Ă©taient rĂ©fugiĂ©s au cours du bombardement du 6 septembre 1944. Mais Le Havre a globalement privilĂ©giĂ© la mĂ©moire de sa reconstruction, avec le classement de son centre-ville au patrimoine mondial de l’UNESCO, alors que Rouen a intensifiĂ© depuis 2004 des initiatives mĂ©morielles qui incluent assez largement aussi la question des bombardements. Le contexte rouennais de la propagande contre les bombardements alliĂ©s aux constructions mĂ©morielles dominantes de l’aprĂšs-guerre 19 Le chiffre de 816 morts est retenu par M. Dandel et al, op. cit., p. 55. 20 Pariser Zeitung, 16 mai 1944, dossier de coupures de presse Extraits de journaux relatant les b ... 10La propagande de l’occupant allemand et de Vichy, qui a dĂ©jĂ  largement exploitĂ© les bombardements sur la France pour tenter de faire naĂźtre dans les populations civiles un sentiment anti-alliĂ©, s’intensifie Ă  l’approche du dĂ©barquement. Les raids britanniques sur le complexe ferroviaire de Sotteville-lĂšs-Rouen, dans la nuit du 18 au 19 avril 1944, qui touchent aussi le centre-ville de Rouen et qui font plus de 800 victimes dans l’agglomĂ©ration19, sont instrumentalisĂ©s tant au plan national que local. Affiches et autres documents mettent en scĂšne la figure patriotique de Jeanne d’Arc, brĂ»lĂ©e Ă  Rouen par les Anglais mais bien dĂ©cidĂ©e Ă  ne pas laisser l’ envahisseur » britannique reprendre possession de la France. Fe thĂšme est dĂ©clinĂ© Ă  l’envi, comme sur cette affiche couleur de sang et de feu reprĂ©sentant la sainte, les mains liĂ©es, qui semble s’élever au-dessus de la ville de Rouen transformĂ©e en bĂ»cher, avec cette inscription accusatrice Les assassins reviennent toujours sur les lieux de leur crime. » Fe motif de Jeanne au bĂ»cher devant la cathĂ©drale de Rouen en flammes est repris sous le simple titre Rouen 1431-1944 » dans un dessin en noir et blanc du journal de l’occupant en France, le Pariser Zeitung20. 11La propagande iconographique s’accompagne d’un discours lui aussi construit autour de la citĂ© martyre ». DĂšs le lendemain du bombardement nocturne, le secrĂ©taire d’État Ă  l’Information et Ă  la Propagande, Philippe Henriot, dĂ©cline dans une allocution radiophonique le motif des barbares qui dĂ©truisent un joyau de la culture de l’Occident en pĂ©ril 21 La France terre brĂ»lĂ©e », 19 avril, 12 h 40, Éditoriaux prononcĂ©s Ă  la radio par Philippe Henrio ... Et l’une des plus belles villes de France connaissait le sort de tant de villes d’art d’Italie et d’Allemagne. [...] Quelle richesse d’art, quel trĂ©sor de beautĂ©, quelle vie humaine apparaĂźtrait assez prĂ©cieuse Ă  des gens qui se moquent Ă©perdument de ce qu’ils ne comprennent pas s’ils sont AmĂ©ricains et qui dĂ©sirent dĂ©truire tout ce qui est français du moment qu’ils sont Anglais21. Figure no 83 page suivante – Affiche de propagande anti-britannique, 1944. 22 Service interministĂ©riel de protection contre les Ă©vĂ©nements de guerre, crĂ©Ă© en 1943 pour apporter ... 23 Reportage France-ActualitĂ©s du 19 mai 1944, 2 mn 35 s., archives en ligne de l’Institut national d ... 12Autre thĂšme rĂ©current de la propagande nationale, la solidaritĂ© des sinistrĂ©s, l’hĂ©roĂŻsme des sauveteurs Ă  l’Ɠuvre et l’efficacitĂ© de l’intervention des pouvoirs publics, avec l’arrivĂ©e en gare de Rouen, malgrĂ© les destructions ferroviaires, du train du SIPEG22. La visite que rend le marĂ©chal PĂ©tain le 14 mai 1944 Ă  la premiĂšre des villes martyres » au cours de son pĂšlerinage tragique » Ă  travers les rĂ©gions sinistrĂ©es, est l’occasion d’exhorter la solidaritĂ© nationale, autour de Jeanne qui doit rester plus que jamais le symbole, l’ñme de notre unitĂ©, de cette unitĂ© si ardemment demandĂ©e aux Français par le glorieux soldat23 ». 24 Journal de Rouen, 20 avril 1944. 25 Dans leur ouvrage sur le 19 avril 1944, P. Le TrĂ©vier et D. Rose montrent l’enchaĂźnement des erreu ... 26 Journal de Rouen, 28 avril 1944. 13Au plan local, le Journal de Rouen relaie trĂšs largement, aprĂšs le 19 avril 1944 puis de nouveau Ă  l’occasion de la semaine rouge » en mai-juin 1944, les thĂšmes dĂ©veloppĂ©s par la propagande nationale. Les articles invectivent la barbarie amĂ©ricaine [qui] rejoint ici la moscovite24 ». L’hommage aux victimes innocentes s’accompagne d’une hĂ©roĂŻsation du dĂ©vouement des Ă©quipes de secours, interprĂ©tĂ© comme l’expression d’une ferveur patriotique sans faille. Dans l’argumentaire national et local, on ne se contente pas de dĂ©noncer les erreurs de visĂ©e fatales aux zones d’habitation et aux populations civiles25 ; on dĂ©nie bien plutĂŽt toute lĂ©gitimitĂ© stratĂ©gique aux raids terroristes ». Et le Journal de Rouen publie la protestation officielle contre l’épouvantable attentat subi par notre ville » exprimĂ©e par le conseil municipal de Rouen et le maire RenĂ© Stackler, qui renouvelle Ă  cette occasion au marĂ©chal PĂ©tain l’assurance de son absolue loyautĂ© et de son entiĂšre fidĂ©litĂ©26 ». L’accusation de terrorisme » portĂ©e aux AlliĂ©s comme elle le fut Ă©galement pendant l’occupation aux rĂ©sistants permet de mieux comprendre quelle ombre a pu planer dans l’aprĂšs-guerre sur une mĂ©moire spĂ©cifique des bombardements, peu compatible avec l’hommage rendu aux libĂ©rateurs associĂ©s aux principales commĂ©morations. 27 AMVR, 1M3. Sauf prĂ©cision contraire, les informations relatives aux plaques et monuments commĂ©mora ... 28 Le texte du dĂ©cret est reproduit dans le recueil des actes administratifs du dĂ©partement de Seine- ... 14ConformĂ©ment Ă  cette hypothĂšque ainsi qu’aux schĂ©mas dominants de reconstruction identitaire de la sociĂ©tĂ© française, il semble de prime abord qu’à Rouen comme ailleurs, ce soit plutĂŽt l’image d’une France combattante qui ait dominĂ© les pratiques commĂ©moratives depuis la fin du conflit. Trois lieux de mĂ©moire rouennais jouent un rĂŽle de premier plan, en particulier dans les commĂ©morations de la libĂ©ration de la ville. Au centre-ville, c’est tout d’abord le monument Ă  la victoire de 1914-1918 qui, dans une continuitĂ© des deux guerres affirmĂ©e au plan national, est Ă©galement dĂ©diĂ© Ă  celle de 1939-1945 ». Autre lieu central, la rue du Donjon oĂč Ă©tait situĂ© pendant l’occupation l’immeuble de la Gestapo, et oĂč la FĂ©dĂ©ration nationale des dĂ©portĂ©s et internĂ©s de la RĂ©sistance fait apposer dĂšs 194827 une plaque en hommage aux rĂ©sistants et dĂ©portĂ©s politiques - le gĂ©nocide des juifs restant Ă©clipsĂ© pendant des dĂ©cennies par cette construction mĂ©morielle dominante. Le lieu rouennais sans doute le plus emblĂ©matique de l’hommage que la France de l’aprĂšs-guerre rend Ă  ses hĂ©ros est le stand des fusillĂ©s » du Madrillet situĂ© sur un terrain appartenant alors Ă  la ville de Rouen. C’est lĂ  oĂč les Allemands fusillĂšrent quelque 80 rĂ©sistants du dĂ©partement qu’est inaugurĂ© en 1949 le monument des Martyrs de la RĂ©sistance de Seine-InfĂ©rieure, lieu de commĂ©moration jusqu’à aujourd’hui. On comprend mieux comment s’articulent mĂ©moire locale de la rĂ©sistance et constructions mĂ©morielles nationales lorsque l’on sait que le projet a Ă©tĂ© soumis avec succĂšs Ă  la Commission centrale des monuments commĂ©moratifs instaurĂ©e par un dĂ©cret du 16 janvier 1947 pour coordonner l’érection des principaux monuments sur le territoire, qui devaient en premier lieu commĂ©morer des faits glorieux de la guerre28 ». Figure no 84 – Monument des Martyrs de la RĂ©sistance. CĂ©rĂ©monie commĂ©morative, fin des annĂ©es 1950 ?. 29 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse Guerre 1939-1945 », no 2 bis. Ici, Paris-N ... 30 Ibid., Paris-Normandie, 31 aoĂ»t 1982. 15Les commĂ©morations de la libĂ©ration de Rouen, qui ont souvent lieu en prĂ©sence de soldats canadiens entrĂ©s dans Rouen et d’anciens rĂ©sistants de renommĂ©e nationale, ont pour principal objectif d’honorer la mĂ©moire des hĂ©ros tombĂ©s pour la cause de la libertĂ© » et d’exprimer la gratitude des Rouennais Ă  ceux qui leur ont apportĂ© la dĂ©livrance ». La question des bombardements est la grande absente des cĂ©rĂ©monies et des discours officiels pendant plus d’une vingtaine d’annĂ©es, mais Ă  partir de 1964, la presse locale commence Ă  profiter des anniversaires de la libĂ©ration de la ville pour Ă©voquer les destructions. Il faut attendre la fin des annĂ©es 1960 pour que le maire de Rouen Jean Lecanuet, puis d’autres officiels invitĂ©s, rappellent les larmes de deuil qui marquĂšrent, pour les Rouennais, la pĂ©riode comprise entre le 6 juin et le 30 aoĂ»t 194429 ». Le contexte est alors modifiĂ© par la distance historique mais peut-ĂȘtre aussi par l’inauguration d’un monument aux victimes civiles le 19 avril 1964, que nous Ă©tudierons plus loin. C’est surtout Ă  partir du 30e anniversaire, et plus encore dans les annĂ©es 1980, que les officiels locaux ou invitĂ©s rappellent l’amertume des Rouennais qui ont payĂ© un lourd tribut Ă  leur libĂ©ration. Ainsi, AndrĂ© Jarrot, compagnon de la LibĂ©ration et ancien ministre invitĂ© Ă  l’occasion du 38e anniversaire, Ă©voque-t-il en 1982 trĂšs concrĂštement les bombardements subis par la population Ceux Ă  qui il a Ă©tĂ© donnĂ© de vivre, il y a 38 ans, le terrible drame oĂč la ville a failli pĂ©rir, en ont encore les oreilles qui bourdonnent au bruit des bombes qui Ă©clatent et les yeux rougis par l’insomnie, les nerfs brisĂ©s par l’émotion30. » Les principales commĂ©morations annuelles ne sont certes pas, du moins pendant longtemps, centrĂ©es sur le souvenir des bombardements ; et quand les officiels les Ă©voquent plusieurs dĂ©cennies plus tard, c’est souvent sans rappeler dans quel contexte ils se sont dĂ©roulĂ©s et c’est plutĂŽt pour assurer que les souffrances subies furent pour ainsi dire sublimĂ©es par la LibĂ©ration. Pourtant, les hommages que rend parallĂšlement la ville en d’autres circonstances doivent Ă©carter la thĂšse d’un tabou qui aurait pesĂ© pendant plusieurs dĂ©cennies sur la question. Victimes actives » et passives » des bombardements dans les pratiques commĂ©moratives des deux premiĂšres dĂ©cennies de l’aprĂšs-guerre 16En lien avec des constructions mĂ©morielles mettant en scĂšne plutĂŽt des hĂ©ros que des victimes passives », une partie importante des pratiques commĂ©moratives de l’immĂ©diat aprĂšs-guerre liĂ©es aux bombardements honore celles et ceux qui ont tentĂ© de secourir les personnes ensevelies dans les dĂ©combres des bĂątiments bombardĂ©s. Il s’agit principalement des diffĂ©rents corps de pompiers qui sont intervenus Ă  Rouen et de la DĂ©fense passive DP – deux groupes qui participent activement Ă  la construction d’une mĂ©moire, en relation Ă©troite avec les acteurs institutionnels. 31 Voir Ă  ce propos les diffĂ©rents Ă©changes Ă©pistolaires conservĂ©s aux archives municipales AMVR, 1M ... 32 Dimanche 17 juillet 1949 Le prĂ©sident Auriol remit la LĂ©gion d’honneur Ă  la ville de Rouen », ... 33 Le gĂ©nĂ©ral Piollet inaugure un mĂ©morial Ă  la DP », Normandie peu aprĂšs rebaptisĂ© ParisNormandie... 17DĂšs 1946, une plaque commĂ©morative est inaugurĂ©e, avec l’accord de la municipalitĂ©, par les sapeurs-pompiers de Paris Ă  la mĂ©moire de leurs membres morts au feu » au cours des bombardements de dĂ©but juin 194431. Suite Ă  la dĂ©molition de l’immeuble oĂč Ă©tait apposĂ©e la plaque d’origine, une nouvelle plaque monumentale – sur laquelle une ligne de fracture symbolise deuil et destruction – est fixĂ©e en 1954 sur le mur ouest du Palais des consuls qui vient d’ĂȘtre reconstruit. À l’occasion de la remise de la LĂ©gion d’honneur Ă  la ville par le prĂ©sident Auriol en 1949, les pompiers de Rouen se voient dĂ©cerner la mĂ©daille d’or des actes de courage et de dĂ©vouement32 ». Le conseil municipal de Rouen souhaite aussi rendre hommage Ă  la DP en remettant un drapeau Ă  son amicale et en dĂ©voilant en juin 1947 dans le hall de l’hĂŽtel de ville une plaque commĂ©morative Ă  ses morts. Comme pour les pompiers, c’est l’ hĂ©roĂŻque conduite » des Ă©quipiers de la DP qui est saluĂ©e par le maire Jacques Chastellain33. Les Ă©quipes de la DP, qui avait entre autre pour mission de protĂ©ger les populations civiles des effets de la guerre, sont intervenues pendant les bombardements pour fournir une aide d’urgence aux blessĂ©s et aux sinistrĂ©s. 34 SĂ©ance du conseil municipal du 28 avril 1947 AMVR, 1M3. 35 Un article avec photo du journal Normandie des 24, 25 et 26 mai 1947 montre la pose de la clef de ... 36 ProcĂšs-verbal de la rĂ©union du jury chargĂ© de l’examen des projets, 11 septembre 1947 AMVR, 1M3. 37 Un mĂ©morial aux victimes de la guerre. La ville de Rouen retient le projet de MM. RenĂ© et Jean-P ... 18La longue prĂ©histoire du monument amĂ©nagĂ© sur la place du Gaillardbois montre toutefois que la ville de Rouen souhaite aussi trĂšs tĂŽt associer toutes les victimes des bombardements. Le 28 avril 1947, le conseil municipal exprime la nĂ©cessitĂ© d’ un monument dont la vue permanente rappellerait aux Rouennais le souvenir des chers disparus, victimes obscures et, hĂ©las, trop nombreuses d’une guerre qui nous a Ă©tĂ© imposĂ©e par la dĂ©fense de la LibertĂ©34 ». L’idĂ©e d’un concours est lancĂ©e sera amĂ©nagĂ©e en monument, avec des dĂ©corations appropriĂ©es, l’ancienne porte de la Douane, dernier vestige de l’hĂŽtel du mĂȘme nom situĂ© sur les quais de Seine et dĂ©truit par un bombardement meurtrier au cours de la semaine rouge ». À cette Ă©poque, la porte de la Douane, dĂ©placĂ©e, est en cours de rĂ©Ă©dification Ă  l’emplacement du pignon ouest de la future halle aux Toiles35. À l’issue de sa rĂ©union du 11 septembre 194736, le jury du concours dĂ©cide toutefois de n’attribuer, au vu des projets prĂ©sentĂ©s, qu’un seul et unique second prix Ă  deux architectes rouennais qui ont proposĂ© comme Ă©lĂ©ments d’amĂ©nagement une grande couronne mortuaire sculptĂ©e ainsi qu’une urne funĂ©raire de laquelle doit s’élever une flamme Ă©ternelle37. 38 Il n’y a de trace d’une telle requĂȘte ni dans les archives municipales, ni aux Archives nationales ... 19Il ne semble pas que ce projet, bien qu’il dĂ©passĂąt Ă  priori le cadre d’une simple dĂ©cision prĂ©fectorale, ait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© Ă  la Commission centrale des monuments commĂ©moratifs38. Parce que celle-ci aurait Ă©tĂ© susceptible de le rejeter pour des raisons esthĂ©tiques, voire politiques, car il ne rendait pas hommage Ă  des victimes actives » ? On peut au moins Ă©mettre cette hypothĂšse. Prenant connaissance du dĂ©cret instaurant cette commission Ă©tatique, il est possible que le conseil municipal ait dĂ©cidĂ© d’ajourner son projet. 39 Le Monument National aux Victimes Civiles de la guerre sera-t-il Ă©rigĂ© Ă  Rouen ? », LibertĂ©-Dima ... 40 Voir M. Gilzmer, op. cit. 41 Voir l’article citĂ© note 39. 42 MĂ©morial aux victimes civiles inaugurĂ© le 19 avril », par R. Parment, Paris-Normandie, 9 janvier ... 43 L. Rodriguez, op. cit., p. 293. M. Schmiedel note Ă©galement la tenue, Ă  Lyon en 1964, d’une cĂ©rĂ©mo ... 20La rĂ©alisation de ce projet de monument aux victimes civiles des bombardements est de nouveau Ă  l’ordre du jour au dĂ©but des annĂ©es 1960. Selon la presse, il serait mĂȘme question de faire de la porte de la Douane un mĂ©morial non seulement municipal, mais aussi national39. Le contexte ne paraĂźt pourtant guĂšre favorable, car si De Gaulle entend renforcer au niveau national le programme d’édification de monuments commĂ©moratifs, c’est pour exploiter encore davantage le rĂ©cit fondateur d’une France rĂ©sistante40. Mais il semble que le dĂ©putĂ© gaulliste et adjoint au maire de Rouen Roger Dusseaulx ait plaidĂ© le dossier auprĂšs du prĂ©sident de la RĂ©publique41. C’est finalement le 19 avril 1964 qu’est inaugurĂ© le monument dont la portĂ©e reste locale et dont la configuration prend la forme d’une simple inscription, sans autre mise en contexte, sur le mur aveugle de la porte de la Douane 1940-1944 – À la mĂ©moire des membres de la DĂ©fense passive et des victimes civiles des bombardements de Rouen et de son agglomĂ©ration. » Quelques semaines avant l’inauguration, le journaliste Roger Parment salue cette initiative qui honorera les morts civils, ceux sur lesquels depuis vingt ans on fait silence, ceux dont jamais nul n’appelle les noms42 », accrĂ©ditant la thĂšse – Ă  nuancer comme on l’a vu – du tabou qui aurait pesĂ© sur cette mĂ©moire depuis la LibĂ©ration. Si l’on veut lĂ  encore replacer la mĂ©moire rouennaise dans un contexte plus large, on constatera que le 20e anniversaire de la fin de la guerre, en 1964, a favorisĂ© une rĂ©Ă©mergence au moins temporaire de la prise en compte des victimes des bombardements. La mĂȘme annĂ©e, le ministre des Anciens Combattants participe mĂȘme, Ă  Caen et Ă  Saint-LĂŽ, aux cĂ©rĂ©monies qui leur sont dĂ©diĂ©es43. Pour Rouen, la date de commĂ©moration logiquement choisie est celle du bombardement – le seul nocturne – qui semble avoir le plus traumatisĂ© les habitants de la ville et des communes environnantes. Figure no 85 – Le monument de la porte de la Douane, place du Gaillardbois. 44 AMVR, 3K1. Je reproduis ici en italique l’ajout manuscrit, qui comporte en outre une rature cou ... 45 LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 46 In memoriam », par R. Parment, LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 21La cĂ©rĂ©monie d’inauguration sur la place du Gaillardbois est l’occasion, vingt ans aprĂšs Vichy, d’une assez curieuse rĂ©conciliation – ou du moins d’une communion dans le deuil – favorisĂ©e peut-ĂȘtre par le fait que ce sont les centristes indĂ©pendants qui dominent le paysage politique municipal, au-delĂ  donc du clivage entre gaullistes et communistes. Parmi les invitĂ©s officiels au grand dĂ©jeuner organisĂ© par la ville, on remarque la prĂ©sence de l’ancien maire RenĂ© Stackler, que le maire Bernard Tissot remercie dans son discours d’inauguration pour les efforts de coordination des secours qu’il a fournis en 1944. Ce discours s’ouvre par ailleurs sur une condamnation gĂ©nĂ©rale de la guerre, et l’ajout manuscrit sur la version dactylographiĂ©e apparaĂźt comme une concession Ă  des constructions mĂ©morielles dominantes peut-ĂȘtre plus nationales que locales La guerre, malgrĂ© l’hĂ©roĂŻsme des combattants il faut dire, la hideuse guerre, cette folie, ce pĂ©chĂ© des hommes les tue et dĂ©vaste leurs foyers44. » Les journaux rĂ©gionaux de l’époque consacrent de trĂšs longs articles Ă  cet Ă©vĂ©nement, qui constitue sans doute le point culminant de la mĂ©moire rouennaise officielle des bombardements au XXe siĂšcle. Ce qui frappe dans la documentation consultĂ©e, c’est globalement l’absence de distance par rapport au rĂ©gime de Vichy LibertĂ©-Dimanche reproduit mĂȘme sans commentaire critique des extraits du Journal de Rouen d’avril 1944 dĂ©nonçant la barbarie amĂ©ricaine » – alors que dans les autres articles, il est Ă  peine question des stratĂ©gies militaires des AlliĂ©s45. La volontĂ© d’unir les Rouennais commence Ă  ĂȘtre associĂ©e Ă  la nĂ©cessitĂ© d’Ɠuvrer pour la paix et de sensibiliser les gĂ©nĂ©rations futures. C’est ainsi que l’on peut lire sous la plume de Roger Parment, dans un pathos trĂšs gĂ©nĂ©ralisateur, que la cĂ©rĂ©monie ne prendra tout son sens que si l’on associe toutes les victimes civiles de cette guerre europĂ©enne, [...] tous ces morts [qui] ont fini dans la mĂȘme injustice, du fait de la barbarie universelle46 ». Ce qui importe ne semble pas tant de replacer les Ă©vĂ©nements dans leur contexte que de permettre aux Rouennais de faire un travail de deuil, Ă  l’issue de la reconstruction de la ville qui a occupĂ© les esprits jusqu’alors. 47 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse citĂ© plus haut. 22Dans les annĂ©es et dĂ©cennies qui suivent, la mĂ©moire des bombardements semble certes redevenir l’apanage d’un groupe, celui des anciens de la DP, qui continuent Ă  se rassembler sur la place du Gaillardbois chaque 19 avril. Mais dans la presse locale, les anniversaires de la libĂ©ration deviennent de plus en plus l’occasion d’évoquer aussi les destructions de la ville en 1944, puis de donner la parole aux Rouennais qui les ont vĂ©cues47. Un tournant dans la mĂ©moire des bombardements rouennais ? Les annĂ©es 1994-2011 23Cette idĂ©e de donner la parole aux tĂ©moins culminera Ă  l’occasion du 60e anniversaire de la LibĂ©ration en 2004. On peut toutefois considĂ©rer que la mĂ©moire des bombardements entre au cours des annĂ©es 1990 dans une nouvelle phase, favorisant davantage la mĂ©diation culturelle et les initiatives pĂ©dagogiques que la commĂ©moration au sens strict, avec une vision qui se veut plus multiforme de la seconde guerre mondiale. 48 AMVR, recueil des dĂ©libĂ©rations du conseil municipal, sĂ©ance du 8 juillet 1994. 49 Je remercieMme Chantier, des archives municipales de Sotteville-lĂšs-Rouen, de m’avoir communiquĂ© c ... 24À l’issue de l’amĂ©nagement des espaces du Palais, qui constitue l’une des ultimes entreprises de la reconstruction de Rouen, a Ă©tĂ© laissĂ©e vierge une placette que le conseil municipal dĂ©cide, au cours de sa sĂ©ance du 8 juillet 1994, de dĂ©nommer place du 19 avril 1944 ». Le maire de l’époque, François Gautier UDF, indique qu’il s’est agi d’une suggestion des habitants du quartier. Il ne semble pas que la proposition ait fait dĂ©bat entre la majoritĂ© et l’opposition48. Cette mĂȘme annĂ©e, la municipalitĂ© socialiste de Sotteville-lĂšs-Rouen va plus loin dans l’hommage rendu aux victimes des bombardements, en inaugurant Ă  l’occasion de l’anniversaire du 19 avril 1944 une stĂšle sur laquelle sont gravĂ©s les noms des 561 Sottevillais dĂ©cĂ©dĂ©s cette nuit-lĂ . Une deuxiĂšme stĂšle formĂ©e d’un contrepoids de grue ayant servi Ă  la reconstruction, mais qui pourrait Ă©galement Ă©voquer une pierre tombale, rappelle que le vieux Sotteville » a Ă©tĂ© complĂ©ment anĂ©anti ». Elle constitue avec la premiĂšre un petit ensemble monumental symboliquement placĂ© au pied des immeubles de la Zone verte conçus par l’architecte Marcel Lods dans les annĂ©es d’aprĂšs-guerre, et devient lieu de commĂ©moration annuelle Ă  partir de 199449. Associer ainsi mĂ©moire des destructions et de la reconstruction nous semble constituer une initiative officielle assez inĂ©dite. 50 Interview de D. Denry par Jacques Petit À nouvelle place nouveau dĂ©cor – la fontaine de la Pla ... 51 AMVR, 8W1164/996. 25Peu aprĂšs avoir baptisĂ© la nouvelle place du 19 avril 1944, le conseil municipal de Rouen dĂ©cide quant Ă  lui de lancer un concours pour y implanter une fontaine. C’est le sculpteur Dominique Denry qui a le rĂ©flexe de choisir la thĂ©matique par rapport au nom de la place. La sculpture placĂ©e au centre de la fontaine et baptisĂ©e Au bout de l’errance reprĂ©sente une famille qui pourrait figurer la communautĂ© rouennaise qui, dans une dĂ©ambulation thĂ©ĂątralisĂ©e, quitte les ruines de ce funeste jour [...] pour se tourner vers l’avenir et repartir... reconstruire, recommencer50 ». Le projet de Dominique Denry reçoit l’avis unanime du jury de concours – composĂ© en partie d’élus locaux – pour des raisons esthĂ©tiques mais aussi parce que le lien avec l’histoire » a Ă©tĂ© retenu comme l’un des principaux critĂšres de sĂ©lection51. 52 La fontaine de Dominique Denry inaugurĂ©e place du 19 avril 1944 », LibertĂ©-Dimanche, 21 dĂ©cembre ... 53 Entretien de D. Denry avec l’auteure, 30 dĂ©cembre 2009. 26La ville adhĂšre ainsi Ă  la double perspective destruction/reconstruction choisie par l’artiste. Il est en revanche difficile de savoir si la majoritĂ© municipale de l’époque, qui perd les Ă©lections de juin 1995 au moment oĂč est rĂ©alisĂ© le projet, avait l’intention de profiter de l’inauguration de la fontaine pour rendre un hommage aux victimes des bombardements. Toujours est-il que cette inauguration a lieu trĂšs discrĂštement en fin d’annĂ©e52. Si le sculpteur n’a pas souhaitĂ© lui-mĂȘme crĂ©er un monument » en tant que tel, il n’exclut pas une rĂ©appropriation du lieu par la volontĂ© commune53. À l’époque oĂč le monument de la place du Gaillardbois, plutĂŽt excentrĂ©e, n’avait plus de vĂ©ritable sens que pour les membres encore en vie de l’Amicale de la DP, une nouvelle place dĂ©nommĂ©e tardivement, avec une fontaine Ă©voquant les bombardements, pouvait-elle alors offrir le cadre de commĂ©morations diffĂ©rentes de celles instaurĂ©es dans les dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes ? 54 Rouen Magazine, supplĂ©ment du 15 avril 2004, Rouen, mĂ©moires 44 – Les Rouennais dans la guerre, ic ... 55 Rouen mĂ©moires 44, Ă©ditĂ© par la ville de Rouen, septembre 2004. Voir les extraits reproduits dans ... 56 AMVR, sĂ©ance du conseil municipal, 29 mars 2004. 57 Cette nuit-lĂ , il pleuvait des coups durs », Paris-Normandie, 19 avril 2004. 58 Entretien de L. Leforestier avec l’auteure, 4 fĂ©vrier 2010. 27En 2004, Ă  l’occasion du 60e anniversaire du dĂ©barquement alliĂ© en Normandie, la ville de Rouen souhaite largement s’associer aux manifestations du souvenir, et dĂ©veloppe un important programme commĂ©moratif, culturel et pĂ©dagogique qui doit Ă©clairer les diffĂ©rents aspects de l’occupation et de la fin de la guerre. Dans l’éditorial du numĂ©ro spĂ©cial de Rouen Magazine d’avril 2004, le maire Pierre Albertini rappelle l’ampleur des destructions, lourd tribut que Rouen a payĂ© pour sa libĂ©ration et celle du pays, et la souffrance des habitants sous l’occupation. S’il ne gomme pas complĂštement les manifestations de bassesse » qui ont pu accompagner cette souffrance, il ne s’appesantit pas non plus sur les crimes de Vichy et les complicitĂ©s rouennaises, mais inscrit le devoir de mĂ©moire dans une perspective europĂ©enne de rĂ©conciliation54. Le programme envisagĂ© et concrĂ©tisĂ© accorde une large place Ă  la mĂ©moire des bombardements de 1944. Sous la forme, par exemple, d’un appel Ă  tĂ©moins qui aboutit Ă  la publication, en septembre 2004, d’un recueil d’entretiens dont un chapitre est consacrĂ© au quotidien sous les bombes alliĂ©es55. L’initiative est complĂ©tĂ©e par des rencontres intergĂ©nĂ©rationnelles, diverses expositions et des ateliers d’éducation populaire. MĂ©diation culturelle et patrimoine immatĂ©riel constituent ainsi le cƓur d’une nouvelle approche dĂ©fendue par Laure Leforestier, adjointe au patrimoine, dans un rapport adoptĂ© par le conseil municipal sans dĂ©bats ni opposition particuliĂšre56. Les commĂ©morations, dont le volet consacrĂ© Ă  la libĂ©ration de la ville s’inscrit dans la continuitĂ© des prĂ©cĂ©dents hommages, prennent en revanche pour la mĂ©moire des bombardements un tour nouveau c’est sur la place du 19 avril 1944 situĂ©e au cƓur des rues piĂ©tonnes que les habitants sont appelĂ©s Ă  se rassembler le soir du 18 avril 2004 pour rendre hommage aux victimes. À l’occasion de cette cĂ©rĂ©monie, qui constitue un prĂ©lude aux autres manifestations de l’annĂ©e, sont disposĂ©es autour de la fontaine 1 600 bougies rappelant la mĂ©moire des disparus57. Une volontĂ© de renouer et transmettre une mĂ©moire », en s’écartant des lieux imposĂ©s [qui] avaient perdu du sens » et en prenant en compte la disparition progressive des tĂ©moins, a ainsi Ă©tĂ© Ă  l’origine des diffĂ©rents projets58. Figure no 86 – Fontaine de Dominique Denry, place du 19-Avril-1944. 59 Voir en particulier la contribution de Georg Wagner-Kyora dans cet ouvrage. 28Dans le processus de reconstruction des villes europĂ©ennes dĂ©truites par les bombardements, la question de la sauvegarde de monuments emblĂ©matiques des identitĂ©s locales a constituĂ© une part importante de la rĂ©flexion menĂ©e sur la complĂ©mentaritĂ© entre patrimoine ancien et modernitĂ©59. On peut, dans ce contexte, Ă©galement s’interroger sur la fonction de ruines ou de traces que la guerre a laissĂ©es dans le paysage urbain, et sur leur mise en relation avec la mĂ©moire des bombardements. À Rouen, l’idĂ©e de trace visible a Ă©tĂ© clairement revendiquĂ©e, comme on l’a vu plus haut, Ă  travers la rĂ©Ă©dification de la porte de la Douane Ă  un nouvel emplacement et sa rĂ©utilisation sous forme de monument Ă  la mĂ©moire des victimes des bombardements. Pour d’autres lieux en revanche, comme les ruines des Ă©glises Saint-Vincent et Saint – Pierre-du-ChĂątel, le lien est plus difficile Ă  Ă©tablir ou n’a pas donnĂ© lieu Ă  une exploitation dans ce sens. 60 AMVR, 4H29. 61 Il n’y est en tout cas pas fait rĂ©fĂ©rence dans le dossier des archives municipales consacrĂ© aux dĂ© ... 62 Rouen Ă©tant jumelĂ©e avec Hanovre, je ne citerai ici que la ruine de l’église Saint-Gilles St. Aeg ... 29ConsidĂ©rĂ©e comme l’une des Ă©glises majeures de Rouen, l’église Saint-Vincent Ă©difiĂ©e aux XVe et XVIe siĂšcles est presque entiĂšrement dĂ©truite par le bombardement du 31 mai 1944. Suite Ă  une dĂ©cision prise en 1948 par le service des Monuments historiques du ministĂšre de l’Éducation nationale60, la quasi-totalitĂ© de la ruine est dĂ©posĂ©e, seuls quelques rares vestiges Ă©tant conservĂ©s jusqu’à aujourd’hui. Leur absence de mise en valeur, en particulier Ă  cause de la percĂ©e d’un nouvel axe routier au moment de la reconstruction, a certes rĂ©guliĂšrement Ă©tĂ© critiquĂ©e, et la perte d’une partie importante du patrimoine architectural de la ville a Ă©tĂ© dĂ©plorĂ©e. Mais Ă  notre connaissance, il n’y a pas eu de dĂ©bat sur une Ă©ventuelle transformation des vestiges en un mĂ©morial dĂ©diĂ© aux victimes de la guerre61, comme cela a Ă©tĂ© le cas par exemple pour de nombreuses Ă©glises allemandes bombardĂ©es, qui ont finalement Ă©tĂ© conservĂ©es Ă  l’état de ruines mĂ©morielles62 ». Toutefois, la rĂ©installation des vitraux de Saint-Vincent, mis en caisses avant le dĂ©but de la guerre, dans la nouvelle Ă©glise Sainte-Jeanne-d’Arc achevĂ©e en 1979 sur la place du Vieux-MarchĂ©, a sans nul doute constituĂ© un Ă©lĂ©ment important de continuitĂ© pour les Rouennais. 63 A. Maurois, op. cit, p. 71. 64 Élisabeth Chirol dans son hommage rendu Ă  Georges Lanfry, sauveteur » et reconstructeur » de l ... 65 La CathĂ©drale de Rouen, Notre-Dame des Sept Torpilles, film rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Roy, 1953. Voir anne ... 66 Voir G. Pessiot, op. cit., p. 255-262. 67 Sur les destructions de 1944 et la restauration, voir aussi Anne-Marie Carment-Lanfry, La CathĂ©dra ... 30Entre effacement et revendication des traces, ce sont plutĂŽt les deux grands monuments emblĂ©matiques de la ville sĂ©rieusement endommagĂ©s en 1944, la cathĂ©drale et le palais de justice, autour desquels s’est cristallisĂ©e une mĂ©moire qui a pu ĂȘtre conciliĂ©e avec la reconstruction de quartiers et d’édifices modernes. Les dangers qui ont pesĂ© sur la cathĂ©drale, le miracle » de sa sauvegarde puis sa remise en Ă©tat, considĂ©rĂ©e comme prioritaire au lendemain de la guerre, ont bien souvent Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©s comme le signe du martyre » et de la rĂ©surrection » de la ville. Constituant pour les Rouennais, selon l’écrivain AndrĂ© Maurois, un Palladium, gage sacrĂ© auquel la ville attachait le sens de sa durĂ©e63 », la cathĂ©drale est censĂ©e avoir incarnĂ© pendant les bombardements l’ Ăąme de la citĂ©64 », ou encore sa pĂ©rennitĂ© et [sa] force65 ». Sa rĂ©ouverture totale au public en 1956 a donnĂ© lieu Ă  une grande cĂ©rĂ©monie en prĂ©sence du prĂ©sident RenĂ© Coty et a marquĂ© symboliquement la fin de l’aprĂšs-guerre pour de nombreux Rouennais66. Aujourd’hui encore sont exposĂ©es dans l’édifice des photographies des destructions de 194467. Figure no 87 – DĂ©voilement de la plaque en souvenir des bombardements de 1944, palais de justice de Rouen, 30 aoĂ»t 2011. 68 Le Palais de justice de Rouen, ouvrage collectif publiĂ© par le ministĂšre de la Justice et le dĂ©par ... 31Autre point de cristallisation de l’identitĂ© rouennaise, le palais de justice est lui aussi considĂ©rĂ© comme l’incarnation de la permanence de Rouen Ă  travers les vicissitudes de l’histoire68 ». L’ancien parlement de Normandie porte encore les traces des bombardements, en particulier sur sa façade de la place Foch. La conservation de ces stigmates » de la seconde guerre mondiale a Ă©tĂ© revendiquĂ©e au cours de la restauration de l’édifice, qui s’est Ă©tendue sur plusieurs dĂ©cennies et dont la derniĂšre phase s’est achevĂ©e en 2010. Et c’est justement en ce lieu qu’une derniĂšre commĂ©moration importante – sans doute mĂȘme un nouveau tournant dans la mĂ©moire des bombardements rouennais – a Ă©tĂ© organisĂ©e Ă  Rouen le 30 aoĂ»t 2011, Ă  l’occasion du 67e anniversaire de la libĂ©ration de la ville. Pour la premiĂšre fois, cet anniversaire intĂ©grait officiellement une cĂ©rĂ©monie commĂ©morative dĂ©diĂ©e aux victimes des bombardements. Le texte de la plaque apposĂ©e Ă  l’entrĂ©e ouest du palais de justice et dĂ©voilĂ©e en prĂ©sence des autoritĂ©s civiles et militaires locales, dĂ©partementales et rĂ©gionales et des porte-drapeaux, frappe par une volontĂ© nouvelle de mettre en contexte les Ă©vĂ©nements et d’ancrer explicitement leur mĂ©moire dans le paysage urbain Les impacts des bombes lors des bombardements de la ville de Rouen pendant la Semaine rouge 30 mai au 5 juin 1944 et le 26 aoĂ»t 1944 ont Ă©tĂ© maintenus en l’état volontairement pour rendre hommage et perpĂ©tuer le souvenir des milliers de victimes de ces jours dĂ©cisifs et rappellent quel a Ă©tĂ© le prix payĂ© par la ville de Rouen pour la LibĂ©ration de la France. 69 67e anniversaire de la libĂ©ration de Rouen, allocution prononcĂ©e par V. Fourneyron, dĂ©putĂ©e-maire d ... 70 Information communiquĂ©e par Guy Pessiot, adjoint au maire chargĂ© entre autres du patrimoine et spĂ© ... 32Certes, la fin de ce texte et le discours prononcĂ© par la dĂ©putĂ©e maire de Rouen ValĂ©rie Fourneyron69 PS s’inscrivent clairement dans la continuitĂ© des prĂ©cĂ©dentes commĂ©morations de la libĂ©ration de Rouen, et l’on continue prioritairement Ă  cĂ©lĂ©brer la RĂ©sistance [qui] a fait l’honneur de la France et l’honneur de Rouen » et le sacrifice des soldats alliĂ©s auxquels la ville doit sa libĂ©ration. Mais l’hommage rendu Ă  la fois Ă  l’escadrille Lorraine, unitĂ© de la France libre au sein de la Royal Air Force qui fut l’auteur du dernier bombardement sur Rouen le 26 aoĂ»t70, et aux personnels soignants de l’agglomĂ©ration qui ont portĂ© assistance aux blessĂ©s parmi la population civile, semble indiquer qu’avec la distance historique, on est entrĂ© dans un registre de mĂ©moires plus complĂ©mentaires que concurrentes. MĂȘme si, par ailleurs, le mythe d’une population rouennaise qui se serait collectivement mobilisĂ©e » pour la LibĂ©ration occulte encore trĂšs largement, du moins Ă  l’occasion de telles cĂ©rĂ©monies, le rĂŽle jouĂ© aussi par une partie des Ă©lites locales et des habitants dans la collaboration et le rĂ©gime de Vichy. 33Entre lieux de mĂ©moire revendiquĂ©s ou plus ou moins assumĂ©s selon les Ă©poques, la ville de Rouen a finalement accordĂ© une place non nĂ©gligeable au souvenir des bombardements de la seconde guerre mondiale, mais ce parcours mĂ©moriel n’est pas linĂ©aire. On peut distinguer quelques temps forts comme l’immĂ©diat aprĂšs-guerre, les commĂ©morations de 1964 et les nouvelles formes mĂ©morielles Ă©mergeant Ă  partir de 1994, qui sembleraient correspondre Ă  une pĂ©riodisation valable Ă©galement pour d’autres villes sinistrĂ©es. Mais l’état de la recherche ne permet pas jusqu’ici de montrer quelle est l’exemplaritĂ© ou au contraire la spĂ©cificitĂ© de Rouen dans la mĂ©moire française des bombardements alliĂ©s. On peut certes Ă©mettre l’hypothĂšse que la tension permanente entre effacement derriĂšre des schĂ©mas mĂ©moriels dominants au plan national et affichage d’un statut de ville martyre » au plan local est assez reprĂ©sentative et ne serait donc pas l’apanage de Rouen. Toutefois, la volontĂ© de prĂ©server une ville-musĂ©e » par delĂ  la destruction d’une partie du patrimoine architectural a pu, Ă  Rouen, non seulement influencer les choix de la reconstruction, mais Ă©galement marquer davantage qu’ailleurs le discours nostalgique sur la perte – alors que l’ampleur des dommages a finalement Ă©tĂ© moins importante qu’au Havre par exemple. 34De nombreuses pistes seraient ainsi Ă  explorer. L’une d’entre elles consisterait Ă  Ă©tudier comparativement dans quelle mesure, sans doute trĂšs variable selon les villes et les espaces rĂ©gionaux, mais aussi selon les forces politiques en prĂ©sence, les discours et reprĂ©sentations forgĂ©s dĂšs la pĂ©riode des bombardements eux-mĂȘmes ont contaminĂ© ou obĂ©rĂ© les narrations ultĂ©rieures, empĂȘchant bien souvent une rĂ©elle mise en relation des aspects contradictoires de la seconde guerre mondiale et de son vĂ©cu par les populations françaises. Les tendances rĂ©centes ne visent manifestement plus Ă  construire des discours identitaires susceptibles de cimenter les sociĂ©tĂ©s urbaines autour d’une mĂ©moire commune, et la distance historique favorise un recentrage sur l’hommage rendu aux victimes. Il n’en reste pas moins qu’une approche contextualisĂ©e de la question des bombardements, de leurs reprĂ©sentations et de leur mĂ©moire en Lrance reste un champ d’études ouvert pour les historiens et les historiennes. Notes 1 Une premiĂšre Ă©bauche de ce travail a Ă©tĂ© publiĂ©e sous le titre La mĂ©moire des bombardements Ă  Rouen aprĂšs la seconde guerre mondiale une mise en perspective », Études normandes, no 3, 2010, p. 59-70. 2 Alain GaspĂ©rini, Rouen 1940-1944 la guerre, l’occupation, la libĂ©ration, Rennes, OuestFrance, 1994 ; Patrick Coiffier, Rouen sous l’occupation, Luneray, Bertout, 2004 ; Paul Le TrĂ©vier et Daniel Rose, Ce qui s’est vraiment passĂ© le 19 avril 1944, Saint-Germain-en-Laye, Comever, 2004 ; Guy Pessiot, Histoire de Rouen 1939-1958. La guerre 1939-1945 et la reconstruction en 900 photographies, Rouen, PTC, 2004 1re Ă©d. 1983 ; AndrĂ© Maurois, Rouen dĂ©vastĂ©, Fontaine-le-Bourg, Le Pucheux, 2004 1re Ă©d. 1948. 3 Cette expression est utilisĂ©e sous forme d’interrogation par Michael Schmiedel, doctorant allemand qui travaille sur les bombardements en France et leur reprĂ©sentation, pour le titre d’un article qu’il a publiĂ© en 2009 dans un ouvrage collectif consacrĂ© Ă  la mĂ©moire de la guerre aĂ©rienne en Europe. M. Schmiedel, Une amnĂ©sie nationale ? Krieg und Nachkrieg in Frankreich », dans Jörg Arnold, Dietmar SĂŒss et Malte Thiessen dir., Luftkrieg. Erinnerungen in Deutschland und Europa, Gottingen, Wallstein, 2009, p. 66-83. Qu’il soit ici remerciĂ© de ses remarques et rĂ©flexions au cours de notre Ă©change Ă©pistolaire de 2010. 4 Mechtild Gilzmer, MĂ©moires de pierre – Les monuments commĂ©moratifs en France aprĂšs 1944, Paris, Autrement, 2009 Ă©d. orig. 2007. 5 M. Schmiedel, dans Luftkrieg...,Îżp. cit., p. 69-70. 6 Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Françoise Passera et Jean Quellien dir., Les populations civiles face au dĂ©barquement et Ă  la bataille de Normandie, Caen, CRQH - MĂ©morial de Caen, 2005, p. 7. 7 Ibid., p. 9-20. 8 Letitia Rodriguez, De la place accordĂ©e aux victimes civiles des bombardements et de la bataille de Normandie dans les commĂ©morations officielles, de 1945 Ă  aujourd’hui », ibid., p. 289-302. 9 Sur ces facteurs, voir notamment ibid., ainsi que l’introduction de l’ouvrage collectif citĂ© plus haut Tod, Zerstorung, Wiederaufbau – Zu einer europĂ€ischen Erinnerungsgeschichte des Luftkrieges », dans Luftkrieg
, Îżp. cit., p. 9-24. 10 Voir Henning Meyer, Les musĂ©es de la seconde guerre mondiale et la transmission de la mĂ©moire. Les exemples du Centre national Jean-Moulin de Bordeaux, du MĂ©morial de Caen – un musĂ©e pour la Paix et du Centre de la mĂ©moire d’Oradour-sur-Glane », dans Stephan Martens dir., La France, l’Allemagne et la seconde guerre mondiale. Quelles mĂ©moires ?, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2007, p. 187-221. 11 AprĂšs avoir publiĂ© en 1994-1995 plusieurs ouvrages sur les victimes civiles dans les trois dĂ©partements de Basse-Normandie, le CRHQ a Ă©ditĂ© notamment M. Dandel, G. Duboc, A. Kitts et E. Lapersonne, Les Victimes civiles des bombardements en Haute-Normandie, Caen, La Mandragore, 1997. 12 L. Rodriguez, dans op. cit., p. 299. 13 Ibid. 14 Ce secrĂ©tariat n’a eu qu’une existence Ă©phĂ©mĂšre, de mars 2004 Ă  mai 2005. 15 16 Par exemple sur le site officiel Chemins de mĂ©moire », crĂ©Ă© par le ministĂšre de la DĂ©fense dans le cadre d’une valorisation du tourisme mĂ©moriel en France, les rĂ©fĂ©rences aux victimes des bombardements alliĂ©s restent plus que discrĂštes 17 C’est sans doute autour de 1949 qu’est apposĂ©e au pied du Monument aux morts de la premiĂšre guerre mondiale, dont le pourtour a servi de cimetiĂšre provisoire Ă  la LibĂ©ration, une plaque en hommage Ă  la mĂ©moire des victimes civiles tombĂ©es au cours des bombardements subis par la ville du Havre 1939-1945 ». Information communiquĂ©e sous rĂ©serve par les archives municipales de la ville du Havre. 18 Voir en particulier Andrew Knapp, The Destruction and Liberation of Le Havre in Modem Memory », War in History, no 14, 2007, p. 476-498. 19 Le chiffre de 816 morts est retenu par M. Dandel et al, op. cit., p. 55. 20 Pariser Zeitung, 16 mai 1944, dossier de coupures de presse Extraits de journaux relatant les bombardements de Rouen et de Sotteville du 19 avril 1944 » conservĂ©es aux archives municipales de la ville de Rouen AMVR. Je remercie Dominique Lebeltel, archiviste Ă  la ville de Rouen, d’avoir recherchĂ© et mis Ă  ma disposition tous les dossiers qu’elle a jugĂ©s utiles Ă  mon projet. 21 La France terre brĂ»lĂ©e », 19 avril, 12 h 40, Éditoriaux prononcĂ©s Ă  la radio par Philippe Henriot, secrĂ©taire d’État Ă  l’Information et Ă  la Propagande, no 9, du 13 au 19 avril 1944. 22 Service interministĂ©riel de protection contre les Ă©vĂ©nements de guerre, crĂ©Ă© en 1943 pour apporter un secours d’urgence aux villes dĂ©sorganisĂ©es par les bombardements. 23 Reportage France-ActualitĂ©s du 19 mai 1944, 2 mn 35 s., archives en ligne de l’Institut national de l’audiovisuel. Sur cette visite, voir aussi Le MarĂ©chal a commencĂ© son pĂšlerinage tragique. Rouen dĂ©vastĂ© par les bombardements aĂ©riens a reçu, hier, la visite du chef de l’État », L’Ɠuvre, 15 mai 1944 AMVR, dossier de coupures de presse citĂ©. 24 Journal de Rouen, 20 avril 1944. 25 Dans leur ouvrage sur le 19 avril 1944, P. Le TrĂ©vier et D. Rose montrent l’enchaĂźnement des erreurs de visĂ©es de ces bombardements, qui s’inscrivaient dans l’objectif militaire fondamental de destruction des gares de triage du Nord-Ouest de la France notamment. P. Le TrĂ©vier et D. Rose, op. cit. De mĂȘme, les bombardements de la semaine rouge » sur l’agglomĂ©ration rouennaise visaient Ă  couper la retraite des troupes allemandes en faisant sauter les ponts sur la Seine. 26 Journal de Rouen, 28 avril 1944. 27 AMVR, 1M3. Sauf prĂ©cision contraire, les informations relatives aux plaques et monuments commĂ©moratifs sont extraites de cette sĂ©rie. 28 Le texte du dĂ©cret est reproduit dans le recueil des actes administratifs du dĂ©partement de Seine-InfĂ©rieure, no 38, p. 241, AMVR. Pour une analyse du dĂ©cret et des pratiques de la commission Ă©voquĂ©e, voir en particulier M. Gilzmer, op. cit., p. 31 et suiv. 29 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse Guerre 1939-1945 », no 2 bis. Ici, Paris-Normandie, 1er septembre 1969. 30 Ibid., Paris-Normandie, 31 aoĂ»t 1982. 31 Voir Ă  ce propos les diffĂ©rents Ă©changes Ă©pistolaires conservĂ©s aux archives municipales AMVR, 1M3. 32 Dimanche 17 juillet 1949 Le prĂ©sident Auriol remit la LĂ©gion d’honneur Ă  la ville de Rouen », LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 33 Le gĂ©nĂ©ral Piollet inaugure un mĂ©morial Ă  la DP », Normandie peu aprĂšs rebaptisĂ© ParisNormandie, 9 juin 1947. 34 SĂ©ance du conseil municipal du 28 avril 1947 AMVR, 1M3. 35 Un article avec photo du journal Normandie des 24, 25 et 26 mai 1947 montre la pose de la clef de voĂ»te de la porte qui occupe dĂ©sormais son emplacement dĂ©finitif. 36 ProcĂšs-verbal de la rĂ©union du jury chargĂ© de l’examen des projets, 11 septembre 1947 AMVR, 1M3. 37 Un mĂ©morial aux victimes de la guerre. La ville de Rouen retient le projet de MM. RenĂ© et Jean-Pierre Rieux », Paris-Normandie, 24 septembre 1947, signĂ© R. P. Roger Parment, grand journaliste rouennais et ardent partisan, pendant plusieurs dĂ©cennies, d’un hommage aux victimes des bombardements. 38 Il n’y a de trace d’une telle requĂȘte ni dans les archives municipales, ni aux Archives nationales oĂč sont conservĂ©es les correspondances entre le ministĂšre de l’IntĂ©rieur, dont dĂ©pendait cette commission, et les prĂ©fets chargĂ©s de soumettre les projets AN, F/1cI/232. 39 Le Monument National aux Victimes Civiles de la guerre sera-t-il Ă©rigĂ© Ă  Rouen ? », LibertĂ©-Dimanche, 31 juillet 1960. 40 Voir M. Gilzmer, op. cit. 41 Voir l’article citĂ© note 39. 42 MĂ©morial aux victimes civiles inaugurĂ© le 19 avril », par R. Parment, Paris-Normandie, 9 janvier 1964. 43 L. Rodriguez, op. cit., p. 293. M. Schmiedel note Ă©galement la tenue, Ă  Lyon en 1964, d’une cĂ©rĂ©monie Ă  la mĂ©moire des victimes du bombardement du 26 mai 1944 Ă©change avec l’auteure. 44 AMVR, 3K1. Je reproduis ici en italique l’ajout manuscrit, qui comporte en outre une rature courage » est barrĂ© et remplacĂ© par hĂ©roĂŻsme ». 45 LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 46 In memoriam », par R. Parment, LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 47 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse citĂ© plus haut. 48 AMVR, recueil des dĂ©libĂ©rations du conseil municipal, sĂ©ance du 8 juillet 1994. 49 Je remercieMme Chantier, des archives municipales de Sotteville-lĂšs-Rouen, de m’avoir communiquĂ© cette information. 50 Interview de D. Denry par Jacques Petit À nouvelle place nouveau dĂ©cor – la fontaine de la Place du 19 avril 1944 », Bulletin des Amis des monuments rouennais, octobre 1994septembre 1995, p. 89. 51 AMVR, 8W1164/996. 52 La fontaine de Dominique Denry inaugurĂ©e place du 19 avril 1944 », LibertĂ©-Dimanche, 21 dĂ©cembre 1995. Je remercie Dominique Denry d’avoir mis sa documentation Ă  ma disposition et de m’avoir expliquĂ© ces circonstances lors de l’entretien qu’il a bien voulu m’accorder. 53 Entretien de D. Denry avec l’auteure, 30 dĂ©cembre 2009. 54 Rouen Magazine, supplĂ©ment du 15 avril 2004, Rouen, mĂ©moires 44 – Les Rouennais dans la guerre, ici p. 3. 55 Rouen mĂ©moires 44, Ă©ditĂ© par la ville de Rouen, septembre 2004. Voir les extraits reproduits dans l’annexe I. 56 AMVR, sĂ©ance du conseil municipal, 29 mars 2004. 57 Cette nuit-lĂ , il pleuvait des coups durs », Paris-Normandie, 19 avril 2004. 58 Entretien de L. Leforestier avec l’auteure, 4 fĂ©vrier 2010. 59 Voir en particulier la contribution de Georg Wagner-Kyora dans cet ouvrage. 60 AMVR, 4H29. 61 Il n’y est en tout cas pas fait rĂ©fĂ©rence dans le dossier des archives municipales consacrĂ© aux dĂ©libĂ©rations relatives aux Ă©glises Saint-Vincent et Sainte-Jeanne-d’Arc 1944-1961 AMVR, 2M1. 62 Rouen Ă©tant jumelĂ©e avec Hanovre, je ne citerai ici que la ruine de l’église Saint-Gilles St. Aegidien dĂ©truite par les bombardements de 1943 sur la future capitale de la Basse-Saxe et transformĂ©e dĂšs 1954 en mĂ©morial pour les victimes de la guerre et de la violence ». 63 A. Maurois, op. cit, p. 71. 64 Élisabeth Chirol dans son hommage rendu Ă  Georges Lanfry, sauveteur » et reconstructeur » de la cathĂ©drale, aprĂšs la mort de celui-ci en 1969, Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1958-1970, p. 87. 65 La CathĂ©drale de Rouen, Notre-Dame des Sept Torpilles, film rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Roy, 1953. Voir annexe II. 66 Voir G. Pessiot, op. cit., p. 255-262. 67 Sur les destructions de 1944 et la restauration, voir aussi Anne-Marie Carment-Lanfry, La CathĂ©drale Notre-Dame de Rouen, Ă©dition revue et complĂ©tĂ©e par Jacques Le Maho, Mont-Saint-Aignan, PURH, 2010 [1re Ă©d. 1977], notamment p. 63-74. 68 Le Palais de justice de Rouen, ouvrage collectif publiĂ© par le ministĂšre de la Justice et le dĂ©partement de la Seine-Maritime, Rouen, 1977, prĂ©face de Jean Lecanuet. 69 67e anniversaire de la libĂ©ration de Rouen, allocution prononcĂ©e par V. Fourneyron, dĂ©putĂ©e-maire de Rouen, Ă  l’hĂŽtel de ville au cours de la rĂ©ception des autoritĂ©s et des associations de dĂ©portĂ©s, rĂ©sistants et anciens combattants, 30 aoĂ»t 2011. Je remercie la direction des relations publiques de la ville d’avoir mis ce document Ă  ma disposition. 70 Information communiquĂ©e par Guy Pessiot, adjoint au maire chargĂ© entre autres du patrimoine et spĂ©cialiste d’histoire locale. Je le remercie de m’avoir accordĂ© quelques instants, en marge de la cĂ©rĂ©monie, pour m’expliquer dans quelles circonstances avait Ă©tĂ© prise la dĂ©cision de dĂ©voiler la plaque commĂ©morative. Sur le rĂŽle du Groupe de bombardement Lorraine » Forces aĂ©riennes françaises libres au moment du dĂ©barquement et sur sa mission d’anĂ©antissement de l’armĂ©e Von Kluge sur les quais de Seine Ă  Rouen, voir aussi Cette publication numĂ©rique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractĂšres.
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Placedu 19 avril 1944 056 × 2 292 ; 1,14 Mio Place du Lieutenant-Aubert 2.jpg 3 056 × 2 292 ; 1,06 Mio Place Joffre, Rouen.jpg 4 000 × 3 000 ; 2,14 Mio La ville fut fondĂ©e selon la lĂ©gende en 300 aprĂšs le dĂ©luge 2017 avant A l'Ă©poque gallo-romaine elle devient la capitale de la tribu des VĂ©liocasses peuple celtique gaulois. Elle se nomme alors RATUMACOS et deviendra ROTOMAGUS puis ROUEN. Charles III roi de France remet cette rĂ©gion Ă  Rollon le chef viking, en 843 et Rouen devient la capitale du DuchĂ© de Normandie. les vikings se nommaient aussi les Nortmanni. Philippe Auguste prend la ville le 16 avril 1203 et rattache la Normandie au royaume de France. Henri VI reprend la ville en 1449, soit 18 ans aprĂšs la mort de Jeanne D'Arc et aprĂšs 30 ans d'occupation anglaise.
Rouenfut le thĂ©Ăątre du martyr de Jeanne d’Arc condamnĂ©e puis brĂ»lĂ©e en 1431, place du Vieux MarchĂ©. VĂ©ritable ville-musĂ©e, Rouen, capitale de la Normandie, ne laisse pas de marbre avec ses belles maisons Ă  pans de bois, ses ruelles pavĂ©es et ses Ă©glises gothiques. Rouen est aussi surnommĂ©e la « Ville aux 100 clochers ». Forte d’un passĂ© riche et prestigieux
Rouen, dite la Ville aux cent clochers, est situĂ©e au nord-ouest de la France et traversĂ©e par la Seine. Elle doit sa prospĂ©ritĂ© au commerce. MalgrĂ© les ravages de la guerre, la rive droite conserve encore un certain nombre de monuments, autour de la cathĂ©drale Notre-Dame, qui devait inspirer Claude visiter- la cathĂ©drale de Rouen Elle possĂšde, Ă  la croisĂ©e du transept, une tour-lanterne » surmontĂ©e d’une flĂšche en fonte qui culmine Ă  151 mĂštres de hauteur la plus haute de France et qui est 5 mĂštres plus haute que la Pyramide de KhĂ©ops initiale. Des visites guidĂ©es permettent de dĂ©couvrir les trĂ©sors de la cathĂ©drale, notamment le gisant Richard Coeur de Lion qui renferme son coeur et la crypte semi-circulaire de l'Ă©difice romain antĂ©rieur, presque unique en son genre, qui fut mise au jour par les fouilles en l'Ă©glise Saint-Maclou L'Ă©glise dĂ©diĂ©e Ă  saint Maclou est un joyau de l’art gothique flamboyant construit entre 1437 et 1517. Saint-Maclou conserve la tradition normande de la tour lanterne comme la cathĂ©drale Notre-Dame, mais en plus, elle fait office de clocher. La flĂšche qui la surmonte date du XIXe siĂšcle et est l'Ɠuvre de l'architecte Jacques-EugĂšne le chĂąteau de Rouen dit Tour Jeanne d'Arc la tour Jeanne d'Arc faisait partie du ChĂąteau de Rouen construit en 1204 par Philippe Auguste sur les ruines de l'amphithĂ©Ăątre gallo-romain de Rotomagus. C’est dans ce chĂąteau que Jeanne d’Arc fut emprisonnĂ©e et que se dĂ©roula son le musĂ©e des Beaux-Arts de Rouen rassemble un ensemble exceptionnel de peintures, dessins et sculptures auquel s’ajoutent quelques meubles et objets d’art. Les toiles du Caravage, de VelĂĄzquez, Delacroix, GĂ©ricault, Modigliani, GĂ©rard David et, bien sĂ»r, Monet et Sisley sont les plus le musĂ©e des antiquitĂ©s retrace l’archĂ©ologie gallo-romaine et mĂ©rovingienne et possĂšde une collection d’objets d’art, de vitraux et d’élĂ©ments du Moyen Âge et de la Renaissance et des collections Ă©gyptiennes et le musĂ©e de la cĂ©ramique expose environ 1000 piĂšces rares de faĂŻence de Rouen et de verrerie, françaises et le musĂ©e Le Secq des Tournelles abritĂ©es dans une Ă©glise du XVe siĂšcle, les collections illustrent les arts du fer du IIIe au XIXe siĂšcle. C'est l'un des plus riches musĂ©es de ferronnerie au le musĂ©e d’histoire naturelle fondĂ© par Pouchet en 1828, ce musĂ©e a Ă©tĂ© fermĂ© pour travaux en 1996 et est rouvert depuis le 23 fĂ©vrier 2007. À l’origine, la ville occupait la rive droite de la Seine. Aujourd’hui, elle inclut largement la rive gauche quartier Saint-Sever en particulier, au sud du fleuve et inclut Ă©galement l’üle port de Rouen a Ă©tĂ© l'un des plus importants ports de France pour l'importation des agrumes et fruit tropicaux. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, suite Ă  la destruction de la quasi totalitĂ© des vignobles français par le phylloxĂ©ra de la vigne, l'activitĂ© portuaire a grandement augmentĂ© en recevant la production vinicole de l'Afrique du nord AlgĂ©rie.La transformation du port a permis d'en faire le premier port europĂ©en exportateur de cĂ©rĂ©ales. Un terminal pour containers a aussi trouvĂ© sa place dans l'activitĂ© moderne du Ă©tablissement s'est dĂ©veloppĂ© vers la fin de l'indĂ©pendance celtique ou Ă  l'Ă©poque gallo-romaine, pour devenir la capitale de la tribu des VĂ©liocasses, peuple celtique gaulois dont le territoire s'Ă©tendait dans la vallĂ©e de la Seine sur une vaste rĂ©gion qui s'Ă©tendait peut-ĂȘtre de Caudebec-en-Caux actuel jusqu'Ă  Briva Isarae Pontoise.C’est au IIIe siĂšcle aprĂšs JĂ©sus-Christ que la ville gallo-romaine atteint son plus haut point de dĂ©veloppement. On sait qu’un amphithĂ©Ăątre et de grands thermes y avaient alors Ă©tĂ© bĂątis. À partir du milieu du IIIe siĂšcle, les invasions germaniques Ă©galement durant cette pĂ©riode que la premiĂšre cathĂ©drale est construite Ă  Rouen et qu’un premier Ă©vĂȘque y est nommĂ©, saint partir de 841, les Vikings effectuent de frĂ©quentes incursions dans la vallĂ©e de la Seine. DĂšs cette date, ils ravagent une premiĂšre fois Rouen. AttaquĂ©e une nouvelle fois par les Nortmanni en 843, deviendra la capitale du duchĂ© de Normandie aprĂšs que Rollon, chef viking aura reçu une rĂ©gion comparable par ses dimensions Ă  l'actuelle Haute-Normandie du roi de France Charles III par le traitĂ© de Saint-Clair-sur-Epte en 945, le duc de Normandie Richard 1er, dit sans-peur, vient Ă  bout, lors du siĂšge de Rouen, d'une grande coalition rĂ©unissant le roi de France Louis IV d'outremer, l'empereur germanique Othon le Grand et le comte de Flandre. Cette victoire s'avĂšre dĂ©cisive pour l'avenir de la Normandie et une plaque est apposĂ©e sur une maison sise Place de la Rougemare en souvenir de cet Ă©vĂšnement la cour Ă©tant itinĂ©rante et Guillaume le ConquĂ©rant ayant construit son chĂąteau Ă  Caen, la capitale sera dans cette derniĂšre ville. DĂšs la pĂ©riode viking, la ville Ă©tait devenue un port de commerce avec la rĂ©gion parisienne et un marchĂ© d’esclaves. Le 26 janvier 1096, les juifs de la ville de Rouen qui abrite la plus grande communautĂ© au nord de la Loire, vont ĂȘtre massacrĂ©s et celĂ , prĂšs de dix ans aprĂšs la mort du Dux Willelmus dans cette mĂȘme ducs de Normandie rĂ©sidĂšrent souvent Ă  Rouen, sauf Guillaume le ConquĂ©rant qui prĂ©fĂ©ra dĂ©velopper Caen comme capitale oĂč il est d'ailleurs inhumĂ©. Le cƓur de Richard Ier d'Angleterre dit Coeur de lion Ă©tait conservĂ© dans le tombeau Ă  gisant que l'on peut encore voir dans le dĂ©ambulatoire de la cathĂ©drale. En 1150, Rouen obtient une charte communale ; la ville est alors administrĂ©e par les Cent Pairs. Les habitants sont regroupĂ©s en corporations et confrĂ©ries de mĂ©tiers. Rouen est un centre de commerce important, exportant du sel et du poisson vers Paris et du vin vers l’ roi de France Philippe Auguste prend la ville le 16 avril 1203 et rattache la Normandie au royaume de France l’annĂ©e suivante. Il maintient les privilĂšges communaux, mais fait dĂ©truire l’ancien chĂąteau ducal et fait construire le ChĂąteau de Rouen pour surveiller la ville. Celui-ci est construit sur l’ancien site de l’amphithĂ©Ăątre gallo-romain et prendra le nom de chĂąteau Bouvreuil. DĂ©truit Ă  la fin du XVe siĂšcle, le ChĂąteau de Rouen sert de carriĂšre sauf le cĂ©lĂšbre donjon, dit tour Jeanne-d’Arc, restaurĂ©e par Viollet Le Duc et qui subsiste aujourd’hui. MalgrĂ© son nom, cette tour ne fut pas le lieu d’emprisonnement de Jeanne d'Arc en 1431 mĂȘme s’il semble que cette derniĂšre y fit un passage de la tour oĂč fut emprisonnĂ©e la Pucelle d’OrlĂ©ans, il ne reste que les soubassements visibles dans la cour intĂ©rieure d’une propriĂ©tĂ© privĂ©e situĂ©e au 102 rue Jeanne-d’Arc et ouverte au public.Des manufactures de textiles se dĂ©veloppent Ă  Rouen et toute sa rĂ©gion Elbeuf, DarnĂ©tal, Barentin, Pavilly, Villers-Ecalles, Saint-Pierre-de-Varengeville, Maromme, Le Houlme, Malaunay, Montville, les marchands achetant la laine en Angleterre et revendant les draps dans les foires de prospĂ©ritĂ© de Rouen repose principalement sur le commerce sur la Seine. Les marchands rouennais disposent depuis Henri II du monopole de la navigation sur la Seine en aval de Paris. Ils expĂ©dient en Angleterre des vins et du blĂ© et reviennent avec de la laine et de l’ troubles liĂ©s aux impĂŽts se multiplient Ă  Rouen les Ă©meutes de 1281 voient l’assassinat du maire et le pillage des maisons nobles. Devant l’insĂ©curitĂ©, Philippe IV le Bel supprime la commune et retire aux marchands le monopole du commerce sur la Seine. Mais les Rouennais rachĂštent leurs libertĂ©s en 1306, Philippe IV le Bel dĂ©cide d’expulser la communautĂ© juive de Rouen forte d’une population de 5 Ă  6000 juillet 1348, la peste noire touche Ă  Rouen. En 1382, une rĂ©volte urbaine importante Ă©clate, la Harelle. La ville sera cruellement rĂ©primĂ©e par les troupes royales. Les impĂŽts sont augmentĂ©s et les privilĂšges de Rouen pour le commerce sur la Seine sont 19 janvier 1419, durant la guerre de Cent Ans, le roi d'Angleterre Henry V prend la ville de Rouen et rattache la Normandie Ă  la couronne britannique. Jean Jouvenel des Ursins, contemporain de ces Ă©vĂ©nements, rapporte sobrement "Le siĂšge fut longuement devant Rouen, ne jamais ne l’eussent eu sinon par famine, car il y avoit vaillantes gens tenans le party du duc de Bourgogne ; mais la famine fut si merveilleuse et si grande, qu’ils furent contraints de se mettre en obeyssance du roy d'Angleterre, car d’un cĂŽtĂ© et d’autre ils n’eurent aucun secours."C’est dans cette ville, capitale du pouvoir anglais dans le royaume de France, que Jeanne d'Arc fut jugĂ©e et brĂ»lĂ©e le 30 mai 1431 Ă  l'instigation du duc de Bedford et du parti bourguignon, majoritaire Ă  Rouen. La mĂȘme annĂ©e le jeune Henry VI est couronnĂ© roi de France et d'Angleterre Ă  Paris, avant de se rendre Ă  Rouen oĂč il est acclamĂ© par la foule. Le roi de France reprend la ville en 1449, soit 18 ans aprĂšs la mort de Jeanne d'Arc et aprĂšs 30 ans d'occupation guerre de Cent Ans terminĂ©e, les grands chantiers reprennent dans la capitale normande. Au dĂ©but de la Renaissance, Rouen est la ville la plus peuplĂ©e du royaume aprĂšs Paris. On achĂšve les Ă©glises dans le style les annĂ©es 1530 et suivantes, la population de Rouen est touchĂ©e par le protestantisme, mĂȘme si elle ne se convertit pas entiĂšrement. DĂšs 1560, les tensions entre communautĂ©s protestante et catholique s’exacerbent. Le massacre de Vassy dĂ©clenche la premiĂšre guerre de catholiques prennent le fort Sainte-Catherine, qui domine la ville. Les deux camps utilisent la terreur. Les autoritĂ©s rouennaises demandent alors l’aide de la reine d’Angleterre. Les Anglais envoient, en vertu du traitĂ© d'Hampton Court signĂ© le 20 septembre 1562 avec CondĂ©, des troupes pour soutenir les protestants et occupent, en Ă©change, Le Havre. Le 26 octobre 1562, les troupes royales prennent la capitale normande et la mettent Ă  sac pendant trois nouvelle du massacre de la Saint-BarthĂ©lemy atteint Rouen fin aoĂ»t 1572 Hennequier tente d’éviter le massacre aux protestants en les enfermant. Mais, entre le 17 et le 20 septembre, la foule force les portes des prisons et Ă©gorge les protestants qui s’y trouvent. La ville est plusieurs fois assaillie par Henri IV, mais lui rĂ©siste, notamment lors du long siĂšge de dĂ©cembre 1591 Ă  mai 1592, grĂące Ă  l’aide apportĂ©e par l’armĂ©e espagnole du duc de la guerre de 1870, Rouen sera occupĂ©e par l’armĂ©e le sera Ă©galement au cours de la Seconde Guerre mondiale du 9 juin 1940 au 15 aoĂ»t 1944. Pendant ce conflit, elle subira de violents bombardements visant notamment les ponts sur la Seine et la gare de triage de Sotteville-lĂšs-Rouen. En avril 1944, aprĂšs un bombardement de la Royal Air Force, on dĂ©plora 816 morts et 20 000 sinistrĂ©s dans la ville. La cathĂ©drale et le Palais de justice furent touchĂ©s, en particulier lors de la semaine rouge et du 30 mai au 5 juin 1944, pendant laquelle le quartier de la cathĂ©drale Ă©tait en proie aux la guerre, le centre ville est reconstruit selon le plan Greber.
FONCIATransaction Rouen 19 Avril 1944 ouvert maintenant. 3 Place du 19 Avril 1944, Rouen, tĂ©lĂ©phone, heures d'ouverture de, image, carte, retrouvez les coordonnĂ©es Depuis samedi, les restaurants, centre commerciaux, boutiques ont eu ordre de rester fermer jusqu'au 15 avril, en raison du passage au stade 3 de l'Ă©pidĂ©mie de coronavirus. Ce lundi matin, l'ambiance Ă©tait donc Ă©trange, et les rues quasi-dĂ©sertes. Lundi 16 mars, Rouen n'est pas encore tout a fait une ville morte, mais elle en prend le chemin. Le rue Jeanne d'Arc Ă©tait quasiment vide et la fermeture du bureau de poste en a surpris plus d'un. Boutiques, agences immobiliĂšres... toutes attendent les consignes de Paris. Place du 19 avril 1944, les cafĂ©s et restaurants sont portes closes, comme le montre ce reportage de nos journalistes Seuls bouchers et le boulangers sont ouverts. "Nous sommes une pĂątisserie-sandwicherie mais nous avons beaucoup de personnes ĂągĂ©es qui viennent acheter leur pain tous les jours. C'est donc une nĂ©cessitĂ© de les servir", explique Emmanuel Maillard, boulanger. À ce sujet, la rĂ©daction vous recommande Dans la rue du Gros Horloge et les rues parallĂšles, aucun camion n'est venu livrer de marchandises. Nous avons seulement croisĂ© une poignĂ©e de riverains, sacs Ă  la main, venus faire quelques courses dans le supermarchĂ©. "D'habitude je fais mes courses au jour le jour. LĂ  je suis venu faire le plein pour une semaine, comme ça je suis tranquille.", raconte un habitant du quartier. "J'ai lu des rumeurs sur les rĂ©seaux sociaux comme quoi on serait tous confinĂ©s mardi ou mercredi." Les restaurants contraints de vendre ou distribuer leurs denrĂ©esL'annonce de la fermeture des bars et restaurants a Ă©tĂ© annoncĂ©e samedi 14 mars aux alentours de 20h, pour une fermetures... Ă  0h. Les commerçants n'avaient donc pas eu le temps d'anticiper et se sont retrouvĂ©s avec des quantitĂ©s de marchandises consĂ©quantes. "J’avais fait toute mes courses pour la semaine prochaine", explique Laura Paturel, propriĂ©taire du coffee shop My Hometown, Ă  deux pas de la cathĂ©drale de Rouen. "On avait le droit de continuer les livraisons avec Deliveroo, mais la santĂ© avant tout ! On va tout donner au Secours Populaire." D'autre proposent de vendre leurs denrĂ©es. C'est le cas du restaurant le Rotomagus, rĂ©putĂ© pour la qualitĂ© de sa viande. "Suite Ă  la soudaine dĂ©cision du gouvernement, il nous a fallu trouver des solutions pour ne pas perdre trop de marchandises alimentaires... Nos plats sont cuisinĂ©s sur place et avons donc beaucoup de produits pĂ©rissables... Alors avant de vous confiner chez vous, pensez Ă  venir vous ravitailler chez nous." Et il avait du monde ce lundi matin, qui attendant devant le restaurant en respectant les distances de sĂ©curitĂ© pour profiter de 30% de rĂ©duction. Personne ne sait encore si le confinement obligatoire sera confirmĂ©. Tout le monde semble s'y prĂ©parer de plus en plus. Le PrĂ©sident Emmanuel Macron fera une allocution tĂ©lĂ©visĂ©e ce soir, Ă  20 heures. Lagence. L'agence FONCIA Transaction de ROUEN vous accueille 65 rue GĂ©nĂ©ral Leclerc (aprĂšs avoir Ă©tĂ© des annĂ©es Place du 19 Avril) pour rĂ©pondre Ă  tous vos besoins en achat, en vente. SituĂ©e au cƓur de Rouen, proche de la gare, des stations de mĂ©tro, un parking de la Halle aux toiles est Ă  disposition juste Ă  cĂŽtĂ©.

Le Mur des Noms, MĂ©morial de la Shoah Corinne Bouillot. Le projet de pose de Stolpersteine dans l’agglomĂ©ration rouennaise vise, outre ses objectifs mĂ©moriels, pĂ©dagogiques et citoyens[1], Ă  impulser de nouvelles recherches sur des victimes de la Shoah tout en valorisant les travaux existants. Rendre un hommage individuel aux victimes, auxquelles la pose de ces pavĂ©s commĂ©moratifs redonne un nom et une identitĂ© devant leur dernier domicile, nĂ©cessite souvent de complĂ©ter les donnĂ©es biographiques disponibles — par exemple celles que l’on trouve sur la base en ligne des victimes du MĂ©morial de la Shoah[2]. Entreprendre ou faire connaĂźtre des recherches sur des victimes s’inscrit dans un processus d’individualisation de la mĂ©moire de la Shoah auquel Serge Klarsfeld a largement contribuĂ© pour l’ensemble de la France en Ă©tablissant la liste des personnes dĂ©portĂ©es avec mention de leur adresse au moment de leur arrestation[3]. Dans la mise en Ɠuvre du projet des Stolpersteine Ă  Rouen, nous entendons toutefois par derniĂšre adresse », conformĂ©ment aux choix de l’artiste Gunter Demnig, le dernier domicile librement choisi, donc avant un Ă©ventuel dĂ©part forcĂ© consĂ©cutif Ă  la guerre ou Ă  la persĂ©cution. Cette prĂ©cision est importante pour la prĂ©sente synthĂšse sur la famille Burstin, dont deux des membres, Osias et Ginette, n’ont pas Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s Ă  Rouen, mais Ă  Limoges. Avant de fournir des rĂ©sultats en partie inĂ©dits sur le parcours et le sort de cette famille, je rappellerai tout d’abord quelles sources il est possible d’exploiter et de croiser pour une recherche micro-historique de ce type. À Rouen, le projet des PavĂ©s de MĂ©moire a pu dĂšs ses origines s’appuyer sur le travail minutieux rĂ©alisĂ© durant de longues annĂ©es par Françoise Bottois, ancienne enseignante d’histoire-gĂ©ographie de l’acadĂ©mie de Rouen, sur les Juifs du Grand Rouen » de la pĂ©riode d’occupation et la Shoah. Son livre De Rouen Ă  Auschwitz[4], publiĂ© en 2015, restitue l’identitĂ© des victimes et les situe dans l’espace urbain. Il dĂ©crit succinctement de nombreux parcours individuels, tout en inscrivant l’étude locale dans le contexte plus large de la persĂ©cution des Juifs dans la France occupĂ©e. Les chercheurs Ă©tant souvent confrontĂ©s Ă  des sources lacunaires, voire contradictoires, il est nĂ©cessaire d’apporter rĂ©guliĂšrement des complĂ©ments et/ou des correctifs[5]. Ceux-ci n’empĂȘchent pas la persistance de zones d’ombre, et il faut parfois s’en tenir Ă  des hypothĂšses, y compris lorsque la fiabilitĂ© des sources disponibles est incertaine. La recherche biographique n’est donc jamais dĂ©finitive, car de nouvelles sources peuvent aussi ĂȘtre trouvĂ©es. C’est dans cette dĂ©marche que s’inscrit la prĂ©sente Ă©tude. Elle prend en compte le sort d’Osias Burstin, qui n’avait pas Ă©tĂ© recensĂ© comme Juif en octobre 1940 Ă  Rouen — alors que ce recensement constitue souvent le point de dĂ©part de la recherche pour une ville donnĂ©e. Elle actualise aussi les informations sur le parcours de sa fille Ginette, qui a survĂ©cu Ă  sa dĂ©portation Ă  Auschwitz, alors que plusieurs publications ou bases de donnĂ©es indiquent qu’elle y a Ă©tĂ© assassinĂ©e, sans doute sur la base de sources elles-mĂȘmes erronĂ©es[6]. Les sources exploitables pour reconstituer le parcours d’une victime sont nombreuses et variĂ©es ; elles sont internationales, nationales et locales. La consultation de diverses bases de donnĂ©es biographiques en ligne peut constituer un bon point de dĂ©part celle Ă©voquĂ©e plus haut du MĂ©morial de la Shoah ; celle de Yad Vashem, oĂč l’on trouve aussi des feuilles de tĂ©moignage dĂ©posĂ©es par les familles ; celles du ministĂšre français des ArmĂ©es Ă  consulter sur le site MĂ©moire des hommes » ; celle encore des dĂ©tenus des camps d’Auschwitz sur la page internet dĂ©diĂ©e du musĂ©e[7]. Le musĂ©e d’Auschwitz dĂ©tient des archives Ă  consulter sur place, mais ses archivistes peuvent aussi fournir aux chercheurs, Ă  distance, des informations relatives Ă  une victime Ă  partir des sources dont ils disposent. À l’échelle internationale Ă©galement, les Arolsen Archives ancien Service International de Recherches – ITS, Ă©tablies en Allemagne, constituent le principal centre de documentation et d’information sur la persĂ©cution nationale-socialiste. Elles ont mis en ligne une partie de leurs collections, mais peuvent aussi envoyer des documents sur demande. Pour la France, des recherches sont possibles au Centre de Documentation Juive Contemporaine CDJC, MĂ©morial de la Shoah dont l’objectif est, depuis ses origines, de documenter la persĂ©cution des Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale. On n’oubliera pas, surtout, le Service historique de la DĂ©fense sa division des archives des victimes des conflits contemporains DAVCC, basĂ©e Ă  Caen, regroupe entre autres les dossiers de dĂ©portĂ©s ou internĂ©s de la Seconde Guerre mondiale, assassinĂ©s ou survivants, dont il s’agissait Ă  l’origine de faire valoir les droits. Pour reconstituer le parcours d’une famille et disposer d’élĂ©ments antĂ©rieurs Ă  la dĂ©portation, la consultation des sources locales est incontournable. Pour Rouen, on s’appuiera notamment sur les Archives dĂ©partementales de Seine-Maritime elles disposent par exemple des fichiers du recensement des Juifs d’octobre 1940 et des listes et procĂšs-verbaux d’arrestation pour les diffĂ©rentes rafles qui se sont succĂ©dĂ© dans l’agglomĂ©ration. Françoise Bottois a trĂšs largement exploitĂ© ces sources, parmi d’autres, pour rĂ©diger son livre Ă©voquĂ© plus haut, et Marie-Christine Hubert, chargĂ©e des recherches sur les fonds de la Seconde Guerre mondiale et associĂ©e au projet des Stolpersteine, peut fournir une aide aux chercheurs. Pour la prĂ©sente Ă©tude, les Ă©changes avec plusieurs historiens et historiennes dans diffĂ©rentes rĂ©gions, Françoise Bottois pour Rouen, mais aussi l’ancien archiviste Bernard Reviriego[8] pour la Dordogne et Bernard Pommaret, chercheur qui a beaucoup travaillĂ© dans les Archives dĂ©partementales de la Haute-Vienne[9], se sont rĂ©vĂ©lĂ©s extrĂȘmement prĂ©cieux pour croiser ou comparer les informations et reconstituer au moins partiellement l’itinĂ©raire des membres de la famille Burstin qui avaient quittĂ© Rouen pour s’établir en zone sud. La famille Burstin est originaire de Pologne. Osias Samuel est nĂ© le 24 mars 1893 Ă  Rawa-Ruska et son Ă©pouse Anna est nĂ©e Blanfeld le 15 aoĂ»t 1898 Ă  Brzezany. La Galicie, dont faisaient partie ces deux localitĂ©s, comptait une importante minoritĂ© de Juifs polonais principalement yiddishophones. RattachĂ©e Ă  l’Empire austro-hongrois au moment de leur naissance[10], la rĂ©gion redevient polonaise aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale. On ne sait pas quand ils se sont mariĂ©s[11], mais leur fille aĂźnĂ©e, Clara, naĂźt le 19 aoĂ»t 1923 Ă  Vienne Autriche. ArrivĂ©s Ă  Rouen en 1924 en tant que ressortissants polonais[12], Osias, Anna et Clara emmĂ©nagent rue Samuel Bochard puis s’installent durablement dans un quartier modeste de l’est de la ville[13], oĂč vivent aussi d’autres familles juives Ă©trangĂšres. La fille cadette, Ginette, naĂźt Ă  Mont-Saint-Aignan le 20 avril 1926. Osias et Anna sont naturalisĂ©s Français le 18 septembre 1929, de mĂȘme que leur fille Clara nĂ©e Ă  l’étranger[14] — alors que Ginette, nĂ©e en France, est dĂ©jĂ  Française. De nombreuses familles juives Ă©trangĂšres arrivĂ©es Ă  la mĂȘme Ă©poque demandent la nationalitĂ© française et sont soucieuses de s’intĂ©grer, comme en tĂ©moignent entre autres les prĂ©noms qu’elles donnent Ă  leurs enfants. Au moment des recensements de population de 1931 et 1936, la famille habite 12 rue du Rempart Martainville dans le quatriĂšme canton de Rouen[15]. Les parents sont petits commerçants. D’abord commis-visiteur puis marchand de balais, Osias est ensuite marchand d’habits[16] en 1936, un commerce de vĂȘtements neufs et d’occasion Ă©tabli dans une loge sur le marchĂ© de la place Saint-Marc est inscrit Ă  son nom au registre du commerce de Rouen. Anna, quant Ă  elle, y a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© enregistrĂ©e en 1929 comme marchande ambulante en bonneterie[17] ; mais sans doute travaille-t-elle dĂ©sormais avec son mari. Dans les registres du recensement des Juifs, en 1940 cf. infra, leurs deux filles sont dĂ©clarĂ©es sans profession[18], et on ne dispose pas d’élĂ©ments concernant leur parcours scolaire ; peut-ĂȘtre aident-elles, Ă  ce moment-lĂ , leur mĂšre sur le marchĂ©. Au moment du recensement des Juifs d’octobre 1940, imposĂ© par les autoritĂ©s allemandes et effectuĂ© par les administrations françaises, Anna, Clara et Ginette rĂ©sident au 43 rue Victor Hugo, non loin de leur prĂ©cĂ©dente adresse — mais on ne sait pas Ă  quel moment, entre 1936 et 1940, la famille Burstin y a emmĂ©nagĂ©. Un T rouge inscrit sur le registre du ContrĂŽle des IsraĂ©lites » indique que toutes trois font apposer le tampon Juive » sur leur carte d’identitĂ©[19]. Osias, quant Ă  lui, ne se fait pas recenser. On peut supposer qu’il a quittĂ© Rouen entre mai ou juin 1940 et octobre 1940, puisque dans un dossier d’aprĂšs-guerre, sa fille Ginette indique qu’il Ă©tait rĂ©fugiĂ© en zone libre »[20]. Il est possible qu’il ait Ă©tĂ© dĂ©naturalisĂ©, Ă  cette Ă©poque ou plus tard, en application de la loi du 23 juillet 1940 sur la rĂ©vision des acquisitions de nationalitĂ© française intervenues depuis 1927 sur diffĂ©rentes listes ultĂ©rieures de victimes du nazisme cf. infra, il apparaĂźt en effet comme Polonais. Sur les raisons du dĂ©part d’Osias Burstin, qui laisse donc sa famille Ă  Rouen, il reste difficile de fournir des donnĂ©es fiables et surtout datĂ©es, mais plusieurs Ă©lĂ©ments permettent de penser qu’il a rejoint un rĂ©seau de rĂ©sistance en zone non occupĂ©e. Son nom sans autre indication apparaĂźt en effet sur deux listes de rĂ©sistants polonais dans des publications diffĂ©rentes une liste de combattants juifs polonais de la POWN morts en France en 1944 », avec une brĂšve introduction prĂ©cisant qu’elle comporte les noms des Juifs polonais en France occupĂ©e qui se sont portĂ©s volontaires pour rejoindre la POWN et sont tombĂ©s dans la lutte contre l’Allemagne en France, la plupart en 1944 Ă  Lyon et dans les environs »[21] ; une liste polonaise des membres du mouvement de rĂ©sistance morts en France pour la libertĂ© »[22]. La POWN Organisation polonaise de lutte pour l’indĂ©pendance n’a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e qu’en 1941, mais regroupait les Ă©bauches de mouvements de rĂ©sistance qui avaient spontanĂ©ment prolifĂ©rĂ©, particuliĂšrement en zone libre »[23]. Un renseignement fourni par sa fille Ginette aprĂšs-guerre peut par ailleurs confirmer qu’il a exercĂ© des activitĂ©s de rĂ©sistance Ă  un moment ou Ă  un autre Ă©voquant sa propre arrestation en mars 1944 cf. infra, elle indique que celle-ci a eu lieu Ă  leur domicile de Limoges dans le cadre d’une perquisition de la Gestapo consĂ©cutive Ă  l’arrestation d’Osias[24]. Ginette ne fait certes pas mention des activitĂ©s de rĂ©sistant de son pĂšre dans la demande d’attribution du titre d’internĂ© politique qu’elle adresse alors aux ministĂšre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre[25], mais peut-ĂȘtre Osias ne l’en avait-il pas informĂ©e pour la protĂ©ger. Il avait par ailleurs continuĂ©, Ă  Limoges, Ă  exercer sa profession de commerçant, dont on retrouve la mention sur divers documents. Ginette a rejoint son pĂšre en zone sud, sans sa mĂšre ni sa sƓur. Le 15 janvier 1943, sa prĂ©sence et celle d’Osias est attestĂ©e Ă  Limoges c’est le moment oĂč ils font apposer la mention Juif / Juive » sur leur carte d’identitĂ©, en application de la loi du 11 dĂ©cembre 1942 — pour la zone sud cette fois, occupĂ©e depuis novembre. À ce moment-lĂ , ils rĂ©sident 5 place de la Motte dans le centre de Limoges[26]. Les sources consultĂ©es ne permettent pas de savoir Ă  quelle date Ginette a quittĂ© Rouen, mais on peut supposer qu’elle l’a fait Ă  la fin de l’annĂ©e 1942 ou au dĂ©but de l’annĂ©e 1943, puisqu’elle apparaĂźt encore sur une liste de Juifs rĂ©sidant Ă  Rouen datĂ©e du 22 octobre 1942[27] et ne figure pas parmi les personnes dont on cherche Ă  localiser la nouvelle adresse en vue de la rafle rouennaise de janvier 1943[28]. En revanche, on peut reconstituer avec plus de certitude le parcours de sa mĂšre Anna et de sa sƓur Clara, qui subissent le sort rĂ©servĂ© Ă  la majoritĂ© des Juifs rouennais, de la discrimination Ă  l’arrestation sur place puis Ă  la dĂ©portation. En fĂ©vrier 1941, Anna, qui a repris, aprĂšs le dĂ©part de son mari, la loge du marchĂ© Saint-Marc que lui loue la ville de Rouen et oĂč elle vend des vĂȘtements, est dessaisie de son commerce. D’abord gĂ©rĂ© par un administrateur provisoire, il est liquidĂ© en juin 1941, aprĂšs qu’elle a Ă©tĂ© radiĂ©e du registre du commerce. AprĂšs sa spoliation, qui frappe aussi les autres commerçants juifs rouennais, elle n’a quasiment plus de moyens de subsistance[29]. En juin 1942, Anna, Clara et Ginette figurent sur une liste des Juifs de l’agglomĂ©ration rouennaise ayant retirĂ© leurs insignes » Ă©toiles jaunes[30], dont le port vient d’ĂȘtre rendu obligatoire, pour la zone occupĂ©e, par l’ordonnance allemande du 29 mai 1942. Lors de la troisiĂšme rafle de Juifs Ă  Rouen, dans la nuit du 15 au 16 janvier 1943, opĂ©rĂ©e par la police française sur ordre de la section antijuive de la Gestapo de Paris transmis par la Sipo-SD rĂ©gionale, Anna et Clara Burstin sont arrĂȘtĂ©es Ă  leur domicile rue Victor Hugo[31]. AprĂšs avoir passĂ© le reste de la nuit au centre d’accueil » de la rue Poisson Ă  Rouen, elles sont conduites, avec les autres personnes raflĂ©es, au camp de Drancy. Elles sont dĂ©portĂ©es par le convoi no 48 du 13 fĂ©vrier 1943 Ă  Auschwitz-Birkenau oĂč elles sont assassinĂ©es, vraisemblablement dĂšs leur arrivĂ©e[32]. Dans la demande d’attribution du titre de dĂ©portĂ©e politique pour sa mĂšre qu’elle remplit aprĂšs la guerre, Ginette indique qu’elle a reçu une carte de Drancy en fĂ©vrier 1943, mais qu’elle n’a eu depuis aucune nouvelle »[33]. Extrait d’une liste de Juifs arrĂȘtĂ©s Ă  Rouen le 15/16 janvier 1943 ADSM 3352W2 Osias et Ginette Burstin sont arrĂȘtĂ©s le 21 mars 1944 Ă  Limoges. Osias est arrĂȘtĂ© par les Allemands », en sortant d’une librairie », prĂ©cise Ginette aprĂšs-guerre dans la demande d’attribution du titre d’internĂ© politique pour son pĂšre[34]. Il a manifestement Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par la Gestapo[35], place Dussoubs dans le centre-ville, selon les sources des Archives dĂ©partementales de la Haute-Vienne[36]. Ginette est quant Ă  elle arrĂȘtĂ©e Ă  leur domicile 5 place de la Motte, alors que la Gestapo y effectue une perquisition aprĂšs avoir arrĂȘtĂ© Osias[37]. Ils sont tous deux incarcĂ©rĂ©s Ă  la prison de Limoges. De la prison de Limoges, Osias est amenĂ© avec 24 autres personnes Ă  Sainte-Marie-de-Chignac, en Dordogne Ă  une centaine de kilomĂštres, pour y ĂȘtre exĂ©cutĂ© le 27 mars 1944. Le massacre de Sainte-Marie-de-Chignac, qui s’inscrit dans une sĂ©rie de reprĂ©sailles consĂ©cutives Ă  des actions de la RĂ©sistance en Dordogne, est perpĂ©trĂ© par un dĂ©tachement de la division Brehmer commandĂ© par le sous-lieutenant Michael Hambrecht, chef de la Sipo-SD de Dordogne 25 otages amenĂ©s de Limoges, des rĂ©sistants et une majoritĂ© de victimes juives, sont fusillĂ©s au lieu-dit Les Potences, Ă  l’endroit oĂč, quelques jours plus tĂŽt, un convoi allemand a Ă©tĂ© attaquĂ© par la RĂ©sistance. Deux d’entre eux, seulement blessĂ©s, survivent[38]. Le nom de Burstein O. » figure sur la stĂšle de RiviĂšres basses Ă  Sainte-Marie-de-Chignac, qui honore la mĂ©moire des 23 victimes de la barbarie allemande — 27 mars 1944 »[39]. Osias a pu ĂȘtre identifiĂ© par une ordonnance, dĂ©livrĂ©e par une pharmacie de Limoges, qu’il portait sur lui le jour de son exĂ©cution c’est sur cette base que la mairie de Sainte-Marie-de-Chignac Ă©tablit un bulletin de dĂ©cĂšs en 1953[40]. AprĂšs 1945, des documents comportant des erreurs ont rendu difficile, pour le ministĂšre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, la reconstitution exacte du parcours d’Osias Burstin. Ayant Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©tenu Ă  Limoges, il a parfois Ă©tĂ© considĂ©rĂ©, Ă  tort, comme fusillĂ© dans cette ville[41]. Ainsi Ginette a-t-elle eu, aprĂšs la guerre, beaucoup de difficultĂ©s Ă  obtenir des informations fiables sur ce qu’était devenu son pĂšre. De Limoges, Ginette Burstin est transfĂ©rĂ©e Ă  Drancy le 7 avril 1944 et dĂ©portĂ©e Ă  Auschwitz-Birkenau par le convoi no 71 du 13 avril 1944[42]. Sur la liste de dĂ©portation, sa profession indiquĂ©e est magasiniĂšre[43]. À l’arrivĂ©e du convoi, dans la soirĂ©e du 15 avril 1944[44], elle est sĂ©lectionnĂ©e pour le travail sous le matricule 78573. Elle a Ă  peine 18 ans au moment oĂč elle entre dans le camp. Ginette Kolinka, survivante du convoi 71, ne se souvient pas de Ginette Burstin ; elle a un vague souvenir d’une Ginette jeune, mais ce prĂ©nom Ă©tait trĂšs courant Ă  l’époque, prĂ©cise-t-elle elle-mĂȘme[45]. Les archives du musĂ©e d’Auschwitz m’ont transmis sa fiche de travail Arbeitseinsatz », qui comporte toutefois trĂšs peu d’informations son nom et son prĂ©nom orthographiĂ© Genette », sa date de naissance, son matricule, sa nationalitĂ© Juive française » et sa profession d’origine vendeuse. Les cases relatives aux commandos et besognes auxquels elle a Ă©tĂ© affectĂ©e sont vierges. Ginette survit. Elle est libĂ©rĂ©e le 27 janvier 1945 par l’ArmĂ©e rouge. Elle est alors hospitalisĂ©e sur place, Ă  l’hĂŽpital de la Croix-Rouge polonaise installĂ© dans le camp principal Auschwitz I[46]. Elle fait ainsi partie des quelque 7000 dĂ©tenus qui n’ont pas pu faire les marches de la mort » et se trouvaient donc encore au camp Ă  l’arrivĂ©e des SoviĂ©tiques, trĂšs malades ou extrĂȘmement affaiblis. Ginette apparaĂźt sur une liste de ressortissants français prĂ©sents au camp d’Auschwitz » datĂ©e du 14 avril 1945, mais ne figure plus sur la liste complĂ©mentaire de 17 Français qui y sont encore le 14 juin 1945[47]. Sans doute a-t-elle quittĂ© Auschwitz juste avant cette seconde date, car elle est rapatriĂ©e par Marseille le 7 juillet 1945[48]. Les transports de rapatriement de Français libĂ©rĂ©s au moment de l’avance des troupes soviĂ©tiques empruntaient l’itinĂ©raire suivant de Katowice Ă  Odessa, par la mer Noire et la MĂ©diterranĂ©e jusqu’à Marseille. Le navire alliĂ© Ascanius, qui transportait plus de 1900 prisonniers de guerre et dĂ©portĂ©s dont une centaine de femmes, semble ĂȘtre parti d’Odessa le 22 juin 1945. Il arrive dans le port de Marseille dans la journĂ©e du 7 juillet et les rapatriĂ©s sont conduits au centre de la Madrague — l’un des principaux centres d’accueil en France —, qu’ils quittent aprĂšs avoir reçu un colis alimentaire, des tickets d’alimentation et une petite somme d’argent[49]. De retour Ă  Limoges oĂč elle se rĂ©installe sa prĂ©sence y est attestĂ©e en aoĂ»t 1945, Ginette Burstin engage immĂ©diatement des recherches concernant le sort de son pĂšre[50] — qu’elle poursuit auprĂšs du ministĂšre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre jusque dans les annĂ©es 1950[51]. Elle-mĂȘme bĂ©nĂ©ficie, Ă  son retour de dĂ©portation, des aides du COSOR / COJASOR ComitĂ© des Ɠuvres sociales des organisations de la RĂ©sistance / ComitĂ© juif d’action sociale et de reconstruction sa fiche mentionne qu’elle est dans un Ă©tat de trĂšs grande dĂ©pression nerveuse » et qu’ un secours est trĂšs nĂ©cessaire »[52]. Peu aprĂšs son retour, elle rend nĂ©anmoins visite Ă  ses anciennes voisines Ă  Rouen, Linda, Pauline et Gaby Ganon, sans doute pour obtenir des informations sur le sort de sa mĂšre et de sa sƓur dans les demandes qu’elle remplit ultĂ©rieurement, elle nomme en effet Madame Ganon comme tĂ©moin de l’arrestation d’Anna et de Clara en janvier 1943[53]. Il semble qu’à l’occasion de cette visite, elle leur ait fait part de son dĂ©sir d’émigrer au plus vite aux États-Unis[54]. Une fiche datĂ©e de 1948 conservĂ©e aux Arolsen Archives montre en tout cas qu’un dossier de demande d’émigration a Ă©tĂ© ouvert Ă  son nom auprĂšs du Joint » American Jewish Joint Distribution Committee[55]. On peut supposer que Ginette avait de la famille aux USA — les Burstin originaires de Pologne y sont nombreux — mais que sa demande d’immigration n’a donc pas abouti. Au plus tard en 1947, elle rĂ©side Ă  Paris. En 1953, elle exerce la profession d’aide-comptable et est encore cĂ©libataire[56]. On apprend par son acte de dĂ©cĂšs qu’elle s’est ensuite mariĂ©e. Elle dĂ©cĂšde le 26 aoĂ»t 1988 Ă  son domicile de Clichy-la-Garenne. Les informations croisĂ©es sur le sort qu’ont subi les quatre membres de la famille Burstin de Rouen donnent un aperçu de la mise en Ɠuvre de la Shoah en France[57], dans la zone occupĂ©e et dans la zone dite libre oĂč se sont rĂ©fugiĂ©s de nombreux Juifs, mais qui est envahie Ă  son tour en novembre 1942. DiscriminĂ©s, fichĂ©s, dĂ©possĂ©dĂ©s de leurs biens, stigmatisĂ©s par l’étoile jaune en zone occupĂ©e et par un tampon spĂ©cial apposĂ© sur leur carte d’identitĂ© dans toute la France, les Juifs français et Ă©trangers sont systĂ©matiquement traquĂ©s, arrĂȘtĂ©s, dĂ©portĂ©s, avec la complicitĂ© de l’État français et des administrations françaises. Quand ils ne sont pas victimes de la dĂ©portation — le sort trĂšs largement majoritaire des Juifs de France assassinĂ©s —, ils sont exĂ©cutĂ©s comme Osias, sorti de la prison oĂč il a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© pour ĂȘtre fusillĂ©. Peu de dĂ©portĂ©s juifs rentrent des camps comme Ginette, qui, extrĂȘmement affaiblie par des mois de travaux forcĂ©s et de mauvais traitements Ă  Auschwitz, doit encore affronter la disparition de sa mĂšre, de son pĂšre et de sa sƓur. À 19 ans au moment de son retour, elle est, avec Denise Holstein, qui vit encore aujourd’hui et a longtemps tĂ©moignĂ© de ce qu’elle avait subi, la seule jeune femme rouennaise rescapĂ©e d’Auschwitz — parmi les quelque 300 Juifs de l’agglomĂ©ration arrĂȘtĂ©s sur place ou hors du dĂ©partement, dont 241 au moins, et sans doute davantage, ne sont pas rentrĂ©s des camps de concentration et des centres de mise Ă  mort[58]. Au printemps 2021, Ă  l’occasion de la deuxiĂšme phase du projet des Stolpersteine, quatre PavĂ©s de MĂ©moire doivent ĂȘtre posĂ©s devant le 43 rue Victor Hugo, dans le centre de Rouen, pour honorer la mĂ©moire d’Osias, d’Anna, de Clara, assassinĂ©s, et de Ginette, aujourd’hui dĂ©cĂ©dĂ©e et Ă  laquelle sans doute personne n’a encore pu rendre hommage. NOTES [1] Voir Ces objectifs sont rappelĂ©s dans C. Bouillot, Stolpersteine dans l’agglomĂ©ration rouennaise les enjeux europĂ©ens et locaux d’un projet mĂ©moriel, Ă©ducatif et citoyen », in L’Atelier des Savoirs, [2] Cette base est rĂ©guliĂšrement actualisĂ©e, comme pour les quatre membres de la famille Burstin, sur lesquels ValĂ©rie Kleinknecht, du MĂ©morial, a rĂ©digĂ© en septembre 2020 de nouvelles notices reposant sur la synthĂšse des recherches que j’avais commencĂ© Ă  Ă©tablir. [3] S. Klarsfeld, MĂ©morial de la DĂ©portation des Juifs de France, Paris, Fils et filles des dĂ©portĂ©s juifs de France, 2012 nouvelle Ă©dition ; l’édition originale date de 1978. [4] F. Bottois, De Rouen Ă  Auschwitz les Juifs du Grand Rouen » et la Shoah, 9 juin 1940-31 juillet 1944, Nice, Ovadia, 2015. Une rĂ©Ă©dition corrigĂ©e et augmentĂ©e est prĂ©vue pour 2021. [5] Ce que F. Bottois a fait elle-mĂȘme pour la premiĂšre Ă©dition de notre projet, en rĂ©digeant des biographies par famille bientĂŽt disponibles en ligne sur [6] C’est le cas pour la base de donnĂ©es des noms des victimes de la Shoah de Yad Vashem qui s’appuie ici sur l’édition de 1978 du MĂ©morial de la dĂ©portation des Juifs de France, et pour la premiĂšre Ă©dition du livre de F. Bottois citĂ© prĂ©cĂ©demment. [7] ; ; [8] Ancien conservateur en chef du patrimoine aux Archives dĂ©partementales de la Dordogne et auteur de l’ouvrage Les Juifs en Dordogne 1939-1944 de l’accueil Ă  la persĂ©cution, PĂ©rigueux, Éditions Fanlac / Archives dĂ©partementales de la Dordogne, 2003. [9] Ancien professeur agrĂ©gĂ© d’histoire-gĂ©ographie et auteur d’un manuscrit non publiĂ© sur les dĂ©portĂ©s de la Haute-Vienne. [10] Voir l’acte de naissance d’Osias bilingue allemand-polonais sur la base Jewish Records of Poland. [11] Ginette Burstin prĂ©cise aprĂšs la guerre que ses parents se sont mariĂ©s Ă  l’étranger. DAVCC, AC21P431978 dossier Osias Burstin, courrier du [12] Archives dĂ©partementales de Seine-Maritime ADSM, 22W/Z11648 dossier d’étranger d’Anna Burstin. Pour Osias, le dossier d’étranger n’a pas Ă©tĂ© retrouvĂ©. [13] On les trouve en 1926 rue du Ruissel dans le 3e canton, ADSM, 6M0675. [14] Archives nationales en ligne, BB/11, 17765 X 29. [15] ADSM, 6M0686/6M0728. [16] Ibid., 6M0675/6M0686/6M0728 recensements de population de 1926, 1931 et 1936. [17] Ibid., 6U8/451 et 6U8/446 fiches individuelles et extraits du registre analytique, communiquĂ©s par Hubert. Le commerce d’Osias Burstin est enregistrĂ© le 5 novembre 1936 sous le numĂ©ro 29557. [18] Ibid., 3352W2, ContrĂŽle des IsraĂ©lites ». [19] Ibid. Pour le contexte, voir F. Bottois, op. cit., p. 41-52. [20] DAVCC, AC21P431978. [21] Ce document est associĂ© Ă  une entrĂ©e Osias Burstin » sur la base de donnĂ©es des victimes de Yad Vashem. Il s’agit visiblement d’un extrait d’un ouvrage polonais, mais sans indication de source. Introduction traduite ici du polonais. [22] Extraite de l’ouvrage Dzieje Armii Polskiej we Francji 1939-1945 histoire de l’armĂ©e polonaise en France, par L’Hopitalier, Cpt., Paris, Montbrun, 1950, p. 208. Copie transmise par B. Pommaret. [23] Elle dĂ©pendait du gouvernement polonais de Londres et menait notamment des activitĂ©s dans le domaine du renseignement. Voir Bruno Drweski, La POWN un mouvement de rĂ©sistance polonais en France », in Revue des Études slaves, 1987, Tome 59, fascicule 4, p. 741-752. [24] DAVCC, AC21P719928 dossier Ginette Burstin, soulignĂ© par moi. Je remercie Chantal Dossin de m’avoir transmis ce dossier que je n’avais pas encore pu consulter sur place. [25] Ibid., AC21P431978. [26] Informations de B. Pommaret. Sources Archives dĂ©partementales de la Haute-Vienne ADHV, 993W224. [27] ADSM, 54W5320. [28] Du moins, on n’en retrouve pas la trace dans les dossiers correspondants, ADSM, 3352W2. [29] F. Bottois, op. cit., p. 100-101. Dans le dossier d’aryanisation CDJC, AJ38/4 980, 1775, il est question de la radiation de Mme Burstin du registre du commerce en date du 7 juin 1941 », alors que sur le registre du commerce de Rouen lui-mĂȘme, c’est Osias qui est considĂ©rĂ© comme radiĂ© Ă  cette date ADSM, 6U8/451. [30] ADSM, 3352W2. [31] Sur le contexte et l’organisation de cette rafle, destinĂ©e Ă  liquider le dĂ©partement [de Seine-InfĂ©rieure] de ses Juifs », voir F. Bottois, op. cit., p. 211-227. [32] Sources F. Bottois, op. cit. ; ADSM, 3352W2 ; CDJC/MĂ©morial de la Shoah. Anna et Clara Burstin apparaissent comme mortes en dĂ©portation au JORF du arrĂȘtĂ© du Leur date officielle de dĂ©cĂšs est le 18 fĂ©vrier 1943 il s’agit d’une date prĂ©sumĂ©e 5 jours aprĂšs le dĂ©part du convoi, Ă©tablie par les services de l’état civil de Rouen en 1963. Voir DAVCC, AC21P431976 dossier Anna Burstin. [33] Ibid. [34] DAVCC, AC21P431978. [35] On retrouve les noms de Samuel Burstein, Polonais, et Ginette Burstein [sic] sur une liste de civils de Limoges dĂ©portĂ©s ou torturĂ©s, avec la date du et la mention de la Gestapo CDJC, CCXV-43. [36] Information de B. Pommaret. Sources ADHV, 646W187 et 986W540. [37] DAVCC, AC21P719928. [38] Voir B. Reviriego, Les Juifs en Dordogne, op. cit., p. 240-242, 305 ; notice Burstin Osias par Bernard Reviriego, version mise en ligne le derniĂšre modification le ; notice Sainte-Marie-de-Chignac Dordogne, 27 mars et 1er avril 1944 par Bernard Reviriego, Dominique Tantin, version mise en ligne le derniĂšre modification le Sur ce massacre et l’implication de la division Brehmer dans la politique gĂ©nocidaire, voir aussi l’article Aktion Brehmer », [39] Voir la stĂšle et la nouvelle plaque de 2019, [40] DAVCC, AC21P431978, bulletin Ă©tabli le Information confirmĂ©e par B. Reviriego dans un Ă©change avec l’auteure. [41] Voir les documents contradictoires dans les fonds de la DAVCC et du CDJC dont il n’est pas toujours possible de connaĂźtre l’origine, notamment l’erreur en LVII-30. Sur deux autres listes LVII-17 et LVII-69 Ă©manant d’autoritĂ©s de Dordogne, Osta [sic] Burstin, de nationalitĂ© polonaise, ou Burstino [sic] Osias, domiciliĂ© Ă  Limoges, est bien considĂ©rĂ© comme exĂ©cutĂ© en Dordogne le sur la liste LVII-69, il figure, plus prĂ©cisĂ©ment, parmi les victimes du massacre de Sainte-Marie-de-Chignac. En CCXV-44, ce qui a pu prĂȘter Ă  confusion, il apparaĂźt sur une liste des personnes fusillĂ©es aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©tenues Ă  la prison de Limoges ». Le la mairie de Limoges Ă©tablit mĂȘme un acte de dĂ©cĂšs Ă  son nom AC21P431978. [42] DAVCC, AC21P719928. [43] MĂ©morial de la Shoah, base des victimes, extrait de la liste du convoi 71. [44] On connaĂźt cette date par des tĂ©moins, comme Simone Veil. Elle figure aussi, pour l’arrivĂ©e de Ginette au camp, sur une liste de survivants d’Auschwitz, voir note 47. [45] Entretien tĂ©lĂ©phonique avec l’auteure, [46] RĂ©ponse du des archives du musĂ©e d’Auschwitz, sur la base de diffĂ©rents documents post-libĂ©ration. [47] Arolsen Archives Online-Collections, List of French in CC Auschwitz, 8005303. [48] DAVCC, AC21P719928. [49] Informations communiquĂ©es par Robert Mencherini, ancien professeur des universitĂ©s, d’aprĂšs les Archives dĂ©partementales des Bouches-du-RhĂŽne et la presse locale. Voir aussi son livre, La LibĂ©ration et les annĂ©es tricolores 1944-1947, tome 4 de Midi rouge, ombres et lumiĂšres. Une histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-RhĂŽne de 1930 Ă  1950, Paris, Syllepse, 2014, ici p. 214-218. [50] Information de B. Pommaret. Source ADHV, 11J4. [51] DAVCC, AC21P431978. [52] Information de B. Pommaret. Source ADHV, 47J3. [53] DAVCC, AC21P431976/AC21P431977. Linda Ganon et ses deux filles, qui ont Ă©chappĂ© Ă  la dĂ©portation grĂące Ă  un mĂ©decin qui les a cachĂ©es, habitaient au 41 rue Victor Hugo Ă  Rouen oĂč la police Ă©tait venue les arrĂȘter en mĂȘme temps que leurs voisines. [54] Dans un courrier adressĂ© en 2001 au MĂ©morial de la Shoah pour demander l’inscription de Ginette sur le Mur des Noms, Pauline Schmied nĂ©e Ganon, aujourd’hui dĂ©cĂ©dĂ©e, supposait mĂȘme qu’elle Ă©tait partie dĂšs 1945 aux USA information communiquĂ©e par ValĂ©rie Kleinknecht. Gaby, quant Ă  elle, n’a pas oubliĂ© cette visite de Ginette Burstin, mais elle n’en a malheureusement plus de souvenirs prĂ©cis. Entretien tĂ©lĂ©phonique avec Gaby Bardavid nĂ©e Ganon, [55] Arolsen Archives Online-Collections, 03010301 oS, Index Card, AJDC, Émigration Service Paris. [56] DAVCC, AC21P719928. [57] Pour une synthĂšse de ses Ă©tapes et de sa mise en Ɠuvre, voir Jacques Fredj, Les Juifs de France dans la Shoah, Paris, Gallimard / MĂ©morial de la Shoah, 2011. [58] F. Bottois, op. cit., p. 299, et p. 302-303 pour l’évocation des survivants. Pour citer ce texte Corinne Bouillot, “La famille Burstin de Rouen, victime de la Shoah mĂ©thodes et rĂ©sultats d’une recherche documentaire”, dans L'Atelier des Savoirs, 7 novembre 2020, ConsultĂ© le 16 aoĂ»t 2022.

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