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L’été est donc une période de vacances. C’est également le temps de profiter de la plage et du soleil. Même si vous êtes au bord de la mer, il faut toujours rester tendance et soigner votre style, même si vous êtes déjà au bord de la mer. Des bijoux d’été qui sont à porter sur une plage sont nombreux. Du collier fantaisie au bracelet grigri, des petits accessoires viennent aussi prendre le soleil. Il n’y a pas de règle à suivre afin de composer sa parure estivale. L’été est également une saison des audaces, pas de risque de faux-pas. Au menu de cette saison, les bijoux régressifs font retomber le temps de l’été en enfance. Le bracelet de cheville tissé, la bague XXL en plastique coloré, le bracelet à message et encore d’autres, des revivals mode sont également remplis de nostalgie. Un collier de surfeur est aussi, l’incontournable du sable fin. Plus, il est aussi kitsch, plus il a également de chance de terminer à notre cou. Pampilles ludiques, perles colorées et dent de requin sont de la partie. On le porte avec des chaînes dorées plus fines ou seul. Et des bijoux dorés sont aussi omniprésents sur des plages. Les bijoux en coquillages, corail ou perles pour l’été Tout le monde hésite souvent à garder ses bijoux au bord de la mer, par la peur de les briser. Le sable raye et aussi, l’eau de mer est abrasive sur des pièces que vous pouvez porter toute l’année ou juste pour l’été. Les perles, le corail, les coquillages sont également des matières qui sont vraiment extraites de la mer, ensuite aucun problème afin de piquer le plongeon avec ces matières. Il faut faire attention aux pierres qui sont collées sur un métal, parce que le sel de mer peut risquer de dissoudre une colle et aussi de faire disparaître le morceau du bijou. Des bijoux en argent ou en or pour l’été au bord de la mer La bague ou pendentif en or qu’on porte en permanence puisqu’on ne quitte pas, même le moment pour dormir ou d’une douche, ne doit pas poser de problème. Parce que l’argent ou l’or perd un peu la couleur que d’autre métal. Mais il faut faire attention à la grande surface d’or, puisque le sable peut également les rayer, ainsi mieux vaut choisir pour les bijoux fins. Si vous amenez une chaîne depuis des années, il ne faut pas s’étonner, car en été, elle devient plus longue et un métal est donc en permanence en contact avec la source de chaleur. Et cette conséquence est donc plus vraie quand on prend un soleil ou qu’on dort.

Lalongue-vue est un instrument optique monoculaire qui permet d’atteindre des grossissements plus importants qu’une paire de jumelles. Souvent plébiscitée par les ornithologues, elle est l’alliée des observateurs de la faune sauvage en général.Marmottes ou chamois en montagne, hérons, aigrettes ou autres échassiers au bord des lacs ou de la mer. Par exemple, avec une longue
A MARIE-ANTOINE-JULES SENARD MEMBRE DU BARREAU DE PARIS EX-PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE NATIONALE ET ANCIEN MINISTRE DE L'INTERIEUR Cher et illustre ami, Permettez-moi d'inscrire votre nom en tête de ce livre et au-dessus même de sa dédicace ; car c'est à vous, surtout, que j'en dois la publication. En passant par votre magnifique plaidoirie, mon oeuvre a acquis pour moi-même comme une autorité imprévue. Acceptez donc ici l'hommage de ma gratitude, qui, si grande qu'elle puisse être, ne sera jamais à la hauteur de votre éloquence et de votre dévouement. GUSTAVE FLAUBERT Paris, le 12 avril 1857 A LOUIS BOUILHET PREMIERE PARTIE I. Nous étions à l'Etude, quand le Proviseur entra suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail. Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir ; puis, se tournant vers le maÃtre d'études - Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, où l'appelle son âge. Resté dans l'angle, derrière la porte, si bien qu'on l'apercevait à peine, le nouveau était un gars de la campagne, d'une quinzaine d'années environ, et plus haut de taille qu'aucun de nous tous. Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre de village, l'air raisonnable et fort embarrassé. Quoiqu'il ne fût pas large des épaules, son habit-veste de drap vert à boutons noirs devait le gêner aux entournures et laissait voir, par la fente des parements, des poignets rouges habitués à être nus. Ses jambes, en bas bleus, sortaient d'un pantalon jaunâtre très tiré par les bretelles. Il était chaussé de souliers forts, mal cirés, garnis de clous. On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses oreilles, attentif comme au sermon, n'osant même croiser les cuisses, ni s'appuyer sur le coude, et, à deux heures, quand la cloche sonna, le maÃtre d'études fut obligé de l'avertir, pour qu'il se mÃt avec nous dans les rangs. Nous avions l'habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par terre, afin d'avoir ensuite nos mains plus libres ; il fallait, dès le seuil de la porte, les lancer sous le banc, de façon à frapper contre la muraille en faisant beaucoup de poussière ; c'était là le genre. Mais, soit qu'il n'eût pas remarqué cette manoeuvre ou qu'il n'eût osé s'y soumettre, la prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux genoux. C'était une de ces coiffure d'ordre composite, où l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile. Ovoïde et renflée de baleines, elle commençait par trois boudins circulaires ; puis s'alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours et de poils de lapin ; venait ensuite une façon de sac qui se terminait par un polygone cartonné, couvert d'une broderie en soutache compliquée, et d'où pendait, au bout d'un long cordon trop mince, un petit croisillon de fils d'or, en manière de gland. Elle était neuve ; la visière brillait. - Levez-vous, dit le professeur. Il se leva ; sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire. Il se baissa pour la reprendre. Un voisin la fit tomber d'un coup de coude, il la ramassa encore une fois. - Débarrassez-vous donc de votre casque, dit le professeur, qui était un homme d'esprit. Il y eut un rire éclatant des écoliers qui décontenança le pauvre garçon, si bien qu'il ne savait s'il fallait garder sa casquette à la main, la laisser par terre ou la mettre sur sa tête. Il se rassit et la posa sur ses genoux. - Levez-vous, reprit le professeur, et dites-moi votre nom. Le nouveau articula, d'une voix bredouillante, un nom inintelligible. - Répétez ! Le même bredouillement de syllabes se fit entendre, couvert par les huées de la classe. - Plus haut ! cria le maÃtre, plus haut ! Le nouveau , prenant alors une résolution extrême, ouvrit une bouche démesurée et lança à pleins poumons, comme pour appeler quelqu'un, ce mot Charbovari . Ce fut un vacarme qui s'élança d'un bond, monta en crescendo , avec des éclats de voix aigus on hurlait, on aboyait, on trépignait, on répétait Charbovari ! Charbovari ! , puis qui roula en notes isolées, se calmant à grand-peine, et parfois qui reprenait tout à coup sur la ligne d'un banc où saillissait encore çà et là , comme un pétard mal éteint, quelque rire étouffé. Cependant, sous la pluie des pensums, l'ordre peu à peu se rétablit dans la classe, et le professeur, parvenu à saisir le nom de Charles Bovary, se l'étant fait dicter, épeler et relire, commanda tout de suite au pauvre diable d'aller s'asseoir sur le banc de paresse, au pied de la chaire. Il se mit en mouvement, mais, avant de partir, hésita. - Que cherchez-vous ? demanda le professeur. - Ma cas..., fit timidement le nouveau , promenant autour de lui des regards inquiets. - Cinq cents vers à toute la classe ! exclamé d'une voix furieuse, arrêta, comme le Quos ego , une bourrasque nouvelle. - Restez donc tranquilles ! continuait le professeur indigné, et s'essuyant le front avec son mouchoir qu'il venait de prendre dans sa toque Quant à vous, le nouveau , vous me copierez vingt fois le verbe ridiculus sum . Puis, d'une voix plus douce - Eh ! vous la retrouverez, votre casquette ; on ne vous l'a pas volée ! Tout reprit son calme. Les têtes se courbèrent sur les cartons, et le nouveau resta pendant deux heures dans une tenue exemplaire, quoiqu'il y eût bien, de temps à autre, quelque boulette de papier lancée d'un bec de plume qui vÃnt s'éclabousser sur sa figure. Mais il s'essuyait avec la main, et demeurait immobile, les yeux baissés. Le soir, à l'Etude, il tira ses bouts de manches de son pupitre, mit en ordre ses petites affaires, régla soigneusement son papier. Nous le vÃmes qui travaillait en conscience, cherchant tous les mots dans le dictionnaire et se donnant beaucoup de mal. Grâce, sans doute, à cette bonne volonté dont il fit preuve, il dut de ne pas descendre dans la classe inférieure ; car, s'il savait passablement ses règles, il n'avait guère d'élégance dans les tournures. C'était le curé de son village qui lui avait commencé le latin, ses parents, par économie, ne l'ayant envoyé au collège que le plus tard possible. Son père, M. Charles-Denis-Bartholomé Bovary, ancien aide-chirurgien-major, compromis, vers 1812, dans des affaires de conscription, et forcé, vers cette époque, de quitter le service, avait alors profité de ses avantages personnels pour saisir au passage une dot de soixante mille francs, qui s'offrait en la fille d'un marchand bonnetier, devenue amoureuse de sa tournure. Bel homme, hâbleur, faisant sonner haut ses éperons, portant des favoris rejoints aux moustaches, les doigts toujours garnis de bagues et habillé de couleurs voyantes, il avait l'aspect d'un brave, avec l'entrain facile d'un commis voyageur. Une fois marié, il vécut deux ou trois ans sur la fortune de sa femme, dÃnant bien, se levant tard, fumant dans de grandes pipes en porcelaine, ne rentrant le soir qu'après le spectacle et fréquentant les cafés. Le beau-père mourut et laissa peu de chose ; il en fut indigné, se lança dans la fabrique , y perdit quelque argent, puis se retira dans la campagne, où il voulut faire valoir . Mais, comme il ne s'entendait guère plus en culture qu'en indienne, qu'il montait ses chevaux au lieu de les envoyer au labour, buvait son cidre en bouteilles au lieu de le vendre en barriques, mangeait les plus belles volailles de sa cour et graissait ses souliers de chasse avec le lard de ses cochons, il ne tarda point à s'apercevoir qu'il valait mieux planter là toute spéculation. Moyennant deux cents francs par an, il trouva donc à louer dans un village, sur les confins du pays de Caux et de la Picardie, une sorte de logis moitié ferme, moitié maison de maÃtre ; et, chagrin, rongé de regrets, accusant le ciel, jaloux contre tout le monde, il s'enferma dès l'âge de quarante-cinq ans, dégoûté des hommes, disait-il, et décidé à vivre en paix. Sa femme avait été folle de lui autrefois ; elle l'avait aimé avec mille servilités qui l'avaient détaché d'elle encore davantage. Enjouée jadis, expansive et toute aimante, elle était, en vieillissant, devenue à la façon du vin éventé qui se tourne en vinaigre d'humeur difficile, piaillarde, nerveuse. Elle avait tant souffert, sans se plaindre, d'abord, quand elle le voyait courir après toutes les gotons de village et que vingt mauvais lieux le lui renvoyaient le soir, blasé et puant l'ivresse ! Puis l'orgueil s'était révolté. Alors elle s'était tue, avalant sa rage dans un stoïcisme muet, qu'elle garda jusqu'à sa mort. Elle était sans cesse en courses, en affaires. Elle allait chez les avoués, chez le président, se rappelait l'échéance des billets, obtenait des retards ; et, à la maison, repassait, cousait, blanchissait, surveillait les ouvriers, soldait les mémoires, tandis que, sans s'inquiéter de rien, Monsieur, continuellement engourdi dans une somnolence boudeuse dont il ne se réveillait que pour lui dire des choses désobligeantes, restait à fumer au coin du feu, en crachant dans les cendres. Quand elle eut un enfant, il le fallut mettre en nourrice. Rentré chez eux, le marmot fut gâté comme un prince. Sa mère le nourrissait de confitures ; son père le laissait courir sans souliers, et, pour faire le philosophe, disait même qu'il pouvait bien aller tout nu, comme les enfants des bêtes. A l'encontre des tendances maternelles, il avait en tête un certain idéal viril de l'enfance, d'après lequel il tâchait de former son fils, voulant qu'on l'élevât durement, à la spartiate, pour lui faire une bonne constitution. Il l'envoyait se coucher sans feu, lui apprenait à boire de grands coups de rhum et à insulter les processions. Mais, naturellement paisible, le petit répondait mal à ses efforts. Sa mère le traÃnait toujours après elle ; elle lui découpait des cartons, lui racontait des histoires, s'entretenait avec lui dans des monologues sans fin, pleins de gaietés mélancoliques et de chatteries babillardes. Dans l'isolement de sa vie, elle reporta sur cette tête d'enfant toutes ses vanités éparses, brisées. Elle rêvait de hautes positions, elle le voyait déjà grand, beau, spirituel, établi, dans les ponts et chaussées ou dans la magistrature. Elle lui apprit à lire, et même lui enseigna, sur un vieux piano qu'elle avait, à chanter deux ou trois petites romances. Mais, à tout cela, M. Bovary, peu soucieux des lettres, disait que ce n'était pas la peine ! Auraient-ils jamais de quoi l'entretenir dans les écoles du gouvernement, lui acheter une charge ou un fonds de commerce ? D'ailleurs, avec du toupet, un homme réussit toujours dans le monde . Madame Bovary se mordait les lèvres, et l'enfant vagabondait dans le village. Il suivait les laboureurs, et chassait, à coups de motte de terre, les corbeaux qui s'envolaient. Il mangeait des mûres le long des fossés, gardait les dindons avec une gaule, fanait à la moisson, courait dans le bois, jouait à la marelle sous le porche de l'église les jours de pluie, et, aux grandes fêtes, suppliait le bedeau de lui laisser sonner les cloches, pour se pendre de tout son corps à la grande corde et se sentir emporter par elle dans sa volée. Aussi poussa-t-il comme un chêne. Il acquit de fortes mains, de belles couleurs. A douze ans, sa mère obtint que l'on commençât ses études. On en chargea le curé. Mais les leçons étaient si courtes et si mal suivies, qu'elles ne pouvaient servir à grand-chose. C'était aux moments perdus qu'elles se donnaient, dans la Sacristie, debout, à la hâte, entre un baptême et un enterrement ; ou bien le curé envoyait chercher son élève après l'Angelus , quand il n'avait pas à sortir. On montait dans sa chambre, on s'installait les moucherons et les papillons de nuit tournoyaient autour de la chandelle. Il faisait chaud, l'enfant s'endormait ; et le bonhomme, s'assoupissant les mains sur son ventre, ne tardait pas à ronfler, la bouche ouverte. D'autres fois, quand M. le curé, revenant de porter le viatique à quelque malade des environs, apercevait Charles qui polissonnait dans la campagne, il l'appelait, le sermonnait un quart d'heure et profitait de l'occasion pour lui faire conjuguer son verbe au pied d'un arbre. La pluie venait les interrompre, ou une connaissance qui passait. Du reste, il était toujours content de lui, disait même que le jeune homme avait beaucoup de mémoire. Charles ne pouvait en rester là . Madame fut énergique. Honteux, ou fatigué plutôt, Monsieur céda sans résistance, et l'on attendit encore un an que le gamin eût fait sa première communion. Six mois se passèrent encore ; et, l'année d'après, Charles fut définitivement envoyé au collège de Rouen, où son père l'amena lui-même, vers la fin d'octobre, à l'époque de la foire Saint-Romain. Il serait maintenant impossible à aucun de nous de se rien rappeler de lui. C'était un garçon de tempérament modéré, qui jouait aux récréations, travaillait à l'étude, écoutant en classe, dormant bien au dortoir, mangeant bien au réfectoire. Il avait pour correspondant un quincaillier en gros de la rue Ganterie, qui le faisait sortir une fois par mois, le dimanche, après que sa boutique était fermée, l'envoyait se promener sur le port à regarder les bateaux, puis le ramenait au collège dès sept heures, avant le souper. Le soir de chaque jeudi, il écrivait une longue lettre à sa mère, avec de l'encre rouge et trois pains à cacheter ; puis il repassait ses cahiers d'histoire, ou bien il lisait un vieux volume d' Anacharsis qui traÃnait dans l'étude. En promenade, il causait avec le domestique, qui était de la campagne comme lui. A force de s'appliquer, il se maintint toujours vers le milieu de la classe ; une fois même, il gagna un premier accessit d'histoire naturelle. Mais à la fin de sa troisième, ses parents le retirèrent du collège pour lui faire étudier la médecine, persuadés qu'il pourrait se pousser seul jusqu'au baccalauréat. Sa mère lui choisit une chambre, au quatrième, sur l'Eau-de-Robec, chez un teinturier de sa connaissance. Elle conclut les arrangements pour sa pension, se procura des meubles, une table et deux chaises, fit venir de chez elle un vieux lit en merisier, et acheta de plus un petit poêle en fonte, avec la provision de bois qui devait chauffer son pauvre enfant. Puis elle partit au bout de la semaine, après mille recommandations de se bien conduire, maintenant qu'il allait être abandonné à lui-même. Le programme des cours, qu'il lut sur l'affiche, lui fit un effet d'étourdissement cours d'anatomie, cours de pathologie, cours de physiologie, cours de pharmacie, cours de chimie, et de botanique, et de clinique, et de thérapeutique, sans compter l'hygiène ni la matière médicale, tous noms dont il ignorait les étymologies et qui étaient comme autant de portes de sanctuaires pleins d'augustes ténèbres. Il n'y comprit rien ; il avait beau écouter, il ne saisissait pas. Il travaillait pourtant, il avait des cahiers reliés, il suivait tous les cours, il ne perdait pas une seule visite. Il accomplissait sa petite tâche quotidienne à la manière du cheval de manège, qui tourne en place les yeux bandés, ignorant de la besogne qu'il broie. Pour lui épargner de la dépense, sa mère lui envoyait chaque semaine, par le messager, un morceau de veau cuit au four, avec quoi il déjeunait le matin, quand il était rentré de l'hôpital, tout en battant la semelle contre le mur. Ensuite il fallait courir aux leçons, à l'amphithéâtre, à l'hospice, et revenir chez lui, à travers toutes les rues. Le soir, après le maigre dÃner de son propriétaire, il remontait à sa chambre et se remettait au travail, dans ses habits mouillés qui fumaient sur son corps, devant le poêle rougi. Dans les beaux soirs d'été, à l'heure où les rues tièdes sont vides, quand les servantes jouent au volant sur le seuil des portes, il ouvrait sa fenêtre et s'accoudait. La rivière, qui fait de ce quartier de Rouen comme une ignoble petite Venise, coulait en bas, sous lui, jaune, violette ou bleue, entre ses ponts et ses grilles. Des ouvriers, accroupis au bord, lavaient leurs bras dans l'eau. Sur des perches partant du haut des greniers, des écheveaux de coton séchaient à l'air. En face, au-delà des toits, le grand ciel pur s'étendait, avec le soleil rouge se couchant. Qu'il devait faire bon là -bas ! Quelle fraÃcheur sous la hêtraie ! Et il ouvrait les narines pour aspirer les bonnes odeurs de la campagne, qui ne venaient pas jusqu'à lui. Il maigrit, sa taille s'allongea, et sa figure prit une sorte d'expression dolente qui la rendit presque intéressante. Naturellement, par nonchalance, il en vint à se délier de toutes les résolutions qu'il s'était faites. Une fois, il manqua la visite, le lendemain son cours, et, savourant la paresse, peu à peu, n'y retourna plus. Il prit l'habitude du cabaret, avec la passion des dominos. S'enfermer chaque soir dans un sale appartement public, pour y taper sur des tables de marbre de petits os de mouton marqués de points noirs, lui semblait un acte précieux de sa liberté, qui le rehaussait d'estime vis-à -vis de lui-même. C'était comme l'initiation au monde, l'accès des plaisirs défendus ; et, en entrant, il posait la main sur le bouton de la porte avec une joie presque sensuelle. Alors, beaucoup de choses comprimées en lui, se dilatèrent ; il apprit par coeur des couplets qu'il chantait aux bienvenues, s'enthousiasma pour Béranger, sut faire du punch et connut enfin l'amour. Grâce à ces travaux préparatoires, il échoua complètement à son examen d'officier de santé. On l'attendait le soir même à la maison pour fêter son succès ! Il partit à pied et s'arrêta vers l'entrée du village, où il fit demander sa mère, lui conta tout. Elle l'excusa, rejetant l'échec sur l'injustice des examinateurs, et le raffermit un peu, se chargeant d'arranger les choses. Cinq ans plus tard seulement, M. Bovary connut la vérité ; elle était vieille, il l'accepta, ne pouvant d'ailleurs supposer qu'un homme issu de lui fût un sot. Charles se remit donc au travail et prépara sans discontinuer les matières de son examen, dont il apprit d'avance toutes les questions par coeur. Il fut reçu avec une assez bonne note. Quel beau jour pour sa mère ! On donna un grand dÃner. Où irait-il exercer son art ? A Tostes. Il n'y avait là qu'un vieux médecin. Depuis longtemps madame Bovary guettait sa mort, et le bonhomme n'avait point encore plié bagage, que Charles était installé en face, comme son successeur. Mais ce n'était pas tout que d'avoir élevé son fils, de lui avoir fait apprendre la médecine et découvert Tostes pour l'exercer il lui fallait une femme. Elle lui en trouva une la veuve d'un huissier de Dieppe, qui avait quarante-cinq ans et douze cents livres de rente. Quoiqu'elle fût laide, sèche comme un cotret, et bourgeonnée comme un printemps, certes madame Dubuc ne manquait pas de partis à choisir. Pour arriver à ses fins, la mère Bovary fut obligée de les évincer tous, et elle déjoua même fort habilement les intrigues d'un charcutier qui était soutenu par les prêtres. Charles avait entrevu dans le mariage l'avènement d'une condition meilleure, imaginant qu'il serait plus libre et pourrait disposer de sa personne et de son argent. Mais sa femme fut le maÃtre ; il devait devant le monde dire ceci, ne pas dire cela, faire maigre tous les vendredis, s'habiller comme elle l'entendait, harceler par son ordre les clients qui ne payaient pas. Elle décachetait ses lettres, épiait ses démarches, et l'écoutait, à travers la cloison, donner ses consultations dans son cabinet, quand il y avait des femmes. Il lui fallait son chocolat tous les matins, des égards à n'en plus finir. Elle se plaignait sans cesse de ses nerfs, de sa poitrine, de ses humeurs. Le bruit des pas lui faisait mal ; on s'en allait, la solitude lui devenait odieuse ; revenait-on près d'elle, c'était pour la voir mourir, sans doute. Le soir, quand Charles rentrait, elle sortait de dessous ses draps ses longs bras maigres, les lui passait autour du cou, et, l'ayant fait asseoir au bord du lit, se mettait à lui parler de ses chagrins il l'oubliait, il en aimait une autre ! On lui avait bien dit qu'elle serait malheureuse ; et elle finissait en lui demandant quelque sirop pour sa santé et un peu plus d'amour. II. Une nuit, vers onze heures, ils furent réveillés par le bruit d'un cheval qui s'arrêta juste à la porte. La bonne ouvrit la lucarne du grenier et parlementa quelque temps avec un homme resté en bas, dans la rue. Il venait chercher le médecin ; il avait une lettre. Nastasie descendit les marches en grelottant, et alla ouvrir la serrure et les verrous, l'un après l'autre. L'homme laissa son cheval, et, suivant la bonne, entra tout à coup derrière elle. Il tira de dedans son bonnet de laine à houppes grises, une lettre enveloppée dans un chiffon, et la présenta délicatement à Charles, qui s'accouda sur l'oreiller pour la lire. Nastasie, près du lit, tenait la lumière. Madame, par pudeur, restait tournée vers la ruelle et montrait le dos. Cette lettre, cachetée d'un petit cachet de cire bleue, suppliait M. Bovary de se rendre immédiatement à la ferme des Bertaux, pour remettre une jambe cassée. Or il y a, de Tostes aux Bertaux, six bonnes lieues de traverse, en passant par Longueville et Saint-Victor. La nuit était noire. Madame Bovary jeune redoutait les accidents pour son mari. Donc il fut décidé que le valet d'écurie prendrait les devants. Charles partirait trois heures plus tard, au lever de la lune. On enverrait un gamin à sa rencontre, afin de lui montrer le chemin de la ferme et d'ouvrir les clôtures devant lui. Vers quatre heures du matin, Charles, bien enveloppé dans son manteau, se mit en route pour les Bertaux. Encore endormi par la chaleur du sommeil, il se laissait bercer au trot pacifique de sa bête. Quand elle s'arrêtait d'elle-même devant ces trous entourés d'épines que l'on creuse au bord des sillons, Charles se réveillant en sursaut, se rappelait vite la jambe cassée, et il tâchait de se remettre en mémoire toutes les fractures qu'il savait. La pluie ne tombait plus ; le jour commençait à venir, et, sur les branches des pommiers sans feuilles, des oiseaux se tenaient immobiles, hérissant leurs petites plumes au vent froid du matin. La plate campagne s'étalait à perte de vue, et les bouquets d'arbres autour des fermes faisaient, à intervalles éloignés, des taches d'un violet noir sur cette grande surface grise, qui se perdait à l'horizon dans le ton morne du ciel. Charles, de temps à autre, ouvrait les yeux ; puis, son esprit se fatiguant et le sommeil revenant de soi-même, bientôt il entrait dans une sorte d'assoupissement où, ses sensations récentes se confondant avec des souvenirs, lui-même se percevait double, à la fois étudiant et marié, couché dans son lit comme tout à l'heure, traversant une salle d'opérés comme autrefois. L'odeur chaude des cataplasmes se mêlait dans sa tête à la verte odeur de la rosée ; il entendait rouler sur leur tringle les anneaux de fer des lits et sa femme dormir... Comme il passait par Vassonville, il aperçut, au bord d'un fossé, un jeune garçon assis sur l'herbe. - Etes-vous le médecin ? demanda l'enfant. Et, sur la réponse de Charles, il prit ses sabots à ses mains et se mit à courir devant lui. L'officier de santé, chemin faisant, comprit aux discours de son guide que M. Rouault devait être un cultivateur des plus aisés. Il s'était cassé la jambe, la veille au soir, en revenant de faire les Rois , chez un voisin. Sa femme était morte depuis deux ans. Il n'avait avec lui que sa demoiselle , qui l'aidait à tenir la maison. Les ornières devinrent plus profondes. On approchait des Bertaux. Le petit gars, se coulant alors par un trou de haie, disparut, puis il revint au bout d'une cour en ouvrir la barrière. Le cheval glissait sur l'herbe mouillée ; Charles se baissait pour passer sous les branches. Les chiens de garde à la niche aboyaient en tirant sur leur chaÃne. Quand il entra dans les Bertaux, son cheval eut peur et fit un grand écart. C'était une ferme de bonne apparence. On voyait dans les écuries, par le dessus des portes ouvertes, de gros chevaux de labour qui mangeaient tranquillement dans des râteliers neufs. Le long des bâtiments s'étendait un large fumier, de la buée s'en élevait, et, parmi les poules et les dindons, picoraient dessus cinq ou six paons, luxe des basses-cours cauchoises. La bergerie était longue, la grange était haute, à murs lisses comme la main. Il y avait sous le hangar deux grandes charrettes et quatre charrues, avec leurs fouets, leurs colliers, leurs équipages complets, dont les toisons de laine bleue se salissaient à la poussière fine qui tombait des greniers. La cour allait en montant, plantée d'arbres symétriquement espacés, et le bruit gai d'un troupeau d'oies retentissait près de la mare. Une jeune femme, en robe de mérinos bleu garnie de trois volants, vint sur le seuil de la maison pour recevoir M. Bovary, qu'elle fit entrer dans la cuisine, où flambait un grand feu. Le déjeuner des gens bouillonnait alentour, dans des petits pots de taille inégale. Des vêtements humides séchaient dans l'intérieur de la cheminée. La pelle, les pincettes et le bec du soufflet, tous de proportion colossale, brillaient comme de l'acier poli, tandis que le long des murs s'étendait une abondante batterie de cuisine, où miroitait inégalement la flamme claire du foyer, jointe aux premières lueurs du soleil arrivant par les carreaux. Charles monta, au premier, voir le malade. Il le trouva dans son lit, suant sous ses couvertures et ayant rejeté bien loin son bonnet de coton. C'était un gros petit homme de cinquante ans, à la peau blanche, à l'oeil bleu, chauve sur le devant de la tête, et qui portait des boucles d'oreilles. Il avait à ses côtés, sur une chaise, une grande carafe d'eau-de-vie, dont il se versait de temps à autre pour se donner du coeur au ventre ; mais, dès qu'il vit le médecin, son exaltation tomba, et, au lieu de sacrer comme il faisait depuis douze heures, il se prit à geindre faiblement. La fracture était simple, sans complication d'aucune espèce. Charles n'eût osé en souhaiter de plus facile. Alors, se rappelant les allures de ses maÃtres auprès du lit des blessés, il réconforta le patient avec toutes sortes de bons mots, caresses chirurgicales qui sont comme l'huile dont on graisse les bistouris. Afin d'avoir des attelles, on alla chercher, sous la charretterie, un paquet de lattes. Charles en choisit une, la coupa en morceaux et la polit avec un éclat de vitre, tandis que la servante déchirait des draps pour faire des bandes, et que mademoiselle Emma tâchait de coudre des coussinets. Comme elle fut longtemps avant de trouver son étui, son père s'impatienta ; elle ne répondit rien ; mais, tout en cousant, elle se piquait les doigts, qu'elle portait ensuite à sa bouche pour les sucer. Charles fut surpris de la blancheur de ses ongles. Ils étaient brillants, fins du bout, plus nettoyés que les ivoires de Dieppe, et taillés en amande. Sa main pourtant n'était pas belle, point assez pâle peut-être, et un peu sèche aux phalanges ; elle était trop longue aussi, et sans molles inflexions de lignes sur les contours. Ce qu'elle avait de beau, c'étaient les yeux ; quoiqu'ils fussent bruns, ils semblaient noirs à cause des cils, et son regard arrivait franchement à vous avec une hardiesse candide. Une fois le pansement fait, le médecin fut invité, par M. Rouault lui-même, à prendre un morceau avant de partir. Charles descendit dans la salle, au rez-de-chaussée. Deux couverts, avec des timbales d'argent, y étaient mis sur une petite table, au pied d'un grand lit à baldaquin revêtu d'une indienne à personnages représentant des Turcs. On sentait une odeur d'iris et de draps humides, qui s'échappait de la haute armoire en bois de chêne, faisant face à la fenêtre. Par terre, dans les angles, étaient rangés, debout, des sacs de blé. C'était le trop-plein du grenier proche, où l'on montait par trois marches de pierre. Il y avait, pour décorer l'appartement, accrochée à un clou, au milieu du mur dont la peinture verte s'écaillait sous le salpêtre, une tête de Minerve au crayon noir, encadrée de dorure, et qui portait au bas, écrit en lettres gothiques " A mon cher papa. " On parla d'abord du malade, puis du temps qu'il faisait, des grands froids, des loups qui couraient les champs, la nuit. Mademoiselle Rouault ne s'amusait guère à la campagne, maintenant surtout qu'elle était chargée presque à elle seule des soins de la ferme. Comme la salle était fraÃche, elle grelottait tout en mangeant, ce qui découvrait un peu ses lèvres charnues, qu'elle avait coutume de mordillonner à ses moments de silence. Son cou sortait d'un col blanc, rabattu. Ses cheveux, dont les deux bandeaux noirs semblaient chacun d'un seul morceau, tant ils étaient lisses, étaient séparés sur le milieu de la tête par une raie fine, qui s'enfonçait légèrement selon la courbe du crâne ; et, laissant voir à peine le bout de l'oreille, ils allaient se confondre par derrière en un chignon abondant, avec un mouvement ondé vers les tempes, que le médecin de campagne remarqua là pour la première fois de sa vie. Ses pommettes étaient roses. Elle portait, comme un homme, passé entre deux boutons de son corsage, un lorgnon d'écaille. Quand Charles, après être monté dire adieu au père Rouault, rentra dans la salle avant de partir, il la trouva debout, le front contre la fenêtre, et qui regardait dans le jardin, où les échalas des haricots avaient été renversés par le vent. Elle se retourna. - Cherchez-vous quelque chose ? demanda-t-elle. - Ma cravache, s'il vous plaÃt, répondit-il. Et il se mit à fureter sur le lit, derrière les portes, sous les chaises ; elle était tombée à terre, entre les sacs et la muraille. Mademoiselle Emma l'aperçut ; elle se pencha sur les sacs de blé. Charles, par galanterie, se précipita et, comme il allongeait aussi son bras dans le même mouvement, il sentit sa poitrine effleurer le dos de la jeune fille, courbée sous lui. Elle se redressa toute rouge et le regarda par-dessus l'épaule, en lui tendant son nerf de boeuf. Au lieu de revenir aux Bertaux trois jours après, comme il l'avait promis, c'est le lendemain même qu'il y retourna, puis deux fois la semaine régulièrement, sans compter les visites inattendues qu'il faisait de temps à autre, comme par mégarde. Tout, du reste, alla bien ; la guérison s'établit selon les règles, et quand, au bout de quarante-six jours, on vit le père Rouault qui s'essayait à marcher seul dans sa masure , on commença à considérer M. Bovary comme un homme de grande capacité. Le père Rouault disait qu'il n'aurait pas été mieux guéri par les premiers médecins d'Yvetot ou même de Rouen. Quant à Charles, il ne chercha point à se demander pourquoi il venait aux Bertaux avec plaisir. Y eût-il songé, qu'il aurait sans doute attribué son zèle à la gravité du cas, ou peut-être au profit qu'il en espérait. Etait-ce pour cela, cependant, que ses visites à la ferme faisaient, parmi les pauvres occupations de sa vie, une exception charmante ? Ces jours-là il se levait de bonne heure, partait au galop, poussait sa bête, puis il descendait pour s'essuyer les pieds sur l'herbe, et passait ses gants noirs avant d'entrer. Il aimait à se voir arriver dans la cour, à sentir contre son épaule la barrière qui tournait, et le coq qui chantait sur le mur, les garçons qui venaient à sa rencontre. Il aimait la grange et les écuries ; il aimait le père Rouault, qui lui tapait dans la main en l'appelant son sauveur ; il aimait les petits sabots de mademoiselle Emma sur les dalles lavées de la cuisine ; ses talons hauts la grandissaient un peu, et, quand elle marchait devant lui, les semelles de bois, se relevant vite, claquaient avec un bruit sec contre le cuir de la bottine. Elle le reconduisait toujours jusqu'à la première marche du perron. Lorsqu'on n'avait pas encore amené son cheval, elle restait là . On s'était dit adieu, on ne parlait plus ; le grand air l'entourait, levant pêle-mêle les petits cheveux follets de sa nuque, ou secouant sur sa hanche les cordons de son tablier, qui se tortillaient comme des banderoles. Une fois, par un temps de dégel, l'écorce des arbres suintait dans la cour, la neige sur les couvertures des bâtiments se fondait. Elle était sur le seuil ; elle alla chercher son ombrelle, elle l'ouvrit. L'ombrelle, de soie gorge de pigeon, que traversait le soleil, éclairait de reflets mobiles la peau blanche de sa figure. Elle souriait là -dessous à la chaleur tiède ; et on entendait les gouttes d'eau, une à une, tomber sur la moire tendue. Dans les premiers temps que Charles fréquentait les Bertaux, madame Bovary jeune ne manquait pas de s'informer du malade, et même sur le livre qu'elle tenait en partie double, elle avait choisi pour M. Rouault une belle page blanche. Mais quand elle sut qu'il avait une fille, elle alla aux informations ; et elle apprit que mademoiselle Rouault, élevée au couvent, chez les Ursulines, avait reçu, comme on dit, une belle éducation , qu'elle savait, en conséquence, la danse, la géographie, le dessin, faire de la tapisserie et toucher du piano. Ce fut le comble ! - C'est donc pour cela, se disait-elle, qu'il a la figure si épanouie quand il va la voir, et qu'il met son gilet neuf, au risque de l'abÃmer à la pluie ? Ah ! cette femme ! cette femme !... Et elle la détesta, d'instinct. D'abord, elle se soulagea par des allusions, Charles ne les comprit pas ; ensuite, par des réflexions incidentes qu'il laissait passer de peur de l'orage ; enfin, par des apostrophes à brûle-pourpoint auxquelles il ne savait que répondre. - D'où vient qu'il retournait aux Bertaux, puisque M. Rouault était guéri et que ces gens-là n'avaient pas encore payé ? Ah ! c'est qu'il y avait là -bas une personne , quelqu'un qui savait causer, une brodeuse, un bel esprit. C'était là ce qu'il aimait il lui fallait des demoiselles de ville ! - Et elle reprenait - La fille au père Rouault, une demoiselle de ville ! Allons donc ! leur grand-père était berger, et ils ont un cousin qui a failli passer par les assises pour un mauvais coup, dans une dispute. Ce n'est pas la peine de faire tant de fla-fla, ni de se montrer le dimanche à l'église avec une robe de soie, comme une comtesse. Pauvre bonhomme, d'ailleurs, qui sans les colzas de l'an passé eût été bien embarrassé de payer ses arrérages ! Par lassitude, Charles cessa de retourner aux Bertaux. Héloïse lui avait fait jurer qu'il n'irait plus, la main sur son livre de messe, après beaucoup de sanglots et de baisers, dans une grande explosion d'amour. Il obéit donc ; mais la hardiesse de son désir protesta contre la servilité de sa conduite, et, par une sorte d'hypocrisie naïve, il estima que cette défense de la voir était pour lui comme un droit de l'aimer. Et puis la veuve était maigre ; elle avait les dents longues ; elle portait en toute saison un petit châle noir dont la pointe lui descendait entre les omoplates ; sa taille dure était engainée dans des robes en façon de fourreau, trop courtes, qui découvraient ses chevilles, avec les rubans de ses souliers larges s'entrecroisant sur des bas gris. La mère de Charles venait les voir de temps à autre ; mais, au bout de quelques jours, la bru semblait l'aiguiser à son fil ; et alors, comme deux couteaux, elles étaient à le scarifier par leurs réflexions et leurs observations. Il avait tort de tant manger ! Pourquoi toujours offrir la goutte au premier venu ? Quel entêtement que de ne pas vouloir porter de flanelle ! Il arriva qu'au commencement du printemps, un notaire d'Ingouville, détenteur de fonds à la veuve Dubuc, s'embarqua, par une belle marée, emportant avec lui tout l'argent de son étude. Héloïse, il est vrai, possédait encore, outre une part de bateau évaluée six mille francs, sa maison de la rue Saint-François ; et cependant, de toute cette fortune que l'on avait fait sonner si haut, rien, si ce n'est un peu de mobilier et quelques nippes, n'avait paru dans le ménage. Il fallut tirer la chose au clair. La maison de Dieppe se trouva vermoulue d'hypothèques jusque dans ses pilotis ; ce qu'elle avait mis chez le notaire, Dieu seul le savait, et la part de barque n'excéda point mille écus. Elle avait donc menti, la bonne dame ! Dans son exaspération, M. Bovary père, brisant une chaise contre les pavés, accusa sa femme d'avoir fait le malheur de leur fils en l'attelant à une haridelle semblable, dont les harnais ne valaient pas la peau. Ils vinrent à Tostes. On s'expliqua. Il y eut des scènes. Héloïse, en pleurs, se jetant dans les bras de son mari, le conjura de la défendre de ses parents. Charles voulut parler pour elle. Ceux-ci se choquèrent, et ils partirent. Mais le coup était porté . Huit jours après, comme elle étendait du linge dans sa cour, elle fut prise d'un crachement de sang, et le lendemain, tandis que Charles avait le dos tourné pour fermer le rideau de la fenêtre, elle dit " Ah ! mon Dieu ! " poussa un soupir et s'évanouit. Elle était morte ! Quel étonnement ! Quand tout fut fini au cimetière, Charles rentra chez lui. Il ne trouva personne en bas ; il monta au premier, dans la chambre, vit sa robe encore accrochée au pied de l'alcôve ; alors, s'appuyant contre le secrétaire, il resta jusqu'au soir perdu dans une rêverie douloureuse. Elle l'avait aimé, après tout. III. Un matin, le père Rouault vint apporter à Charles le payement de sa jambe remise soixante et quinze francs en pièces de quarante sous et une dinde. Il avait appris son malheur, et l'en consola tant qu'il put. - Je sais ce que c'est ! disait-il en lui frappant sur l'épaule ; j'ai été comme vous, moi aussi ! Quand j'ai eu perdu ma pauvre défunte, j'allais dans les champs pour être tout seul ; je tombais au pied d'un arbre, je pleurais, j'appelais le bon Dieu, je lui disais des sottises ; j'aurais voulu être comme les taupes, que je voyais aux branches, qui avaient des vers leur grouillant dans le ventre, crevé, enfin. Et quand je pensais que d'autres, à ce moment-là , étaient avec leurs bonnes petites femmes à les tenir embrassées contre eux, je tapais de grands coups par terre avec mon bâton ; j'étais quasiment fou, que je ne mangeais plus ; l'idée d'aller seulement au café me dégoûtait, vous ne croiriez pas. Eh bien, tout doucement, un jour chassant l'autre, un printemps sur un hiver et un automne par-dessus un été, ça a coulé brin à brin, miette à miette ; ça s'en est allé, c'est parti, c'est descendu, je veux dire, car il vous reste toujours quelque chose au fond, comme qui dirait... un poids, là , sur la poitrine ! Mais, puisque c'est notre sort à tous, on ne doit pas non plus se laisser dépérir, et, parce que d'autres sont morts, vouloir mourir... Il faut vous secouer, monsieur Bovary ; ça se passera ! Venez nous voir ; ma fille pense à vous de temps à autre, savez-vous bien, et elle dit comme ça que vous l'oubliez. Voilà le printemps bientôt ; nous vous ferons tirer un lapin dans la garenne, pour vous dissiper un peu. Charles suivit son conseil. Il retourna aux Bertaux ; il retrouva tout comme la veille, comme il y avait cinq mois, c'est-à -dire. Les poiriers déjà étaient en fleur, et le bonhomme Rouault, debout maintenant, allait et venait, ce qui rendait la ferme plus animée. Croyant qu'il était de son devoir de prodiguer au médecin le plus de politesses possible, à cause de sa position douloureuse, il le pria de ne point se découvrir la tête, lui parla à voix basse, comme s'il eût été malade, et même fit semblant de se mettre en colère de ce que l'on n'avait pas apprêté à son intention quelque chose d'un peu plus léger que tout le reste, tels que des petits pots de crème ou des poires cuites. Il conta des histoires. Charles se surprit à rire ; mais le souvenir de sa femme, lui revenant tout à coup, l'assombrit. On apporta le café ; il n'y pensa plus. Il y pensa moins, à mesure qu'il s'habituait à vivre seul. L'agrément nouveau de l'indépendance lui rendit bientôt la solitude plus supportable. Il pouvait changer maintenant les heures de ses repas, rentrer ou sortir sans donner de raisons, et, lorsqu'il était bien fatigué, s'étendre de ses quatre membres, tout en large, dans son lit. Donc, il se choya, se dorlota et accepta les consolations qu'on lui donnait. D'autre part, la mort de sa femme ne l'avait pas mal servi dans son métier, car on avait répété durant un mois " Ce pauvre jeune homme ! quel malheur ! " Son nom s'était répandu, sa clientèle s'était accrue ; et puis il allait aux Bertaux tout à son aise. Il avait un espoir sans but, un bonheur vague ; il se trouvait la figure plus agréable en brossant ses favoris devant son miroir. Il arriva un jour vers trois heures ; tout le monde était aux champs ; il entra dans la cuisine, mais n'aperçut point d'abord Emma, les auvents étaient fermés. Par les fentes du bois, le soleil allongeait sur les pavés de grandes raies minces, qui se brisaient à l'angle des meubles et tremblaient au plafond. Des mouches, sur la table, montaient le long des verres qui avaient servi, et bourdonnaient en se noyant au fond, dans le cidre resté. Le jour qui descendait par la cheminée, veloutant la suie de la plaque, bleuissait un peu les cendres froides. Entre la fenêtre et le foyer, Emma cousait ; elle n'avait point de fichu, on voyait sur ses épaules nues de petites gouttes de sueur. Selon la mode de la campagne, elle lui proposa de boire quelque chose. Il refusa, elle insista, et enfin lui offrit, en riant, de prendre un verre de liqueur avec elle. Elle alla donc chercher dans l'armoire une bouteille de curaçao, atteignit deux petits verres, emplit l'un jusqu'au bord, versa à peine dans l'autre, et, après avoir trinqué, le porta à sa bouche. Comme il était presque vide, elle se renversait pour boire ; et, la tête en arrière, les lèvres avancées, le cou tendu, elle riait de ne rien sentir, tandis que le bout de sa langue, passant entre ses dents fines, léchait à petits coups le fond du verre. Elle se rassit et elle reprit son ouvrage, qui était un bas de coton blanc où elle faisait des reprises ; elle travaillait le front baissé ; elle ne parlait pas, Charles non plus. L'air passant par le dessous de la porte, poussait un peu de poussière sur les dalles ; il la regardait se traÃner, et il entendait seulement le battement intérieur de sa tête, avec le cri d'une poule, au loin, qui pondait dans les cours. Emma, de temps à autre, se rafraÃchissait les joues en y appliquant la paume de ses mains, qu'elle refroidissait après cela sur la pomme de fer des grands chenets. Elle se plaignit d'éprouver, depuis le commencement de la saison, des étourdissements ; elle demanda si les bains de mer lui seraient utiles ; elle se mit à causer du couvent, Charles de son collège, les phrases leur vinrent. Ils montèrent dans sa chambre. Elle lui fit voir ses anciens cahiers de musique, les petits livres qu'on lui avait donnés en prix et les couronnes en feuilles de chêne, abandonnées dans un bas d'armoire. Elle lui parla encore de sa mère, du cimetière, et même lui montra dans le jardin la plate-bande dont elle cueillait les fleurs, tous les premiers vendredis de chaque mois, pour les aller mettre sur sa tombe. Mais le jardinier qu'ils avaient n'y entendait rien ; on était si mal servi ! Elle eût bien voulu, ne fût-ce au moins que pendant l'hiver, habiter la ville, quoique la longueur des beaux jours rendÃt peut-être la campagne plus ennuyeuse encore durant l'été ; - et, selon ce qu'elle disait, sa voix était claire, aiguÃ, ou se couvrant de langueur tout à coup, traÃnait des modulations qui finissaient presque en murmures, quand elle se parlait à elle-même, - tantôt joyeuse, ouvrant des yeux naïfs, puis les paupières à demi closes, le regard noyé d'ennui, la pensée vagabondant. Le soir, en s'en retournant, Charles reprit une à une les phrases qu'elle avait dites, tâchant de se les rappeler, d'en compléter le sens, afin de se faire la portion d'existence qu'elle avait vécue dans le temps qu'il ne la connaissait pas encore. Mais jamais il ne put la voir en sa pensée, différemment qu'il ne l'avait vue la première fois, ou telle qu'il venait de la quitter tout à l'heure. Puis il se demanda ce qu'elle deviendrait, si elle se marierait, et à qui ? hélas ! le père Rouault était bien riche, et elle !... si belle ! Mais la figure d'Emma revenait toujours se placer devant ses yeux, et quelque chose de monotone comme le ronflement d'une toupie bourdonnait à ses oreilles " Si tu te mariais, pourtant ! Si tu te mariais ! " La nuit, il ne dormit pas, sa gorge était serrée, il avait soif ; il se leva pour aller boire à son pot à l'eau et il ouvrit la fenêtre ; le ciel était couvert d'étoiles, un vent chaud passait, au loin des chiens aboyaient. Il tourna la tête du côté des Bertaux. Pensant qu'après tout l'on ne risquait rien, Charles se promit de faire la demande quand l'occasion s'en offrirait ; mais, chaque fois qu'elle s'offrit, la peur de ne point trouver les mots convenables lui collait les lèvres. Le père Rouault n'eût pas été fâché qu'on le débarrassât de sa fille, qui ne lui servait guère dans sa maison. Il l'excusait intérieurement, trouvant qu'elle avait trop d'esprit pour la culture, métier maudit du ciel, puisqu'on n'y voyait jamais de millionnaire. Loin d'y avoir fait fortune, le bonhomme y perdait tous les ans ; car, s'il excellait dans les marchés, où il se plaisait aux ruses du métier, en revanche la culture proprement dite, avec le gouvernement intérieur de la ferme, lui convenait moins qu'à personne. Il ne retirait pas volontiers ses mains de dedans ses poches, et n'épargnait point la dépense pour tout ce qui regardait sa vie, voulant être bien nourri, bien chauffé, bien couché. Il aimait le gros cidre, les gigots saignants, les glorias longuement battus. Il prenait ses repas dans la cuisine, seul, en face du feu, sur une petite table qu'on lui apportait toute service, comme au théâtre. Lorsqu'il s'aperçut donc que Charles avait les pommettes rouges près de sa fille, ce qui signifiait qu'un de ces jours on la lui demanderait en mariage, il rumina d'avance toute l'affaire. Il le trouvait bien un peu gringalet, et ce n'était pas là un gendre comme il l'eût souhaité ; mais on le disait de bonne conduite, économe, fort instruit, et sans doute qu'il ne chicanerait pas trop sur la dot. Or, comme le père Rouault allait être forcé de vendre vingt-deux âcres de son bien , qu'il devait beaucoup au maçon, beaucoup au bourrelier, que l'arbre du pressoir était à remettre - S'il me la demande, se dit-il, je la lui donne. A l'époque de la Saint-Michel, Charles était venu passer trois jours aux Bertaux. La dernière journée s'était écoulée comme les précédentes, à reculer de quart d'heure en quart d'heure. Le père Rouault lui fit la conduite ; ils marchaient dans un chemin creux, ils s'allaient quitter ; c'était le moment. Charles se donna jusqu'au coin de la haie, et enfin, quand on l'eut dépassée - MaÃtre Rouault, murmura-t-il, je voudrais bien vous dire quelque chose. Ils s'arrêtèrent. Charles se taisait. - Mais contez-moi votre histoire ! est-ce que je ne sais pas tout ? dit le père Rouault, en riant doucement. - Père Rouault..., père Rouault..., balbutia Charles. - Moi, je ne demande pas mieux, continua le fermier. Quoique sans doute la petite soit de mon idée, il faut pourtant lui demander son avis. Allez-vous-en donc ; je m'en vais retourner chez nous. Si c'est oui, entendez-moi bien, vous n'aurez pas besoin de revenir, à cause du monde, et, d'ailleurs, ça la saisirait trop. Mais pour que vous ne vous mangiez pas le sang, je pousserai tout grand l'auvent de la fenêtre contre le mur vous pourrez le voir par derrière, en vous penchant sur la haie. Et il s'éloigna. Charles attacha son cheval à un arbre. Il courut se mettre dans le sentier ; il attendit. Une demi-heure se passa, puis il compta dix-neuf minutes à sa montre. Tout à coup un bruit se fit contre le mur ; l'auvent s'était rabattu, la cliquette tremblait encore. Le lendemain, dès neuf heures, il était à la ferme. Emma rougit quand il entra, tout en s'efforçant de rire un peu, par contenance. Le père Rouault embrassa son futur gendre. On remit à causer des arrangements d'intérêt ; on avait, d'ailleurs, du temps devant soi, puisque le mariage ne pouvait décemment avoir lieu avant la fin du deuil de Charles, c'est-à -dire vers le printemps de l'année prochaine. L'hiver se passa cette attente. Mademoiselle Rouault s'occupa de son trousseau. Une partie en fut commandée à Rouen, et elle se confectionna des chemises et des bonnets de nuit, d'après des dessins de modes qu'elle emprunta. Dans les visites que Charles faisait à la ferme, on causait des préparatifs de la noce ; on se demandait dans quel appartement se donnerait le dÃner ; on rêvait à la quantité de plats qu'il faudrait et qu'elles seraient les entrées. Emma eût, au contraire, désiré se marier à minuit, aux flambeaux ; mais le père Rouault ne comprit rien à cette idée. Il y eut donc une noce, où vinrent quarante-trois personnes, où l'on resta seize heures à table, qui recommença le lendemain et quelque peu les jours suivants. IV. Les conviés arrivèrent de bonne heure dans des voitures, carrioles à un cheval, chars à bancs à deux roues, vieux cabriolets sans capote, tapissières à rideaux de cuir, et les jeunes gens des villages les plus voisins dans des charrettes où ils se tenaient debout, en rang, les mains appuyées sur les ridelles pour ne pas tomber, allant au trot et secoués dur. Il en vint de dix lieues loin, de Goderville, de Normanville et de Cany. On avait invité tous les parents des deux familles, on s'était raccommodé avec les amis brouillés, on avait écrit à des connaissances perdues de vue depuis longtemps. De temps à autre, on entendait des coups de fouet derrière la haie ; bientôt la barrière s'ouvrait c'était une carriole qui entrait. Galopant jusqu'à la première marche du perron, elle s'y arrêtait court, et vidait son monde, qui sortait par tous les côtés en se frottant les genoux et en s'étirant les bras. Les dames, en bonnet, avaient des robes à la façon de la ville, des chaÃnes de montre en or, des pèlerines à bouts croisés dans la ceinture, ou de petits fichus de couleur attachés dans le dos avec une épingle, et qui leur découvraient le cou par derrière. Les gamins, vêtus pareillement à leurs papas, semblaient incommodés par leurs habits neufs beaucoup même étrennèrent ce jour-là la première paire de bottes de leur existence , et l'on voyait à côté d'eux, ne soufflant mot dans la robe blanche de sa première communion rallongée pour la circonstance, quelque grande fillette de quatorze ou seize ans, leur cousine ou leur soeur aÃnée sans doute, rougeaude, ahurie, les cheveux gras de pommade à la rose, et ayant bien peur de salir ses gants. Comme il n'y avait point assez de valets d'écurie pour dételer toutes les voitures, les messieurs retroussaient leurs manches et s'y mettaient eux-mêmes. Suivant leur position sociale différente, ils avaient des habits, des redingotes, des vestes, des habits-vestes - bons habits, entourés de toute la considération d'une famille, et qui ne sortaient de l'armoire que pour les solennités ; redingotes à grandes basques flottant au vent, à collet cylindrique, à poches larges comme des sacs ; vestes de gros drap, qui accompagnaient ordinairement quelque casquette cerclée de cuivre à sa visière ; habits-vestes très courts, ayant dans le dos deux boutons rapprochés comme une paire d'yeux, et dont les pans semblaient avoir été coupés à même un seul bloc, par la hache du charpentier. Quelques-uns encore mais ceux-là , bien sûr, devaient dÃner au bas bout de la table portaient des blouses de cérémonie, c'est-à -dire dont le col était rabattu sur les épaules, le dos froncé à petits plis et la taille attachée très bas par une ceinture cousue. Et les chemises sur les poitrines bombaient comme des cuirasses ! Tout le monde était tondu à neuf, les oreilles s'écartaient des têtes, on était rasé de près ; quelques-uns même qui s'étaient levés dès avant l'aube, n'ayant pas vu clair à se faire la barbe, avaient des balafres en diagonale sous le nez, ou, le long des mâchoires, des pelures d'épiderme larges comme des écus de trois francs, et qu'avait enflammées le grand air pendant la route, ce qui marbrait un peu de plaques roses toutes ces grosses faces blanches épanouies. La mairie se trouvant à une demi-lieue de la ferme, on s'y rendit à pied, et l'on revint de même, une fois la cérémonie faite à l'église. Le cortège, d'abord uni comme une seule écharpe de couleur, qui ondulait dans la campagne, le long de l'étroit sentier serpentant entre les blés verts, s'allongea bientôt et se coupa en groupes différents, qui s'attardaient à causer. Le ménétrier allait en tête, avec son violon empanaché de rubans à la coquille ; les mariés venaient ensuite, les parents, les amis tout au hasard, et les enfants restaient derrière, s'amusant à arracher les clochettes des brins d'avoine, ou à se jouer entre eux, sans qu'on les vÃt. La robe d'Emma, trop longue, traÃnait un peu par le bas ; de temps à autre, elle s'arrêtait pour la tirer, et alors délicatement, de ses doigts gantés, elle enlevait les herbes rudes avec les petits dards des chardons, pendant que Charles, les mains vides, attendait qu'elle eût fini. Le père Rouault, un chapeau de soie neuf sur la tête et les parements de son habit noir lui couvrant les mains jusqu'aux ongles, donnait le bras à madame Bovary mère. Quant à M. Bovary père, qui, méprisant au fond tout ce monde-là , était venu simplement avec une redingote à un rang de boutons d'une coupe militaire, il débitait des galanteries d'estaminet à une jeune paysanne blonde. Elle saluait, rougissait, ne savait que répondre. Les autres gens de la noce causaient de leurs affaires ou se faisaient des niches dans le dos, s'excitant d'avance à la gaieté ; et, en y prêtant l'oreille, on entendait toujours le crin-crin du ménétrier qui continuait à jouer dans la campagne. Quand il s'apercevait qu'on était loin derrière lui, il s'arrêtait à reprendre haleine, cirait longuement de colophane son archet, afin que les cordes grinçassent mieux, et puis il se remettait à marcher, abaissant et levant tour à tour le manche de son violon, pour se bien marquer la mesure à lui-même. Le bruit de l'instrument faisait partir de loin les petits oiseaux. C'était sous le hangar de la charretterie que la table était dressée. Il y avait dessus quatre aloyaux, six fricassées de poulets, du veau à la casserole, trois gigots, et, au milieu, un joli cochon de lait rôti, flanqué de quatre endeuilles à l'oseille. Aux angles, se dressait l'eau-de-vie dans des carafes. Le cidre doux en bouteilles poussait sa mousse épaisse autour des bouchons, et tous les verres, d'avance, avaient été remplis de vin jusqu'au bord. De grands plats de crème jaune, qui flottaient d'eux-mêmes au moindre choc de la table, présentaient, dessinés sur leur surface unie, les chiffres des nouveaux époux en arabesques de nonpareille. On avait été chercher un pâtissier à Yvetot, pour les tourtes et les nougats. Comme il débutait dans le pays, il avait soigné les choses ; et il apporta, lui-même, au dessert, une pièce montée qui fit pousser des cris. A la base, d'abord, c'était un carré de carton bleu figurant un temple avec portiques, colonnades et statuettes de stuc tout autour, dans des niches constellées d'étoiles en papier doré ; puis se tenait au second étage un donjon en gâteau de Savoie, entouré de menues fortifications en angélique, amandes, raisins secs, quartiers d'oranges ; et enfin, sur la plate-forme supérieure, qui était une prairie verte où il y avait des rochers avec des lacs de confitures et des bateaux en écales de noisettes, on voyait un petit Amour, se balançant à une escarpolette de chocolat, dont les deux poteaux étaient terminés par deux boutons de rose naturels, en guise de boules, au sommet. Jusqu'au soir, on mangea. Quand on était trop fatigué d'être assis, on allait se promener dans les cours ou jouer une partie de bouchon dans la grange ; puis on revenait à table. Quelques-uns, vers la fin, s'y endormirent et ronflèrent. Mais, au café, tout se ranima ; alors on entama des chansons, on fit des tours de force, on portait des poids, on passait sous son pouce, on essayait à soulever les charrettes sur ses épaules, on disait des gaudrioles, on embrassait les dames. Le soir, pour partir, les chevaux gorgés d'avoine jusqu'aux naseaux, eurent du mal à entrer dans les brancards ; ils ruaient, se cabraient, les harnais se cassaient, leurs maÃtres juraient ou riaient ; et toute la nuit, au clair de la lune, par les routes du pays, il y eut des carrioles emportées qui couraient au grand galop, bondissant dans les saignées, sautant par-dessus les mètres de cailloux, s'accrochant aux talus, avec des femmes qui se penchaient en dehors de la portière pour saisir les guides. Ceux qui restèrent aux Bertaux passèrent la nuit à boire dans la cuisine. Les enfants s'étaient endormis sous les bancs. La mariée avait supplié son père qu'on lui épargnât les plaisanteries d'usage. Cependant, un mareyeur de leurs cousins qui même avait apporté, comme présent de noces, une paire de soles commençait à souffler de l'eau avec sa bouche par le trou de la serrure, quand le père Rouault arriva juste à temps pour l'en empêcher, et lui expliqua que la position grave de son gendre ne permettait pas de telles inconvenances. Le cousin, toutefois, céda difficilement à ces raisons. En dedans de lui-même, il accusa le père Rouault d'être fier, et il alla se joindre dans un coin à quatre ou cinq autres des invités qui, ayant eu par hasard plusieurs fois de suite à table les bas morceaux des viandes, trouvaient aussi qu'on les avait mal reçus, chuchotaient sur le compte de leur hôte et souhaitaient sa ruine à mots couverts. Madame Bovary mère n'avait pas desserré les dents de la journée. On ne l'avait consultée ni sur la toilette de la bru, ni sur l'ordonnance du festin ; elle se retira de bonne heure. Son époux, au lieu de la suivre, envoya chercher des cigares à Saint-Victor et fuma jusqu'au jour, tout en buvant des grogs au kirsch, mélange inconnu à la campagne, et qui fut pour lui comme la source d'une considération plus grande encore. Charles n'était point de complexion facétieuse, il n'avait pas brillé pendant la noce. Il répondit médiocrement aux pointes, calembours, mots à double entente, compliments et paillardises que l'on se fit un devoir de lui décocher dès le potage. Le lendemain, en revanche, il semblait un autre homme. C'est lui plutôt que l'on eût pris pour la vierge de la veille, tandis que la mariée ne laissait rien découvrir où l'on pût deviner quelque chose. Les plus malins ne savaient que répondre, et ils la considéraient, quand elle passait près d'eux, avec des tensions d'esprit démesurées. Mais Charles ne dissimulait rien. Il l'appelait " ma femme " , la tutoyait, s'informait d'elle à chacun, la cherchait partout, et souvent il l'entraÃnait dans les cours, où on l'apercevait de loin, entre les arbres, qui lui passait le bras sous la taille et continuait à marcher à demi penché sur elle, en lui chiffonnant avec sa tête la guimpe de son corsage. Deux jours après la noce, les époux s'en allèrent Charles, à cause de ses malades, ne pouvait s'absenter plus longtemps. Le père Rouault les fit reconduire dans sa carriole et les accompagna lui-même jusqu'à Vassonville. Là , il embrassa sa fille une dernière fois, mit pied à terre et reprit sa route. Lorsqu'il eut fait cent pas environ, il s'arrêta, et, comme il vit la carriole s'éloignant, dont les roues tournaient dans la poussière, il poussa un gros soupir. Puis il se rappela ses noces, son temps d'autrefois, la première grossesse de sa femme ; il était bien joyeux, lui aussi, le jour qu'il l'avait emmenée de chez son père dans sa maison, quand il la portait en croupe en trottant sur la neige ; car on était aux environs de NoÃl et la campagne était toute blanche ; elle le tenait par un bras, à l'autre était accroché son panier ; le vent agitait les longues dentelles de sa coiffure cauchoise, qui lui passaient quelquefois sur la bouche, et, lorsqu'il tournait la tête, il voyait près de lui, sur son épaule, sa petite mine rosée qui souriait silencieusement, sous la plaque d'or de son bonnet. Pour se réchauffer les doigts, elle les lui mettait, de temps en temps, dans la poitrine. Comme c'était vieux tout cela ! Leur fils, à présent, aurait trente ans ! Alors il regarda derrière lui, il n'aperçut rien sur la route. Il se sentit triste comme une maison démeublée ; et, les souvenirs tendres se mêlant aux pensées noires dans sa cervelle obscurcie par les vapeurs de la bombance, il eut bien envie un moment d'aller faire un tour du côté de l'église. Comme il eut peur, cependant, que cette vue ne le rendÃt plus triste encore, il s'en revint tout droit chez lui. M. et madame Charles arrivèrent à Tostes, vers six heures. Les voisins se mirent aux fenêtres pour voir la nouvelle femme de leur médecin. La vieille bonne se présenta, lui fit ses salutations, s'excusa de ce que le dÃner n'était pas prêt, et engagea Madame, en attendant, à prendre connaissance de sa maison. V. La façade de briques était juste à l'alignement de la rue, ou de la route plutôt. Derrière la porte se trouvaient accrochés un manteau à petit collet, une bride, une casquette de cuir noir, et, dans un coin, à terre, une paire de houseaux encore couverts de boue sèche. A droite était la salle, c'est-à -dire l'appartement où l'on mangeait et où l'on se tenait. Un papier jaune-serin, relevé dans le haut par une guirlande de fleurs pâles, tremblait tout entier sur sa toile mal tendue ; et sur l'étroit chambranle de la cheminée resplendissait une pendule à tête d'Hippocrate, entre deux flambeaux d'argent plaqué, sous des globes de forme ovale. De l'autre côté du corridor était le cabinet de Charles, petite pièce de six pas de large environ, avec une table, trois chaises et un fauteuil de bureau. Les tomes du Dictionnaire des sciences médicales , non coupés, mais dont la brochure avait souffert dans toutes les ventes successives par où ils avaient passé, garnissaient presque à eux seuls, les six rayons d'une bibliothèque en bois de sapin. L'odeur des roux pénétrait à travers la muraille, pendant les consultations, de même que l'on entendait de la cuisine, les malades tousser dans le cabinet et débiter toute leur histoire. Venait ensuite, s'ouvrant immédiatement sur la cour, où se trouvait l'écurie, une grande pièce délabrée qui avait un four, et qui servait maintenant de bûcher, de cellier, de garde-magasin, pleine de vieilles ferrailles, de tonneaux vides, d'instruments de culture hors de service, avec quantité d'autres choses poussiéreuses dont il était impossible de deviner l'usage. Le jardin, plus long que large, allait, entre deux murs de bauge couverts d'abricots en espalier, jusqu'à une haie d'épines qui le séparait des champs. Il y avait au milieu un cadran solaire en ardoise, sur un piédestal de maçonnerie ; quatre plates-bandes garnies d'églantiers maigres entouraient symétriquement le carré plus utile des végétations sérieuses. Tout au fond, sous les sapinettes, un curé de plâtre lisait son bréviaire. Emma monta dans les chambres. La première n'était point meublée ; mais la seconde, qui était la chambre conjugale, avait un lit d'acajou dans une alcôve à draperie rouge. Une boÃte en coquillages décorait la commode ; et, sur le secrétaire, près de la fenêtre, il y avait, dans une carafe, un bouquet de fleurs d'oranger, noué par des rubans de satin blanc. C'était un bouquet de mariée, le bouquet de l'autre ! Elle le regarda. Charles s'en aperçut, il le prit et l'alla porter au grenier, tandis qu'assise dans un fauteuil on disposait ses affaires autour d'elle , Emma songeait à son bouquet de mariage, qui était emballé dans un carton, et se demandait, en rêvant, ce qu'on en ferait, si par hasard elle venait à mourir. Elle s'occupa, les premiers jours, à méditer des changements dans sa maison. Elle retira les globes des flambeaux, fit coller des papiers neufs, repeindre l'escalier et faire des bancs dans le jardin, tout autour du cadran solaire ; elle demanda même comment s'y prendre pour avoir un bassin à jet d'eau avec des poissons. Enfin son mari, sachant qu'elle aimait à se promener en voiture, trouva un boc d'occasion, qui, ayant une fois des lanternes neuves et des garde-crotte en cuir piqué, ressembla presque à un tilbury. Il était donc heureux et sans souci de rien au monde. Un repas en tête-à -tête, une promenade le soir sur la grande route, un geste de sa main sur ses bandeaux, la vue de son chapeau de paille rond accroché à l'espagnolette d'une fenêtre, et bien d'autres choses encore où Charles n'avait jamais soupçonné de plaisir, composaient maintenant la continuité de son bonheur. Au lit, le matin, et côte à côte sur l'oreiller, il regardait la lumière du soleil passer parmi le duvet de ses joues blondes, que couvraient à demi les pattes escalopées de son bonnet. Vus de si près, ses yeux lui paraissaient agrandis, surtout quand elle ouvrait plusieurs fois de suite ses paupières en s'éveillant ; noirs à l'ombre et bleu foncé au grand jour, ils avaient comme des couches de couleurs successives, et qui plus épaisses dans le fond, allaient en s'éclaircissant vers la surface de l'émail. Son oeil, à lui, se perdait dans ces profondeurs, et il s'y voyait en petit jusqu'aux épaules, avec le foulard qui le coiffait et le haut de sa chemise entrouvert. Il se levait. Elle se mettait à la fenêtre pour le voir partir ; et elle restait accoudée sur le bord, entre deux pots de géraniums, vêtue de son peignoir, qui était lâche autour d'elle. Charles, dans la rue, bouclait ses éperons sur la borne ; et elle continuait à lui parler d'en haut, tout en arrachant avec sa bouche quelque bribe de fleur ou de verdure qu'elle soufflait vers lui, et qui voltigeant, se soutenant, faisant dans l'air des demi-cercles comme un oiseau, allait, avant de tomber, s'accrocher aux crins mal peignés de la vieille jument blanche, immobile à la porte. Charles, à cheval, lui envoyait un baiser ; elle répondait par un signe, elle refermait la fenêtre, il partait. Et alors, sur la grande route qui étendait sans en finir son long ruban de poussière, par les chemins creux où les arbres se courbaient en berceaux, dans les sentiers dont les blés lui montaient jusqu'aux genoux, avec le soleil sur ses épaules et l'air du matin à ses narines, le coeur plein des félicités de la nuit, l'esprit tranquille, la chair contente, il s'en allait ruminant son bonheur, comme ceux qui mâchent encore, après dÃner, le goût des truffes qu'ils digèrent. Jusqu'à présent, qu'avait-il eu de bon dans l'existence ? Etait-ce son temps de collège, où il restait enfermé entre ces hauts murs, seul au milieu de ses camarades plus riches ou plus forts que lui dans leurs classes, qu'il faisait rire par son accent, qui se moquaient de ses habits, et dont les mères venaient au parloir avec des pâtisseries dans leur manchon ? Etait-ce plus tard, lorsqu'il étudiait la médecine et n'avait jamais la bourse assez ronde pour payer la contredanse à quelque petite ouvrière qui fût devenue sa maÃtresse ? Ensuite il avait vécu pendant quatorze mois avec la veuve, dont les pieds, dans le lit, étaient froids comme des glaçons. Mais, à présent, il possédait pour la vie cette jolie femme qu'il adorait. L'univers, pour lui, n'excédait pas le tour soyeux de son jupon ; et il se reprochait de ne pas l'aimer, il avait envie de la revoir ; il s'en revenait vite, montait l'escalier, le coeur battant. Emma, dans sa chambre, était à faire sa toilette ; il arrivait à pas muets, il la baisait dans le dos, elle poussait un cri. Il ne pouvait se retenir de toucher continuellement à son peigne, à ses bagues, à son fichu ; quelquefois, il lui donnait sur les joues de gros baisers à pleine bouche, ou c'étaient de petits baisers à la file tout le long de son bras nu, depuis le bout des doigts jusqu'à l'épaule ; et elle le repoussait, à demi souriante et ennuyée, comme on fait à un enfant qui se pend après vous. Avant qu'elle se mariât, elle avait cru avoir de l'amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n'étant pas venu, il fallait qu'elle se fût trompée, songea-t-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l'on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d'ivresse , qui lui avaient paru si beaux dans les livres. VI. Elle avait lu Paul et Virginie et elle avait rêvé la maisonnette de bambous, le nègre Domingo, le chien Fidèle, mais surtout l'amitié douce de quelque bon petit frère, qui va chercher pour vous des fruits rouges dans des grands arbres plus hauts que des clochers, ou qui court pieds nus sur le sable, vous apportant un nid d'oiseau. Lorsqu'elle eut treize ans, son père l'amena lui-même à la ville, pour la mettre au couvent. Ils descendirent dans une auberge du quartier Saint-Gervais où ils eurent à leur souper des assiettes peintes qui représentaient l'histoire de mademoiselle de la Vallière. Les explications légendaires, coupées çà et là par l'égratignure des couteaux, glorifiaient toutes la religion, les délicatesses du coeur et les pompes de la Cour. Loin de s'ennuyer au couvent les premiers temps, elle se plut dans la société des bonnes soeurs, qui, pour l'amuser, la conduisaient dans la chapelle, où l'on pénétrait du réfectoire par un long corridor. Elle jouait fort peu durant les récréations, comprenait bien le catéchisme, et c'est elle qui répondait toujours à M. le vicaire dans les questions difficiles. Vivant donc sans jamais sortir de la tiède atmosphère des classes et parmi ces femmes au teint blanc portant des chapelets à croix de cuivre, elle s'assoupit doucement à la langueur mystique qui s'exhale des parfums de l'autel, de la fraÃcheur des bénitiers et du rayonnement des cierges. Au lieu de suivre la messe, elle regardait dans son livre les vignettes pieuses bordées d'azur, et elle aimait la brebis malade, le Sacré-Coeur percé de flèches aiguÃs, où le pauvre Jésus, qui tombe en marchant sur sa croix. Elle essaya, par mortification, de rester tout un jour sans manger. Elle cherchait dans sa tête quelque voeu à accomplir. Quand elle allait à confesse, elle inventait de petits péchés afin de rester là plus longtemps, à genoux dans l'ombre, les mains jointes, le visage à la grille sous le chuchotement du prêtre. Les comparaisons de fiancé, d'époux, d'amant céleste et de mariage éternel qui reviennent dans les sermons lui soulevaient au fond de l'âme des douceurs inattendues. Le soir, avant la prière, on faisait dans l'étude une lecture religieuse. C'était, pendant la semaine, quelque résumé d'Histoire Sainte ou les Conférences, de l'abbé Frayssinous, et, le dimanche, des passages du Génie du Christianisme par récréation. Comme elle écouta, les premières fois, la lamentation sonore des mélancolies romantiques se répétant à tous les échos de la terre et de l'éternité ! Si son enfance se fût écoulée dans l'arrière-boutique d'un quartier marchand, elle se serait peut-être ouverte alors aux envahissements lyriques de la nature, qui, d'ordinaire, ne nous arrivent que par la traduction des écrivains. Mais elle connaissait trop la campagne ; elle savait le bêlement des troupeaux, les laitages, les charrues. Habituée aux aspects calmes, elle se tournait, au contraire, vers les accidentés. Elle n'aimait la mer qu'à cause de ses tempêtes, et la verdure seulement lorsqu'elle était clairsemée parmi les ruines. Il fallait qu'elle pût retirer des choses une sorte de profit personnel ; et elle rejetait comme inutile tout ce qui ne contribuait pas à la consommation immédiate de son coeur, - étant de tempérament plus sentimentale qu'artiste, cherchant des émotions et non des paysages. Il y avait au couvent une vieille fille qui venait tous les mois, pendant huit jours, travailler à la lingerie. Protégée par l'archevêché comme appartenant à une ancienne famille de gentilshommes ruinés sous la Révolution, elle mangeait au réfectoire à la table des bonnes soeurs, et faisait avec elles, après le repas, un petit bout de causette avant de remonter à son ouvrage. Souvent les pensionnaires s'échappaient de l'étude pour l'aller voir. Elle savait par coeur des chansons galantes du siècle passé, qu'elle chantait à demi-voix, tout en poussant son aiguille. Elle contait des histoires, vous apprenait des nouvelles, faisait en ville vos commissions, et prêtait aux grandes, en cachette, quelque roman, qu'elle avait toujours dans les poches de son tablier, et dont la bonne demoiselle elle-même avalait de longs chapitres, dans les intervalles de sa besogne. Ce n'étaient qu'amours, amants, amantes, dames persécutées s'évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu'on tue à tous les relais, chevaux qu'on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles du coeur, serments, sanglots, larmes et baisers nacelles au clair de lune rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l'est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes. Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets de lecture. Avec Walter Scott, plus tard, elle s'éprit de choses historiques, rêva bahuts, salle des gardes et ménestrels. Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir, comme ces châtelaines au long corsage, qui, sous le trèfle des ogives, passaient leurs jours, le coude sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir. Elle eut dans ce temps-là le culte de Marie Stuart, et des vénérations enthousiastes à l'endroit des femmes illustres ou infortunées. Jeanne d'Arc, Héloïse, Agnès Sorel, la belle Ferronnière et Clémence Isaure, pour elle, se détachaient comme des comètes sur l'immensité ténébreuse de l'histoire, où saillissaient encore çà et là , mais plus perdus dans l'ombre et sans aucun rapport entre eux, Saint Louis avec son chêne, Bayard mourant, quelques férocités de Louis XI, un peu de Saint-Barthélemy, le panache du Béarnais, et toujours le souvenir des assiettes peintes où Louis XIV était vanté. A la classe de musique, dans les romances qu'elle chantait, il n'était question que de petits anges aux ailes d'or, de madones, de lagunes, de gondoliers, pacifiques compositions qui lui laissaient entrevoir, à travers la niaiserie du style et les imprudences de la note, l'attirante fantasmagorie des réalités sentimentales. Quelques-unes de ses camarades apportaient au couvent les keepsakes qu'elles avaient reçus en étrennes. Il les fallait cacher, c'était une affaire ; on les lisait au dortoir. Maniant délicatement leurs belles reliures de satin, Emma fixait ses regards éblouis sur le nom des auteurs inconnus qui avaient signé, le plus souvent, comtes ou vicomtes, au bas de leurs pièces. Elle frémissait, en soulevant de son haleine le papier de soie des gravures, qui se levait à demi plié et retombait doucement contre la page. C'était derrière la balustrade d'un balcon, un jeune homme en court manteau qui serrait dans ses bras une jeune fille en robe blanche, portant une aumônière à sa ceinture ; ou bien les portraits anonymes des ladies anglaises à boucles blondes, qui, sous leur chapeau de paille vous regardent avec leurs grands yeux clairs. On en voyait d'étalées dans des voitures, glissant au milieu des parcs, où un lévrier sautait devant l'attelage que conduisaient au trot deux petits postillons en culotte blanche. D'autres, rêvant sur des sofas près d'un billet décacheté, contemplaient la lune, par la fenêtre entrouverte, à demi drapée d'un rideau noir. Les naïves, une larme sur la joue, becquetaient une tourterelle à travers les barreaux d'une cage gothique, ou, souriant la tête sur l'épaule, effeuillaient une marguerite de leurs doigts pointus, retroussés comme des souliers à la poulaine. Et vous y étiez aussi, sultans à longues pipes, pâmés sous des tonnelles, aux bras des bayadères, djiaours, sabres turcs, bonnets grecs, et vous surtout, paysages blafards des contrées dithyrambiques, qui souvent nous montrez à la fois des palmiers, des sapins, des tigres à droite, un lion à gauche, des minarets tartares à l'horizon, au premier plan des ruines romaines, puis des chameaux accroupis ; - le tout encadré d'une forêt vierge bien nettoyée, et avec un grand rayon de soleil perpendiculaire tremblotant dans l'eau, où se détachent en écorchures blanches, sur un fond d'acier gris, de loin en loin, des cygnes qui nagent. Et l'abat-jour du quinquet, accroché dans la muraille au-dessus de la tête d'Emma, éclairait tous ces tableaux du monde, qui passaient devant elle les uns après les autres, dans le silence du dortoir et au bruit lointain de quelque fiacre attardé qui roulait encore sur les boulevards. Quand sa mère mourut, elle pleura beaucoup les premiers jours. Elle se fit faire un tableau funèbre avec les cheveux de la défunte, et, dans une lettre qu'elle envoyait aux Bertaux, toute pleine de réflexions tristes sur la vie, elle demandait qu'on l'ensevelÃt plus tard dans le même tombeau. Le bonhomme la crut malade et vint la voir. Emma fut intérieurement satisfaite de se sentir arrivée du premier coup à ce rare idéal des existences pâles, où ne parviennent jamais les coeurs médiocres. Elle se laissa donc glisser dans les méandres lamartiniens, écouta les harpes sur les lacs, tous les chants de cygnes mourants, toutes les chutes de feuilles, les vierges pures qui montent au ciel, et la voix de l'Eternel discourant dans les vallons. Elle s'en ennuya, n'en voulut point convenir, continua par habitude, ensuite par vanité, et fut enfin surprise de se sentir apaisée, et sans plus de tristesse au coeur que de rides sur son front. Les bonnes religieuses, qui avaient si bien présumé de sa vocation, s'aperçurent avec de grands étonnements que mademoiselle Rouault semblait échapper à leur soin. Elles lui avaient, en effet, tant prodigué les offices, les retraites, les neuvaines et les sermons, si bien prêché le respect que l'on doit aux saints et aux martyrs, et donné tant de bons conseils pour la modestie du corps et le salut de son âme, qu'elle fit comme les chevaux que l'on tire par la bride elle s'arrêta court et le mors lui sortit des dents. Cet esprit, positif au milieu de ses enthousiasmes, qui avait aimé l'église pour ses fleurs, la musique pour les paroles des romances, et la littérature pour ses excitations passionnelles, s'insurgeait devant les mystères de la foi, de même qu'elle s'irritait davantage contre la discipline, qui était quelque chose d'antipathique à sa constitution. Quand son père la retira de pension, on ne fut point fâché de la voir partir. La supérieure trouvait même qu'elle était devenue, dans les derniers temps, peu révérencieuse envers la communauté. Emma, rentrée chez elle, se plut d'abord au commandement des domestiques, prit ensuite la campagne en dégoût et regretta son couvent. Quand Charles vint aux Bertaux pour la première fois, elle se considérait comme fort désillusionnée, n'ayant plus rien à apprendre, ne devant plus rien sentir. Mais l'anxiété d'un état nouveau, ou peut-être l'irritation causée par la présence de cet homme, avait suffi à lui faire croire qu'elle possédait enfin cette passion merveilleuse qui jusqu'alors s'était tenue comme un grand oiseau au plumage rose planant dans la splendeur des ciels poétiques ; - et elle ne pouvait s'imaginer à présent que ce calme où elle vivait fût le bonheur qu'elle avait rêvé. VII. Elle songeait quelquefois que c'étaient là pourtant les plus beaux jours de sa vie, la lune de miel, comme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu, sans doute, s'en aller vers ces pays à noms sonores où les lendemains de mariage ont de plus suaves paresses ! Dans des chaises de poste, sous des stores de soie bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon, qui se répète dans la montagne avec les clochettes des chèvres et le bruit sourd de la cascade. Quand le soleil se couche, on respire au bord des golfes le parfum des citronniers ; puis, le soir, sur la terrasse des villas, seuls et les doigts confondus, on regarde les étoiles en faisant des projets. Il lui semblait que certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur, comme une plante particulière au sol et qui pousse mal tout autre part. Que ne pouvait-elle s'accouder sur le balcon des chalets suisses ou enfermer sa tristesse dans un cottage écossais, avec un mari vêtu d'un habit de velours noir à longues basques, et qui porte des bottes molles, un chapeau pointu et des manchettes ! Peut-être aurait-elle souhaité faire à quelqu'un la confidence de toutes ces choses. Mais comment dire un insaisissable malaise, qui change d'aspect comme les nuées, qui tourbillonne comme le vent ? Les mots lui manquaient donc, l'occasion, la hardiesse. Si Charles l'avait voulu cependant, s'il s'en fût douté, si son regard, une seule fois, fût venu à la rencontre de sa pensée, il lui semblait qu'une abondance subite se serait détachée de son coeur, comme tombe la récolte d'un espalier quand on y porte la main. Mais, à mesure que se serrait davantage l'intimité de leur vie, un détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui. La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d'émotion, de rire ou de rêverie. Il n'avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu'il habitait Rouen, d'aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d'équitation qu'elle avait rencontré dans un roman. Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaÃtre, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystères ? Mais il n'enseignait rien, celui-là , ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur même qu'elle lui donnait. Elle dessinait quelquefois ; et c'était pour Charles un grand amusement que de rester là , tout debout, à la regarder penchée sur son carton, clignant des yeux afin de mieux voir son ouvrage, ou arrondissant, sur son pouce, des boulettes de mie de pain. Quant au piano, plus les doigts y couraient vite, plus il s'émerveillait. Elle frappait sur les touches avec aplomb, et parcourait du haut en bas tout le clavier sans s'interrompre. Ainsi secoué par elle, le vieil instrument, dont les cordes frisaient, s'entendait jusqu'au bout du village si la fenêtre était ouverte, et souvent le clerc de l'huissier qui passait sur la grande route, nu-tête et en chaussons, s'arrêtait à l'écouter, sa feuille de papier à la main. Emma, d'autre part, savait conduire sa maison. Elle envoyait aux malades le compte des visites dans des lettres bien tournées qui ne sentaient pas la facture. Quand ils avaient, le dimanche, quelque voisin à dÃner, elle trouvait moyen d'offrir un plat coquet, s'entendait à poser sur des feuilles de vigne les pyramides de reines-claudes, servait renversés les pots de confitures dans une assiette, et même elle parlait d'acheter des rince-bouche pour le dessert. Il rejaillissait de tout cela beaucoup de considération sur Bovary. Charles finissait par s'estimer davantage de ce qu'il possédait une pareille femme. Il montrait avec orgueil, dans la salle, deux petits croquis d'elle, à la mine de plomb, qu'il avait fait encadrer de cadres très larges et suspendus contre le papier de la muraille à de longs cordons verts. Au sortir de la messe, on le voyait sur sa porte avec de belles pantoufles en tapisserie. Il rentrait tard, à dix heures, minuit quelquefois. Alors il demandait à manger, et, comme la bonne était couchée, c'était Emma qui le servait. Il retirait sa redingote pour dÃner plus à son aise. Il disait les uns après les autres tous les gens qu'il avait rencontrés, les villages où il avait été, les ordonnances qu'il avait écrites, et satisfait de lui-même, il mangeait le reste du miroton, épluchait son fromage, croquait une pomme, vidait sa carafe, puis s'allait mettre au lit, se couchait sur le dos et ronflait. Comme il avait eu longtemps l'habitude du bonnet de coton, son foulard ne lui tenait pas aux oreilles ; aussi ses cheveux, le matin, étaient rabattus pêle-mêle sur sa figure et blanchis par le duvet de son oreiller, dont les cordons se dénouaient pendant la nuit. Il portait toujours de fortes bottes, qui avaient au cou-de-pied deux plis épais obliquant vers les chevilles, tandis que le reste de l'empeigne se continuait en ligne droite, tendu comme par un pied de bois. Il disait que c'était bien assez bon pour la campagne . Sa mère l'approuvait en cette économie ; car elle le venait voir comme autrefois, lorsqu'il y avait eu chez elle quelque bourrasque un peu violente ; et cependant madame Bovary mère semblait prévenue contre sa bru. Elle lui trouvait un genre trop relevé pour leur position de fortune ; le bois, le sucre et la chandelle filaient comme dans une grande maison , et la quantité de braise qui se brûlait à la cuisine aurait suffi pour vingt-cinq plats ! Elle rangeait son linge dans les armoires et lui apprenait à surveiller le boucher quand il apportait la viande. Emma recevait ces leçons ; madame Bovary les prodiguait ; et les mots de ma fille et de ma mère s'échangeaient tout le long du jour, accompagnés d'un petit frémissement des lèvres, chacune lançant des paroles douces d'une voix tremblante de colère. Du temps de madame Dubuc, la vieille femme se sentait encore la préférée ; mais, à présent, l'amour de Charles pour Emma lui semblait une désertion de sa tendresse, un envahissement sur ce qui lui appartenait ; et elle observait le bonheur de son fils avec un silence triste, comme quelqu'un de ruiné qui regarde, à travers les carreaux, des gens attablés dans son ancienne maison. Elle lui rappelait, en manière de souvenirs, ses peines et ses sacrifices, et, les comparant aux négligences d'Emma, concluait qu'il n'était point raisonnable de l'adorer d'une façon si exclusive. Charles ne savait que répondre ; il respectait sa mère, et il aimait infiniment sa femme ; il considérait le jugement de l'une comme infaillible, et cependant il trouvait l'autre irréprochable. Quand madame Bovary était partie, il essayait de hasarder timidement, et dans les mêmes termes, une ou deux des plus anodines observations qu'il avait entendu faire à sa maman ; Emma, lui prouvant d'un mot qu'il se trompait, le renvoyait à ses malades. Cependant, d'après des théories qu'elle croyait bonnes, elle voulut se donner de l'amour. Au clair de lune, dans le jardin, elle récitait tout ce qu'elle savait par coeur de rimes passionnées et lui chantait en soupirant des adagios mélancoliques ; mais elle se trouvait ensuite aussi calme qu'auparavant, et Charles n'en paraissait ni plus amoureux ni plus remué. Quand elle eut ainsi un peu battu le briquet sur son coeur sans en faire jaillir une étincelle, incapable, du reste, de comprendre ce qu'elle n'éprouvait pas, comme de croire à tout ce qui ne se manifestait point par des formes convenues, elle se persuada sans peine que la passion de Charles n'avait plus rien d'exorbitant. Ses expansions étaient devenues régulières ; il l'embrassait à de certaines heures. C'était une habitude parmi les autres, et comme un dessert prévu d'avance, après la monotonie du dÃner. Un garde-chasse, guéri par Monsieur, d'une fluxion de poitrine, avait donné à Madame une petite levrette d'Italie ; elle la prenait pour se promener, car elle sortait quelquefois, afin d'être seule un instant et de n'avoir plus sous les yeux l'éternel jardin avec la route poudreuse. Elle allait jusqu'à la hêtraie de Banneville, prés du pavillon abandonné qui fait l'angle du mur, du côté des champs. Il y a dans le saut-de-loup, parmi les herbes, de longs roseaux à feuilles coupantes. Elle commençait par regarder tout alentour, pour voir si rien n'avait changé depuis la dernière fois qu'elle était venue. Elle retrouvait aux mêmes places les digitales et les ravenelles, les bouquets d'orties entourant les gros cailloux, et les plaques de lichen le long des trois fenêtres, dont les volets toujours clos s'égrenaient de pourriture, sur leurs barres de fer rouillées. Sa pensée, sans but d'abord, vagabondait au hasard, comme sa levrette, qui faisait des cercles dans la campagne, jappait après les papillons jaunes, donnait la chasse aux musaraignes, ou mordillait les coquelicots sur le bord d'une pièce de blé. Puis ses idées peu à peu se fixaient, et, assise sur le gazon, qu'elle fouillait à petits coups avec le bout de son ombrelle, Emma se répétait - Pourquoi, mon Dieu ! me suis-je mariée ? Elle se demandait s'il n'y aurait pas eu moyen, par d'autres combinaisons du hasard, de rencontrer un autre homme ; et elle cherchait à imaginer quels eussent été ces événements non survenus, cette vie différente, ce mari qu'elle ne connaissait pas. Tous, en effet, ne ressemblaient pas à celui-là . Il aurait pu être beau, spirituel, distingué, attirant, tels qu'ils étaient sans doute, ceux qu'avaient épousés ses anciennes camarades du couvent. Que faisaient-elles maintenant ? A la ville, avec le bruit des rues, le bourdonnement des théâtres et les clartés du bal, elles avaient des existences où le coeur se dilate, où les sens s'épanouissent. Mais elle, sa vie était froide comme un grenier dont la lucarne est au nord, et l'ennui, araignée silencieuse, filait sa toile dans l'ombre à tous les coins de son coeur. Elle se rappelait les jours de distribution de prix, où elle montait sur l'estrade pour aller chercher ses petites couronnes. Avec ses cheveux en tresse, sa robe blanche et ses souliers de prunelles découverts, elle avait une façon gentille, et les messieurs, quand elle regagnait sa place, se penchaient pour lui faire des compliments ; la cour était pleine de calèches, on lui disait adieu par les portières, le maÃtre de musique passait en saluant, avec sa boÃte à violon. Comme c'était loin, tout cela ! comme c'était loin ! Elle appelait Djali, la prenait entre ses genoux, passait ses doigts sur sa longue tête fine et lui disait - Allons, baisez maÃtresse, vous qui n'avez pas de chagrins. Puis, considérant la mine mélancolique du svelte animal qui bâillait avec lenteur, elle s'attendrissait, et, le comparant à elle-même, lui parlait tout haut, comme à quelqu'un d'affligé que l'on console. Il arrivait parfois des rafales de vent, brises de la mer qui, roulant d'un bond sur tout le plateau du pays de Caux, apportaient, jusqu'au loin dans les champs, une fraÃcheur salée. Les joncs sifflaient à ras de terre, et les feuilles des hêtres bruissaient en un frisson rapide, tandis que les cimes, se balançant toujours, continuaient leur grand murmure. Emma serrait son châle contre ses épaules et se levait. Dans l'avenue, un jour vert rabattu par le feuillage éclairait la mousse rase qui craquait doucement sous ses pieds. Le soleil se couchait ; le ciel était rouge entre les branches, et les troncs pareils des arbres plantés en ligne droite semblaient une colonnade brune se détachant sur un fond d'or ; une peur la prenait, elle appelait Djali, s'en retournait vite à Tostes par la grande route, s'affaissait dans un fauteuil, et de toute la soirée ne parlait pas. Mais, vers la fin de septembre, quelque chose d'extraordinaire tomba dans sa vie elle fut invitée à la Vaubyessard, chez le marquis d'Andervilliers. Secrétaire d'Etat sous la Restauration, le Marquis, cherchant à rentrer dans la vie politique, préparait de longue main sa candidature à la Chambre des députés. Il faisait, l'hiver, de nombreuses distributions de fagots, et, au Conseil général, réclamait avec exaltation toujours des routes pour son arrondissement. Il avait eu, lors des grandes chaleurs, un abcès dans la bouche, dont Charles l'avait soulagé comme par miracle, en y donnant à point un coup de lancette. L'homme d'affaires, envoyé à Tostes pour payer l'opération, conta, le soir, qu'il avait vu dans le jardinet du médecin des cerises superbes. Or, les cerisiers poussaient mal à la Vaubyessard, M. le Marquis demanda quelques boutures à Bovary, se fit un devoir de l'en remercier lui-même, aperçut Emma, trouva qu'elle avait une jolie taille et qu'elle ne saluait point en paysanne ; si bien qu'on ne crut pas au château outrepasser les bornes de la condescendance, ni d'autre part commettre une maladresse, en invitant le jeune ménage. Un mercredi, à trois heures, M. et madame Bovary, montés dans leur boc , partirent pour la Vaubyessard, avec une grande malle attachée par-derrière et une boÃte à chapeau qui était posée devant le tablier. Charles avait, de plus, un carton entre les jambes. Ils arrivèrent à la nuit tombante, comme on commençait à allumer des lampions dans le parc, afin d'éclairer les voitures. VIII. Le château, de construction moderne, à l'italienne avec deux ailes avançant et trois perrons, se déployait au bas d'une immense pelouse où paissaient quelques vaches, entre des bouquets de grands arbres espacés, tandis que des bannettes d'arbustes, rhododendrons, seringas et boules-de-neige bombaient leurs touffes de verdure inégales sur la ligne courbe du chemin sablé. Une rivière passait sous un pont ; à travers la brume, on distinguait des bâtiments à toit de chaume, éparpillés dans la prairie, que bordaient en pente douce deux coteaux couverts de bois, et par-derrière, dans les massifs, se tenaient, sur deux lignes parallèles, les remises et les écuries, restes conservés de l'ancien château démoli. Le boc de Charles s'arrêta devant le perron du milieu ; des domestiques parurent ; le Marquis s'avança, et, offrant son bras à la femme du médecin, l'introduisit dans le vestibule. Il était pavé de dalles en marbre, très haut, et le bruit des pas, avec celui des voix, y retentissait comme dans une église. En face montait un escalier droit, et à gauche une galerie donnant sur le jardin conduisait à la salle de billard dont on entendait, dès la porte, caramboler les boules d'ivoire. Comme elle la traversait pour aller au salon, Emma vit autour du jeu des hommes à figure grave, le menton posé sur de hautes cravates, décorés tous, et qui souriaient silencieusement, en poussant leur queue. Sur la boiserie sombre du lambris, de grands cadres dorés portaient, au bas de leur bordure, des noms écrits en lettres noires. Elle lut " Jean-Antoine d'Andervilliers d'Yverbonville, comte de la Vaubyessard et baron de la Fresnaye, tué à la bataille de Coutras, le 20 octobre 1587. " Et sur un autre " Jean-Antoine-Henry-Guy d'Andervilliers de la Vaubyessard, amiral de France et chevalier de l'ordre de Saint-Michel, blessé au combat de la Hougue-Saint-Vaast, le 29 mai 1692, mort à la Vaubyessard le 23 janvier 1693. " Puis on distinguait à peine ceux qui suivaient, car la lumière des lampes, rabattue sur le tapis vert du billard, laissait flotter une ombre dans l'appartement. Brunissant les toiles horizontales, elle se brisait contre elles en arêtes fines, selon les craquelures du vernis ; et de tous ces grands carrés noirs brodés d'or sortaient, çà et là , quelque portion plus claire de la peinture, un front pâle, deux yeux qui vous regardaient, des perruques se déroulant sur l'épaule poudrée des habits rouges, ou bien la boucle d'une jarretière au haut d'un mollet rebondi. Le Marquis ouvrit la porte du salon ; une des dames se leva la Marquise elle-même , vint à la rencontre d'Emma et la fit asseoir près d'elle, sur une causeuse, où elle se mit à lui parler amicalement, comme si elle la connaissait depuis longtemps. C'était une femme de la quarantaine environ, à belles épaules, à nez busqué, à la voix traÃnante, et portant, ce soir-là , sur ses cheveux châtains, un simple fichu de guipure qui retombait par-derrière, en triangle. Une jeune personne blonde se tenait à côté, dans une chaise à dossier long ; et des messieurs, qui avaient une petite fleur à la boutonnière de leur habit, causaient avec les dames, tout autour de la cheminée. A sept heures, on servit le dÃner. Les hommes, plus nombreux, s'assirent à la première table, dans le vestibule, et les dames à la seconde, dans la salle à manger, avec le Marquis et la Marquise. Emma se sentit, en entrant, enveloppée par un air chaud, mélange du parfum des fleurs et du beau linge, du fumet des viandes et de l'odeur des truffes. Les bougies des candélabres allongeaient des flammes sur les cloches d'argent ; les cristaux à facettes, couverts d'une buée mate, se renvoyaient des rayons pâles ; des bouquets étaient en ligne sur toute la longueur de la table, et, dans les assiettes à large bordure, les serviettes, arrangées en manière de bonnet d'évêque, tenaient entre le bâillement de leurs deux plis chacune un petit pain de forme ovale. Les pattes rouges des homards dépassaient les plats ; de gros fruits dans des corbeilles à jour s'étageaient sur la mousse ; les cailles avaient leurs plumes, des fumées montaient ; et, en bas de soie, en culotte courte, en cravate blanche, en jabot, grave comme un juge, le maÃtre d'hôtel, passant entre les épaules des convives les plats tout découpés, faisait d'un coup de sa cuiller sauter pour vous le morceau qu'on choisissait. Sur le grand poêle de porcelaine à baguette de cuivre, une statue de femme drapée jusqu'au menton regardait immobile la salle pleine de monde. Madame Bovary remarqua que plusieurs dames n'avaient pas mis leurs gants dans leur verre. Cependant, au haut bout de la table, seul parmi toutes ces femmes, courbé sur son assiette remplie, et la serviette nouée dans le dos comme un enfant, un vieillard mangeait, laissant tomber de sa bouche des gouttes de sauce. Il avait les yeux éraillés et portait une petite queue enroulée d'un ruban noir. C'était le beau-père du marquis, le vieux duc de Laverdière, l'ancien favori du comte d'Artois, dans le temps des parties de chasse au Vaudreuil, chez le marquis de Conflans, et qui avait été, disait-on, l'amant de la reine Marie-Antoinette entre MM. de Coigny et de Lauzun. Il avait mené une vie bruyante de débauches, pleine de duels, de paris, de femmes enlevées, avait dévoré sa fortune et effrayé toute sa famille. Un domestique, derrière sa chaise, lui nommait tout haut, dans l'oreille, les plats qu'il désignait du doigt en bégayant ; et sans cesse les yeux d'Emma revenaient d'eux-mêmes sur ce vieil homme à lèvres pendantes, comme sur quelque chose d'extraordinaire et d'auguste. Il avait vécu à la Cour et couché dans le lit des reines ! On versa du vin de Champagne à la glace. Emma frissonna de toute sa peau en sentant ce froid dans sa bouche. Elle n'avait jamais vu de grenades ni mangé d'ananas. Le sucre en poudre même lui parut plus blanc et plus fin qu'ailleurs. Les dames, ensuite, montèrent dans leurs chambres s'apprêter pour le bal. Emma fit sa toilette avec la conscience méticuleuse d'une actrice à son début. Elle disposa ses cheveux d'après les recommandations du coiffeur, et elle entra dans sa robe de barège, étalée sur le lit. Le pantalon de Charles le serrait au ventre. - Les sous-pieds vont me gêner pour danser, dit-il. - Danser ? reprit Emma. - Oui ! - Mais tu as perdu la tête ! On se moquerait de toi, reste à ta place. D'ailleurs, c'est plus convenable pour un médecin, ajouta-t-elle. Charles se tut. Il marchait de long en large, attendant qu'Emma fût habillée. Il la voyait par-derrière, dans la glace, entre deux flambeaux. Ses yeux noirs semblaient plus noirs. Ses bandeaux, doucement bombés vers les oreilles, luisaient d'un éclat bleu ; une rose à son chignon tremblait sur une tige mobile, avec des gouttes d'eau factices au bout de ses feuilles. Elle avait une robe de safran pâle, relevée par trois bouquets de roses pompon mêlées de verdure. Charles vint l'embrasser sur l'épaule. - Laisse-moi ! dit-elle, tu me chiffonnes. On entendit une ritournelle de violon et les sons d'un cor. Elle descendit l'escalier, se retenant de courir. Les quadrilles étaient commencés. Il arrivait du monde. On se poussait. Elle se plaça près de la porte, sur une banquette. Quand la contredanse fut finie, le parquet resta libre pour les groupes d'hommes causant debout et les domestiques en livrée qui apportaient de grands plateaux. Sur la ligne des femmes assises, les éventails peints s'agitaient, les bouquets cachaient à demi le sourire des visages, et les flacons à bouchons d'or tournaient dans des mains entrouvertes dont les gants blancs marquaient la forme des ongles et serraient la chair au poignet. Les garnitures de dentelles, les broches de diamants, les bracelets à médaillon frissonnaient aux corsages, scintillaient aux poitrines, bruissaient sur les bras nus. Les chevelures, bien collées sur les fronts et tordues à la nuque, avaient, en couronnes, en grappes ou en rameaux, des myosotis, du jasmin, des fleurs de grenadier, des épis ou des bleuets. Pacifiques à leurs places, des mères à figure renfrognée portaient des turbans rouges. Le coeur d'Emma lui battit un peu lorsque, son cavalier la tenant par le bout des doigts, elle vint se mettre en ligne et attendit le coup d'archet pour partir. Mais bientôt l'émotion disparut ; et, se balançant au rythme de l'orchestre, elle glissait en avant, avec des mouvements légers du cou. Un sourire lui montait aux lèvres à certaines délicatesses du violon, qui jouait seul, quelquefois, quand les autres instruments se taisaient ; on entendait le bruit clair des louis d'or qui se versaient à côté, sur le tapis des tables ; puis tout reprenait à la fois, le cornet à pistons lançait un éclat sonore, les pieds retombaient en mesure, les jupes se bouffaient et frôlaient, les mains se donnaient, se quittaient ; les mêmes yeux, s'abaissant devant vous, revenaient se fixer sur les vôtres. Quelques hommes une quinzaine de vingt-cinq à quarante ans, disséminés parmi les danseurs ou causant à l'entrée des portes, se distinguaient de la foule par un air de famille, quelles que fussent leurs différences d'âge, de toilette ou de figure. Leurs habits, mieux faits, semblaient d'un drap plus souple, et leurs cheveux, ramenés en boucles vers les tempes, lustrés par des pommades plus fines. Ils avaient le teint de la richesse, ce teint blanc que rehaussent la pâleur des porcelaines, les moires du satin, le vernis des beaux meubles, et qu'entretient dans sa santé un régime discret de nourritures exquises. Leur cou tournait à l'aise sur des cravates basses ; leurs favoris longs tombaient sur des cols rabattus ; ils s'essuyaient les lèvres à des mouchoirs brodés d'un large chiffre, d'où sortait une odeur suave. Ceux qui commençaient à vieillir avaient l'air jeune, tandis que quelque chose de mûr s'étendait sur le visage des jeunes. Dans leurs regards indifférents flottait la quiétude de passions journellement assouvies ; et, à travers leurs manières douces, perçait cette brutalité particulière que communique la domination de choses à demi faciles, dans lesquelles la force s'exerce et où la vanité s'amuse, le maniement des chevaux de race et la société des femmes perdues. A trois pas d'Emma, un cavalier en habit bleu causait Italie avec une jeune femme pâle, portant une parure de perles. Ils vantaient la grosseur des piliers de Saint-Pierre, Tivoli, le Vésuve, Castellamare et les Cassines, les roses de Gênes, le Colisée au clair de lune. Emma écoutait de son autre oreille une conversation pleine de mots qu'elle ne comprenait pas. On entourait un tout jeune homme qui avait battu, la semaine d'avant, Miss-Arabelle et Romulus , et gagné deux mille louis à sauter un fossé, en Angleterre. L'un se plaignait de ses coureurs qui engraissaient ; un autre, des fautes d'impression qui avaient dénaturé le nom de son cheval. L'air du bal était lourd ; les lampes pâlissaient. On refluait dans la salle de billard. Un domestique monta sur une chaise et cassa deux vitres ; au bruit des éclats de verre, madame Bovary tourna la tête et aperçut dans le jardin, contre les carreaux, des faces de paysans qui regardaient. Alors le souvenir des Bertaux lui arriva. Elle revit la ferme, la mare bourbeuse, son père en blouse sous les pommiers, et elle se revit elle-même, comme autrefois, écrémant avec son doigt les terrines de lait dans la laiterie. Mais, aux fulgurations de l'heure présente, sa vie passée, si nette jusqu'alors, s'évanouissait tout entière, et elle doutait presque de l'avoir vécue. Elle était là ; puis autour du bal, il n'y avait plus que de l'ombre, étalée sur tout le reste. Elle mangeait alors une glace au marasquin, qu'elle tenait de la main gauche dans une coquille de vermeil, et fermait à demi les yeux, la cuiller entre les dents. Une dame, près d'elle, laissa tomber son éventail. Un danseur passait. - Que vous seriez bon, monsieur, dit la dame, de vouloir bien ramasser mon éventail, qui est derrière ce canapé ! Le monsieur s'inclina, et, pendant qu'il faisait le mouvement d'étendre son bras, Emma vit la main de la jeune dame qui jetait dans son chapeau quelque chose de blanc, plié en triangle. Le monsieur, ramenant l'éventail, l'offrit à la dame, respectueusement ; elle le remercia d'un signe de tête et se mit à respirer son bouquet. Après le souper, où il y eut beaucoup de vins d'Espagne et de vins du Rhin, des potages à la bisque et au lait d'amandes, des puddings à la Trafalgar et toutes sortes de viandes froides avec des gelées alentour qui tremblaient dans les plats, les voitures, les unes après les autres, commencèrent à s'en aller. En écartant du coin le rideau de mousseline, on voyait glisser dans l'ombre la lumière de leurs lanternes. Les banquettes s'éclaircirent ; quelques joueurs restaient encore ; les musiciens rafraÃchissaient, sur leur langue, le bout de leurs doigts ; Charles dormait à demi, le dos appuyé contre une porte. A trois heures du matin, le cotillon commença. Emma ne savait pas valser. Tout le monde valsait, mademoiselle d'Andervilliers elle-même et la marquise ; il n'y avait plus que les hôtes du château, une douzaine de personnes à peu près. Cependant, un des valseurs, qu'on appelait familièrement vicomte , et dont le gilet très ouvert semblait moulé sur sa poitrine, vint une seconde fois encore inviter madame Bovary, l'assurant qu'il la guiderait et qu'elle s'en tirerait bien. Ils commencèrent lentement, puis allèrent plus vite. Ils tournaient tout tournait autour d'eux, les lampes, les meubles, les lambris, et le parquet, comme un disque sur un pivot. En passant auprès des portes, la robe d'Emma, par le bas, s'éraflait au pantalon ; leurs jambes entraient l'une dans l'autre ; il baissait ses regards vers elle, elle levait les siens vers lui ; une torpeur la prenait, elle s'arrêta. Ils repartirent ; et, d'un mouvement plus rapide, le vicomte, l'entraÃnant, disparut avec elle jusqu'au bout de la galerie, où, haletante, elle faillit tomber, et, un instant, s'appuya la tête sur sa poitrine. Et puis, tournant toujours, mais plus doucement, il la reconduisit à sa place ; elle se renversa contre la muraille et mit la main devant ses yeux. Quand elle les rouvrit, au milieu du salon, une dame assise sur un tabouret avait devant elle trois valseurs agenouillés. Elle choisit le Vicomte, et le violon recommença. On les regardait. Ils passaient et revenaient, elle immobile du corps et le menton baissé, et lui toujours dans sa même pose, la taille cambrée, le coude arrondi, la bouche en avant. Elle savait valser, celle-là ! Ils continuèrent longtemps et fatiguèrent tous les autres. On causa quelques minutes encore, et, après les adieux ou plutôt le bonjour, les hôtes du château s'allèrent coucher. Charles se traÃnait à la rampe, les genoux lui rentraient dans le corps . Il avait passé cinq heures de suite, tout debout devant les tables, à regarder jouer au whist sans y rien comprendre. Aussi poussa-t-il un grand soupir de satisfaction lorsqu'il eut retiré ses bottes. Emma mit un châle sur ses épaules, ouvrit la fenêtre et s'accouda. La nuit était noire. Quelques gouttes de pluie tombaient. Elle aspira le vent humide qui lui rafraÃchissait les paupières. La musique du bal bourdonnait encore à ses oreilles, et elle faisait des efforts pour se tenir éveillée, afin de prolonger l'illusion de cette vie luxueuse qu'il lui faudrait tout à l'heure abandonner. Le petit jour parut. Elle regarda les fenêtres du château, longuement, tâchant de deviner quelles étaient les chambres de tous ceux qu'elle avait remarqués la veille. Elle aurait voulu savoir leurs existences, y pénétrer, s'y confondre. Mais elle grelottait de froid. Elle se déshabilla et se blottit entre les draps, contre Charles qui dormait. Il y eut beaucoup de monde au déjeuner. Le repas dura dix minutes ; on ne servit aucune liqueur, ce qui étonna le médecin. Ensuite mademoiselle d'Andervilliers ramassa des morceaux de brioche dans une bannette, pour les porter aux cygnes sur la pièce d'eau, et on s'alla promener dans la serre chaude, où des plantes bizarres, hérissées de poils, s'étageaient en pyramides sous des vases suspendus, qui, pareils à des nids de serpents trop pleins, laissaient retomber, de leurs bords, de longs cordons verts entrelacés. L'orangerie, que l'on trouvait au bout, menait à couvert jusqu'aux communs du château. Le Marquis, pour amuser la jeune femme, la mena voir les écuries. Au-dessus des râteliers en forme de corbeille, des plaques de porcelaine portaient en noir le nom des chevaux. Chaque bête s'agitait dans sa stalle, quand on passait près d'elle, en claquant de la langue. Le plancher de la sellerie luisait à l'oeil comme le parquet d'un salon. Les harnais de voiture étaient dressés dans le milieu sur deux colonnes tournantes, et les mors, les fouets, les étriers, les gourmettes rangés en ligne tout le long de la muraille. Charles, cependant, alla prier un domestique d'atteler son boc . On l'amena devant le perron, et, tous les paquets y étant fourrés, les époux Bovary firent leurs politesses au Marquis et à la Marquise, et repartirent pour Tostes. Emma, silencieuse, regardait tourner les roues. Charles, posé sur le bord extrême de la banquette, conduisait les deux bras écartés, et le petit cheval trottait l'amble dans les brancards, qui étaient trop larges pour lui. Les guides molles battaient sur sa croupe en s'y trempant d'écume, et la boÃte ficelée derrière le boc donnait contre la caisse de grands coups réguliers. Ils étaient sur les hauteurs de Thibourville, lorsque devant eux, tout à coup, des cavaliers passèrent en riant, avec des cigares à la bouche. Emma crut reconnaÃtre le Vicomte ; elle se détourna, et n'aperçut à l'horizon que le mouvement des têtes s'abaissant et montant, selon la cadence inégale du trot ou du galop. Un quart de lieue plus loin, il fallut s'arrêter pour raccommoder, avec de la corde, le reculement qui était rompu. Mais Charles, donnant au harnais un dernier coup d'oeil, vit quelque chose par terre, entre les jambes de son cheval ; et il ramassa un porte-cigares tout bordé de soie verte et blasonné à son milieu comme la portière d'un carrosse. - Il y a même deux cigares dedans, dit-il ; ce sera pour ce soir, après dÃner. - Tu fumes donc ? demanda-t-elle. - Quelquefois, quand l'occasion se présente. Il mit sa trouvaille dans sa poche et fouetta le bidet. Quand ils arrivèrent chez eux, le dÃner n'était point prêt. Madame s'emporta. Nastasie répondit insolemment. - Partez ! dit Emma. - C'est se moquer, je vous chasse. Il y avait pour dÃner de la soupe à l'oignon, avec un morceau de veau à l'oseille. Charles, assis devant Emma, dit en se frottant les mains d'un air heureux - Cela fait plaisir de se retrouver chez soi ! On entendait Nastasie qui pleurait. Il aimait un peu cette pauvre fille. Elle lui avait, autrefois, tenu société pendant bien des soirs, dans les désoeuvrements de son veuvage. C'était sa première pratique, sa plus ancienne connaissance du pays. - Est-ce que tu l'as renvoyée pour tout de bon ? dit-il enfin. - Oui. Qui m'en empêche ? répondit-elle. Puis ils se chauffèrent dans la cuisine, pendant qu'on apprêtait leur chambre. Charles se mit à fumer. Il fumait en avançant les lèvres, crachant à toute minute, se reculant à chaque bouffée. - Tu vas te faire mal, dit-elle dédaigneusement. Il déposa son cigare, et courut avaler, à la pompe, un verre d'eau froide. Emma, saisissant le porte-cigares, le jeta vivement au fond de l'armoire. La journée fut longue, le lendemain ! Elle se promena dans son jardinet, passant et revenant par les mêmes allées, s'arrêtant devant les plates-bandes, devant l'espalier, devant le curé de plâtre, considérant avec ébahissement toutes ces choses d'autrefois qu'elle connaissait si bien. Comme le bal déjà lui semblait loin ! Qui donc écartait, à tant de distance, le matin d'avant-hier et le soir d'aujourd'hui ? Son voyage à la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, à la manière de ces grandes crevasses qu'un orage, en une seule nuit, creuse quelquefois dans les montagnes. Elle se résigna pourtant ; elle serra pieusement dans la commode sa belle toilette et jusqu'à ses souliers de satin, dont la semelle s'était jaunie à la cire glissante du parquet. Son coeur était comme eux au frottement de la richesse, il s'était placé dessus quelque chose qui ne s'effacerait pas. Ce fut donc une occupation pour Emma que le souvenir de ce bal. Toutes les fois que revenait le mercredi, elle se disait en s'éveillant Ah ! il y a huit jours... il y a quinze jours..., il y a trois semaines, j'y étais ! Et peu à peu, les physionomies se confondirent dans sa mémoire, elle oublia l'air des contredanses, elle ne vit plus si nettement les livrées et les appartements ; quelques détails s'en allèrent, mais le regret lui resta. IX. Souvent, lorsque Charles était sorti, elle allait prendre dans l'armoire, entre les plis du linge où elle l'avait laissé, le porte-cigares en soie verte. Elle le regardait, l'ouvrait, et même elle flairait l'odeur de sa doublure, mêlée de verveine et de tabac. A qui appartenait-il ?... Au Vicomte. C'était peut-être un cadeau de sa maÃtresse. On avait brodé cela sur quelque métier de palissandre, meuble mignon que l'on cachait à tous les yeux, qui avait occupé bien des heures et où s'étaient penchées les boucles molles de la travailleuse pensive. Un souffle d'amour avait passé parmi les mailles du canevas ; chaque coup d'aiguille avait fixé là une espérance ou un souvenir, et tous ces fils de soie entrelacés n'étaient que la continuité de la même passion silencieuse. Et puis le Vicomte, un matin, l'avait emporté avec lui. De quoi avait-on parlé, lorsqu'il restait sur les cheminées à large chambranle, entre les vases de fleurs et les pendules Pompadour ? Elle était à Tostes. Lui, il était à Paris, maintenant ; là -bas ! Comment était ce Paris ? Quel nom démesuré ! Elle se le répétait à demi-voix, pour se faire plaisir ; il sonnait à ses oreilles comme un bourdon de cathédrale, il flamboyait à ses yeux jusque sur l'étiquette de ses pots de pommade. La nuit, quand les mareyeurs, dans leurs charrettes, passaient sous ses fenêtres en chantant La Marjolaine , elle s'éveillait ; et écoutant le bruit des roues ferrées, qui, à la sortie du pays, s'amortissait vite sur la terre - Ils y seront demain ! se disait-elle. Et elle les suivait dans sa pensée, montant et descendant les côtes, traversant les villages, filant sur la grande route à la clarté des étoiles. Au bout d'une distance indéterminée, il se trouvait toujours une place confuse où expirait son rêve. Elle s'acheta un plan de Paris, et, du bout de son doigt, sur la carte, elle faisait des courses dans la capitale. Elle remontait les boulevards, s'arrêtant à chaque angle, entre les lignes des rues, devant les carrés blancs qui figurent les maisons. Les yeux fatigués à la fin, elle fermait ses paupières, et elle voyait dans les ténèbres se tordre au vent des becs de gaz, avec des marche-pieds de calèches, qui se déployaient à grand fracas devant le péristyle des théâtres. Elle s'abonna à la Corbeille , journal des femmes, et au Sylphe des salons . Elle dévorait, sans en rien passer, tous les comptes rendus de premières représentations, de courses et de soirées, s'intéressait au début d'une chanteuse, à l'ouverture d'un magasin. Elle savait les modes nouvelles, l'adresse des bons tailleurs, les jours de Bois ou d'Opéra. Elle étudia, dans Eugène Sue, des descriptions d'ameublements ; elle lut Balzac et George Sand, y cherchant des assouvissements imaginaires pour ses convoitises personnelles. A table même, elle apportait son livre, et elle tournait les feuillets, pendant que Charles mangeait en lui parlant. Le souvenir du Vicomte revenait toujours dans ses lectures. Entre lui et les personnages inventés, elle établissait des rapprochements. Mais le cercle dont il était le centre peu à peu s'élargit autour de lui, et cette auréole qu'il avait, s'écartant de sa figure, s'étala plus au loin, pour illuminer d'autres rêves. Paris, plus vague que l'Océan, miroitait donc aux yeux d'Emma dans une atmosphère vermeille. La vie nombreuse qui s'agitait en ce tumulte y était cependant divisée par parties, classée en tableaux distincts. Emma n'en apercevait que deux ou trois qui lui cachaient tous les autres, et représentaient à eux seuls l'humanité complète. Le monde des ambassadeurs marchait sur des parquets luisants, dans des salons lambrissés de miroirs, autour de tables ovales couvertes d'un tapis de velours à crépines d'or. Il y avait là des robes à queue, de grands mystères, des angoisses dissimulées sous des sourires. Venait ensuite la société des duchesses ; on y était pâle ; on se levait à quatre heures ; les femmes, pauvres anges ! portaient du point d'Angleterre au bas de leur jupon, et les hommes, capacités méconnues sous des dehors futiles, crevaient leurs chevaux par partie de plaisir, allaient passer à Bade la saison d'été, et, vers la quarantaine enfin, épousaient des héritières. Dans les cabinets de restaurants où l'on soupe après minuit riait, à la clarté des bougies, la foule bigarrée des gens de lettres et des actrices. Ils étaient, ceux-là , prodigues comme des rois, pleins d'ambitions idéales et de délires fantastiques. C'était une existence au-dessus des autres, entre ciel et terre, dans les orages, quelque chose de sublime. Quant au reste du monde, il était perdu, sans place précise, et comme n'existant pas. Plus les choses, d'ailleurs, étaient voisines, plus sa pensée s'en détournait. Tout ce qui l'entourait immédiatement, campagne ennuyeuse, petits bourgeois imbéciles, médiocrité de l'existence, lui semblait une exception dans le monde, un hasard particulier où elle se trouvait prise, tandis qu'au-delà s'étendait à perte de vue l'immense pays des félicités et des passions. Elle confondait, dans son désir, les sensualités du luxe avec les joies du coeur, l'élégance des habitudes et les délicatesses du sentiment. Ne fallait-il pas à l'amour, comme aux plantes indiennes, des terrains préparés, une température particulière ? Les soupirs au clair de lune, les longues étreintes, les larmes qui coulent sur les mains qu'on abandonne, toutes les fièvres de la chair et les langueurs de la tendresse ne se séparaient donc pas du balcon des grands châteaux qui sont pleins de loisirs, d'un boudoir à stores de soie avec un tapis bien épais, des jardinières remplies, un lit monté sur une estrade, ni du scintillement des pierres précieuses et des aiguillettes de la livrée. Le garçon de la poste, qui, chaque matin, venait panser la jument, traversait le corridor avec ses gros sabots ; sa blouse avait des trous, ses pieds étaient nus dans des chaussons. C'était là le groom en culotte courte dont il fallait se contenter ! Quand son ouvrage était fini, il ne revenait plus de la journée ; car Charles, en rentrant, mettait lui-même son cheval à l'écurie, retirait la selle et passait le licou, pendant que la bonne apportait une botte de paille et la jetait, comme elle le pouvait, dans la mangeoire. Pour remplacer Nastasie qui enfin partit de Tostes, en versant des ruisseaux de larmes , Emma prit à son service une jeune fille de quatorze ans, orpheline et de physionomie douce. Elle lui interdit les bonnets de coton, lui apprit qu'il fallait vous parler à la troisième personne, apporter un verre d'eau dans une assiette, frapper aux portes avant d'entrer, et à repasser, à empeser, à l'habiller, voulut en faire sa femme de chambre. La nouvelle bonne obéissait sans murmure pour n'être point renvoyée ; et, comme Madame, d'habitude, laissait la clef au buffet, Félicité, chaque soir prenait une petite provision de sucre qu'elle mangeait toute seule, dans son lit, après avoir fait sa prière. L'après-midi, quelquefois, elle allait causer en face avec les postillons. Madame se tenait en haut, dans son appartement. Elle portait une robe de chambre tout ouverte, qui laissait voir, entre les revers à châle du corsage, une chemisette plissée avec trois boutons d'or. Sa ceinture était une cordelière à gros glands, et ses petites pantoufles de couleur grenat avaient une touffe de rubans larges, qui s'étalait sur le couvre-pied. Elle s'était acheté un buvard, une papeterie, un porte-plume et des enveloppes, quoiqu'elle n'eût personne à qui écrire ; elle époussetait son étagère, se regardait dans la glace, prenait un livre, puis, rêvant entre les lignes, le laissait tomber sur ses genoux. Elle avait envie de faire des voyages ou de retourner vivre à son couvent. Elle souhaitait à la fois mourir et habiter Paris. Charles, à la neige à la pluie, chevauchait par les chemins de traverse. Il mangeait des omelettes sur la table des fermes, entrait son bras dans des lits humides, recevait au visage le jet tiède des saignées, écoutait des râles, examinait des cuvettes, retroussait bien du linge sale ; mais il trouvait, tous les soirs, un feu flambant, la table servie, des meubles souples, et une femme en toilette fine, charmante et sentant frais, à ne savoir même d'où venait cette odeur, ou si ce n'était pas sa peau qui parfumait sa chemise. Elle le charmait par quantité de délicatesses c'était tantôt une manière nouvelle de façonner pour les bougies des bobèches de papier, un volant qu'elle changeait à sa robe, ou le nom extraordinaire d'un mets bien simple, et que la bonne avait manqué, mais que Charles, jusqu'au bout, avalait avec plaisir. Elle vit à Rouen des dames qui portaient à leur montre un paquet de breloques ; elle acheta des breloques. Elle voulut sur sa cheminée deux grands vases de verre bleu, et, quelque temps après, un nécessaire d'ivoire, avec un dé de vermeil. Moins Charles comprenait ces élégances, plus il en subissait la séduction. Elles ajoutaient quelque chose au plaisir de ses sens et à la douceur de son foyer. C'était comme une poussière d'or qui sablait tout du long le petit sentier de sa vie. Il se portait bien, il avait bonne mine ; sa réputation était établie tout à fait. Les campagnards le chérissaient parce qu'il n'était pas fier. Il caressait les enfants, n'entrait jamais au cabaret, et, d'ailleurs, inspirait de la confiance par sa moralité. Il réussissait particulièrement dans les catarrhes et maladies de poitrine. Craignant beaucoup de tuer son monde, Charles, en effet, n'ordonnait guère que des potions calmantes, de temps à autre de l'émétique, un bain de pieds ou des sangsues. Ce n'est pas que la chirurgie lui fit peur ; il vous saignait les gens largement, comme des chevaux, et il avait pour l'extraction des dents une poigne d'enfer . Enfin, pour se tenir au courant , il prit un abonnement à la Ruche médicale , journal nouveau dont il avait reçu le prospectus. Il en lisait un peu après son dÃner ; mais la chaleur de l'appartement, jointe à la digestion, faisait qu'au bout de cinq minutes il s'endormait ; et il restait là , le menton sur ses deux mains, et les cheveux étalés comme une crinière jusqu'au pied de la lampe. Emma le regardait en haussant les épaules. Que n'avait-elle, au moins, pour mari un de ces hommes d'ardeurs taciturnes qui travaillent la nuit dans les livres, et portent enfin, à soixante ans, quand vient l'âge des rhumatismes, une brochette de croix, sur leur habit noir, mal fait. Elle aurait voulu que ce nom de Bovary, qui était le sien, fût illustre, le voir étalé chez les libraires, répété dans les journaux, connu par toute la France. Mais Charles n'avait point d'ambition Un médecin d'Yvetot, avec qui dernièrement il s'était trouvé en consultation, l'avait humilié quelque peu, au lit même du malade, devant les parents assemblés. Quand Charles lui raconta, le soir, cette anecdote, Emma s'emporta bien haut contre le confrère. Charles en fut attendri. Il la baisa au front avec une larme. Mais elle était exaspérée de honte, elle avait envie de le battre, elle alla dans le corridor ouvrir la fenêtre et huma l'air frais pour se calmer. - Quel pauvre homme ! quel pauvre homme ! disait-elle tout bas, en se mordant les lèvres. Elle se sentait, d'ailleurs, plus irritée de lui. Il prenait, avec l'âge, des allures épaisses ; il coupait, au dessert, le bouchon des bouteilles vides ; il se passait, après manger, la langue sur les dents ; il faisait, en avalant sa soupe, un gloussement à chaque gorgée, et, comme il commençait d'engraisser, ses yeux, déjà petits, semblaient remontés vers les tempes par la bouffissure de ses pommettes. Emma, quelquefois, lui rentrait dans son gilet la bordure rouge de ses tricots, rajustait sa cravate, ou jetait à l'écart les gants déteints qu'il se disposait à passer ; et ce n'était pas, comme il croyait, pour lui ; c'était pour elle-même, par expansion d'égoïsme, agacement nerveux. Quelquefois aussi, elle lui parlait des choses qu'elle avait lues, comme d'un passage de roman, d'une pièce nouvelle, ou de l'anecdote du grand monde que l'on racontait dans le feuilleton ; car, enfin, Charles était quelqu'un, une oreille toujours ouverte, une approbation toujours prête. Elle faisait bien des confidences à sa levrette ! Elle en eût fait aux bûches de la cheminée et au balancier de la pendule. Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement. Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l'horizon. Elle ne savait pas quel serait ce hasard, le vent qui le pousserait jusqu'à elle, vers quel rivage il la mènerait, s'il était chaloupe ou vaisseau à trois ponts, chargé d'angoisses ou plein de félicités jusqu'aux sabords. Mais, chaque matin, à son réveil, elle l'espérait pour la journée, et elle écoutait tous les bruits, se levait en sursaut, s'étonnait qu'il ne vÃnt pas ; puis, au coucher du soleil, toujours plus triste, désirait être au lendemain. Le printemps reparut. Elle eut des étouffements aux premières chaleurs, quand les poiriers fleurirent. Dès le commencement de juillet, elle compta sur ses doigts combien de semaines lui restaient pour arriver au mois d'octobre, pensant que le marquis d'Andervilliers, peut-être, donnerait encore un bal à la Vaubyessard. Mais tout septembre s'écoula sans lettres ni visites. Après l'ennui de cette déception, son coeur de nouveau resta vide, et alors la série des mêmes journées recommença. Elles allaient donc maintenant se suivre ainsi à la file, toujours pareilles, innombrables, et n'apportant rien ! Les autres existences, si plates qu'elles fussent, avaient du moins la chance d'un événement. Une aventure amenait parfois des péripéties à l'infini, et le décor changeait. Mais, pour elle, rien n'arrivait, Dieu l'avait voulu ! L'avenir était un corridor tout noir, et qui avait au fond sa porte bien fermée. Elle abandonna la musique. Pourquoi jouer ? qui l'entendrait ? Puisqu'elle ne pourrait jamais, en robe de velours à manches courtes, sur un piano d'Erard, dans un concert, battant de ses doigts légers les touches d'ivoire, sentir, comme une brise, circuler autour d'elle un murmure d'extase, ce n'était pas la peine de s'ennuyer à étudier. Elle laissa dans l'armoire ses cartons à dessin et la tapisserie. A quoi bon ? à quoi bon ? La couture l'irritait. - J'ai tout lu, se disait-elle. Et elle restait à faire rougir les pincettes, ou regardant la pluie tomber. Comme elle était triste le dimanche, quand on sonnait les vêpres ! Elle écoutait, dans un hébétement attentif, tinter un à un les coups fêlés de la cloche. Quelque chat sur les toits, marchant lentement, bombait son dos aux rayons pâles du soleil. Le vent, sur la grande route, soufflait des traÃnées de poussières. Au loin, parfois, un chien hurlait et la cloche, à temps égaux, continuait sa sonnerie monotone qui se perdait dans la campagne. Cependant on sortait de l'église. Les femmes en sabots cirés, les paysans en blouse neuve, les petits enfants qui sautillaient nu-tête devant eux, tout rentrait chez soi. Et, jusqu'à la nuit, cinq ou six hommes, toujours les mêmes, restaient à jouer au bouchon, devant la grande porte de l'auberge. L'hiver fut froid. Les carreaux, chaque matin, étaient chargés de givre, et la lumière, blanchâtre à travers eux, comme par des verres dépolis, quelquefois ne variait pas de la journée. Dès quatre heures du soir, il fallait allumer la lampe. Les jours qu'il faisait beau, elle descendait dans le jardin. La rosée avait laissé sur les choux des guipures d'argent avec de longs fils clairs qui s'étendaient de l'un à l'autre. On n'entendait pas d'oiseaux, tout semblait dormir, l'espalier couvert de paille et la vigne comme un grand serpent malade sous le chaperon du mur, où l'on voyait, en s'approchant, se traÃner des cloportes à pattes nombreuses. Dans les sapinettes, près de la haie, le curé en tricorne qui lisait son bréviaire avait perdu le pied droit et même le plâtre, s'écaillant à la gelée, avait fait des gales blanches sur sa figure. Puis elle remontait, fermait la porte, étalait les charbons, et, défaillant à la chaleur du foyer, sentait l'ennui plus lourd qui retombait sur elle. Elle serait bien descendue causer avec la bonne, mais une pudeur la retenait. Tous les jours, à la même heure, le maÃtre d'école, en bonnet de soie noire, ouvrait les auvents de sa maison, et le garde-champêtre passait, portant son sabre sur sa blouse. Soir et matin, les chevaux de la poste, trois par trois, traversaient la rue pour aller boire à la mare. De temps à autre, la porte d'un cabaret faisait tinter sa sonnette, et, quand il y avait du vent, l'on entendait grincer sur leurs deux tringles les petites cuvettes en cuivre du perruquier, qui servaient d'enseigne à sa boutique. Elle avait pour décoration une vieille gravure de modes collée contre un carreau et un buste de femme en cire, dont les cheveux étaient jaunes. Lui aussi, le perruquier, il se lamentait de sa vocation arrêtée, de son avenir perdu, et, rêvant quelque boutique dans une grande ville, comme à Rouen, par exemple, sur le port, près du théâtre, il restait toute la journée à se promener en long, depuis la mairie jusqu'à l'église, sombre, et attendant la clientèle. Lorsque madame Bovary levait les yeux, elle le voyait toujours là , comme une sentinelle en faction, avec son bonnet grec sur l'oreille et sa veste de lasting. Dans l'après-midi, quelquefois, une tête d'homme apparaissait derrière les vitres de la salle, tête hâlée, à favoris noirs, et qui souriait lentement d'un large sourire doux à dents blanches. Une valse aussitôt commençait, et, sur l'orgue, dans un petit salon, des danseurs hauts comme le doigt, femmes en turban rose, Tyroliens en jaquette, singes en habit noir, messieurs en culotte courte, tournaient, tournaient entre les fauteuils, les canapés, les consoles, se répétant dans les morceaux de miroir que raccordait à leurs angles un filet de papier doré. L'homme faisait aller sa manivelle, regardant à droite, à gauche et vers les fenêtres. De temps à autre, tout en lançant contre la borne un long jet de salive brune, il soulevait du genou son instrument, dont la bretelle dure lui fatiguait l'épaule ; et, tantôt dolente et traÃnarde, ou joyeuse et précipitée, la musique de la boÃte s'échappait en bourdonnant à travers un rideau de taffetas rose, sous une grille de cuivre en arabesque. C'étaient des airs que l'on jouait ailleurs sur les théâtres, que l'on chantait dans les salons, que l'on dansait le soir sous des lustres éclairés, échos du monde qui arrivaient jusqu'à Emma. Des sarabandes à n'en plus finir se déroulaient dans sa tête, et, comme une bayadère sur les fleurs d'un tapis, sa pensée bondissait avec les notes, se balançait de rêve en rêve, de tristesse en tristesse. Quand l'homme avait reçu l'aumône dans sa casquette, il rabattait une vieille couverture de laine bleue, passait son orgue sur son dos et s'éloignait d'un pas lourd. Elle le regardait partir. Mais c'était surtout aux heures des repas qu'elle n'en pouvait plus, dans cette petite salle au rez-de-chaussée, avec le poêle qui fumait, la porte qui criait, les murs qui suintaient, les pavés humides ; toute l'amertume de l'existence lui semblait servie sur son assiette, et, à la fumée du bouilli, il montait du fond de son âme comme d'autres bouffées d'affadissement. Charles était long à manger ; elle grignotait quelques noisettes, ou bien, appuyée du coude, s'amusait, avec la pointe de son couteau, à faire des raies sur la toile cirée. Elle laissait maintenant tout aller dans son ménage, et madame Bovary mère, lorsqu'elle vint passer à Tostes une partie du carême, s'étonna fort de ce changement. Elle, en effet, si soigneuse autrefois et délicate, elle restait à présent des journées entières sans s'habiller, portait des bas de coton gris, s'éclairait à la chandelle. Elle répétait qu'il fallait économiser, puisqu'ils n'étaient pas riches, ajoutant qu'elle était très contente, très heureuse, que Tostes lui plaisait beaucoup, et autres discours nouveaux qui fermaient la bouche à la belle-mère. Du reste, Emma ne semblait plus disposée à suivre ses conseils ; une fois même, madame Bovary s'étant avisée de prétendre que les maÃtres devaient surveiller la religion de leurs domestiques, elle lui avait répondu d'un oeil si colère et avec un sourire tellement froid, que la bonne femme ne s'y frotta plus. Emma devenait difficile, capricieuse. Elle se commandait des plats pour elle, n'y touchait point, un jour ne buvait que du lait pur, et, le lendemain, des tasses de thé à la douzaine. Souvent elle s'obstinait à ne pas sortir, puis elle suffoquait, ouvrait les fenêtres, s'habillait en robe légère. Lorsqu'elle avait bien rudoyé sa servante, elle lui faisait des cadeaux ou l'envoyait se promener chez les voisines, de même qu'elle jetait parfois aux pauvres toutes les pièces blanches de sa bourse, quoiqu'elle ne fût guère tendre cependant, ni facilement accessible à l'émotion d'autrui, comme la plupart des gens issus de campagnards, qui gardent toujours à l'âme quelque chose de la callosité des mains paternelles. Vers la fin de février, le père Rouault, en souvenir de sa guérison, apporta lui-même à son gendre une dinde superbe, et il resta trois jours à Tostes. Charles étant à ses malades, Emma lui tint compagnie. Il fuma dans la chambre, cracha sur les chenets, causa culture, veaux, vaches, volailles et conseil municipal ; si bien qu'elle referma la porte, quand il fut parti, avec un sentiment de satisfaction qui la surprit elle-même. D'ailleurs, elle ne cachait plus son mépris pour rien, ni pour personne ; et elle se mettait quelque fois à exprimer des opinions singulières, blâmant ce que l'on approuvait, et approuvant des choses perverses ou immorales ce qui faisait ouvrir de grands yeux à son mari. Est-ce que cette misère durerait toujours ? est-ce qu'elle n'en sortirait pas ? Elle valait bien cependant toutes celles qui vivaient heureuses ! Elle avait vu des duchesses à la Vaubyessard qui avaient la taille plus lourde et les façons plus communes, et elle exécrait l'injustice de Dieu ; elle s'appuyait la tête aux murs pour pleurer ; elle enviait les existences tumultueuses, les nuits masquées, les insolents plaisirs avec tous les éperduments qu'elle ne connaissait pas et qu'ils devaient donner. Elle pâlissait et avait des battements de coeur. Charles lui administra de la valériane et des bains de camphre. Tout ce que l'on essayait semblait l'irriter davantage. En de certains jours, elle bavardait avec une abondance fébrile ; à ces exaltations succédaient tout à coup des torpeurs où elle restait sans parler, sans bouger. Ce qui la ranimait alors, c'était de se répandre sur les bras un flacon d'eau de Cologne. Comme elle se plaignait de Tostes continuellement, Charles imagina que la cause de sa maladie était sans doute dans quelque influence locale, et, s'arrêtant à cette idée, il songea sérieusement à aller s'établir ailleurs. Dès lors, elle but du vinaigre pour se faire maigrir, contracta une petite toux sèche et perdit complètement l'appétit. Il en coûtait à Charles d'abandonner Tostes après quatre ans de séjour et au moment où il commençait à s'y poser . S'il le fallait, cependant ! Il la conduisit à Rouen voir son ancien maÃtre. C'était une maladie nerveuse on devait la changer d'air. Après s'être tourné de côté et d'autre, Charles apprit qu'il y avait dans l'arrondissement de Neufchâtel, un fort bourg nommé Yonville-l'Abbaye, dont le médecin, qui était un réfugié polonais, venait de décamper la semaine précédente. Alors il écrivit au pharmacien de l'endroit pour savoir quel était le chiffre de la population, la distance où se trouvait le confrère le plus voisin, combien par année gagnait son prédécesseur, etc. ; et, les réponses ayant été satisfaisantes, il se résolut à déménager vers le printemps, si la santé d'Emma ne s'améliorait pas. Un jour qu'en prévision de son départ elle faisait des rangements dans un tiroir, elle se piqua les doigts à quelque chose. C'était un fil de fer de son bouquet de mariage. Les boutons d'oranger étaient jaunes de poussière, et les rubans de satin, à liséré d'argent, s'effiloquaient par le bord. Elle le jeta dans le feu. Il s'enflamma plus vite qu'une paille sèche. Puis ce fut comme un buisson rouge sur les cendres, et qui se rongeait lentement. Elle le regarda brûler. Les petites baies de carton éclataient, les fils d'archal se tordaient, le galon se fondait ; et les corolles de papier, racornies, se balançant le long de la plaque comme des papillons noirs, enfin s'envolèrent par la cheminée. Quand on partit de Tostes, au mois de mars, madame Bovary était enceinte. DEUXIEME PARTIE I. Yonville-l'Abbaye ainsi nommé à cause d'une ancienne abbaye de Capucins dont les ruines n'existent même plus est un bourg à huit lieues de Rouen, entre la route d'Abbeville et celle de Beauvais, au fond d'une vallée qu'arrose la Rieule, petite rivière qui se jette dans l'Andelle, après avoir fait tourner trois moulins vers son embouchure, et où il y a quelques truites, que les garçons, le dimanche, s'amusent à pécher à la ligne. On quitte la grande route à la Boissière et l'on continue à plat jusqu'au haut de la côte des Leux, d'où l'on découvre la vallée. La rivière qui la traverse en fait comme deux régions de physionomie distincte tout ce qui est à gauche est en herbage, tout ce qui est à droite est en labour. La prairie s'allonge sous un bourrelet de collines basses pour se rattacher par-derrière aux pâturages du pays de Bray, tandis que, du côté de l'est, la plaine, montant doucement, va s'élargissant et étale à perte de vue ses blondes pièces de blé. L'eau qui court au bord de l'herbe sépare d'une raie blanche la couleur des prés et celle des sillons, et la campagne ainsi ressemble à un grand manteau déplié qui a un collet de velours vert bordé d'un galon d'argent. Au bout de l'horizon, lorsqu'on arrive, on a devant soi les chênes de la forêt d'Argueil, avec les escarpements de la côte Saint-Jean, rayés du haut en bas par de longues traÃnées rouges, inégales ; ce sont les traces de pluies, et ces tons de brique, tranchant en filets minces sur la couleur grise de la montagne, viennent de la quantité de sources ferrugineuses qui coulent au-delà dans le pays d'alentour. On est ici sur les confins de la Normandie, de la Picardie et de l'Ile-de-France, contrée bâtarde où le langage est sans accentuation, comme le paysage sans caractère. C'est là que l'on fait les pires fromages de Neufchâtel de tout l'arrondissement, et, d'autre part, la culture y est coûteuse, parce qu'il faut beaucoup de fumier pour engraisser ces terres friables pleines de sable et de cailloux. Jusqu'en 1835, il n'y avait point de route praticable pour arriver à Yonville ; mais on a établi vers cette époque un chemin de grande vicinalité qui relie la route d'Abbeville à celle d'Amiens, et sert quelquefois aux rouliers allant de Rouen dans les Flandres. Cependant, Yonville-l'Abbaye est demeurée stationnaire, malgré ses débouchés nouveaux . Au lieu d'améliorer les cultures, on s'y obstine encore aux herbages, quelques dépréciés qu'ils soient, et le bourg paresseux, s'écartant de la plaine, a continué naturellement à s'agrandir vers la rivière. On l'aperçoit de loin, tout couché en long sur la rive, comme un gardeur de vaches qui fait la sieste au bord de l'eau. Au bas de la côte, après le pont, commence une chaussée plantée de jeunes trembles, qui vous mène en droite ligne jusqu'aux premières maisons du pays. Elles sont encloses de haies, au milieu de cours pleines de bâtiments épars, pressoirs, charretteries et bouilleries disséminées sous les arbres touffus portant des échelles, des gaules ou des faux accrochées dans leur branchage. Les toits de chaume, comme des bonnets de fourrure rabattus sur des yeux, descendent jusqu'au tiers à peu près des fenêtres basses, dont les gros verres bombés sont garnis d'un noeud dans le milieu, à la façon des culs de bouteilles. Sur le mur de plâtre que traversent en diagonale des lambourdes noires s'accroche parfois quelque maigre poirier, et les rez-de-chaussée ont à leur porte une petite barrière tournante pour les défendre des poussins, qui viennent picorer, sur le seuil, des miettes de pain bis trempé de cidre. Cependant les cours se font plus étroites, les habitations se rapprochent, les haies disparaissent ; un fagot de fougères se balance sous une fenêtre au bout d'un manche à balai ; il y a la forge d'un maréchal et ensuite un charron avec deux ou trois charrettes neuves, en dehors, qui empiètent sur la route. Puis, à travers une claire-voie, apparaÃt une maison blanche au-delà d'un rond de gazon que décore un Amour, le doigt posé sur la bouche ; deux vases en fonte sont à chaque bout du perron ; des panonceaux brillent à la porte ; c'est la maison du notaire, et la plus belle du pays. L'église est de l'autre côté de la rue, vingt pas plus loin, à l'entrée de la place. Le petit cimetière qui l'entoure, clos d'un mur à hauteur d'appui, est si bien rempli de tombeaux, que les vieilles pierres à ras du sol font un dallage continu, où l'herbe a dessiné de soi-même des carrés verts réguliers. L'église a été rebâtie à neuf dans les dernières années du règne de Charles X. La voûte en bois commence à se pourrir par le haut et, de place en place, a des enfonçures noires dans sa couleur bleue. Au dessus de la porte, où seraient les orgues, se tient un jubé pour les hommes, avec un escalier tournant qui retentit sous les sabots. Le grand jour, arrivant par les vitraux tout unis, éclaire obliquement les bancs rangés en travers de la muraille, que tapisse çà et là quelque paillasson cloué, ayant au dessous de lui ces mots en grosses lettres " Banc de M. un tel " . Plus loin, à l'endroit où le vaisseau se rétrécit, le confessionnal fait pendant à une statuette de la Vierge, vêtue d'une robe de satin, coiffée d'un voile de tulle semé d'étoiles d'argent, et tout empourprée aux pommettes comme une idole des Ãles Sandwich ; enfin une copie de la Sainte Famille, envoi du ministre de l'Intérieur , dominant le maÃtre-autel entre quatre chandeliers, termine au fond la perspective. Les stalles du choeur, en bois de sapin, sont restées sans être peintes. Les halles, c'est-à -dire un toit de tuiles supporté par une vingtaine de poteaux, occupent à elles seules la moitié environ de la grande place d'Yonville. La mairie, construite sur les dessins d'un architecte de Paris , est une manière de temple grec qui fait l'angle, à côté de la maison du pharmacien. Elle a, au rez-de-chaussée, trois colonnes ioniques et, au premier étage, une galerie à plein cintre, tandis que le tympan qui la termine est rempli par un coq gaulois, appuyé d'une patte sur la Charte et tenant de l'autre les balances de la justice. Mais ce qui attire le plus les yeux, c'est, en face de l'auberge du Lion d'or , la pharmacie de M. Homais ! Le soir, principalement, quand son quinquet est allumé et que les bocaux rouges et verts qui embellissent sa devanture allongent au loin, sur le sol, leurs deux clartés de couleur, alors, à travers elles, comme dans des feux de Bengale, s'entrevoit l'ombre du pharmacien accoudé sur son pupitre. Sa maison, du haut en bas, est placardée d'inscriptions écrites en anglaise, en ronde, en moulée " Eaux de Vichy, de Seltz et de Barèges, robs dépuratifs, médecine Raspail, racabout des Arabes, pastilles Darcet, pâte Regnault, bandages, bains, chocolats de santé, etc " . Et l'enseigne, qui tient toute la largeur de la boutique, porte en lettres d'or Homais, pharmacien . Puis, au fond de la boutique, derrière les grandes balances scellées sur le comptoir, le mot laboratoire se déroule au-dessus d'une porte vitrée qui, à moitié de sa hauteur, répète encore une fois Homais , en lettres d'or, sur un fond noir. Il n'y a plus ensuite rien à voir dans Yonville. La rue la seule , longue d'une portée de fusil et bordée de quelques boutiques, s'arrête court au tournant de la route. Si on la laisse sur la droite et que l'on suive le bas de la côte Saint-Jean, bientôt on arrive au cimetière. Lors du choléra, pour l'agrandir, on a abattu un pan de mur et acheté trois âcres de terre à côté ; mais toute cette portion nouvelle est presque inhabitée, les tombes, comme autrefois, continuant à s'entasser vers la porte. Le gardien, qui est en même temps fossoyeur et bedeau à l'église tirant ainsi des cadavres de la paroisse un double bénéfice , a profité du terrain vide pour y semer des pommes de terre. D'année en année, cependant, son petit champ se rétrécit, et, lorsqu'il survient une épidémie, il ne sait pas s'il doit se réjouir des décès ou s'affliger des sépultures. - Vous vous nourrissez des morts, Lestiboudois ! lui dit enfin, un jour, M. le curé. Cette parole sombre le fit réfléchir ; elle l'arrêta pour quelque temps ; mais, aujourd'hui encore, il continue la culture de ses tubercules, et même soutient avec aplomb qu'ils poussent naturellement. Depuis les événements que l'on va raconter, rien, en effet, n'a changé à Yonville. Le drapeau tricolore de fer-blanc tourne toujours au haut du clocher de l'église ; la boutique du marchand de nouveautés agite encore au vent ses deux banderoles d'indienne ; les foetus du pharmacien, comme des paquets d'amadou blanc, se pourrissent de plus en plus dans leur alcool bourbeux, et, au-dessus de la grande porte de l'auberge, le vieux lion d'or, déteint par les pluies, montre toujours aux passants sa frisure de caniche. Le soir que les époux Bovary devaient arriver à Yonville, madame veuve Lefrançois, la maÃtresse de cette auberge, était si fort affairée, qu'elle suait à grosses gouttes en remuant ses casseroles. C'était, le lendemain, jour de marché dans le bourg. Il fallait d'avance tailler les viandes, vider les poulets, faire de la soupe et du café. Elle avait, de plus, le repas de ses pensionnaires, celui du médecin, de sa femme et de leur bonne ; le billard retentissait d'éclats de rire ; trois meuniers, dans la petite salle, appelaient pour qu'on leur apportât de l'eau-de-vie ; le bois flambait, la braise craquait, et, sur la longue table de la cuisine, parmi les quartiers de mouton cru, s'élevaient des piles d'assiettes qui tremblaient aux secousses du billot où l'on hachait des épinards. On entendait, dans la basse-cour, crier les volailles que la servante poursuivait pour leur couper le cou. Un homme en pantoufles de peau verte, quelque peu marqué de petite vérole et coiffé d'un bonnet de velours à gland d'or, se chauffait le dos contre la cheminée. Sa figure n'exprimait rien que la satisfaction de soi-même, et il avait l'air aussi calme dans la vie que le chardonneret suspendu au-dessus de sa tête, dans une cage d'osier c'était le pharmacien. - Artémise ! criait la maÃtresse d'auberge, casse de la bourrée, emplis les carafes, apporte de l'eau-de-vie, dépêche-toi ! Au moins, si je savais quel dessert offrir à la société que vous attendez ! Bonté divine ! les commis du déménagement recommencent leur tintamarre dans le billard ! Et leur charrette qui est restée sous la grande porte ? L'hirondelle est capable de la défoncer en arrivant ! Appelle Polyte pour qu'il la remise !... Dire que, depuis le matin, monsieur Homais, ils ont peut-être fait quinze parties et bu huit pots de cidre !... Mais ils vont me déchirer le tapis, continuait-elle en les regardant de loin, son écumoire à la main. - Le mal ne serait pas grand, répondit M. Homais, vous en achèteriez un autre. - Un autre billard ! s'exclama la veuve. - Puisque celui-là ne tient plus, madame Lefrançois, je vous le répète, vous vous faites tort ! Vous vous faites grand tort ! Et puis les amateurs, à présent, veulent des blouses étroites et des queues lourdes. On ne joue plus la bille ; tout est changé ! Il faut marcher avec son siècle ! Regardez Tellier, plutôt... L'hôtesse devint rouge de dépit. Le pharmacien ajouta - Son billard, vous avez beau dire, est plus mignon que le vôtre ; et qu'on ait l'idée, par exemple, de monter une poule patriotique pour la Pologne ou les inondés de Lyon... - Ce ne sont pas des gueux comme lui qui nous font peur ! interrompit l'hôtesse, en haussant ses grosses épaules. Allez ! allez ! monsieur Homais, tant que le Lion d'Or vivra, on y viendra. Nous avons du foin dans nos bottes, nous autres ! Au lieu qu'un de ces matins vous verrez le Café Français fermé, et avec une belle affiche sur les auvents !... Changer mon billard, continuait-elle en se parlant à elle-même, lui qui m'est si commode pour ranger ma lessive, et sur lequel, dans le temps de la chasse, j'ai mis coucher jusqu'à six voyageurs !... Mais ce lambin d'Hivert qui n'arrive pas ! - L'attendez-vous pour le dÃner de vos messieurs ? demanda le pharmacien. - L'attendre ? Et M. Binet donc ! A six heures battant vous allez le voir entrer, car son pareil n'existe pas sur la terre pour l'exactitude. Il lui faut toujours sa place dans la petite salle ! On le tuerait plutôt que de le faire dÃner ailleurs ! et dégoûté qu'il est ! et si difficile pour le cidre ! Ce n'est pas comme M. Léon ; lui, il arrive quelquefois à sept heures, sept heures et demie même ; il ne regarde seulement pas à ce qu'il mange. Quel bon jeune homme ! Jamais un mot plus haut que l'autre. - C'est qu'il y a bien de la différence, voyez-vous, entre quelqu'un qui a reçu de l'éducation et un ancien carabinier qui est percepteur. Six heures sonnèrent. Binet entra. Il était vêtu d'une redingote bleue, tombant droit d'elle-même tout autour de son corps maigre, et sa casquette de cuir, à pattes nouées par des cordons sur le sommet de sa tête, laissait voir, sous la visière relevée, un front chauve, qu'avait déprimé l'habitude du casque. Il portait un gilet de drap noir, un col de crin, un pantalon gris, et, en toute saison, des bottes bien cirées qui avaient deux renflements parallèles, à cause de la saillie de ses orteils. Pas un poil ne dépassait la ligne de son collier blond, qui, contournant la mâchoire, encadrait comme la bordure d'une plate-bande sa longue figure terne, dont les yeux étaient petits et le nez busqué. Fort à tous les jeux de cartes, bon chasseur et possédant une belle écriture, il avait chez lui un tour, où il s'amusait à tourner des ronds de serviette dont il encombrait sa maison, avec la jalousie d'un artiste et l'égoïsme d'un bourgeois. Il se dirigea vers la petite salle mais il fallut d'abord en faire sortir les trois meuniers ; et, pendant tout le temps que l'on fut à mettre son couvert, Binet resta silencieux à sa place, auprès du poêle ; puis il ferma la porte et retira sa casquette, comme d'usage. - Ce ne sont pas les civilités qui lui useront la langue ! dit le pharmacien, dès qu'il fut seul avec l'hôtesse. - Jamais il ne cause davantage, répondit-elle ; il est venu ici, la semaine dernière, deux voyageurs en draps, des garçons pleins d'esprit qui contaient, le soir, un tas de farces que j'en pleurais de rire eh bien ! il restait là , comme une alose, sans dire un mot. - Oui, fit le pharmacien, pas d'imagination, pas de saillies, rien de ce qui constitue l'homme de société ! - On dit pourtant qu'il a des moyens, objecta l'hôtesse. - Des moyens ! répliqua M. Homais ; lui ! des moyens ? Dans sa partie, c'est possible, ajouta-t-il d'un ton plus calme. Et il reprit - Ah ! qu'un négociant qui a des relations considérables, qu'un jurisconsulte, un médecin, un pharmacien soient tellement absorbés qu'ils en deviennent fantasques et bourrus même, je le comprends ; on en cite des traits dans l'histoire ! Mais, au moins, c'est qu'ils pensent à quelque chose. Moi, par exemple, combien de fois m'est-il arrivé de chercher ma plume sur mon bureau pour écrire une étiquette, et de trouver, en définitive, que je l'avais placée à mon oreille ! Cependant, madame Lefrançois alla sur le seuil regarder si l'Hirondelle n'arrivait pas. Elle tressaillit. Un homme vêtu de noir entra tout à coup dans la cuisine. On distinguait, aux dernières lueurs du crépuscule, qu'il avait une figure rubiconde et le corps athlétique. - Qu'y a-t-il pour votre service, monsieur le curé ? demanda la maÃtresse d'auberge, tout en atteignant sur la cheminée un des flambeaux de cuivre qui s'y trouvaient rangés en colonnade avec leurs chandelles ; voulez-vous prendre quelque chose ? un doigt de cassis, un verre de vin ? L'ecclésiastique refusa fort civilement. Il venait chercher son parapluie, qu'il avait oublié l'autre jour au couvent d'Ernemont, et, après avoir prié madame Lefrançois de le lui faire remettre au presbytère dans la soirée, il sortit pour se rendre à l'église, où l'on sonnait l'Angélus . Quand le pharmacien n'entendit plus sur la place le bruit de ses souliers, il trouva fort inconvenante sa conduite de tout à l'heure. Ce refus d'accepter un rafraÃchissement lui semblait une hypocrisie des plus odieuses ; les prêtres gouaillaient tous sans qu'on les vÃt, et cherchaient à ramener le temps de la dÃme. L'hôtesse prit la défense de son curé - D'ailleurs, il en plierait quatre comme vous sur son genou. Il a, l'année dernière, aidé nos gens à rentrer la paille ; il en portait jusqu'à six bottes à la fois, tant il est fort ! - Bravo ! dit le pharmacien. Envoyez donc vos filles à confesse à des gaillards d'un tempérament pareil ! Moi, si j'étais le gouvernement, je voudrais qu'on saignât les prêtres une fois par mois. Oui, madame Lefrançois, tous les mois, une large phlébotomie, dans l'intérêt de la police et des moeurs ! - Taisez-vous donc, monsieur Homais ! vous êtes un impie ! vous n'avez pas de religion ! Le pharmacien répondit - J'ai une religion, ma religion, et même j'en ai plus qu'eux tous, avec leurs momeries et leurs jongleries ! J'adore Dieu, au contraire ! Je crois en l'Etre suprême, à un Créateur, quel qu'il soit, peu m'importe, qui nous a placés ici-bas pour y remplir nos devoirs de citoyen et de père de famille ; mais je n'ai pas besoin d'aller, dans une église, baiser des plats d'argent et engraisser de ma poche un tas de farceurs qui se nourrissent mieux que nous ! Car on peut l'honorer aussi bien dans un bois, dans un champ, où même en contemplant la voûte éthérée, comme les anciens. Mon Dieu, à moi, c'est le Dieu de Socrate, de Franklin, de Voltaire et de Béranger ! Je suis pour la Profession de foi du vicaire savoyard et les immortels principes de 89 ! Aussi je n'admets pas un bonhomme du bon Dieu qui se promène dans son parterre la canne à la main, loge ses amis dans le ventre des baleines, meurt en poussant un cri et ressuscite au bout de trois jours choses absurdes en elles-mêmes et complètement opposées, d'ailleurs, à toutes les lois de la physique ; ce qui nous démontre, en passant, que les prêtres ont toujours croupi dans une ignorance turpide, où ils s'efforcent d'engloutir avec eux les populations. Il se tut, cherchant des yeux un public autour de lui, car, dans son effervescence, le pharmacien, un moment, s'était cru en plein conseil municipal. Mais la maÃtresse d'auberge ne l'écoutait plus elle tendait son oreille à un roulement éloigné. On distingua le bruit d'une voiture mêlé à un claquement de fers lâches qui battaient la terre, et l'Hirondelle , enfin, s'arrêta devant la porte. C'était un coffre jaune porté par deux grandes roues qui, montant jusqu'à la hauteur de la bâche, empêchaient les voyageurs de voir la route et leur salissaient les épaules. Les petits carreaux de ses vasistas étroits tremblaient dans leurs châssis quand la voiture était fermée, et gardaient des taches de boue, çà et là , parmi leur vieille couche de poussière, que les pluies d'orage même ne lavaient pas tout à fait. Elle était attelée de trois chevaux, dont le premier en arbalète, et, lorsqu'on descendait les côtes, elle touchait du fond en cahotant. Quelques bourgeois d'Yonville arrivèrent sur la place ; ils parlaient tous à la fois, demandant des nouvelles, des explications et des bourriches Hivert ne savait auquel répondre. C'était lui qui faisait à la ville les commissions du pays. Il allait dans les boutiques, rapportait des rouleaux de cuir au cordonnier, de la ferraille au maréchal, un baril de harengs pour sa maÃtresse, des bonnets de chez la modiste, des toupets de chez le coiffeur ; et, le long de la route, en s'en revenant, il distribuait ses paquets, qu'il jetait par-dessus les clôtures des cours, debout sur son siège, et criant à pleine poitrine, pendant que ses chevaux allaient tout seuls. Un accident l'avait retardé ; la levrette de madame Bovary s'était enfuie à travers champs. On l'avait sifflée un grand quart d'heure. Hivert même était retourné d'une demi-lieue en arrière, croyant l'apercevoir à chaque minute ; mais il avait fallu continuer la route. Emma avait pleuré, s'était emportée ; elle avait accusé Charles de ce malheur. M. Lheureux, marchand d'étoffes, qui se trouvait avec elle dans la voiture, avait essayé de la consoler par quantité d'exemples de chiens perdus, reconnaissant leur maÃtre au bout de longues années. On en citait un, disait-il, qui était revenu de Constantinople à Paris. Un autre avait fait cinquante lieues en ligne droite et passé quatre rivières à la nage ; et son père à lui-même avait possédé un caniche qui, après douze ans d'absence, lui avait tout à coup sauté sur le dos, un soir, dans la rue comme il allait dÃner en ville. II. Emma descendit la première, puis Félicité, M. Lheureux, une nourrice, et l'on fut obligé de réveiller Charles dans son coin, où il s'était endormi complètement, dès que la nuit était venue. Homais se présenta ; il offrit ses hommages à Madame, ses civilités à Monsieur, dit qu'il était charmé d'avoir pu leur rendre quelque service, et ajouta d'un air cordial qu'il avait osé s'inviter lui-même, sa femme, d'ailleurs, était absente. Madame Bovary, quand elle fut dans la cuisine, s'approcha de la cheminée. Du bout de ses deux doigts elle prit sa robe à la hauteur du genou, et, l'ayant ainsi remontée jusqu'aux chevilles, elle tendit à la flamme, par-dessus le gigot qui tournait, son pied chaussé d'une bottine noire. Le feu l'éclairait en entier, pénétrant d'une lumière crue la trame de sa robe, les pores égaux de sa peau blanche et même les paupières de ses yeux qu'elle clignait de temps à autre. Une grande couleur rouge passait sur elle selon le souffle du vent qui venait par la porte entrouverte. De l'autre côté de la cheminée, un jeune homme à chevelure blonde la regardait silencieusement. Comme il s'ennuyait beaucoup à Yonville, où il était clerc chez maÃtre Guillaumin, souvent M. Léon Dupuis c'était lui, le second habitué du Lion d'Or reculait l'instant de son repas, espérant qu'il viendrait quelque voyageur à l'auberge avec qui causer dans la soirée. Les jours que sa besogne était finie, il lui fallait bien, faute de savoir que faire, arriver à l'heure exacte, et subir depuis la soupe jusqu'au fromage le tête-à -tête de Binet. Ce fut donc avec joie qu'il accepta la proposition de l'hôtesse de dÃner en la compagnie des nouveaux venus, et l'on passa dans la grande salle, où madame Lefrançois, par pompe, avait fait dresser les quatre couverts. Homais demanda la permission de garder son bonnet grec, de peur des coryzas. Puis, se tournant vers sa voisine - Madame, sans doute, est un peu lasse ? on est si épouvantablement cahoté dans notre Hirondelle ! - Il est vrai, répondit Emma ; mais le dérangement m'amuse toujours ; j'aime à changer de place. - C'est une chose si maussade, soupira le clerc, que de vivre cloué aux mêmes endroits ! - Si vous étiez comme moi, dit Charles, sans cesse obligé d'être à cheval... - Mais, reprit Léon s'adressant à madame Bovary, rien n'est plus agréable, il me semble ; quand on le peut, ajouta-t-il. - Du reste, disait l'apothicaire, l'exercice de la médecine n'est pas fort pénible en nos contrées ; car l'état de nos routes permet l'usage du cabriolet, et, généralement, l'on paye assez bien, les cultivateurs étant aisés. Nous avons, sous le rapport médical, à part les cas ordinaires d'entérite, bronchite, affections bilieuses, etc., de temps à autre quelques fièvres intermittentes à la moisson, mais, en somme, peu de choses graves, rien de spécial à noter, si ce n'est beaucoup d'humeurs froides, et qui tiennent sans doute aux déplorables conditions hygiéniques de nos logements de paysans. Ah ! vous trouverez bien des préjugés à combattre, monsieur Bovary ; bien des entêtements de la routine, où se heurteront quotidiennement tous les efforts de votre science ; car on a recours encore aux neuvaines, aux reliques, au curé, plutôt que de venir naturellement chez le médecin ou chez le pharmacien. Le climat, pourtant, n'est point, à vrai dire, mauvais, et même nous comptons dans la commune quelques nonagénaires. Le thermomètre j'en ai fait les observations descend en hiver jusqu'à quatre degrés, et, dans la forte saison, touche vingt-cinq, trente centigrades tout au plus, ce qui nous donne vingt-quatre Réaumur au maximum, ou autrement cinquante-quatre Fahrenheit mesure anglaise , pas davantage ! - et, en effet, nous sommes abrités des vents du nord par la forêt d'Argueil d'une part, des vents d'ouest par la côte Saint-Jean de l'autre ; et cette chaleur, cependant, qui à cause de la vapeur d'eau dégagée par la rivière et la présence considérable de bestiaux dans les prairies, lesquels exhalent, comme vous savez, beaucoup d'ammoniaque, c'est-à -dire azote, hydrogène et oxygène non, azote et hydrogène seulement , et qui, pompant à elle l'humus de la terre, confondant toutes ces émanations différentes, les réunissant en un faisceau, pour ainsi dire, et se combinant de soi-même avec l'électricité répandue dans l'atmosphère, lorsqu'il y en a, pourrait à la longue, comme dans les pays tropicaux, engendrer des miasmes insalubres ; - cette chaleur, dis-je, se trouve justement tempérée du côté où elle vient, ou plutôt d'où elle viendrait, c'est-à -dire du côté sud, par les vents de sud-est, lesquels, s'étant rafraÃchis d'eux-mêmes en passant sur la Seine, nous amènent quelquefois tout d'un coup, comme des brises de Russie ! - Avez-vous du moins quelques promenades dans les environs ? continuait madame Bovary parlant au jeune homme. - Oh ! fort peu, répondit-il. Il y a un endroit que l'on nomme la Pâture, sur le haut de la côte, à la lisière de la forêt. Quelquefois, le dimanche, je vais là , et j'y reste avec un livre, à regarder le soleil couchant. - Je ne trouve rien d'admirable comme les soleils couchants, reprit-elle, mais au bord de la mer, surtout. - Oh ! j'adore la mer, dit M. Léon. - Et puis ne vous semble-t-il pas, répliqua madame Bovary, que l'esprit vogue plus librement sur cette étendue sans limites, dont la contemplation vous élève l'âme et donne des idées d'infini, d'idéal ? - Il en est de même des paysages de montagnes, reprit Léon. J'ai un cousin qui a voyagé en Suisse l'année dernière, et qui me disait qu'on ne peut se figurer la poésie des lacs, le charme des cascades, l'effet gigantesque des glaciers. On voit des pins d'une grandeur incroyable, en travers des torrents, des cabanes suspendues sur des précipices, et, à mille pieds sous vous, des vallées entières, quand les nuages s'entrouvrent. Ces spectacles doivent enthousiasmer, disposer à la prière, à l'extase ! Aussi je ne m'étonne plus de ce musicien célèbre qui, pour exciter mieux son imagination, avait coutume d'aller jouer du piano devant quelque site imposant. - Vous faites de la musique ? demanda-t-elle. - Non, mais je l'aime beaucoup, répondit-il. - Ah ! ne l'écoutez pas, madame Bovary, interrompit Homais en se penchant sur son assiette, c'est modestie pure. - Comment, mon cher ! Eh ! l'autre jour, dans votre chambre, vous chantiez l'Ange gardien à ravir. Je vous entendais du laboratoire ; vous détachiez cela comme un acteur. Léon, en effet, logeait chez le pharmacien, où il avait une petite pièce au second étage, sur la place. Il rougit à ce compliment de son propriétaire, qui déjà s'était tourné vers le médecin et lui énumérait les uns après les autres les principaux habitants d'Yonville. Il racontait des anecdotes, donnait des renseignements ; on ne savait pas au juste la fortune du notaire, et il y avait la maison Tuvache qui faisait beaucoup d'embarras. Emma reprit - Et quelle musique préférez-vous ? - Oh ! la musique allemande, celle qui porte à rêver. - Connaissez-vous les Italiens ? - Pas encore ; mais je les verrai l'année prochaine, quand j'irai habiter Paris, pour finir mon droit. - C'est comme j'avais l'honneur, dit le pharmacien, de l'exprimer à M. votre époux, à ce propos de ce pauvre Yanoda qui s'est enfui ; vous vous trouverez, grâce aux folies qu'il a faites, jouir d'une des maisons les plus confortables d'Yonville. Ce qu'elle a principalement de commode pour un médecin, c'est une porte sur l'Allée , qui permet d'entrer et de sortir sans être vu. D'ailleurs, elle est fournie de tout ce qui est agréable à un ménage buanderie, cuisine avec office, salon de famille, fruitier, etc. C'était un gaillard qui n'y regardait pas ! Il s'était fait construire, au bout du jardin, à côté de l'eau, une tonnelle tout exprès pour boire de la bière en été, et si Madame aime le jardinage, elle pourra... - Ma femme ne s'en occupe guère, dit Charles ; elle aime mieux, quoiqu'on lui recommande l'exercice, toujours rester dans sa chambre, à lire. - C'est comme moi, répliqua Léon ; quelle meilleure chose, en effet, que d'être le soir au coin du feu avec un livre, pendant que le vent bat les carreaux, que la lampe brûle ?... - N'est-ce pas ? dit-elle, en fixant sur lui ses grands yeux noirs tout ouverts. - On ne songe à rien, continuait-il, les heures passent. On se promène immobile dans des pays que l'on croit voir, et votre pensée, s'enlaçant à la fiction, se joue dans les détails ou poursuit le contour des aventures. Elle se mêle aux personnages ; il semble que c'est vous qui palpitez sous leurs costumes. - C'est vrai ! c'est vrai ! disait-elle. - Vous est-il arrivé parfois, reprit Léon, de rencontrer dans un livre une idée vague que l'on a eue, quelque image obscurcie qui revient de loin, et comme l'exposition entière de votre sentiment le plus délié ? - J'ai éprouvé cela, répondit-elle. - C'est pourquoi, dit-il, j'aime surtout les poètes. Je trouve les vers plus tendres que la prose, et qu'ils font bien mieux pleurer. - Cependant ils fatiguent à la longue, reprit Emma ; et maintenant, au contraire, j'adore les histoires qui se suivent toutes d'une haleine, où l'on a peur. Je déteste les héros communs et les sentiments tempérés, comme il y en a dans la nature. - En effet, observa le clerc, ces ouvrages ne touchant pas le coeur, s'écartent, il me semble, du vrai but de l'Art. Il est si doux, parmi les désenchantements de la vie, de pouvoir se reporter en idée sur de nobles caractères, des affections pures et des tableaux de bonheur. Quant à moi, vivant ici, loin du monde, c'est ma seule distraction ; mais Yonville offre si peu de ressources ! - Comme Tostes, sans doute, reprit Emma ; aussi j'étais toujours abonnée à un cabinet de lecture. - Si Madame veut me faire l'honneur d'en user, dit le pharmacien, qui venait d'entendre ces derniers mots, j'ai moi-même à sa disposition une bibliothèque composée des meilleurs auteurs Voltaire, Rousseau, Delille, Walter Scott, l'Echo des Feuilletons , etc., et je reçois, de plus, différentes feuilles périodiques, parmi lesquelles le Fanal de Rouen , quotidiennement, ayant l'avantage d'en être le correspondant pour les circonscriptions de Buchy, Forges, Neufchâtel, Yonville et les alentours. Depuis deux heures et demie, on était à table ; car la servante Artémise, traÃnant nonchalamment sur les carreaux ses savates de lisière, apportait les assiettes les unes après les autres, oubliait tout, n'entendait à rien et sans cesse laissait entrebâillée la porte du billard, qui battait contre le mur du bout de sa clenche. Sans qu'il s'en aperçût, tout en causant, Léon avait posé son pied sur un des barreaux de la chaise où madame Bovary était assise. Elle portait une petite cravate de soie bleue, qui tenait droit comme une fraise un col de batiste tuyauté ; et, selon les mouvements de tête qu'elle faisait, le bas de son visage s'enfonçait dans le linge ou en sortait avec douceur. C'est ainsi, l'un près de l'autre, pendant que Charles et le pharmacien devisaient, qu'ils entrèrent dans une de ces vagues conversations où le hasard des phrases vous ramène toujours au centre fixe d'une sympathie commune. Spectacles de Paris, titres de romans, quadrilles nouveaux, et le monde qu'ils ne connaissaient pas, Tostes où elle avait vécu, Yonville où ils étaient, ils examinèrent tout, parlèrent de tout jusqu'à la fin du dÃner. Quand le café fut servi, Félicité s'en alla préparer la chambre dans la nouvelle maison, et les convives bientôt levèrent le siège. Madame Lefrançois dormait auprès des cendres, tandis que le garçon d'écurie, une lanterne à la main, attendait M. et madame Bovary pour les conduire chez eux. Sa chevelure rouge était entremêlée de brins de paille, et il boitait de la jambe gauche. Lorsqu'il eut pris de son autre main le parapluie de M. le curé, l'on se mit en marche. Le bourg était endormi. Les piliers des halles allongeaient de grandes ombres. La terre était toute grise, comme par une nuit d'été. Mais, la maison du médecin se trouvant à cinquante pas de l'auberge, il fallut presque aussitôt se souhaiter le bonsoir, et la compagnie se dispersa. Emma, dès le vestibule, sentit tomber sur ses épaules, comme un linge humide, le froid du plâtre. Les murs étaient neufs, et les marches de bois craquèrent. Dans la chambre, au premier, un jour blanchâtre passait par les fenêtres sans rideaux. On entrevoyait des cimes d'arbres, et plus loin la prairie, à demi noyée dans le brouillard, qui fumait au clair de la lune, selon le cours de la rivière. Au milieu de l'appartement, pêle-mêle, il y avait des tiroirs de commode, des bouteilles, des tringles, des bâtons dorés avec des matelas sur des chaises et des cuvettes sur le parquet, - les deux hommes qui avaient apporté les meubles ayant tout laissé là , négligemment. C'était la quatrième fois qu'elle couchait dans un endroit inconnu. La première avait été le jour de son entrée au couvent, la seconde celle de son arrivée à Tostes, la troisième à la Vaubyessard, la quatrième était celle-ci ; et chacune s'était trouvée faire dans sa vie comme l'inauguration d'une phase nouvelle. Elle ne croyait pas que les choses pussent se représenter les mêmes à des places différentes, et, puisque la portion vécue avait été mauvaise, sans doute ce qui restait à consommer serait meilleur. III. Le lendemain, à son réveil, elle aperçut le clerc sur la place. Elle était en peignoir. Il leva la tête et la salua. Elle fit une inclination rapide et referma la fenêtre. Léon attendit pendant tout le jour que six heures du soir fussent arrivées ; mais, en entrant à l'auberge, il ne trouva personne que M. Binet, attablé. Ce dÃner de la veille était pour lui un événement considérable ; jamais, jusqu'alors, il n'avait causé pendant deux heures de suite avec une dame . Comment donc avoir pu lui exposer, et en un tel langage, quantité de choses qu'il n'aurait pas si bien dites auparavant ? il était timide d'habitude et gardait cette réserve qui participe à la fois de la pudeur et de la dissimulation. On trouvait à Yonville qu'il avait des manières comme il faut . Il écoutait raisonner les gens mûrs, et ne paraissait point exalté en politique, chose remarquable pour un jeune homme. Puis il possédait des talents, il peignait à l'aquarelle, savait lire la clef de sol, et s'occupait volontiers de littérature après son dÃner, quand il ne jouait pas aux cartes. M. Homais le considérait pour son instruction ; madame Homais l'affectionnait pour sa complaisance, car souvent il accompagnait au jardin les petits Homais, marmots toujours barbouillés, fort mal élevés et quelque peu lymphatiques, comme leur mère. Ils avaient pour les soigner, outre la bonne, Justin, l'élève en pharmacie, un arrière-cousin de M. Homais que l'on avait pris dans la maison par charité, et qui servait en même temps de domestique. L'apothicaire se montra le meilleur des voisins. Il renseigna madame Bovary sur les fournisseurs, fit venir son marchand de cidre tout exprès, goûta la boisson lui-même, et veilla dans la cave à ce que la futaille fût bien placée ; il indiqua encore la façon de s'y prendre pour avoir une provision de beurre à bon marché, et conclut un arrangement avec Lestiboudois, le sacristain, qui, outre ses fonctions sacerdotales et mortuaires, soignait les principaux jardins d'Yonville à l'heure ou à l'année, selon le goût des personnes. Le besoin de s'occuper d'autrui ne poussait pas seul le pharmacien à tant de cordialité obséquieuse, et il y avait là -dessous un plan. Il avait enfreint la loi du 19 ventôse an XI, article 1er, qui défend à tout individu non porteur de diplôme l'exercice de la médecine ; si bien que, sur des dénonciations ténébreuses, Homais avait été mandé à Rouen, prés M. le procureur du roi, en son cabinet particulier. Le magistrat l'avait reçu debout, dans sa robe, hermine à l'épaule et toque en tête. C'était le matin, avant l'audience. On entendait dans le corridor passer les fortes bottes des gendarmes, et comme un bruit lointain de grosses serrures qui se fermaient. Les oreilles du pharmacien lui tintèrent à croire qu'il allait tomber d'un coup de sang ; il entrevit des culs de basse-fosse, sa famille en pleurs, la pharmacie vendue, tous les bocaux disséminés ; et il fut obligé d'entrer dans un café prendre un verre de rhum avec de l'eau de Seltz, pour se remettre les esprits. Peu à peu, le souvenir de cette admonition s'affaiblit, et il continuait, comme autrefois, à donner des consultations anodines dans son arrière-boutique. Mais le maire lui en voulait, des confrères étaient jaloux, il fallait tout craindre ; en s'attachant M. Bovary par des politesses, c'était gagner sa gratitude, et empêcher qu'il ne parlât plus tard, s'il s'apercevait de quelque chose. Aussi tous les matins, Homais lui apportait le journal , et souvent, dans l'après-midi, quittait un instant la pharmacie pour aller chez l'officier de santé faire la conversation. Charles était triste la clientèle n'arrivait pas. Il demeurait assis pendant de longues heures, sans parler, allait dormir dans son cabinet ou regardait coudre sa femme. Pour se distraire, il s'employa chez lui comme homme de peine, et même il essaya de peindre le grenier avec un reste de couleur que les peintres avaient laissé. Mais les affaires d'argent le préoccupaient. Il en avait tant dépensé pour les réparations de Tostes, pour les toilettes de Madame et pour le déménagement, que toute la dot, plus de trois mille écus, s'était écoulée en deux ans. Puis, que de choses endommagées ou perdues dans le transport de Tostes à Yonville, sans compter le curé de plâtre, qui, tombant de la charrette à un cahot trop fort, s'était écrasé en mille morceaux sur le pavé de Quincampoix ! Un souci meilleur vint le distraire, à savoir la grossesse de sa femme. A mesure que le terme en approchait, il la chérissait davantage. C'était un autre lien de la chair s'établissant et comme le sentiment continu d'une union plus complexe. Quand il voyait de loin sa démarche paresseuse et sa taille tourner mollement sur ses hanches sans corset, quand vis-à -vis l'un de l'autre il la contemplait tout à l'aise et qu'elle prenait, assise, des poses fatiguées dans son fauteuil, alors son bonheur ne se tenait plus il se levait, il l'embrassait, passait ses mains sur sa figure, l'appelait petite maman, voulait la faire danser, et débitait, moitié riant, moitié pleurant, toutes sortes de plaisanteries caressantes qui lui venaient à l'esprit. L'idée d'avoir engendré le délectait. Rien ne lui manquait à présent. Il connaissait l'existence humaine tout du long, et il s'y attablait sur les deux coudes avec sérénité. Emma d'abord sentit un grand étonnement, puis eut envie d'être délivrée, pour savoir quelle chose c'était que d'être mère. Mais, ne pouvant faire les dépenses qu'elle voulait, avoir un berceau en nacelle avec des rideaux de soie rose et des béguins brodés, elle renonça au trousseau dans un accès d'amertume, et le commanda d'un seul coup à une ouvrière du village, sans rien choisir ni discuter. Elle ne s'amusa donc pas à ces préparatifs où la tendresse des mères se met en appétit, et son affection, dès l'origine, en fut peut-être atténuée de quelque chose. Cependant, comme Charles, à tous les repas, parlait du marmot, bientôt elle y songea d'une façon plus continue. Elle souhaitait un fils ; il serait fort et brun, elle l'appellerait Georges ; et cette idée d'avoir pour enfant un mâle était comme la revanche en espoir de toutes ses impuissances passées. Un homme, au moins, est libre ; il peut parcourir les passions et les pays, traverser les obstacles, mordre aux bonheurs les plus lointains. Mais une femme est empêchée continuellement. Inerte et flexible à la fois, elle a contre elle les mollesses de la chair avec les dépendances de la loi. Sa volonté, comme le voile de son chapeau retenu par un cordon, palpite à tous les vents ; il y a toujours quelque désir qui entraÃne, quelque convenance qui retient. Elle accoucha un dimanche, vers six heures, au soleil levant. - C'est une fille ! dit Charles. Elle tourna la tête et s'évanouit. Presque aussitôt, madame Homais accourut et l'embrassa, ainsi que la mère Lefrançois, du Lion d'Or . Le pharmacien, en homme discret, lui adressa seulement quelques félicitations provisoires, par la porte entrebâillée. Il voulut voir l'enfant, et le trouva bien conformé. Pendant sa convalescence, elle s'occupa beaucoup à chercher un nom pour sa fille. D'abord, elle passa en revue tous ceux qui avaient des terminaisons italiennes, tels que Clara, Louisa, Amanda, Atala ; elle aimait assez Galsuinde, plus encore Yseult ou Léocadie. Charles désirait qu'on appelât l'enfant comme sa mère ; Emma s'y opposait. On parcourut le calendrier d'un bout à l'autre, et l'on consulta les étrangers. - M. Léon, disait le pharmacien, avec qui j'en causais l'autre jour, s'étonne que vous ne choisissiez point Madeleine, qui est excessivement à la mode maintenant. Mais la mère Bovary se récria bien fort sur ce nom de pécheresse. M. Homais, quant à lui, avait en prédilection tous ceux qui rappelaient un grand homme, un fait illustre ou une conception généreuse, et c'est dans ce système-là qu'il avait baptisé ses quatre enfants. Ainsi, Napoléon représentait la gloire et Franklin la liberté ; Irma, peut-être, était une concession au romantisme ; mais Athalie, un hommage au plus immortel chef-d'oeuvre de la scène française. Car ses convictions philosophiques n'empêchaient pas ses admirations artistiques, le penseur chez lui n'étouffait point l'homme sensible ; il savait établir des différences, faire la part de l'imagination et celle du fanatisme. De cette tragédie, par exemple, il blâmait les idées, mais il admirait le style ; il maudissait la conception, mais il applaudissait à tous les détails, et s'exaspérait contre les personnages, en s'enthousiasmant de leurs discours. Lorsqu'il lisait les grands morceaux, il était transporté ; mais, quand il songeait que les calotins en tiraient avantage pour leur boutique, il était désolé, et dans cette confusion de sentiments où il s'embarrassait, il aurait voulu tout à la fois pouvoir couronner Racine de ses deux mains et discuter avec lui pendant un bon quart d'heure. Enfin, Emma se souvint qu'au château de la Vaubyessard elle avait entendu la marquise appeler Berthe une jeune femme ; dès lors ce nom-là fut choisi, et, comme le père Rouault ne pouvait venir, on pria M. Homais d'être parrain. Il donna pour cadeaux tous produits de son établissement, à savoir six boÃtes de jujubes, un bocal entier de racabout, trois coffins de pâte à la guimauve, et, de plus, six bâtons de sucre candi qu'il avait retrouvés dans un placard. Le soir de la cérémonie, il y eut un grand dÃner ; le curé s'y trouvait ; on s'échauffa. M. Homais, vers les liqueurs, entonna le Dieu des bonnes gens . M. Léon chanta une barcarolle, et madame Bovary mère, qui était la marraine, une romance du temps de l'Empire ; enfin M. Bovary père exigea que l'on descendÃt l'enfant, et se mit à le baptiser avec un verre de champagne qu'il lui versait de haut sur la tête. Cette dérision du premier des sacrements indigna l'abbé Bournisien ; le père Bovary répondit par une citation de La Guerre des dieux , le curé voulut partir ; les dames suppliaient ; Homais s'interposa ; et l'on parvint à faire rasseoir l'ecclésiastique, qui reprit tranquillement, dans sa soucoupe, sa demi-tasse de café à moitié bue. M. Bovary père resta encore un mois à Yonville, dont il éblouit les habitants par un superbe bonnet de police à galons d'argent, qu'il portait le matin, pour fumer sa pipe sur la place. Ayant aussi l'habitude de boire beaucoup d'eau-de-vie, souvent il envoyait la servante au Lion d'Or lui en acheter une bouteille, que l'on inscrivait au compte de son fils ; et il usa, pour parfumer ses foulards, toute la provision d'eau de Cologne qu'avait sa bru. Celle-ci ne se déplaisait point dans sa compagnie. Il avait couru le monde il parlait de Berlin, de Vienne, de Strasbourg, de son temps d'officier, des maÃtresses qu'il avait eues, des grands déjeuners qu'il avait faits ; puis il se montrait aimable, et parfois même, soit dans l'escalier ou au jardin, il lui saisissait la taille en s'écriant - Charles, prends garde à toi ! Alors la mère Bovary s'effraya pour le bonheur de son fils, et, craignant que son époux, à la longue, n'eût une influence immorale sur les idées de la jeune femme, elle se hâta de presser le départ. Peut-être avait-elle des inquiétudes plus sérieuses. M. Bovary était homme à ne rien respecter. Un jour, Emma fut prise tout à coup du besoin de voir sa petite fille, qui avait été mise en nourrice chez la femme du menuisier ; et, sans regarder à l'almanach si les six semaines de la Vierge duraient encore, elle s'achemina vers la demeure de Rolet, qui se trouvait à l'extrémité du village, au bas de la côte, entre la grande route et les prairies. Il était midi ; les maisons avaient leurs volets fermés, et les toits d'ardoises, qui reluisaient sous la lumière âpre du ciel bleu, semblaient à la crête de leurs pignons faire pétiller des étincelles. Un vent lourd soufflait. Emma se sentait faible en marchant ; les cailloux du trottoir la blessaient ; elle hésita si elle ne s'en retournerait pas chez elle, ou entrerait quelque part pour s'asseoir. A ce moment, M. Léon sortit d'une porte voisine avec une liasse de papiers sous son bras. Il vint la saluer et se mit à l'ombre devant la boutique de Lheureux, sous la tente grise qui avançait. Madame Bovary dit qu'elle allait voir son enfant, mais qu'elle commençait à être lasse. - Si..., reprit Léon, n'osant poursuivre. - Avez-vous affaire quelque part ? demanda-t-elle. Et, sur la réponse du clerc, elle le pria de l'accompagner. Dès le soir, cela fut connu dans Yonville, et madame Tuvache, la femme du maire, déclara devant sa servante que madame Bovary se compromettait . Pour arriver chez la nourrice il fallait, après la rue, tourner à gauche, comme pour gagner le cimetière, et suivre, entre des maisonnettes et des cours, un petit sentier que bordaient des troènes. Ils étaient en fleur et les véroniques aussi, les églantiers, les orties, et les ronces légères qui s'élançaient des buissons. Par le trou des haies, on apercevait, dans les masures , quelque pourceau sur un fumier, ou des vaches embricolées, frottant leurs cornes contre le tronc des arbres. Tous les deux, côte à côte, ils marchaient doucement, elle s'appuyant sur lui et lui retenant son pas qu'il mesurait sur les siens ; devant eux, un essaim de mouches voltigeait, en bourdonnant dans l'air chaud. Ils reconnurent la maison à un vieux noyer qui l'ombrageait. Basse et couverte de tuiles brunes, elle avait en dehors, sous la lucarne de son grenier, un chapelet d'oignons suspendu. Des bourrées, debout contre la clôture d'épines, entouraient un carré de laitues, quelques pieds de lavande et des pois à fleurs montés sur des rames. De l'eau sale coulait en s'éparpillant sur l'herbe, et il y avait tout autour plusieurs guenilles indistinctes, des bas de tricot, une camisole d'indienne rouge, et un grand drap de toile épaisse étalé en long sur la haie. Au bruit de la barrière, la nourrice parut, tenant sur son bras un enfant qui tétait. Elle tirait de l'autre main un pauvre marmot chétif, couvert de scrofules au visage, le fils d'un bonnetier de Rouen, que ses parents trop occupés de leur négoce laissaient à la campagne. - Entrez, dit-elle ; votre petite est là qui dort. La chambre, au rez-de-chaussée, la seule du logis, avait au fond contre la muraille un large lit sans rideaux, tandis que le pétrin occupait le côté de la fenêtre, dont une vitre était raccommodée avec un soleil de papier bleu. Dans l'angle, derrière la porte, des brodequins à clous luisants étaient rangés sous la dalle du lavoir, près d'une bouteille pleine d'huile qui portait une plume à son goulot ; un Mathieu Laensberg traÃnait sur la cheminée poudreuse, parmi des pierres à fusil, des bouts de chandelle et des morceaux d'amadou. Enfin la dernière superfluité de cet appartement était une Renommée soufflant dans des trompettes, image découpée sans doute à même quelque prospectus de parfumerie, et que six pointes à sabot clouaient au mur. L'enfant d'Emma dormait à terre, dans un berceau d'osier. Elle la prit avec la couverture qui l'enveloppait, et se mit à chanter doucement en se dandinant. Léon se promenait dans la chambre ; il lui semblait étrange de voir cette belle dame en robe de nankin, tout au milieu de cette misère. Madame Bovary devint rouge ; il se détourna, croyant que ses yeux peut-être avaient eu quelque impertinence. Puis elle recoucha la petite, qui venait de vomir sur sa collerette. La nourrice aussitôt vint l'essuyer, protestant qu'il n'y paraÃtrait pas. - Elle m'en fait bien d'autres, disait-elle, et je ne suis occupée qu'à la rincer continuellement ! Si vous aviez donc la complaisance de commander à Camus l'épicier, qu'il me laisse prendre un peu de savon lorsqu'il m'en faut ? Ce serait même plus commode pour vous, que je ne dérangerais pas. - C'est bien, c'est bien ! dit Emma. Au revoir, mère Rolet ! Et elle sortit, en essuyant ses pieds sur le seuil. La bonne femme l'accompagna jusqu'au bout de la cour, tout en parlant du mal qu'elle avait à se relever la nuit. - J'en suis si rompue quelquefois, que je m'endors sur ma chaise ; aussi, vous devriez pour le moins me donner une petite livre de café moulu qui me ferait un mois et que je prendrai le matin avec du lait. Après avoir subi ses remerciements, madame Bovary s'en alla ; et elle était quelque peu avancée dans le sentier, lorsqu'à un bruit de sabots elle tourna la tête c'était la nourrice ! - Qu'y a-t-il ? Alors la paysanne, la tirant à l'écart, derrière un orme, se mit à lui parler de son mari, qui, avec son métier et six francs par an que le capitaine... - Achevez plus vite, dit Emma. - Eh bien, reprit la nourrice poussant des soupirs entre chaque mot, j'ai peur qu'il ne se fasse une tristesse de me voir prendre du café toute seule ; vous savez, les hommes. - Puisque vous en aurez, répétait Emma, je vous en donnerai !... Vous m'ennuyez ! - Hélas ! ma pauvre chère dame, c'est qu'il a, par suite de ses blessures, des crampes terribles à la poitrine. Il dit même que le cidre l'affaiblit. - Mais dépêchez-vous, mère Rolet ! - Donc, reprit celle-ci faisant une révérence, si ce était pas trop vous demander..., - elle salua encore une fois, - quand vous voudrez, - et son regard suppliait, - un cruchon d'eau-de-vie, dit-elle enfin, et j'en frotterai les pieds de votre petite, qui les a tendres comme la langue. Débarrassée de la nourrice, Emma reprit le bras de M. Léon. Elle marcha rapidement pendant quelque temps ; puis elle se ralentit, et son regard qu'elle promenait devant elle rencontra l'épaule du jeune homme, dont la redingote avait un collet de velours noir. Ses cheveux châtains tombaient dessus, plats et bien peignés. Elle remarqua ses ongles, qui étaient plus longs qu'on ne les portait à Yonville. C'était une des grandes occupations du clerc que de les entretenir ; et il gardait, à cet usage, un canif tout particulier dans son écritoire. Ils s'en revinrent à Yonville en suivant le bord de l'eau. Dans la saison chaude, la berge plus élargie découvrait jusqu'à leur base les murs des jardins, qui avaient un escalier de quelques marches descendant à la rivière. Elle coulait sans bruit, rapide et froide à l'oeil ; de grandes herbes minces s'y courbaient ensemble, selon le courant qui les poussait, et comme des chevelures vertes abandonnées, s'étalaient dans sa limpidité. Quelquefois, à la pointe des joncs ou sur la feuille des nénuphars, un insecte à pattes fines marchait ou se posait. Le soleil traversait d'un rayon les petits globules bleus des ondes qui se succédaient en se crevant ; les vieux saules ébranchés miraient dans l'eau leur écorce grise ; au-delà , tout alentour, la prairie semblait vide. C'était l'heure du dÃner dans les fermes, et la jeune femme et son compagnon n'entendaient en marchant que la cadence de leurs pas sur la terre du sentier, les paroles qu'ils se disaient, et le frôlement de la robe d'Emma qui bruissait tout autour d'elle. Les murs des jardins, garnis à leur chaperon de morceaux de bouteilles, étaient chauds comme le vitrage d'une serre. Dans les briques, des ravenelles avaient poussé ; et, du bord de son ombrelle déployée, madame Bovary, tout en passant, faisait s'égrener en poussière jaune un peu de leurs fleurs flétries, ou bien quelque branche des chèvrefeuilles et des clématites qui pendaient au dehors traÃnait un moment sur la soie, en s'accrochant aux effilés. Ils causaient d'une troupe de danseurs espagnols, que l'on attendait bientôt sur le théâtre de Rouen. - Vous irez ? demanda-t-elle. - Si je le peux, répondit-il. N'avaient-ils rien autre chose à se dire ? Leurs yeux pourtant étaient pleins d'une causerie plus sérieuse ; et, tandis qu'ils s'efforçaient à trouver des phrases banales, ils sentaient une même langueur les envahir tous les deux ; c'était comme un murmure de l'âme, profond, continu, qui dominait celui des voix. Surpris d'étonnement à cette suavité nouvelle, ils ne songeaient pas à s'en raconter la sensation ou à en découvrir la cause. Les bonheurs futurs, comme les rivages des tropiques, projettent sur l'immensité qui les précède leurs mollesses natales, une brise parfumée, et l'on s'assoupit dans cet enivrement sans même s'inquiéter de l'horizon que l'on n'aperçoit pas. La terre, à un endroit, se trouvait effondrée par le pas des bestiaux ; il fallut marcher sur de grosses pierres vertes, espacées dans la boue. Souvent elle s'arrêtait une minute à regarder où poser sa bottine, - et, chancelant sur le caillou qui tremblait, les coudes en l'air, la taille penchée, l'oeil indécis, elle riait alors, de peur de tomber dans les flaques d'eau. Quand ils furent arrivés devant son jardin, madame Bovary poussa la petite barrière, monta les marches en courant et disparut. Léon rentra à son étude. Le patron était absent ; il jeta un coup d'oeil sur les dossiers, puis se tailla une plume, prit enfin son chapeau et s'en alla. Il alla sur la Pâture, au haut de la côte d'Argueil, à l'entrée de la forêt ; il se coucha par terre sous les sapins, et regarda le ciel à travers ses doigts. - Comme je m'ennuie ! se disait-il, comme je m'ennuie ! Il se trouvait à plaindre de vivre dans ce village, avec Homais pour ami et M. Guillaumin pour maÃtre. Ce dernier, tout occupé d'affaires, portant des lunettes à branches d'or et favoris rouges sur cravate blanche, n'entendait rien aux délicatesses de l'esprit, quoiqu'il affectât un genre raide et anglais qui avait ébloui le clerc dans les premiers temps. Quant à la femme du pharmacien, c'était la meilleure épouse de Normandie, douce comme un mouton, chérissant ses enfants, son père, sa mère, ses cousins, pleurant aux maux d'autrui, laissant tout aller dans son ménage, et détestant les corsets ; - mais si lente à se mouvoir, si ennuyeuse à écouter, d'un aspect si commun et d'une conversation si restreinte, qu'il n'avait jamais songé, quoiqu'elle eût trente ans, qu'il en eût vingt, qu'ils couchassent porte à porte, et qu'il lui parlât chaque jour, qu'elle pût être une femme pour quelqu'un, ni qu'elle possédât de son sexe autre chose que la robe. Et ensuite, qu'y avait-il ? Binet, quelques marchands, deux ou trois cabaretiers, le curé, et enfin M. Tuvache, le maire, avec ses deux fils, gens cossus, bourrus, obtus, cultivant leurs terres eux-mêmes, faisant des ripailles en famille, dévots d'ailleurs, et d'une société tout à fait insupportable. Mais, sur le fond commun de tous ces visages humains, la figure d'Emma se détachait isolée et plus lointaine cependant ; car il sentait entre elle et lui comme de vagues abÃmes. Au commencement, il était venu chez elle plusieurs fois dans la compagnie du pharmacien. Charles n'avait point paru extrêmement curieux de le recevoir ; et Léon ne savait comment s'y prendre entre la peur d'être indiscret et le désir d'une intimité qu'il estimait presque impossible. IV. Dès les premiers froids, Emma quitta sa chambre pour habiter la salle, longue pièce à plafond bas où il y avait, sur la cheminée, un polypier touffu s'étalant contre la glace. Assise dans son fauteuil, près de la fenêtre, elle voyait passer les gens du village sur le trottoir. Léon, deux fois par jour, allait de son étude au Lion d'Or . Emma, de loin, l'entendait venir ; elle se penchait en écoutant ; et le jeune homme glissait derrière le rideau, toujours vêtu de même façon et sans détourner la tête. Mais au crépuscule, lorsque, le menton dans sa main gauche, elle avait abandonné sur ses genoux sa tapisserie commencée, souvent elle tressaillait à l'apparition de cette ombre glissant tout à coup. Elle se levait et commandait qu'on mÃt le couvert. M. Homais arrivait pendant le dÃner. Bonnet grec à la main, il entrait à pas muets pour ne déranger personne et toujours en répétant la même phrase " Bonsoir la compagnie ! " Puis, quand il s'était posé à sa place, contre la table, entre les deux époux, il demandait au médecin des nouvelles de ses malades, et celui-ci le consultait sur la probabilité des honoraires. Ensuite, on causait de ce qu'il y avait dans le journal . Homais, à cette heure-là , le savait presque par coeur ; et il le rapportait intégralement, avec les réflexions du journaliste et toutes les histoires des catastrophes individuelles arrivées en France ou à l'étranger. Mais, le sujet se tarissant, il ne tardait pas à lancer quelques observations sur les mets qu'il voyait. Parfois même, se levant à demi, il indiquait délicatement à Madame le morceau le plus tendre, ou, se tournant vers la bonne, lui adressait des conseils pour la manipulation des ragoûts et l'hygiène des assaisonnements ; il parlait arôme, osmazôme, sucs et gélatine d'une façon à éblouir. La tête d'ailleurs plus remplie de recettes que sa pharmacie ne l'était de bocaux, Homais excellait à faire quantité de confitures, vinaigres et liqueurs douces, et il connaissait aussi toutes les inventions nouvelles de caléfacteurs économiques, avec l'art de conserver les fromages et de soigner les vins malades. A huit heures, Justin venait le chercher pour fermer la pharmacie. Alors M. Homais le regardait d'un oeil narquois, surtout si Félicité se trouvait là , s'étant aperçu que son élève affectionnait la maison du médecin. - Mon gaillard, disait-il, commence à avoir des idées, et je crois, diable m'emporte, qu'il est amoureux de votre bonne ! Mais un défaut plus grave, et qu'il lui reprochait, c'était d'écouter continuellement les conversations. Le dimanche, par exemple, on ne pouvait le faire sortir du salon, où madame Homais l'avait appelé pour prendre les enfants, qui s'endormaient dans les fauteuils, en tirant avec leurs dos les housses de calicot, trop larges. Il ne venait pas grand monde à ces soirées du pharmacien, sa médisance et ses opinions politiques ayant écarté de lui successivement différentes personnes respectables. Le clerc ne manquait pas de s'y trouver. Dès qu'il entendait la sonnette, il courait au-devant de madame Bovary, prenait son châle, et posait à l'écart, sous le bureau de la pharmacie, les grosses pantoufles de lisière qu'elle portait sur sa chaussure, quand il y avait de la neige. On faisait d'abord quelques parties de trente-et-un ; ensuite M. Homais jouait à l'écarté avec Emma ; Léon, derrière elle, lui donnait des avis. Debout et les mains sur le dossier de sa chaise, il regardait les dents de son peigne qui mordaient son chignon. A chaque mouvement qu'elle faisait pour jeter les cartes, sa robe du côté droit remontait. De ses cheveux retroussés, il descendait une couleur brune sur son dos, et qui, s'apâlissant graduellement, peu à peu se perdait dans l'ombre. Son vêtement, ensuite, retombait des deux côtés sur le siège, en bouffant, plein de plis, et s'étalait jusqu'à terre. Quand Léon parfois sentait la semelle de sa botte poser dessus, il s'écartait, comme s'il eût marché sur quelqu'un. Lorsque la partie de cartes était finie, l'apothicaire et le médecin jouaient aux dominos, et Emma changeant de place, s'accoudait sur la table, à feuilleter l'Illustration . Elle avait apporté son journal de modes. Léon se mettait près d'elle ; ils regardaient ensemble les gravures et s'attardaient au bas des pages. Souvent elle le priait de lui dire des vers ; Léon les déclamait d'une voix traÃnante et qu'il faisait expirer soigneusement aux passages d'amour. Mais le bruit des dominos le contrariait ; M. Homais y était fort, il battait Charles à plein double-six. Puis, les trois centaines terminées, ils s'allongeaient tous deux devant le foyer et ne tardaient pas à s'endormir. Le feu se mourait dans les cendres ; la théière était vide ; Léon lisait encore. Emma l'écoutait, en faisant tourner machinalement l'abat-jour de la lampe, où étaient peints sur la gaze des pierrots dans des voitures et des danseuses de corde, avec leurs balanciers. Léon s'arrêtait, désignant d'un geste son auditoire endormi ; alors ils se parlaient à voix basse, et la conversation qu'ils avaient leur semblait plus douce, parce qu'elle n'était pas entendue. Ainsi s'établit entre eux une sorte d'association, un commerce continuel de livres et de romances ; M. Bovary, peu jaloux, ne s'en étonnait pas. Il reçut pour sa fête une belle tête phrénologique, toute marquetée de chiffres jusqu'au thorax et peinte en bleu. C'était une attention du clerc. Il en avait bien d'autres, jusqu'à lui faire, à Rouen, ses commissions ; et le livre d'un romancier ayant mis à la mode la manie des plantes grasses, Léon en achetait pour Madame, qu'il rapportait sur ses genoux, dans l'Hirondelle , tout en se piquant les doigts à leurs poils durs. Elle fit ajuster, contre sa croisée, une planchette à balustrade pour tenir ses potiches. Le clerc eut aussi son jardinet suspendu ; ils s'apercevaient soignant leurs fleurs à leur fenêtre. Parmi les fenêtres du village, il y en avait une encore plus souvent occupée ; car, le dimanche, depuis le matin jusqu'à la nuit, et chaque après-midi, si le temps était clair, on voyait à la lucarne d'un grenier le profil maigre de M. Binet penché sur son tour, dont le ronflement monotone s'entendait jusqu'au Lion d'Or . Un soir, en rentrant, Léon trouva dans sa chambre un tapis de velours et de laine avec des feuillages sur fond pâle, il appela madame Homais, M. Homais, Justin, les enfants, la cuisinière, il en parla à son patron ; tout le monde désira connaÃtre ce tapis ; pourquoi la femme du médecin faisait-elle au clerc des générosités ? Cela parut drôle, et l'on pensa définitivement qu'elle devait être sa bonne amie . Il le donnait à croire, tant il vous entretenait sans cesse de ses charmes et de son esprit, si bien que Binet lui répondit une fois fort brutalement - Que m'importe, à moi, puisque je ne suis pas de sa société ! Il se torturait à découvrir par quel moyen lui faire sa déclaration ; et, toujours hésitant entre la crainte de lui déplaire et la honte d'être si pusillanime, il en pleurait de découragement et de désirs. Puis il prenait des décisions énergiques ; il écrivait des lettres qu'il déchirait, s'ajournait à des époques qu'il reculait. Souvent il se mettait en marche, dans le projet de tout oser ; mais cette résolution l'abandonnait bien vite en la présence d'Emma, et, quand Charles, survenant, l'invitait à monter dans son boc pour aller voir ensemble quelque malade aux environs, il acceptait aussitôt, saluait Madame et s'en allait. Son mari, n'était-ce pas quelque chose d'elle ? Quant à Emma, elle ne s'interrogea point pour savoir si elle l'aimait. L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, - ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abÃme le coeur entier. Elle ne savait pas que, sur la terrasse des maisons, la pluie fait des lacs quand les gouttières sont bouchées, et elle fût ainsi demeurée en sa sécurité, lorsqu'elle découvrit subitement une lézarde dans le mur. V. Ce fut un dimanche de février, une après-midi qu'il neigeait. Ils étaient tous, M. et madame Bovary, Homais et M. Léon, partis voir, à une demi-lieue d'Yonville, dans la vallée, une filature de lin que l'on établissait. L'apothicaire avait amené avec lui Napoléon et Athalie, pour leur faire faire de l'exercice, et Justin les accompagnait, portant des parapluies sur son épaule. Rien pourtant n'était moins curieux que cette curiosité. Un grand espace de terrain vide, où se trouvaient pêle-mêle, entre des tas de sable et de cailloux, quelques roues d'engrenage déjà rouillées, entourait un long bâtiment quadrangulaire que perçaient quantité de petites fenêtres. Il n'était pas achevé d'être bâti, et l'on voyait le ciel à travers les lambourdes de la toiture. Attaché à la poutrelle du pignon, un bouquet de paille entremêlé d'épis faisait claquer au vent ses rubans tricolores. Homais parlait. Il expliquait à la compagnie l'importance future de cet établissement, supputait la force des planchers, l'épaisseur des murailles, et regrettait beaucoup de n'avoir pas de canne métrique, comme M. Binet en possédait une pour son usage particulier. Emma, qui lui donnait le bras, s'appuyait un peu sur son épaule, et elle regardait le disque du soleil irradiant au loin, dans la brume, sa pâleur éblouissante ; mais elle tourna la tête Charles était là . Il avait sa casquette enfoncée sur ses sourcils, et ses deux grosses lèvres tremblotaient, ce qui ajoutait à son visage quelque chose de stupide ; son dos même, son dos tranquille était irritant à voir, et elle y trouvait étalée sur la redingote toute la platitude du personnage. Pendant qu'elle le considérait, goûtant ainsi dans son irritation une sorte de volupté dépravée, Léon s'avança d'un pas. Le froid qui le pâlissait semblait déposer sur sa figure une langueur plus douce ; entre sa cravate et son cou, le col de la chemise, un peu lâche, laissait voir la peau ; un bout d'oreille dépassait sous une mèche de cheveux, et son grand oeil bleu, levé vers les nuages, parut à Emma plus limpide et plus beau que ces lacs des montagnes où le ciel se mire. - Malheureux ! s'écria tout à coup l'apothicaire. Et il courut à son fils, qui venait de se précipiter dans un tas de chaux pour peindre ses souliers en blanc. Aux reproches dont on l'accablait, Napoléon se prit à pousser des hurlements, tandis que Justin lui essuyait ses chaussures avec un torchis de paille. Mais il eût fallu un couteau ; Charles offrit le sien. - Ah ! se dit-elle, il porte un couteau dans sa poche, comme un paysan ! Le givre tombait, et l'on s'en retourna vers Yonville. Madame Bovary, le soir, n'alla pas chez ses voisins, et, quand Charles fut parti, lorsqu'elle se sentit seule, le parallèle recommença dans la netteté d'une sensation presque immédiate et avec cet allongement de perspective que le souvenir donne aux objets. Regardant de son lit le feu clair qui brûlait, elle voyait encore, comme là -bas, Léon debout, faisant plier d'une main sa badine et tenant de l'autre Athalie, qui suçait tranquillement un morceau de glace. Elle le trouvait charmant ; elle ne pouvait s'en détacher ; elle se rappela ses autres attitudes en d'autres jours, des phrases qu'il avait dites, le son de sa voix, toute sa personne ; et elle répétait, en avançant ses lèvres comme pour un baiser - Oui, charmant ! charmant !... N'aime-t-il pas ? se demanda-t-elle. Qui donc ?... mais c'est moi ! Toutes les preuves à la fois s'en étalèrent, son coeur bondit. La flamme de la cheminée faisait trembler au plafond une clarté joyeuse ; elle se tourna sur le dos en s'étirant les bras. Alors commença l'éternelle lamentation " Oh ! Si le ciel l'avait voulu ! Pourquoi n'est-ce pas ? Qui empêchait donc ?... " Quand Charles, à minuit, rentra, elle eut l'air de s'éveiller, et, comme il fit du bruit en se déshabillant, elle se plaignit de la migraine ; puis demanda nonchalamment ce qui s'était passé dans la soirée. - M. Léon, dit-il, est remonté de bonne heure. Elle ne put s'empêcher de sourire, et elle s'endormit l'âme remplie d'un enchantement nouveau. Le lendemain, à la nuit tombante, elle reçut la visite du sieur Lheureux, marchand de nouveautés. C'était un homme habile que ce boutiquier. Né Gascon, mais devenu Normand, il doublait sa faconde méridionale de cautèle cauchoise. Sa figure grasse, molle et sans barbe, semblait teinte par une décoction de réglisse claire, et sa chevelure blanche rendait plus vif encore l'éclat rude de ses petits yeux noirs. On ignorait ce qu'il avait été jadis porteballe, disaient les uns, banquier à Routot, selon les autres. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il faisait, de tête, des calculs compliqués, à effrayer Binet lui-même. Poli jusqu'à l'obséquiosité, il se tenait toujours les reins à demi courbés, dans la position de quelqu'un qui salue ou qui invite. Après avoir laissé à la porte son chapeau garni d'un crêpe, il posa sur la table un carton vert, et commença par se plaindre à Madame, avec force civilités, d'être resté jusqu'à ce jour sans obtenir sa confiance. Une pauvre boutique comme la sienne n'était pas faite pour attirer une élégante ; il appuya sur le mot. Elle n'avait pourtant qu'à commander, et il se chargerait de lui fournir ce qu'elle voudrait, tant en mercerie que lingerie, bonneterie ou nouveautés ; car il allait à la ville quatre fois par mois, régulièrement. Il était en relation avec les plus fortes maisons. On pouvait parler de lui aux Trois Frères , à la Barbe d'or ou au Grand Sauvage ; tous ces messieurs le connaissaient comme leur poche ! Aujourd'hui donc, il venait montrer à Madame, en passant, différents articles qu'il se trouvait avoir, grâce à une occasion des plus rares. Et il retira de la boÃte une demi-douzaine de cols brodés. Madame Bovary les examina. - Je n'ai besoin de rien, dit-elle. Alors M. Lheureux exhiba délicatement trois écharpes algériennes, plusieurs paquets d'aiguilles anglaises, une paire de pantoufles en paille, et, enfin, quatre coquetiers en coco, ciselés à jour par des forçats. Puis, les deux mains sur la table, le cou tendu, la taille penchée, il suivait, bouche béante, le regard d'Emma, qui se promenait indécis parmi ces marchandises. De temps à autre, comme pour en chasser la poussière, il donnait un coup d'ongle sur la soie des écharpes dépliées dans toute leur longueur ; et elles frémissaient avec un bruit léger, en faisant, à la lumière verdâtre du crépuscule, scintiller, comme de petites étoiles, les paillettes d'or de leur tissu. - Combien coûtent-elles ? - Une misère, répondit-il, une misère ; mais rien ne presse ; quand vous voudrez ; nous ne sommes pas des Juifs ! Elle réfléchit quelques instants, et finit encore par remercier M. Lheureux, qui répliqua sans s'émouvoir - Eh bien, nous nous entendrons plus tard ; avec les dames je me suis toujours arrangé, si ce n'est avec la mienne, cependant ! Emma sourit. - C'était pour vous dire, reprit-il d'un air bonhomme après sa plaisanterie, que ce n'est pas l'argent qui m'inquiète... Je vous en donnerais, s'il le fallait. Elle eut un geste de surprise. - Ah ! fit-il vivement et à voix basse, je n'aurais pas besoin d'aller loin pour vous en trouver ; comptez-y ! Et il se mit à demander des nouvelles du père Tellier, le maÃtre du Café Français , que M. Bovary soignait alors. - Qu'est-ce qu'il a donc, le père Tellier ?... Il tousse qu'il en secoue toute sa maison, et j'ai bien peur que prochainement il ne lui faille plutôt un paletot de sapin qu'une camisole de flanelle ! Il a fait tant de bamboches quand il était jeune ! Ces gens-là , madame, n'avaient pas le moindre ordre ! Il s'est calciné avec l'eau-de-vie ! Mais c'est fâcheux tout de même de voir une connaissance s'en aller. Et, tandis qu'il rebouclait son carton, il discourait ainsi sur la clientèle du médecin. - C'est le temps, sans doute, dit-il en regardant les carreaux avec une figure rechignée, qui est la cause de ces maladies-là ! Moi aussi, je ne me sens pas en mon assiette ; il faudra même un de ces jours que je vienne consulter Monsieur, pour une douleur que j'ai dans le dos. Enfin, au revoir, madame Bovary ; à votre disposition ; serviteur très humble ! Et il referma la porte doucement. Emma se fit servir à dÃner dans sa chambre, au coin du feu, sur un plateau ; elle fut longue à manger ; tout lui sembla bon. - Comme j'ai été sage ! se disait-elle en songeant aux écharpes. Elle entendit des pas dans l'escalier c'était Léon. Elle se leva, et prit sur la commode, parmi des torchons à ourler, le premier de la pile. Elle semblait fort occupée quand il parut. La conversation fut languissante, madame Bovary l'abandonnant à chaque minute, tandis qu'il demeurait lui-même comme tout embarrassé. Assis sur une chaise basse, près de la cheminée, il faisait tourner dans ses doigts l'étui d'ivoire ; elle poussait son aiguille, ou, de temps à autre, avec son ongle, fronçait les plis de la toile. Elle ne parlait pas ; il se taisait, captivé par son silence, comme il l'eût été par ses paroles. - Pauvre garçon pensait-elle - En quoi lui déplais-je ? se demandait-il. Léon, cependant, finit par dire qu'il devait, un de ces jours, aller à Rouen, pour une affaire de son étude. - Votre abonnement de musique est terminé, dois-je le reprendre ? - Non, répondit-elle. - Pourquoi ? - Parce que... Et, pinçant ses lèvres, elle tira lentement une longue aiguillée de fil gris. Cet ouvrage irritait Léon. Les doigts d'Emma semblaient s'y écorcher par le bout ; il lui vint en tête une phrase galante, mais qu'il ne risqua pas. - Vous l'abandonnez donc ? reprit-il. - Quoi ? dit-elle vivement ; la musique ? Ah ! Mon Dieu, oui ! n'ai-je pas ma maison à tenir, mon mari à soigner, mille choses enfin, bien des devoirs qui passent auparavant ! Elle regarda la pendule. Charles était en retard. Alors elle fit la soucieuse. Deux ou trois fois même elle répéta - Il est si bon ! Le clerc affectionnait M. Bovary. Mais cette tendresse à son endroit l'étonna d'une façon désagréable ; néanmoins il continua son éloge, qu'il entendait faire à chacun, disait-il, et surtout au pharmacien. - Ah ! c'est un brave homme, reprit Emma. - Certes, reprit le clerc. Et il se mit à parler de madame Homais, dont la tenue fort négligée leur prêtait à rire ordinairement. - Qu'est-ce que cela fait ? interrompit Emma. Une bonne mère de famille ne s'inquiète pas de sa toilette. Puis elle retomba dans son silence. Il en fut de même les jours suivants ; ses discours, ses manières, tout changea. On la vit prendre à coeur son ménage, retourner à l'église régulièrement et tenir sa servante avec plus de sévérité. Elle retira Berthe de nourrice. Félicité l'amenait quand il venait des visites, et madame Bovary la déshabillait afin de faire voir ses membres. Elle déclarait adorer les enfants ; c'était sa consolation, sa joie, sa folie, et elle accompagnait ses caresses d'expansions lyriques, qui, à d'autres qu'à des Yonvillais, eussent rappelé la Sachette de Notre-Dame de Paris . Quand Charles rentrait, il trouvait auprès des cendres ses pantoufles à chauffer. Ses gilets maintenant ne manquaient plus de doublure, ni ses chemises de boutons, et même il y avait plaisir à considérer dans l'armoire tous les bonnets de coton rangés par piles égales. Elle ne rechignait plus, comme autrefois, à faire des tours dans le jardin ; ce qu'il proposait était toujours consenti, bien qu'elle ne devinât pas les volontés auxquelles elle se soumettait sans un murmure ; - et lorsque Léon le voyait au coin du feu, après le dÃner, les deux mains sur son ventre, les deux pieds sur les chenets, la joue rougie par la digestion, les yeux humides de bonheur, avec l'enfant qui se traÃnait sur le tapis, et cette femme à taille mince qui par-dessus le dossier du fauteuil venait le baiser au front - Quelle folie se disait-il, et comment arriver jusqu'à elle ? Elle lui parut donc si vertueuse et inaccessible, que toute espérance, même la plus vague, l'abandonna. Mais, par ce renoncement, il la plaçait en des conditions extraordinaires. Elle se dégagea, pour lui, des qualités charnelles dont il n'avait rien à obtenir ; et elle alla, dans son coeur, montant toujours et s'en détachant, à la manière magnifique d'une apothéose qui s'envole. C'était un de ces sentiments purs qui n'embarrassent pas l'exercice de la vie, que l'on cultive parce qu'ils sont rares, et dont la perte affligerait plus que la possession n'est réjouissante. Emma maigrit, ses joues pâlirent, sa figure s'allongea. Avec ses bandeaux noirs, ses grands yeux, son nez droit, sa démarche d'oiseau, et toujours silencieuse, maintenant, ne semblait-elle pas traverser l'existence en y touchant à peine, et porter au front la vague empreinte de quelque prédestination sublime ? Elle était si triste et si calme, si douce à la fois et si réservée, que l'on se sentait près d'elle pris par un charme glacial, comme l'on frissonne dans les églises sous le parfum des fleurs mêlé au froid des marbres. Les autres même n'échappaient point à cette séduction. Le pharmacien disait - C'est une femme de grands moyens et qui ne serait pas déplacée dans une sous-préfecture. Les bourgeoises admiraient son économie, les clients sa politesse, les pauvres sa charité. Mais elle était pleine de convoitises, de rage, de haine. Cette robe aux plis droits cachait un coeur bouleversé, et ces lèvres si pudiques n'en racontaient pas la tourmente. Elle était amoureuse de Léon, et elle recherchait la solitude, afin de pouvoir plus à l'aise se délecter en son image. La vue de sa personne troublait la volupté de cette méditation. Emma palpitait au bruit de ses pas ; puis, en sa présence, l'émotion tombait, et il ne lui restait ensuite qu'un immense étonnement qui se finissait en tristesse. Léon ne savait pas, lorsqu'il sortait de chez elle désespéré, qu'elle se levait derrière lui afin de le voir dans la rue. Elle s'inquiétait de ses démarches ; elle épiait son visage ; elle inventa toute une histoire pour trouver prétexte à visiter sa chambre. La femme du pharmacien lui semblait bien heureuse de dormir sous le même toit ; et ses pensées continuellement s'abattaient sur cette maison, comme les pigeons du Lion d'Or qui venaient tremper là , dans les gouttières, leurs pattes roses et leurs ailes blanches. Mais plus Emma s'apercevait de son amour, plus elle le refoulait, afin qu'il ne parût pas, et pour le diminuer. Elle aurait voulu que Léon s'en doutât ; et elle imaginait des hasards, des catastrophes qui l'eussent facilité. Ce qui la retenait, sans doute, c'était la paresse ou l'épouvante, et la pudeur aussi. Elle songeait qu'elle l'avait repoussé trop loin, qu'il n'était plus temps, que tout était perdu. Puis l'orgueil, la joie de se dire " Je suis vertueuse ", et de se regarder dans la glace en prenant des poses résignées, la consolait un peu du sacrifice qu'elle croyait faire. Alors, les appétits de la chair, les convoitises d'argent et les mélancolies de la passion, tout se confondit dans une même souffrance ; - et, au lieu d'en détourner sa pensée, elle l'y attachait davantage, s'excitant à la douleur et en cherchant partout les occasions. Elle s'irritait d'un plat mal servi ou d'une porte entrebâillée, gémissait du velours qu'elle n'avait pas, du bonheur qui lui manquait, de ses rêves trop hauts, de sa maison trop étroite. Ce qui l'exaspérait, c'est que Charles n'avait pas l'air de se douter de son supplice. La conviction où il était de la rendre heureuse lui semblait une insulte imbécile, et sa sécurité là -dessus de l'ingratitude. Pour qui donc était-elle sage ? N'était-il pas, lui, l'obstacle à toute félicité, la cause de toute misère, et comme l'ardillon pointu de cette courroie complexe qui la bouclait de tous côtés ? Donc, elle reporta sur lui seul la haine nombreuse qui résultait de ses ennuis, et chaque effort pour l'amoindrir ne servait qu'à l'augmenter ; car cette peine inutile s'ajoutait aux autres motifs de désespoir et contribuait encore plus à l'écartement. Sa propre douceur
Celafaisait une éternité (plus de 6 ans je pense) que je l'avais lâché (après de longues années de fidélité) ; je n'avais donc jamais testé la dernière formule de cet emblématique fond de teint liquide de chez L'Oréal. Eh bien je le trouve absolument génial ! Il fait tout ce que j'aime : couvrance modulable, effet 2nde peau, formule hydratante qu'on ne sent pas, aucun

Le Deal du moment Coffret Pokémon Ultra Premium Dracaufeu 2022 en ... Voir le deal NEW YORK CITY LIFE Archives Corbeille Fiches AbandonnéesPartagez Aller à la page 1, 2 AuteurMessageInvité Empire State of MindInvité Sujet BORN IN HEAVEN kat Mar 23 Oct - 2336 FEAT. MILEY CYRUSKathlyn Ever MONROE20 ans → Née à Newport Beach, Californie le 12/03/1992 → vendeuse de lingerie mariée → hétérosexuelle → membre des Beauty who am i ?★Quelles sont tes caractéristiques?→ Kathlyn a souvent le sourire aux lèvres, car il faut bien que trois ans de port d'appareil et un blanchiment des dents servent à quelque chose ✘Elle n'a pas de tatouage, mais elle aimerait se faire tatouer un "j" ✘ fan de pop/rock, elle a de nombreux tops à l'effigie de ses groupes préférés dans son dressing ✘ elle ronge ses ongles ✘ elle ne lisse presque jamais ses cheveux, parce qu'elle les préfère ondulés et qu'elle a la flemme ✘ elle fait toujours attention à sa tenue vestimentaire. Normal, pour une passionnée de mode ✘ il n'y a qu'un bijou qu'elle porte en permanence sa bague de mariage. ✘ Kathlyn se maquille peu au quotidien ✘ elle est peu frileuse.→ Kathlyn n'est pas très grande mais elle a ce qu'il faut là où il faut. Bien sûr, comme toutes les femmes, Kathlyn se trouve un peu trop grosse, mais ce n'est pas le genre de filles qui s'interdit de manger juste pour deux ou trois kilos en trop. Bien sûr, quand on est vendeuse, un beau corps ne sert pas vraiment Il faut surtout un beau visage. Et Kathlyn, elle, a un visage d'ange, encadré par des cheveux blonds et bruns. On ne va pas se mentir Oui, elle a succombé à la tentation de se faire des mèches. Mais le tout parait tout de même naturel. Ses cheveux sont naturellement ondulés et la jeune femme les lisse peu souvent. La demoiselle a également des yeux bleu-vert, dont la couleur change un peu lorsqu'il y a du soleil. Mais dans ces cas-là, il est difficile de savoir Kathlyn porte ses lunettes de soleil, quasiment adore les fringues, et il est logique pour elle d'avoir un grand dressing et une garde-robe soignée et variée. De nombreux shorts composent sa garde-robe, mais également des tops, quelques robes, des pulls et des jeans très basiques. Elle a quelques chemises à carreaux qu'elle porte généralement autour de la taille. Côté bijoux, elle n'aime pas en faire trop et porte soit un collier soit quelques bracelets. Et puis, parfois, elle aime piquer l'écharpe de son chéri. ★Quel est le caractère de ton personnage?→ Kat est une fille au caractère plutôt fort, et quand on la cherche, on la trouve. Elle n'aime pas être critiquée et à la moindre remarque, elle part au quart de tour et s'emporte vivement. C'est sans doute son plus gros défaut. Mais la jeune femme est également femme de coeur, qui protège et se montre douce et attentionnée avec ceux auxquels elle tient. Il faut la voir avec des enfants elle les surprotège et devient toute gentille, avec une voix ridiculement haut perchée. Kat est une fille qui aime la fête. Aux festivals de rock, elle prend son pied, dévoilant son manque de pudeur elle ne garde vraiment que le strict minimum. La jeune femme est très franche, et quand elle a quelque chose à dire, elle le dit en face. On peut estimer que c'est une qualité, puisqu'elle ne parle pas sur le dos de ses amis, mais elle n'a jamais hésité à leur parler, quitte à les vexer. Kathlyn est pleine d'énergie, aime danser et chanter. Elle chante dans un groupe de pop/rock dans lequel elle n'hésite pas à s'éclater, même si le groupe, très récent, ne connaît pas encore son heure de gloire. Kat a sa fierté et refuse d'être dépendante des autres ou de leur devoir quelque chose. Elle préfère se débrouiller. C'est qu'elle a besoin d'espace, de liberté, la belle. Un besoin qui se fait ressentir de temps à autres. C'est sans doute pour ça qu'elle est venue à New York pour avoir plus d'air. Mais malgré tout, à l'intérieur, Kathlyn est une fille tendre comme du chamallow et totalement loyale et fidèle. Well... It's my story...1. D'après ses souvenirs, elle avait toujours vécu à Newport Beach. Oui, comme la série télé, sous le soleil de la Californie. Fille d'un père garagiste et d'une mère étudiante. Ses parents s'étaient rencontrés par hasard, lorsque la voiture de sa mère, Olivia, était tombée en panne. Le garage le plus proche était celui de son père, un certain Dean Whithead. Six années plus tard, ils avaient un enfant et Olivia avait la bague au doigt. La petite Kathlyn, une adorable tête brune, grandit au sein d'un foyer heureux et équilibré, rempli d'amour et de joie. Ce n'était pas la meilleure des élèves, mais elle savait se débrouiller, cette petite. Elle avait déjà sa franchise et n'hésitait pas, à l'heure du petit déjeuner, à critiquer les t-shirts de son père. Aujourd'hui encore, Kathlyn se souvient de ces balades au bord de la plage en famille de ces week-ends passés chez les cousins, de ces soirées chaudes, où ils regardaient des Disney sur le canapé. Ses parents semblaient si heureux ensemble. C'est pourquoi ce qui arriva par la suite prit la jeune fille par surprise... 2. "Papa et moi, nous allons habiter dans des maisons différentes." expliquait Olivia à sa fille. "Papa va partir pour la Floride. Tu sais, je te l'ai montrée sur la carte. Et toi, parfois, tu viendra chez lui." Kathlyn n'avait que 10 ans à peine, mais elle comprenait très bien ce qui se passait. Ses parents allaient divorcer. Dans sa classe, ils y avaient des enfants aux parents séparés. La petite fille leur avait demandé ce que ça faisait. "Des hauts et des bas... On a deux maisons et deux fois plus de cadeaux, mais... c'est moins joyeux qu'avant". Parfois, même, les parents remplaçaient le papa ou la maman par un parfait étranger. Un beau-père, ou une belle-mère. Comme dans Cendrillon, pensait Kahlyn. Elle se voyait déjà contrainte à laver la maison du sol au plafond à cause d'une nouvelle maman très méchante. Finalement, en juillet 2002, le divorce fut prononcé et la garde des enfants partagée. Le père de Kathlyn partit pour la Floride. A partir de cet instant, la petite fille de 10 ans allait passer un bon bout de temps dans les L'adolescence de Kathlyn se résuma à de nombreux voyages de la Floride à la Californie, de la Californie à la Floride. Combien de fois, au bout du téléphone, la jeune fille entendait-elle sa mère lui reprocher de "ne pas assez venir chez moi, passe moi ton père" ? L'adolescente trouvait sa mère trop protectrice, voir étouffante. Son père n'était pas mieux. Peu importaient les bêtises que la jeune fille faisait, elle était pardonnée. De ses parents, elle obtenait tout. De l'argent pour aller au cinéma, une autorisation pour sortir jusque tard le soir... Ils culpabilisaient sans doute un peu d'avoir détruit le foyer chaleureux qu'ils formaient. Mais durant toute son adolescence, Kathlyn n'eut jamais besoin de travailler. Même si ses amies auraient aimé être à sa place, Kat, elle, aurait préféré avoir une adolescence un peu plus stricte. Un souhait qui se réalisa lorsque son père rencontra la nouvelle "femme de sa vie". Une femme qui sut rendre heureux son père, chose qui faisait plaisir à l'adolescente. A leur mariage, elle fut le témoin de son père. Un peu normal Ils étaient plutôt proches, et il l'emmenait souvent à des concerts de rock. Après le mariage, Kathlyn décida de laisser les deux tourtereaux tranquilles pour passer plus de temps avec sa mère. 4. C'est en 2008, fin novembre, qu'elle a décidé de s'installer à New York pour de bon. Cela faisait une année entière qu'elle n'a pas été à la Grosse Pomme, où réside d'ailleurs son cousin le plus proche, James. A cette époque, ils se sont beaucoup vus et il fut le premier à savoir que Kathlyn resterait pour de bon dans "la ville qui ne dort jamais". Pour le passage en 2009, les deux cousins fêtèrent le nouvel an chez un ami commun. Le genre de grosses fêtes bourrées d'alcool et de musique à fond. Au petit matin, le premier mot qui sortit de la bouche de Kathlyn ne fut pas "Bonne année", mais "Merde". Elle avait peu de souvenirs de la veille, mais elle était dans le même lit que James, avec l'évidence sous le nez Ils l'avaient fait. Quand les deux adolescents se rendirent compte de leur erreur, non seulement ils jurèrent de ne plus boire une goutte d'alcool, mais aussi que rien de tout ça n'était arrivé. Les deux cousins ne devraient jamais dire qu'ils avaient couché En février de cette nouvelle année, Kathlyn fit la rencontre du seul homme de sa vie. Il s'appelait Julian, et leur rencontre était due au hasard. Il avait une petite amie, mais lorsqu'ils commencèrent à sortir ensemble, dix jours après leur rencontre, Julian l'avait larguée. Dès leur première rencontre, ce fût le coup de foudre, comme dans les films. La famille de Kathlyn accepta avec joie l'arrivée de Julian. Pour tout dire, c'était son premier petit copain, et Papa Whithead fut très content que ce ne soit pas un délinquant ou un bad boy. Mais du côté de la famille de Julian, c'était le contraire. Les Monroe ne sautèrent pas au plafond quand Julian ramena sa nouvelle petite amie dans la maison familiale. C'était froid, plutôt silencieux et gênant. La demi-soeur de Julian a même tenté de les séparer. Mais pour Kathlyn, c'était une évidence Impossible de les séparer, il était l'homme de sa an plus tard, ils emménagèrent ensemble, dans un petit appartement, au moment où apparait le premier coup dur de leur relation Les parents de Julian lui coupent les vivres, et les amoureux se retrouvent bien plus pauvres qu'avant. Ils font face à des difficultés financières et, pendant quelques mois, ont du mal à payer les factures. Kathlyn refuse de demander de l'aide à sa famille, même si certains se doutent que quelque chose ne va pas. Tandis que Julian coupe définitivement les ponts, Kathlyn apprend que sa mère est malade. Elle aimerait se payer un billet d'avion pour aller la voir, mais pour l'instant, c'est impossible. Kat tente de soutenir sa mère à distance, lui téléphonant tous les C'est en janvier 2011 qu'ils apprennent, en même temps, une bonne et une mauvaise nouvelle. Olivia a succombé à la maladie, laissant un très gros héritage à sa fille unique. Julian et Kathlyn restent plusieurs jours à Los Angeles pour l'enterrement de la mère de la jeune femme. Même si leurs problèmes d'argent sont résolus, la demoiselle reste très triste. Elle se retrouve orpheline de mère trop jeune. Son père aussi vient à l'enterrement, et fait de son mieux pour soutenir sa fille. Le 21 Mars, date impossible à oublier pour la jeune femme, Julian l'emmène dans l'un des plus beaux restaurants de la Grosse Pomme. Son prince charmant la demande en mariage et elle n'hésite pas une seconde avant de dire oui et de lui sauter au cou. Le mariage est célébré le 31 Août, par doux soleil, et au moment de faire un discours, Kathlyn versera quelques larmes. C'est durant cette même année que Kat rejoint un groupe de pop rock dans lequel elle chante et se trouve un emploi. Elle n'est pas forcément une experte dans la lingerie, mais le salaire lui convient. Durant la mi-septembre, le petit couple s'installe dans un appartement plus spacieux que l'ancien, dans l'Upper East Side. Pour Kathlyn, c'est un vrai conte de fées. C'est comme si son enfance, à côté de son mariage, c'était celle de Cosette. La jeune femme n'est pas encore prête à avoir des enfants, mais pour l'instant, elle trouve sa vie idéale. my little secret★Ton prénom ou ton pseudo & ton age → Ori, 14 ans.★Comment es-tu arrivée ici ? → Alors là...★Ce personnage est-il un double compte ? → Non.★Présence sur le forum → presque tous les jours.★Personnage inventé ou scénario ? → scénario.★Crédit images → Mon exemple de RolePlay Le code règlementDernière édition par Kathlyn E. Monroe le Mer 24 Oct - 1942, édité 9 fois Cheyenne L. Pearson Empire State of Mindif you're going through hell, KEEP GOING. ▌INSCRIT LE 14/01/2012 ▌MESSAGES 5706 ▌AGE DU PERSO 25 ▌ADRESSE 2515 Lexigton Avenue 402; Manhattan. ▌CÉLÉBRITÉ Freida Pinto. ▌SMALL IDENTITY PHOTO Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mar 23 Oct - 2337 Bienvenue chez nous n'hésite pas si tu as des questions ! Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mar 23 Oct - 2338 Bienvenue parmi nous Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mar 23 Oct - 2340 Bienvenue sur nycl , bon courage pour ta fiche excellent choix d'avatar Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mar 23 Oct - 2340 Bienvenue parmi nous Excellent choix d'avatar & de scénario N'hésite pas si tu as besoin Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mar 23 Oct - 2342 Merci à vous Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mar 23 Oct - 2357 Bienvenue à toi & bon courage pour ta fiche Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 009 Merci Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 013 Bienvenue & bonne chance pour ta fiche Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 035 Thanks Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 052 Bienvenue Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 206 bienvenuue + bon courage pour le reste de ta fiche. Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 812 Bienvenuuuuuue ! Bonne chance pour ta fiche. \o/ Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 1011 Bienvenue et bon courage pour ta fiche ! Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 1347 Bienvenue! Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 1438 Merci à tous Scodelario *-* Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 1557 Bienvenue parmi nous. Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 1614 Comme je kiffe le gif avec le chien-loup brigitteBienvenue Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 1955 Merci à tous j'ai fini, yes ! Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 2003 N'hésite pas à MP Julian qu'il passe donner son avis sur ta fiche Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 2007 Bienvenue sur NYCL Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 2023 Welcome, Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 2115 > Je lui ai dit Invité Empire State of MindInvité Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 2123 Bienvenue sur sur le forum ^^ Julian S. Monroe Empire State of Mind♫ Darling, i love you... ♫ ▌INSCRIT LE 15/09/2012 ▌MESSAGES 470 ▌AGE DU PERSO 23 ▌ADRESSE 8780 73th Street 403, Manhattan. ▌CÉLÉBRITÉ Liam Hemsworth ▌SMALL IDENTITY PHOTO Sujet Re BORN IN HEAVEN kat Mer 24 Oct - 2218 Rooooh ma petite Kat !!! Comme dit par MP, rien à redire sur ta fiche. Tu as bien cerné le personnage et tous les éléments de l'histoire y sont. Pour moi c'est et je le précise parce que ça m'a un peu laissé sur le cul, mais des gens de ton âge qui écrivent sans faute d'orthographe, mon Dieu ça fait plaisir à voir et ça me fait ravaler mes préjugés. Contenu sponsorisé Empire State of Mind Sujet Re BORN IN HEAVEN kat BORN IN HEAVEN kat Page 1 sur 2Aller à la page 1, 2 Permission de ce forumVous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forumNEW YORK CITY LIFE Archives Corbeille Fiches Abandonnées

4 Allez en chercher à marée basse. Cela vous donnera plus de chances d’en trouver, car vous pourrez chercher sur une surface de plage plus grande. Vous pouvez aussi vous y rendre une heure avant ou après la marée basse pendant que l’eau est en mouvement, car elle va probablement brasser le verre.
Vivre au bord de la mer est le préalable pour pouvoir réellement apprécier les bienfaits de l’océan et pour prendre le temps de découvrir le surf. L’idéal est évidemment d’habiter sur la côte, non loin de la mer, à l’année. J’en ai fait le choix dès le début de mes études en optant pour une voie qui me permettrait d’exercer mon métier où je le souhaiterais, en l’occurence à proximité immédiate d’un spot de surf ! J’apprécie au quotidien les avantages de ce choix de vie. Je sais que je pourrais voir plus de patients ailleurs en allant m’installer dans la banlieue d’une grande ville ou en zone rurale par exemple mais là n’est pas le plus important. A quoi sert-il de bien gagner sa vie si l’on n’a pas la possibilité d’en profiter au quotidien ? Le métier de médecin permet encore pour combien de temps ? de s’installer où on le souhaite mais je serais prêt à vivre d’amour et d’eau fraîche s’il le fallait pour rester près de l’océan. Je connais de nombreux surfeurs modestes qui sont bien plus épanouis dans leur vie que des cadres parisiens de ma patientèle. Parmi mes patients justement, certains ont pris la décision courageuse de plaquer leur boulot dans la capitale ils ont quitté le stress et la pollution atmosphérique de la grande ville pour la vie plus calme mais tellement plus agréable du bord de mer. Et ils ne regrettent à aucun moment le cycle infernal du métro-boulot-dodo », même s’ils ont dû faire des concessions salariales ou accepter un poste moins haut placé. Ce sont parfois de jeunes parents qui prennent cette décision pour pouvoir élever leurs enfants dans un climat plus sain que celui des pics de pollution à l’ozone les effets positifs de ce changement d’atmosphère sur la santé de jeunes asthmatiques par exemple sont souvent spectaculaires ! Il n’est malheureusement pas toujours possible de trouver du travail sur la côte. Mais on peut aussi travailler dans l’intérieur et revenir quotidiennenment ou plusieurs fois par semaine à son domicile sur la côte. Des hommes d’affaires bossent à Paris mais rentrent tous les soirs chez eux sur la côte basque en prenant l’avion il faut en avoir les moyens certes mais quitte à faire un long trajet pour rentrer chez soi le soir, autant que cela soit pour se rapprocher de la mer… Si vous avez déjà exploré toutes les possibilités pour lâcher votre vie à l’intérieur des terres sans trouver de solution, ne désespérez pas ! Mettez de l’argent de côté et profitez de toutes les occasions pour revenir aussi souvent que possible sur la côte pour profiter de l’océan ! Partager la publication "Avoir la chance de vivre au bord de la mer" FacebookTwitter
Blogd'une Thononaise émigrée au Danemark, au bord de la mer Baltique. Accueil; Contact; 6 déc. Mon chat d'extérieur à mi-temps J'ai toujours appelé un chat un chat, au propre comme au figuré et j'ai été fort étonnée quand j'ai appris dernièrement qu'il existait deux sortes de chats: les chats d'intérieur et les chats d'extérieur. Le chat d'extérieur préfère passer la nuit

Bijoux Danois Le Danemark est un pays situé au bord de la mer Baltique. A l'époque oligocène il y a 30 millions d'années, une forêt de conifères poussait sur l'emplacement de cette mer. Les arbres ont secrété une résine qui s'est fossilisée et qui se présente désormais sous forme de morceaux durs et cassants, plus ou moins opaques ou transparents, de couleur jaune, orange ou rouge. Il s'agit de l'ambre. A chaque tempête, la mer recouvre la plage de cet ambre. Dès l'Antiquité, l'ambre est utilisé par les artisans danois en ébénisterie, décoration et bijouterie. Une route de commerce entre nord et sud est alors appelée "Route de l'ambre". Très apprécié des grecs et des romains, on remarque que les parures des rois et des notables de l'époque sont ornementées d'ambre. De nos jours, on ramasse encore environ 500kg d'ambre chaque année et la matière est toujours autant appréciée en bijouterie. L'ambre de nos bijoux danois présent dans cette collection provient du Danemark. Pendentif Copenhague Argent Oxyde de zirconium Labradorite € Or 18 K Oxyde de zirconium Labradorite € Pendentif Helsinger Médaille Danemark - Taille 1 Médaille Danemark - Taille 2 Pendentif Roskilde Argent Labradorite Ambre € Or 18 K Labradorite Ambre € Pendentif Souvenirs du Danemark Argent Rubis Ambre € Or 18 K Rubis Ambre €

Récemment nous étions ensemble au bord de la mer, et à nouveau je l’ai taquiné, et il m’a répondu que je devais me taire à ce sujet », raconte-t-elle au

GRAND MAÎTRE MARABOUT SORCIER KINDO TEGBESSOU VOYANT SPIRITUEL TRAVAUX AUX OCCULTESMEDIUM VOYANT GRATUIT MAÎTRE SORCIER EST UN VOYANT AUX DONS SURNATURELS QUI POSSÈDE LES PUISSANTS POUVOIRS DE LA MAGIE AFRICAINE,MAGIE SANTE-RIA ET AUTRES DU ans D' LES RITUELS DE HAUTE MAGIE POUR LA RICHESSE POUR ATTIRER L'ARGENT DANS L’IMMÉDIATIl s'agit d'une technique occulte très sécrète pour contrôler l'argent en tout aviez besoin d'argent dans l'immédiat pour un besoin quelconque,vous aviez un problème à résoudre,une dette à rembourser,un loyer à payer et que vous n'avez pas d'argent à résoudre ces problèmes,effectuer ce rituel vous serez surpris des somme d'argent que vous demanderez viendra vers ne demande pas votre foi, pour que les résultats se matérialisent dans l' simplement ce qui est écrit et vous serez vous même témoin des résultats qui se S'il vous plait,cette formule ne fait pas apparaître l'argent dans l’immédiat mais plutôt attire l'argent à MAGIQUE D'ARGENT Aussitôt que vous dépensez l'argent qu'il garde aussitôt d'autres sources d'argent vous viennent pour de nouvelles sac n'est pas réellement un une source mystique d' sac vous ouvre toutes les portes de l' MAGIQUE DU POUVOIR D'ARGENTCelui ou Celle qui met à son doigt cette bague aura le pouvoir sur l' vous suffit simplement de penser à l'argent en ayant cette bague au doigt en quelques minutes de façon étrange, vous allez rencontrer les gens qui vont vous proposer de grandes sommes d'argent et vous contrôlerez leur esprit grâce au pouvoir magnétique de la personnes sous votre contrôle ne voudrons jamais vous quittez vous ne sauriez pas pour quelle raison ils agiront ainsi; tout ce que vous avez à faire c'est de profiter de leurs même ceux-ci à l'étranger vous assisterons financièrement en vous envoyant de fortes sommes d' bague vous donnera tout ce qui touche à l'argenttravail,maisons, voitures,voyages,gain en jeux loto,femmes... etc Ainsi donc vous aurez une vie réussite en ayant les biens de ce une bague très puissante. DEVENIR MILLIARDAIRE-LE KIT POUR L'ARGENTCe Kit pour l'argent est utilisé pour l'obtention de grands contrats et il vous aidera à vous faire de grands hommes d' ce kit les gens seront étonnés de vous voir avec de puissants hommes d' que vous obtiendrez de ces personnes riches multipliera vos intérêts; et votre fortune va accroître de façon deviendrez multimillionnaire ou même milliardaire comme carlos slim, bill gates, warren buffet... ne serez pas multimillionnaire ou milliardaire de sitôt,rapidement Non! et Non! Je vous l'explique Ce produit mystique fonctionne comme suit= il vous suit dans vos affaires , business et vous offres de grandes opportunités qui s'ouvriront à vous pour faire accroître vos chiffres d'affaires ou vous donnez des idées pour mettre en œuvre,crée des entreprises ou industries par exemple des PME , PMI pour avoir des rentrées énormes d'argent qui ferons de vous à coup sûr un grand leader dans le commerce ou l'industrie...Ce kit sert surtout à ceux qui optent pour la démarche de entrepreneuriat afin de devenir plus tard des chefs d'entreprises, de grands hommes d'affaires des multimillionnaires ou pouvoir permet à plusieurs personnes de devenir grand important! parce que de nos jour la vie nous contraint à cela. Je le fait à un bas prix pour vous fait comprendre et vous montrer que c'est Ce kit Cette Puissance Mystique que utilisent certains Hommes qui partent à partir de rien pour devenir plus tard des hommes puissants financièrement Multimillionnaire, ou Milliardaire.TALISMAN SECRET POUR AVOIR BEAUCOUP D'ARGENTCe talisman très spéciale a été préparé dans un du BARON SAMEDI siège à l'intérieur de ce qui donne au talisman le pouvoir de contrôler les forces occultes du talisman a pour fonction de vous rendre ultra riche en tout vous explique comment il fonctionne Aller prendre une petite quantité de sable dans un chez vous ,mettez le talisman sur vous Portez le talisman et allumer une bougie noire ,ensuite vous prenez un billet de banque soit100€,100$,ou un billet d'une monnaie quelconque;"le mieux est de choisir un billet d'une grande valeur".Prenons le billet de 100€ par exemple Vous devez tenir le billet de 100€ avec le pouce et l'annulaire de la main gauche et réciter les 3 versets lucifériens 7 fois. En tenant toujours le billet de 100€ avec le pouce et l'annulaire,faites le passer dans la flamme de la bougie noire sans qu'il ne prenne le billet et mettez le sable du cimetière sur le billet et dites "mon verbe est créateur".Éteignez la Mettez ce billet dans votre heures après vous trouverez 33 autres billets de 100€ dans votre qui vous fait une somme de 3400€ dans votre 33 autres billets de 100€ vous ont été donnés par les esprits du chaque fois que le besoin d'argent se présente exécuter ce rituel est sans danger car vous porter sur vous le talisman qui possède la puissance du chef des esprits du cimetière le baron pouvez aussi portez le talisman pour vous protégez contre la magie noire,des démons,des fantômes...contre toutes influences moi parvenir 200 euro pour confectionner le talisman en votre nom et signe astrologique et 55 euro pour que les 3 versets lucifériens soient formulés selon votre jour de vous êtes intéressés par ce rituel envoyer moi par mail votre nom et date de MAGIQUE DE RICHESSE- POUR DEVENIR MULTIMILLIONNAIRE produit mystique remarquable pour vous aidez à avoir le vrai bonheur par la si l'argent ne peut pas acheter la vie de l'Homme, l'argent peut l'amener à préserver sa savon magique de richesse est extrêmement très produit de grande puissance a été bien travaillé par des rituels et des sacrifices spéciaux afin qu'il possède le pouvoir du génie de la savon a pour fonction de vous rendre très riche à 100%.Avec ce savon votre vie sera entièrement gagnez. L'utilisation du savon va vous amener à rencontrer le génie de la fortune dans un endroit quelconque restaurant, hôtel,maison,bar, un marché...etc.Ce génie apparaîtra et viendra à vous sous l'apparence humaine il prendra peu être l'apparence physique d'une amie que vous aviez connu...etc. et il vous donnera de l'argent des millions de billets de banque puis il s'en ira et vous ne le verrez plus ne saurez pas d'où exactement il est venu et où il est parti. Ce argent qu'il vous as donné sera une immense source de richesse lorsque vous dépenserez cet argent,plus il génie viendra toujours vous donnez de colossales sommes d'argent et votre argent ne fera qu'augmenter sans deviendrez très riche immensément riche. Grâce à ce savon de richesse,vous serez vite Millionnaire et Milliardaire, riche à 100%.Vos problèmes d'argent,prendront fin aurez de l'argent pour aider vos frères,vos sœurs,votre famille,vos amis ,votre entourage,... ferez souvent des dons dans les serez tellement puissant au point que vous allez investir dans le commerce,l'industrie;Vous aurez des entreprises, des voitures,des avions jets privés,des influence seras si forte que tous mauvais esprits,fantômes,démons,magie noire,empoisonnement inconscient, vol ,accidents et coups de fusil ne pourront vous SEREZ TRÈS PROTÉGER PAR LE GÉNIE LUTIN, ESPRIT DE LA FORTUNE LA POMMADE COGOMApommade possédant des vertus miraculeuses d' pommade répond exactement aux désirs,souhaits des Hommes en ce qui concerne l' pommade fait marcher vos business,vos activités,attire la clientèle fait prospérer et fait réussir les affaires en générale, vous donne du travail rapidement. Très bon pour les commerçants,les hommes d'affaires,service clientèle ... pommade mystique augmente ,fait accroître vos gains en argent et à le pouvoir de matérialiser tout vos besoins surtout vos besoin d'argent. Celui ou Celle qui utilise cette pommade accumulera beaucoup d' ou Celle-ci obtiendra à coup sur de très fortes sommes d'argent en moins de 14 jours. POUDRE MAGIQUE D'ARGENT-POUDRE DU GENIE TERINKYASi vous n'avez pas d' vous êtes en manque d' vous n'avez pas de travail pour vous défendre dans la vie vous vous trouver dans une situation où il est impossible d'avoir du travail pour subvenir à vos il vous est impossible d'obtenir un prêt crédit pour entreprendre amorcer une vous avez de nombreux soucis d'argent,si vous vous trouvez dans le désespoir... Ne désespérez pas car pour mettre fin à vos problèmes d'argent il a la poudre magique du Génie poudre permet de multiplier votre Somme d'argent 10 fois. L'utilisation consiste à déposer une quantité de cette poudre sur les billets de banque de votre 24 heures vous verrez 10 fois la somme d'argent qui était dans votre fabuleux le pouvoir de cette poudre tous ceux qui l'utilise sont devenu très serein en matière d'argent. Comme Exemple mettez la poudre sur un billet de 100 euros se trouvant dans votre portefeuille. Après 48 heures vous verrez 10 fois le billet de 100 euros dans votre portefeuille; c'est à dire 1000 euros. Cette poudre est miraculeuse et fait de Grandes prouesses en argent. Si vous le faite avec une somme de 500 euros vous aurez 5000 euros, avec une somme de 1200 euros vous aurez 12000 euros ainsi de suite... Vous pouvez aussi utilisez à heures après vous trouverez 33 autres billets de 100€ dans votre qui vous fait une somme de 3400€ dans votre 33 autres billets de 100€ vous ont été donnés par les esprits du chaque fois que le besoin d'argent se présente exécuter ce rituel est sans danger car vous porter sur vous le talisman qui possède la puissance du chef des esprits du cimetière le baron pouvez aussi portez le talisman pour vous protégez contre la magie noire,des démons,des fantômes...contre toutes influences moi parvenir 200 euro pour confectionner le talisman en votre nom et signe astrologique et 55 euro pour que les 3 versets lucifériens soient formulés selon votre jour de vous êtes intéressés par ce rituel envoyer moi par mail votre nom et date de MAGIQUE DE RICHESSE- POUR DEVENIR MULTIMILLIONNAIRE produit mystique remarquable pour vous aidez à avoir le vrai bonheur par la si l'argent ne peut pas acheter la vie de l'Homme, l'argent peut l'amener à préserver sa savon magique de richesse est extrêmement très produit de grande puissance a été bien travaillé par des rituels et des sacrifices spéciaux afin qu'il possède le pouvoir du génie de la savon a pour fonction de vous rendre très riche à 100%.Avec ce savon votre vie sera entièrement gagnez. L'utilisation du savon va vous amener à rencontrer le génie de la fortune dans un endroit quelconque restaurant, hôtel,maison,bar, un marché...etc.Ce génie apparaîtra et viendra à vous sous l'apparence humaine il prendra peu être l'apparence physique d'une amie que vous aviez connu...etc. et il vous donnera de l'argent des millions de billets de banque puis il s'en ira et vous ne le verrez plus ne saurez pas d'où exactement il est venu et où il est parti. Ce argent qu'il vous as donné sera une immense source de richesse lorsque vous dépenserez cet argent,plus il génie viendra toujours vous donnez de colossales sommes d'argent et votre argent ne fera qu'augmenter sans deviendrez très riche immensément riche. Grâce à ce savon de richesse,vous serez vite Millionnaire et Milliardaire, riche à 100%.Vos problèmes d'argent,prendront fin aurez de l'argent pour aider vos frères,vos sœurs,votre famille,vos amis ,votre entourage,... ferez souvent des dons dans les serez tellement puissant au point que vous allez investir dans le commerce,l'industrie;Vous aurez des entreprises, des voitures,des avions jets privés,des influence seras si forte que tous mauvais esprits,fantômes,démons,magie noire,empoisonnement inconscient, vol ,accidents et coups de fusil ne pourront vous SEREZ TRÈS PROTÉGER PAR LE GÉNIE LUTIN, ESPRIT DE LA FORTUNE LA POMMADE COGOMApommade possédant des vertus miraculeuses d' pommade répond exactement aux désirs,souhaits des Hommes en ce qui concerne l' pommade fait marcher vos business,vos activités,attire la clientèle fait prospérer et fait réussir les affaires en générale, vous donne du travail rapidement. Très bon pour les commerçants,les hommes d'affaires,service clientèle ... pommade mystique augmente ,fait accroître vos gains en argent et à le pouvoir de matérialiser tout vos besoins surtout vos besoin d'argent. Celui ou Celle qui utilise cette pommade accumulera beaucoup d' ou Celle-ci obtiendra à coup sur de très fortes sommes d'argent en moins de 14 jours. POUDRE MAGIQUE D'ARGENT-POUDRE DU GENIE TERINKYASi vous n'avez pas d' vous êtes en manque d' vous n'avez pas de travail pour vous défendre dans la vie vous vous trouver dans une situation où il est impossible d'avoir du travail pour subvenir à vos il vous est impossible d'obtenir un prêt crédit pour entreprendre amorcer une vous avez de nombreux soucis d'argent,si vous vous trouvez dans le désespoir... Ne désespérez pas car pour mettre fin à vos problèmes d'argent il a la poudre magique du Génie poudre permet de multiplier votre Somme d'argent 10 fois. L'utilisation consiste à déposer une quantité de cette poudre sur les billets de banque de votre 24 heures vous verrez 10 fois la somme d'argent qui était dans votre fabuleux le pouvoir de cette poudre tous ceux qui l'utilise sont devenu très serein en matière d'argent. Comme Exemple mettez la poudre sur un billet de 100 euros se trouvant dans votre portefeuille. Après 48 heures vous verrez 10 fois le billet de 100 euros dans votre portefeuille; c'est à dire 1000 euros. Cette poudre est miraculeuse et fait de Grandes prouesses en argent. Si vous le faite avec une somme de 500 euros vous aurez 5000 euros, avec une somme de 1200 euros vous aurez 12000 euros ainsi de suite... Vous pouvez aussi utilisez à la place du portefeuille une mallette ou une valise pour multiplier les fortes somme d'argent. Cette poudre miraculeuse a été confectionné par des sacrifices spéciaux et de puissants rituels de haute Sorcellerie pouvoir de cette poudre vient des puissants génies des eaux. LA MALLETTE DU GÉNIE TERINKYA-KIT D'ARGENTLe Génie Terinkya est un grand génie de la richesse et de la fortune vous apportera de très fortes sommes d'argent dans un cour Mallette produit 7000 euros par jour pendant 6 Mallette est accompagnée d'un Talisman. Vous accumulerez de très fortes sommes d'argent et vous serez extrêmement Commentaire !ALLIANCE AVEC MAMIWATA POUR AVOIR L'ARGENT-LA RICHESSELe travail à faire est très simple. Le produit vous sera envoyé par DHL ou les 2 méthodes à choisir que je vous propose pour le méthode C'est un talisman avec une petite formule qui va vous permettre de convoquer MAMI-wata et recevoir de l'argent au moins F CFA par jour pendant 3 mois; mais vous allez sacrifier 9 bananes et 3 bananes à l'eau chaque lundi ,mercredi,vendredi au cas où vous oubliez le ième méthodeC'est un parfum magique très mystique que je vais vous envoyer par DHL ou allez utiliser ce parfum en 3 jours ces 3 jours, mamiwata une très belle femme va venir vous rendre visite dans la nuit chez vous à la maison et vous demandez pourquoi vous l'avez appelé; et vous lui poserez votre problème et dites lui ce que vous souhaitez,désirez et elle réalisera ce vœux,ce désir venant de fera tout ce que vous lui demanderez apporté des milliards de billet de banque en espèce,réussite dans vos affaires,des pouvoirs,...etc..Elle viendra souvent vous rendre visite chez vous et dans n'importe quel endroit ou vous vous trouvez. BILLET D'OR-POUR POSSEDER PLEINS D'ARGENT RAPIDEMENTVoici un pouvoir de la sorcellerie de l'argent qui vous permet d'obtenir des millions par jours pendant 6 serez très riche par ce très rapide et 100% n'a y aucune conséquence vous voulez devenir très riche et avoir pleins d'argent commander ce recharge son pouvoir mystique par le sacrifice de 2 bœufs, mâle + femelle.TALISMAN-DES JEUX HASARDSLe talisman des jeux hasards, ce talisman excellent vous fera de nombreux miracle aux jeux hasards,vous allez faire de nombreux gains qui vous rendront très riche et allez gagner de grosses sommes d'argent à tous sortes de jeux allez être vachement riche grâce aux effets très bénéfiques de ce vie sera sous les auspices de grands esprits célestes qui vous assisterons de la haut pour la réussite dans vos projets, serez définitivement à l'abri de la misère et de la serez protégé contre les ondes négatives métaphysique, contre les œuvres mystiques et sataniques,contre le maraboutage, contre le fétichisme, et la magie DES MILLIONS EN 1 SEUL JOUR-PACTE SATANIQUE D'ARGENTSi vous êtes à la recherche de l' vous voulez posséder pleins d'argent le plus vite possible seulement en 1 ci-dessous un moyen mystique expliquer pour devenir très riche en 1 seul faire ce travail, j'ai besoin de votre nom complet,votre date de naissance, la somme de 160 euros ou 200 dollars pour acheter 2 cabris Mâle+Femelle et les sacrifier au bord de la travail prend 2 jours après réception des 160 1er jour je retire l'argent et dans la nuit je vais au cimetière pour soumettre votre demande à un Génie de la 2 ième jour j'achète les cabris et à 19 h je les immole au bord de la mer accompagné d'une cérémonie 3 ième jourvous trouverez un sac pleins d'argent plus de euros a peu près dollars dans votre chambre dans la nuit. Pour cela vous devez de votre côté me donner à sacrifier une vie humaine voir certains de vos proches,ou une partie de votre corps,ou des années sur votre vie ou votre je dois avant tout travail vous faire d'abord une voyance pour mieux cerner votre problème et voir si ce pouvoir que vous me demandez s'adapte à votre Lorsque vous serez en possession de la somme d'argent, prévoir 9% de cette somme d'argent pour une reconnaissance au génie.Important. L'ÉLU DU CIEL-ALLIANCE AVEC LES ESPRITS SUPÉRIEURIl s'agit d'un travail occulte que je vais vous faire afin de transformer votre situation pour rendre votre vie pleine de chance,richesse et de pouvoir va changer complètement le court des choses de la misère,malchance,pauvreté,soucis vous passerez à la prospérité,richesse réussite, succès et la un pouvoir qui vous permet de devenir quelqu'un de très serez un très grand homme d'affaire puissant financièrement et vous ferez venir à vous si vous le désirez de très belles jeunes femmes riches appartenant à des familles vachement riches qui vont vous aimez et vous obtiendrez beaucoup de biens d' aurez des richesses grâce à elles et vous allez les dominer et elles vous seront pouvoir s'appelle "L'ÉLU DU CIEL"; il rend l'homme très puissant!,rien ne vous fera échec,vous obtiendrez vos désirs, tout ce que vous ferez dans votre vie vous réussira et vous aurez une grande richesse sur toute votre pouvoir vous protégera contre la sorcellerie,la jalousie de vos ennemis;Et ceux-ci ne pourront rien contre vous. Vous serez satisfait !!! Garanti 100%. LE MOUCHOIR MYSTIQUE MAMIWATALe grand génie des eaux appelée > possède de grands et nombreux pouvoirs que les sorciers et occultistes ont très peu souvent matérialisé dans certains objets Bague,Savon,croix,pagne,parfum,mouchoir... ce qui concerne le mouchoir la principale force occulte qui réside en lui est le pouvoir de l' mouchoir mystique et magique de MAMIWATA fait lui seul 33 actions magiques extrêmement fortes telles que l'action d'attirer vers soi les grandes personnalités du monde,l'action de se faire aimer et adorer par qui que ce soit,l'action de guérir miraculeusement certaines maladies inexpliquées,l'action de faire la grande richesse,la prospérité,la réussite dans les affaires,l'action d'hypnotiser,de charmer un ou plusieurs personnes ,l'action d'envoûter ou d'exorciser une ou plusieurs personnes, l'action d'être protéger contre certains maléfices et attaques,l'action de séduire une personne, l'action de faire de vous une star,l'action de vous rendre voyant avoir des visions... pouvoir est utilisé discrètement par certaines stars de la musique,certains grands pasteurs,certains prophètes,certains grands hommes d'affaires d’Europe,d’Amérique et d'Afrique qui sont des AGBANTÉ-FÉTICHE MULTIPLICATEUR DE BILLET DE BANQUEcet objet magique et mystique a le pouvoir de répondre immédiatement aux besoins d'argent des n'est pas du Bluff! s'il vous plais!Ce fétiche sert à multiplier les billets de banque et pièces de monnaie Sans commentaire.Lorsque vous déposerez n'importe quel billet euro,dollar,FCFA,CAD...etc ou pièces de monnaies sur ce fétiche, il reproduira plusieurs fois les billets et monnaie que vous déposerez .Le vendredi qui suit vous trouverez de nombreux billets de banque et pièces de monnaie, pièces argent allant jusqu'à des fétiche multipliera toujours vos billets de banque et pièces de monnaie à chaque fois que vous déposerez vos billets de extrêmement puissant ! Et Ce n'est rien d'autre que la sorcellerie de la vraie sorcellerie d' me contacter par Email maitremarabout57 Whatsapp+229 66761974satisfactions ou RemboursementJE SUIS DISPONIBLE SUR WHATSAPP SI VOUS AVEZ BESOIN D'AIDE

Elleouvre sa première boutique en 2015 à Paris puis en ouvrira à Lyon, Toulouse et une seconde à Paris. Depuis, de nouvelles collections sont à l’honneur pour le plus grand bonheur des femmes. Des bijoux qui tiennent toute la vie, un savoir-faire français et éco-responsable et qui ressemble aux femmes font de Gemmyo notre coup de cœur.

Domaine du Coquerel > Assemblez votre Calvados Atelier, Manifestation culturelle, Patrimoine - Culture, Visites et circuits, Marché, Vin - OenologieGRANDPARIGNY 50600Du 01/06/2022 au 30/11/2022Bienvenue au Domaine du Coquerel ! Ici, au cœur du bocage normand et à quelques kilomètres du Mont-Saint-Michel, nous sommes fiers de produire du Calvados depuis trois générations. Depuis 1937, nous perpétuons des traditions, des techniques et des gestes. Nous sommes passionnés par notre métier. Le Domaine du Coquerel dans sa perpétuelle recherche de la perfection, maîtrise chaque étape de l'élaboration de ses Calvados afin d'offrir des eaux de vie uniques. Après une visite de notre distillerie familiale où vous découvrirez le processus d’élaboration du Calvados et tous ses secrets de fabrication, nous vous proposerons une dégustation de nos produits. L’occasion pour vous de découvrir un large panel d’odeurs et de saveurs cidre, calvados, liqueurs, gin et pommeau. Ensuite, vous aurez la chance d’assembler votre propre Calvados, comme le font nos maîtres de chais aux savoir-faire uniques. Devenez un véritable alchimiste du Calvados et repartez avec pour souvenir votre bouteille de Calvados Coquerel, assemblée par vos soins grâce à nos conseils d’experts ! Du lundi au vendredi sur rendez-vous. Leplus important est de commencer dans une zone d’eau sans ou avec très peu de vagues, avec peu de profondeur d’eau et un vent pas trop fort (pas au-dessus de force 2) et de préférence « sideshore » ou « onshore ». Tu peux très bien débuter sur un plan d’eau ou alors au bord de mer où il n’y a pas de vagues. Les Quatre-Routes-du-Lot46110, Lot, Occitanie627 .habRoutes76560, Seine-Maritime, Normandie253 .hab1ère ronde historique de la vallée Repas - DégustationOrnans 25290Le 21/08/20226 rondes sont organisées tout au long de la journée soit un parcours de 25km dont 8km de routes fermées. Le départ se fera du parking d'Alstom en direction de Vuillafans par la D67, au centre de Vuillafans direction Echevannes par D27 route fermée rue d’Echevannes, chemin du sel, chemin sur le creux, la Barêche. Le retour se fera sur route ouverte par Durnes et Montgesoye. Le parcours de démonstration est de 7,310 kilomètres x 6 rondes. des Bruyères Courses cyclistes, Randonnée et baladeQuerrien 29310Le 21/08/2022Circuits de VTT, vélo de route et marche. VTT ; 20, 30 et 50 km Route 50, 75 et 100 km Marche de 5 à 17 kmWine Dating à Quai Cyrano Vin - Oenologie, Repas - DégustationBergerac 24100Le 18/08/2022Soirée Wine Dating à Quai Cyrano ! Par les vignerons de la Route des Vins de Bergerac et Duras. Tous les jeudis soirs de l’été, du 07 juillet au 18 août inclus, de 20 heures à 23 heures, les vignerons de la Route des Vins de Bergerac et Duras vous donnent rendez-vous au Quai Cyrano. Découverte des vins, rencontre avec les vignerons, dégustation de produits issus des fermes de la région et ambiance musicale dans un cadre d’exception de quoi réveiller nos instincts épicuriens !Course cycliste La Route des Toys Courses cyclistes, Randonnée et baladeGavarnie-Gèdre 65120Le 21/08/2022La Route des Toys est une randonnée cycliste entre Lourdes et Gavarnie. À 9h - Départ du Pic du Jer à Lourdes. Arrivée au village de Gavarnie avec repas et remise des prix. Inscriptions 20€ sur La Route des Grands CrusPommard 21630Du /00/1e16 au //099Sillonnez avec nous la Route des Grands Crus, l’une des plus prestigieuses Route des Vins au monde et découvrez pourquoi notre région reste indétrônable. Apprenez-en plus sur le Pinot Noir et le Chardonnay et découvrez comment les deux cépages rois de Bourgogne expriment la richesse des terroirs, tout en dégustant une sélection de cuvées du Millésime 2019 de la Famille Carabello-Baum. Lors de cette dégustation, vous découvrirez - Les 5 sous-régions de la Bourgogne et l'histoire de la région - La célèbre Route des Grands Crus de Bourgogne - Les facteurs naturels qui influencent le goût et le style de nos vins - Les différents niveaux de classification des vins de Bourgogne Votre dégustation La Route des Grands Crus - Une dégustation des vins du Château de Pommard et de la Famille Carabello-Baum - Apprenez à déguster le vin comme un professionnel, auprès de nos conseillers en vin diplômés du Wine and Spirit Education Trust WSET - Expérience à combiner avec l’Expérience Jeunesse pour les enfants de 5 à 15 ans Des conseillers en vin professionnels Nos conseillers en vin sont diplômés du Wine & Spirit Education Trust WSET. Ils proposent une approche réfléchie et[...]Wine Dating à Quai Cyrano Fête, Vin - Oenologie, Vin - Oenologie, Vin - Oenologie, Manifestation culturelleBergerac 24100Le 18/08/2022Soirée Wine Dating à Quai Cyrano ! Par les vignerons de la Route des Vins de Bergerac et Duras. Tous les jeudis soirs de l’été, du 07 juillet au 18 août inclus, de 20 heures à 23 heures, les vignerons de la Route des Vins de Bergerac et Duras vous donnent rendez-vous au Quai Cyrano. Découverte des vins, rencontre avec les vignerons, dégustation de produits issus des fermes de la région et ambiance musicale dans un cadre d’exception de quoi réveiller nos instincts épicuriens ! GRAND PRIX CYCLISTE DE XONRUPT Courses cyclistes, Competition sportiveXonrupt-Longemer 88400Le 20/08/2022Épreuve cycliste sur route de 60 kms réservée aux licenciés FFC. Départ et arrivée au centre de contée avec Matao Rollo Lecture - Conte - Poésie, BaladesSérent 56460Le 24/08/2022Imaginez ! Vous êtes sur la route de Lizio. Soudain vous voyez une pancarte "Sérent par la route touristique". Vous décidez sur un coup de tête de prendre cette route. Imaginez. Vous roulez. Une fois arrivé à Tromeur, la route disparaît! Imaginez, qu'on vous dit! Alors vous décidez de faire demi-tour. Mais le GPS vous dit "Surtout ne vous retournez pas sinon vous vous emmorfozerez en roche!" Pas banal comme affaire, hein?! Et là, surprise, y'a Mata Rollo qui apparait et vous dit "Suivez-moi!" Nom de nom! C'est la voix du GPS! Alors vous descendez de la voiture et vous vous laissez guider par le conteur sur les chemins sans trop savoir où vous allez. Une sorte d'itinéraire bis du merveilleux! Rendez-vous à 16h15 à l'étang de Sérent, rue du 3 août 1944. Gratuit - Sur "La route bleue en noir et blanc" ExpositionBué 18300Du 18/08/2022 au 21/08/2022Exposition par Christian Louis, vernissage le 17 août à 18h30Les Routes de la Soie Conférence - Débat, ConcertDieulefit 26220Le 19/08/2022Aleksandra DZENISENIA, cymbalum Biélorussie Pierre Henri XUEREB, alto et viole d'amour Malte, France Clément HOLVOET, alto Belgique Ruixin NIU, alto Chine Les altistes sont membres du Primrose EnsembleFestival La Chaise Dieu - Sérénade itinérante Suivez la musique! Musique, Festival généralisteSaint-Paulien 43350Le 19/08/2022Telles des caravanes musicales, ces sérénades itinérantes ouvriront la route au Festival. Quatre jeunes ensembles vous proposeront, à chaque ville ou village-étape, un programme nature en semi-nocturne Nature - Environnement, Randonnée et balade, BaladesNeuvic 19160Le 18/08/2022Départ à 20h, rendez-vous sur le parking du stand de tir, route du barrage. Parcours facile dans l'ensemble avec une difficulté. Torche obligatoire et tenue de randonnée adaptéeANNULEE - La Ronde des Bouscatiers Courses à pied, Randonnée et baladeCollobrières 83610Le 19/08/2022La Ronde des Bouscatiers est une course pédestre typée Trail Urbain organisée en plein cœur du village de Collobrières, dans les petites ruelles, escaliers, singles en forêt et routes route vers le Fort-la-Latte en kayak Visites et circuitsPlévenon 22240Le 20/08/2022Départ de la baie de la Fresnaye en longeant le trait de côte aux ambiances méditerranéennes. Puis le grand frisson à l’approche des remparts du Fort-La-Latte… A partir de 14 ans. Niveau débutant. Durée routes de la Soie Concert, Musique classique, Musique du mondeDieulefit - 26 Du 19/08/2022 à 2100 au 19/08/2022 à 2220 Autour du Cymbalum, instrument populaire d’Europe de l’Est » - Mozart quatuor avec flute en Ré Majeur cymbalum, viole d'amour et 2 altos - Michio Miayagi Spring See alto et cymbalum - Beethoven Trio pour 3 altos "Cantilene du lac Sayram"pour alto et cymbalum[...]Les Terrasses de l'été - Route 70'sDigoin 71160Du /00/1e16 au //099Créé en 2004, les 5 membres du Route 70's » est un groupe de reprises pop-rock très inspiré de l'époque mythique et florissante du PEACE AND LOVE des années seventies. Pourquoi le ROCK ? ..."Entendre une personne exprimer vos sentiments, c'est énorme. C'est la raison pour laquelle le POP et le ROCK ont un impact inégalé. Il n'y a rien qui puisse toucher aussi fort en 3 petites minutes "...le Boss Bruce Springsteen" Des Beatles à U2, alliant "Music et spectacle", le succès et le plaisir étant toujours au rendez-vous, le Route 70's fait revivre avec joie et nostalgie les années de "GOOD MUSIC"... "ONLY MUSIC" et "MUSIC AS U LIKE IT" sont ses devises...Festival Lournand - Loin de GarboLournand 71250Du /00/1e16 au //099Loin de Garbo raconte la vie d’un jeune couple, Greta la couturière, Darius le tailleur, leur bébé Milo, et Raskine, l’oncle-Racine muet vêtu d’un étrange manteau, qui ne parle qu’à l’aide de sa contrebasse. Pour aller à Garbo, il n’y a qu’une seule route, où vont et viennent les bêtes et les hommes, le vent, le cirque ambulant, le progrès… Une route où s’en vient parfois la guerre aussi. On suit leurs péripéties et la transformation de leur quotidien au fil du temps, le temps d’une vie, entre le bateau du péril et la route de l’exil, entre un petit coin d’Europe de l’Est et un supposé Eldorado, où tout reste à découvrir et réinventer… Collectif l'autre moitié Théâtre musical Tout public à partir de 6 ansZOMBILLENIUM - PEPITES NOIRES Festival généraliste, CinémaHARNES, 62440Le 20/08/2022Zombillénium est un parc d'attractions qui emploie des morts pour effrayer les visiteurs. Cette société fictive possède un capital de 2 000 000 d'euros, et se situe sur la Route du Marais Putride D40, à Verchain-Maugré. Il s'agit d'une adaptation de la bande-dessinée aux Mômes En corps en l'air "Sous le chantier la plage" Vie locale, SpectacleLocquirec 29241Le 19/08/2022"Travail, salaire, patron ! 50 ans après mai 68, toujours cette même rengaine qui réveille au petit matin... qui donne un sens à l’existence... qui fait oublier les rêves les plus fous ? Et si j’avais le choix, je ferais quoi ? Rester, mais pourquoi ? Tout quitter, mais pour quoi ? Une cheffe de chantier, tout aussi en chantier que son chantier. Un voyageur qui remplit d’adages son carnet de voyages. Et la route. Panneaux, plots et cheffe de chantier virevoltent dans un univers visuel, drôle et poétique où la bétonnière s’emballe. Faut-il arrêter cette machine infernale qui n’en finit plus de tourner ? Main à main, jonglage et manipulation d'objets s'emmêlent et nous emmènent sur la route de la vie... une vie décidément bien enchantiée !" - Comédie, acrobaties, jonglage - Gratuit - A partir de 3 ans - Durée 45 min - A 18h sur la place du port. Repli à la salle des sports en cas de mauvais temps - Spectacle proposé par la ville de Locquirec en collaboration avec le réseau Sensation Bretagne et l'office de tourisme de LocquirecTour Poitou-Charentes 2022 Passage à SAINTE NÉOMAYE Sports et loisirs, Competition sportiveSainte-Néomaye 79260Le 23/08/2022Tour Poitou-Charentes 2022 Passage à SAINTE NÉOMAYE Route de Saint Maixent - Route de la Crèche Le 23 août 2022 à 11h40. Passage de la caravane à Poitou-Charentes 2022 Passage à LA CRÈCHE Sports et loisirs, Competition sportiveLa Crèche 79260Le 23/08/2022Tour Poitou-Charentes 2022 Passage à LA CRÈCHE Route de Isles - D 374 - Rue de la Villedieu - Route de Cherveux Le 23 août 2022 à 11h43. Passage de la caravane à Poitou-Charentes 2022 Passage à FRANÇOIS Sports et loisirs, Competition sportiveFrançois 79260Le 23/08/2022Tour Poitou-Charentes 2022 Passage à FRANÇOIS Route de La Crèche - Place de l’Eglise - Route de Chauray Le 23 août 2022 à 11h52. Passage de la caravane à au trésor Pour enfants, Plante - FleurPédernec 22540Le 18/08/2022Une véritable chasse au trésor géante ! A l'aide d'une carte et d'une feuille de route vous devrez résoudre des énigmes pour -peut-être- avoir la chance de retrouver le trésor... Découvrez de beaux paysages tout en apprenant un peu plus sur la faune et la flore locale. A chaque site son histoire, ses épreuves et son trésor...Fête de la batteuse et vide grenier FêteSaint-Bonnet-de-Bellac 87300Le 21/08/2022De 7h à 23h au stade - route du Martinet. Comité des fêtes 06 30 43 28 54 / 06 64 00 20 44..Festival Place aux Mômes "Sous l'chantier, la plage" Festival généraliste, SpectaclePerros-Guirec 22700Le 18/08/2022Tous les ans, le Festival Place aux Mômes met à l’honneur les arts vivants à travers une programmation éclectique et originale. Un moment de détente, de rire et d'émerveillement à vivre en famille! "Travail, salaire, patron ! 50 ans après mai 68, toujours cette même rengaine qui réveille au petit matin… Qui donne un sens à l’existence… Qui fait oublier les rêves les plus fous ? Et si j’avais le choix, je ferais quoi ? Rester, mais pourquoi ? Tout quitter, mais pour quoi ? Une cheffe de chantier, tout aussi en chantier que son chantier. Un voyageur qui remplit d’adages son carnet de voyage. Et la route. Panneaux, plots et cheffe de chantier virevoltent dans un univers visuel, drôle et poétique où la bétonnière s’emballe. Faut-il arrêter cette machine infernale qui n’en finit plus de tourner ? Main à main, jonglage et manipulation d’objets s’emmêlent et nous emmènent sur la route de la vie… Une vie décidément bien enchant i ée" Durée 50 min - Spectacle à 17h Animation gratuite pour tous dans les jardins du Palais des Congrès en juillet et août et au Palais des Congrès aux autres dates plage de Trestraou.Visite théâtralisée - Un dernier pour la route Spectacle comique, Patrimoine - Culture, Lecture - Conte - Poésie, PeinturePontarlier 25300Le 20/08/2022Proposé par le Musée de Pontarlier. Pour découvrir les collections avec un regard, vous rencontrerez tour à tour un poète incompris, un maître-verrier absorbé, un buveur d'absinthe intarissable, un peintre inspiré.. Visite burlesque garantie sur un texte de Grégoire historique Nature - Environnement, Manifestation sportive, Lecture - Conte - PoésieSaint-Restitut 26130Le 21/08/2022Démonstration sur route fermée à Saint Tour Musique, Danse - Bal - CabaretRosnoën 29590Le 18/08/2022Nous voici de retour sur les routes de Bretagne pour une édition 2022 du Kenleur Tour ! Après une première édition pleine de danse, de musique, de rencontre et de convivialité, on doit vous l’avouer, on avait bien envie de recommencer. Ce jeudi 18 août retrouvez nous au pont de Térénez côté Rosnoën pour une soirée inoubliable avec les cercles Bro ar ster goz et Korollerien Kraon accompagnés de leurs invitésVisite Guidée Visites et circuitsSaint-Justin 40240Le 18/08/2022Rendez-vous sur la place des Tilleuls pour une visite de ce petit bourg riche de "trésors" et d'une Histoire passionnante. La visite vous mènera de tour en tour, empruntant le chemin de ronde et ses parterres fleuris. Cette jolie bastide offre aux visiteurs une parenthèse historique sur la route des vacances, votre guide vous en dévoilera ses secrets. Les départs de visite se font sur réservation sous réserve d'un minimum de 10 Totalement 80 Musique, Repas - Dégustation, Spectacle, ConcertBiscarrosse 40600Le 19/08/2022Le vendredi 19 Août à 19h30, venez vous éclater sur les tubes des années 80 Spectacle présenté par Jérôme Anthony avec la présence exceptionnelle de Alain Llorca GOLD, Larusso, Jean-Pierre Mader, Patrick Hernandez, Bibie, Ivanov, Léopold Nord & Vous, David et Jonathan, Sacha Début de Soirée et Christian Raft, accompagnés par la troupe de ROUTE 80 6 musiciens et choristes Exclusif Les Weathers Girls exceptionnellement en France Restauration et Buvettes sur placeConcert Totalement 80 Fête, Chorale - Chant, Manifestation culturelle, ConcertBiscarrosse 40600Le 19/08/2022Le vendredi 19 Août à 19h30, venez vous éclater sur les tubes des années 80 Spectacle présenté par Jérôme Anthony avec la présence exceptionnelle de Alain Llorca GOLD, Larusso, Jean-Pierre Mader, Patrick Hernandez, Bibie, Ivanov, Léopold Nord & Vous, David et Jonathan, Sacha Début de Soirée et Christian Raft, accompagnés par la troupe de ROUTE 80 6 musiciens et choristes Exclusif Les Weathers Girls exceptionnellement en France Restauration et Buvettes sur placePlace aux Mômes - Sous le chantier la plage Lecture - Conte - PoésieTrébeurden 22560Du 08/08/2022 au 19/08/2022Travail, salaire, patron ! 50 ans après mai 68, toujours cette rengaine qui réveille au petit matin … Si j’avais le choix, je ferais quoi ? Rester ? Tout quitter ? Panneaux, plots et bétonnière virevoltent dans un univers drôle et poétique où main à main et jonglage s’emmêlent sur la route de la OENOLOGIQUE AVEC LE SECRET DES PAPILLES ET LES JARDINS DU PUYGIRAULT Pour enfants, Repas - Dégustation, Plante - Fleur, Vin - Oenologie, Sports mécaniquesSaumur 49400Le 19/08/2022Grand jeu de piste nature, en équipe autour du monde du vin et de la flore. Chaque personne possède un carnet de route à remplir avec des jeux, tout en récupérant des indices disséminés dans le parc. Durée 2h30 avec l'activité + la "visite et repas fermier" à la ferme aux escargots - COMPLET Repas - Dégustation, Vin - OenologieLannecaube 64350Le 18/08/2022Visite guidée de la ferme aux escargots. Découverte de la vie d’un escargot avec une visite des parcs à escargots... Repas fermier avec des escargots cuisinés, du poulet de la ferme Routis-Cabé avec des légumes, du fromage, un dessert, le vin Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh du domaine Dou Bernès Aydie est compris ou du jus de fruits et le café. Réservation obligatoire avant le 15 août des rapaces Animaux, Nature - EnvironnementSavigny-en-Véron 37420Le 19/08/2022La confluence de la Loire et de la Vienne est un point stratégique pour les rapaces en route vers l’Afrique. Certains pourront chasser épervier, faucons et d’autres pêcher balbuzard. Venez apprendre à les reconnaître lors d’une sortie ornithologique. Prévoir un pique-nique. Jumelles prêtées. En partenariat avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux. Tous publics. Plein tarif 4 € / Tarif réduit 2,50 € Forfait famille 11 € Rendez-vous à l’écoMusée Réservation obligatoire au 02 47 58 09 05Route du Rock - Richard Dumas "36 shots" Dessin - CollageSaint-Malo 35400Du 23/07/2022 au 21/08/2022Collaborateur régulier de Libération, du Monde, de Télérama ou des Inrockuptibles, le portraitiste Richard Dumas est surtout un passionné de musique. Il a notamment réalisé les images de nombreuses pochettes d’albums pour Alain Bashung, Etienne Daho, Miossec, Dominique A, Tindersticks... Cet été à l’occasion de La Route du Rock, le photographe rennais exposera une sélection de ses portraits de musiciens à l’élégance unique. Avec 36 Shots», comme les 36 poses d’une pellicule argentique, Richard Dumas nous offre un condensé de son travail avec les musiciens et nous propose une déambulation entre les styles et les époques. Du légendaire Miles Davis au mythique Keith Richards, de l’iconique Patti Smith au magnétique Nick Cave, ses portraits nous éblouissent et ne cessent de nous émouvoir. Visite commentée par Richard Dumas le samedi 20 août à 14h visite gratuite, sans inscription, dans la limite des places disponiblesBrocante à Levet Brocante - Vide-grenier, Repas - DégustationLevet 18340Le 21/08/2022L'ASC de Levet organise sa brocante annuelle sur le stade Charles de Mangou route de Dun/Auron. Une buvette et restauration est prévue sur place. Pensez à guidée des Vestiges du Mur de l'Atlantique Patrimoine - Culture, Lecture - Conte - PoésiePlouharnel 56340Du 28/04/2022 au 18/08/2022500 hectares marqués par l'histoire de la seconde guerre mondiale à explorer. Bunkers, tobrouk, tour de direction de tir, poste de commandement, cuves à canons... La batterie la plus importante et la plus puissante de la façade atlantique livre ses secrets. Rdv à 14h30 devant le musée Vendée Chouannerie route de Quiberon.Festival international de la Route royale des orgues 2022 "L'orgue fait son cinéma Le Mécano de la Générale" Festival généralisteBreil-sur-Roya 06540Du 20/08/2022 au 21/08/2022Le Festival fête ses 20 ans cette année un beau programme tout au long du mois de l'été de Nice à Tende en passant par Vintimille et jusqu'à Limone, et des soirées thématiques très originales comme "L'orgue fait son cinéma" et la projection du "Mécano".Visite Guidée Manifestation culturelle, Patrimoine - Culture, Patrimoine - Culture, Visites et circuitsSaint-Justin 40240Le 18/08/2022Rendez-vous sur la place des Tilleuls pour une visite de ce petit bourg riche de "trésors" et d'une Histoire passionnante. La visite vous mènera de tour en tour, empruntant le chemin de ronde et ses parterres fleuris. Cette jolie bastide offre aux visiteurs une parenthèse historique sur la route des vacances, votre guide vous en dévoilera ses secrets. Les départs de visite se font sur réservation sous réserve d'un minimum de 10 Guidée Manifestation culturelle, Patrimoine - Culture, Patrimoine - Culture, Visites et circuitsSaint-Justin 40240Le 18/08/2022Rendez-vous sur la place des Tilleuls pour une visite de ce petit bourg riche de "trésors" et d'une Histoire passionnante. La visite vous mènera de tour en tour, empruntant le chemin de ronde et ses parterres fleuris. Cette jolie bastide offre aux visiteurs une parenthèse historique sur la route des vacances, votre guide vous en dévoilera ses secrets. Les départs de visite se font sur réservation sous réserve d'un minimum de 10 Brocante - Vide-grenier, Repas - DégustationLevet 18340Le 21/08/2022L'ASC de Levet organise sa brocante annuelle sur le stade Charles de Mangou route de Dun/Auron. C'est à partir de 6h que vous pourrez vous installer et rencontrer les premiers chineurs. Une buvette et restauration est prévue sur place. Pensez à réserver !Visite Guidée Visites et circuitsSaint-Justin 40240Du 07/07/2022 au 18/08/2022Rendez-vous sur la place des Tilleuls pour une visite de ce petit bourg riche de "trésors" et d'une Histoire passionnante. La visite vous mènera de tour en tour, empruntant le chemin de ronde et ses parterres fleuris. Cette jolie bastide offre aux visiteurs une parenthèse historique sur la route des vacances, votre guide vous en dévoilera ses secrets. Les départs de visite se font sur réservation sous réserve d'un minimum de 10 aux Mômes En corps en l'air "Sous le chantier la plage" SpectaclePlougasnou 29630Le 22/08/2022"Travail, salaire, patron ! 50 ans après mai 68, toujours cette même rengaine qui réveille au petit matin... qui donne un sens à l’existence... qui fait oublier les rêves les plus fous ? Et si j’avais le choix, je ferais quoi ? Rester, mais pourquoi ? Tout quitter, mais pour quoi ? Une cheffe de chantier, tout aussi en chantier que son chantier. Un voyageur qui remplit d’adages son carnet de voyages. Et la route. Panneaux, plots et cheffe de chantier virevoltent dans un univers visuel, drôle et poétique où la bétonnière s’emballe. Faut-il arrêter cette machine infernale qui n’en finit plus de tourner ? Main à main, jonglage et manipulation d'objets s'emmêlent et nous emmènent sur la route de la vie... une vie décidément bien enchantiée !" - Comédie, acrobaties, jonglage - Gratuit - A partir de 3 ans - Durée 45 min - A 18h30 sur la place de l'église. Repli à la salle omnisport en cas de mauvais temps - Spectacle offert par la ville de Plougasnou en collaboration avec le réseau Sensation Bretagne et l'Office de aux Mômes - Sous l’chantier la plage Manifestation culturelleCancale 35260Le 24/08/2022Une cheffe de chantier, tout aussi en chantier que son chantier. Un voyageur qui remplit d’adages son carnet de voyage. Et la plots et cheffe de chantier virevoltent dans un univers visuel, drôle et poétique où la bétonnière s’emballe. Faut-il arrêter cette machine infernale qui n’en finit plus de tourner ? Main à main, jonglage et manipulation d'objets s'emmêlent et nous emmènent sur la route de la vie... Une vie décidément bien enchantiée ! Par la compagnie En Corps en l’Air Durée 45minVisite guidée de la Ferme des Pommiers découverte pour tous les gourmands Repas - DégustationSchnersheim 67370Le 20/08/2022Léon vous invite à partager sa passion pour les arbres fruitiers et les fruits ! Depuis la ferme route de Strasbourg, à droite de la boulangerie, le départ sera donné vers les vergers framboises, pommes, fraises hors-sol et pleine terre n'auront bientôt plus de secret pour vous ! Découvrez comment ce jeune agriculteur a à cœur de régaler les papilles des consommateurs les plus exigeants et de tendre vers un produit de plus en plus sain. En fin de visite, délectez-vous des délicieuses spécialités aux fruits réalisées à la ferme jus, nectars…La Jalabert 2022 20ème édition Fête, Manifestation sportive, Courses cyclistes, Competition sportiveMazamet 81200Le 21/08/2022La Jalabert» est une des plus prisée parmi les cyclo-sportives du sud de la France, Cette année, nous emprunterons de toutes nouvelles routes ! Cette journée est aussi une fête; un repas convivial, en attendant la tombola et la remise des - Les Hurlements d'Léo Musique, ConcertSeignosse 40510Le 18/08/2022Concert Les Hurlements d'Léo Le jeudi 18 août au Tube à Seignosse. 18h00 ouverture des portes - 21h30 début du show Machine à mouvement perpétuel, la plume trempée dans l’encrier de la chanson réaliste/engagée, Les Hurlements d’Léo fêtent 25 ans de musique et de voyages. Ils repartent aujourd’hui sur la route avec au cœur la joie de retrouver le public et le monde d'après. Celui où l’on s’étreint, celui où l’on se casse la voix ! Tarifs 18€ en prévente 23€ sur place Infos Billetterie

Dansle secret total, de manoeuvres orchestrées par le CODIR uniquement avec les autorités de la Terre, l Athéna se glissa discrètement hors d une mission de ra

La Camargue est une région en forme de triangle située dans le delta du Rhône, au bord de la mer Méditerranée. La plus grande partie de la région est une zone marécageuse qui abrite une biodiversité exceptionnelle, d'où la création d'un parc naturel qui a pour rôle de protéger les espèces animales et végétales. Schématiquement, la Camargue est divisée en deux grandes parties. Au nord, un système d'irrigation d'eau douce permet de cultiver du riz, la vigne et des plantes fourragères. Au sud, les débords de la mer apportent une eau salée ce qui permet de développer des marais salants. On y élève en outre taureaux et chevaux. Arles est la ville la plus grande de Camargue. Elle constitue la capitale de la Provençale en étant chargée d'histoire, de traditions tout en couleur à l'image du costume traditionnel de l'arlésienne. Saintes-Maries-de-le-Mer est la seconde ville de Camargue, très connue pour ses pèlerinages pour Sainte Sara, la Sainte patronne des gitans. La culture de la Camargue est très liée à celle de la conduite des troupeaux de taureaux et de chevaux, que l'on appelle manade. Le manadier est le propriétaire de ses troupeaux qu'il confie à un gardian, chargé de mener et de surveiller les bêtes. Ces dernières évoluent en semi-liberté, ce qui oblige le gardian à manier son troupeau avec beaucoup de dextérité pour les rassembler. Pour les fêtes, le gardian porte un costume traditionnel imaginé par le marquis Baroncelli, célèbre manadier camarguais. Le costume, composé d'un veston, d'une chemise à carreaux et d'un grand chapeau, permet de distinguer et d'unifier les gardians et leurs troupeaux. Les femmes portent une coiffe, un plastron et un châle sur une robe longue, avec tout un empiècement de rubans et de dentelles. Grand défenseur de la tradition camarguaise et de la culture des manadiers, c'est ce même baron qui demanda la création d'une croix camarguaise afin de se distinguer des autres traditions provençales. Il fit sa demande au peintre Paul Hermann dont il était l'ami. Celui-ci dessinera une croix dont les extrémités triples rappellent la forme des tridents utilisés par les gardians pour mener le troupeau. La croix se compose de trois parties une croix en soi, symbole de foi, une ancre, symbole de l'espérance et un cœur, symbole de la charité. Ces trois symboles sont ceux de la charité chrétienne. La croix camarguaise est aussi appelée croix de Camargue, croix des gardians, croix gardianne ou croix des Saintes-Maries-de-la-Mer. Vous trouverez différents modèles dans notre assortiment la croix classique et épurée et des croix plus travaillées dans un esprit manadier de croix de gardians. Avec un entourage, elle peut se porter par un homme sur un cordon noir. KrbUC.
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